WarHunt : critique c'était pas sa guerre

Mathieu Jaborska | 18 mars 2022
Mathieu Jaborska | 18 mars 2022

Mickey Rourke contre des forces occultes, des nazis, voire des nazis occultes : c'était le programme alléchant de cette série B qui nous arrive en VOD, Blu-ray et DVD en France. Malheureusement, la réalisation de Mauro Borrelli tient plus de la balade sylvestre que du tour de montagne russe fantastique, comme beaucoup de ses semblables.

point godlose

Le réalisateur, Mauro Borrelli, est un artisan hollywoodien - un illustrateur plus précisément - passé par une pléthore de gros blockbusters de Godzilla à Dumbo, qui arrondit ses fins de mois en écrivant et mettant en scène des courts-métrages ou des DTV fauchés (le film de SF The Recall, l'hideux high-concept The Ghostmaker). 

Le casting se compose d'une vedette hollywoodienne en fin de carrière (Mickey Rourke), d'un rescapé du young adult (Jackson "Jasper dans Twilight" Rathbone) et d'une armée de seconds couteaux américains, dirigée au propre comme au figuré par le mercenaire des arrière-plans Robert Knepper. Le tout est distribué par Saban Films, compagnie peu recommandable dont le logo à lui seul suffit à effrayer le consommateur de bisseries, et produit par d'illustres inconnus.

 

WarHunt : photoQuand on voit le logo Saban au début du film

 

Warhunt a donc tout de la série B opportuniste. Et pour cause : c'est en une. Son pitch (en pleine Seconde Guerre mondiale, des soldats yankees sont mandatés pour mettre la main sur un obscur McGuffin avant les nazis) rappelle forcément les heures les plus décomplexées de l'héritage horrifique de la nazisploitation et par conséquent son émanation la plus récente, le sympathique Overlord. D'ailleurs, il débute lui aussi avec un crash d'avion. Mais le reste s'en tient au survival sur rails qui enchaîne les conventions d'écriture (l'illusion de l'épouse, pitié) et les arcs narratifs téléphonés pour gagner du temps dans une forêt quelconque avant d'envoyer ses pauvres comédiens dans le seul vrai décor du film.

Quant à l'ami Rourke, s'il apparait plus à l'écran que ses collègues habitués à cachetonner (suivez notre regard), il reste un caméo de luxe, un argument marketing bien piètrement inséré dans l'intrigue. Dommage : affublé d'un cache-oeil, il semble taillé pour ce genre de rôles, a fortiori quand il s'empare d'une mitrailleuse pour défourailler de l'entité surnaturelle.

 

WarHunt : photo, Mickey RourkePetit moment de lucidité

 

S.S vs. predator

En effet, en termes d'enjeux, Warhunt ne se contente pas d'exploiter les traditionnels nazis zombies. Il en ressort donc plus frustrant qu'autre chose. Les autres productions du style (suivez notre regard, encore) affichent parfois un tel cynisme qu'elles font l'unanimité contre elles après deux plans. Le long-métrage de et co-écrit par Scott Svatos peut se targuer d'effets spéciaux numériques sinon originaux, honnêtement potables, et d'un postulat fantastique bien réel, qu'on ne spoilera pas ici. Quelques rares bonnes idées se glissent même presque par inadvertance dans cette partie de cache-cache interminable, comme lorsqu'une goupille de grenade fait office d'alliance.

Il n'en est que plus énervant. Le mythe de la passion du troisième Reich pour l'occulte, qui semble pourtant motiver toute l'opération militaire, n'est qu'effleuré ici et là. Plutôt que d'en faire le coeur de son intrigue, le film préfère citer allégrement Predator en accrochant les soldats aux arbres et en disséminant ses personnages aux quatre coins de la forêt. La référence est partagée par une vaste majorité des productions du même acabit, pour la simple et bonne raison qu'il s'agit d'un tour de passe-passe bien pratique.

 

WarHunt : photo, Robert Knepper"I ain't got time to bleed"

 

C'est l'excuse idéale pour délocaliser l'action dans des bois anonymes, sans la moindre exigence de rigueur spatiale, et faire de ses protagonistes des archétypes militaires aux répliques balourdes, qui se feront décimer un à un sans grande inventivité. C'est également un prétexte parfait pour économiser les apparitions des "créatures" (notez les guillemets) et ne les révéler que dans un climax mou du genou.

L'imposture fait d'autant moins illusion qu'elle est comme souvent techniquement à la ramasse. Tandis que la mise en scène s'efforce de surdécouper le moindre geste pour maladroitement camoufler la vacuité de la production, la photographie fait le choix de planquer les traditionnelles nuances de gris dépressives en sous-exposant les trois quarts des plans sur le modèle des films hollywoodiens numériques du moment. Le résultat est si sombre qu'il nous ferait confondre The Batman et Midsommar. C'est l'ultime subterfuge de cette série B feignante : difficile d'attester de sa laideur quand on ne voit rien.

 

WarHunt : Affiche officielle

Résumé

Un film d'exploitation qui tente de planquer son opportunisme derrière un vrai potentiel régressif, mais qui se fait vite trahir par sa facture technique.

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commentaires
alulu
19/03/2022 à 19:25

C'est son deuxième dtv avec un bandeau, hasard ou problème à un œil?

Rakis
18/03/2022 à 19:37

Mon dieu, mais Rourke est de plus en plus méconnaissable... Quelle déchéance que celle de cet acteur qui était promis au meilleur...

Flash
18/03/2022 à 19:03

@Kyle, j'ai vu cette vidéo tout à l'heure.
En effet très beau message de Schwarzy, même si je ne me fais pas d'illusion sur sa porté chez les Russes.

Ukronaozi 2022
18/03/2022 à 17:48

pour une fois pa

viande a vision
18/03/2022 à 17:38

Rourke rejoint Neeson et Willis dans le club des papys pas badass avec des flingues.

Kyle Reese
18/03/2022 à 15:27

Plus sérieusement, en parlant de guerre réelle, faite une News sur la vidéo de Schwarzenegger de 9 minutes ou il s’adresse directement aux Russes. Un beau message de la part d’un de mes héros d’enfance.

https://www.youtube.com/watch?v=4e1BndTE6Lg

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