Astérix : Le Secret de la potion magique - critique qui est encore tombée dedans

Simon Riaux | 1 novembre 2018 - MAJ : 09/03/2021 15:58
Simon Riaux | 1 novembre 2018 - MAJ : 09/03/2021 15:58

Astérix - Le domaine des Dieux avait surpris le public et la critique, grâce à un humour enlevé, un scénario malin et une réalisation impeccable. Quatre années plus tard, revoici ses artisans, Alexandre Astier et Louis Clichy, aux commandes d’un nouveau long-métrage, Astérix : Le Secret de la potion magique, qui entend jouer avec un des piliers de la mythologie inventée par Goscinny et Uderzo.

POTION TRAGIQUE ?

Astérix : Le Secret de la potion magique représente un défi et un privilège pour ses auteurs, puisqu’ils ont obtenu, non pas de s’adosser à des albums existants, ni à des structures définies par les créateurs de la célèbre bande-dessinée, mais bien de bâtir une aventure inédite. Malheureusement, c’est essentiellement là où le bât blesse.

 

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L'heure d'un grand changement ?

 

René Goscinny était un scénariste hors-pair, capable d’imbriquer plusieurs niveaux de lecture, quantité de sous-intrigues, tout en préservant une ligne narrative claire et un tempo irréprochable. Louis Clichy et Alexandre Astier ne parviennent pas toujours à émuler cette rigueur discrète, et offrent un récit un peu plus lâche que Astérix - Le domaine des Dieux qui donne parfois le sentiment d’assister plus à une collection de saynètes ou de gags, qu’à un récit vraiment tenu et porteur d’enjeux.

La faute peut-être à une structure qui éloigne un peu trop Astérix et Obélix du cœur de l’intrigue, et propose des nouveaux venus aux mérites discutables (Sulfurix évoque bien trop le Prolix du Coup du menhir, et le film reste globalement dans son ombre).

 

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Un méchant qui en rappelle d'autres...

 

De même, techniquement, tout n’est pas parfait. La charte graphique lumineuse et colorée du Domaine des Dieux paraît ici un peu plus fade, plus télégénique. Un petit pas en arrière, quand le film précédent réussissait le tour de force d’allier le style d’Uderzo à la folle souplesse de l’animation numérique. L’animation justement, est quant à elle irréprochable, et remarquable de fluidité.

 

OU FRICTION MAGIQUE ?

Mais qu’on ne s’y trompe pas, Astérix : Le Secret de la potion magique est bien loin d’être un échec. Alexandre Astier et Louis Clichy n’ont peut-être pas pu retrouver l’état de grâce de leur précédente alliance, ils nous proposent néanmoins une aventure haute en couleurs et souvent hilarante, comme en témoigne la partition de Christian Clavier, qu'on n'avait pas connu si drôle depuis un bon moment.

 

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Un duo de héros moins présents qu'à l'accoutumée

 

On retrouve la patte évidente du créateur de Kaamelott, qui signe une nouvelle fois des dialogues dont la rythmique provoque l’admiration du spectateur, quand elle ne vrille pas les zygomatiques. Certaines scènes se paient même le luxe, à l’instar des réunions avec les autorités druidiques ou des auditions d’apprentis, de se reposer quasi-exclusivement sur sa science des dialogues et son art du décalage.

Mais Alexandre Astier n’est pas simplement un façonneur de répliques, il sait également mêler, comme le firent des décennies plus tôt Uderzo et Goscinny, différents niveaux de langage filmique et différents totems culturels, n’hésitant pas ici à greffer des héritages venus notamment de l’animation japonaise. Autant de qualités, qui permettent à Astérix : Le Secret de la potion magique de s’imposer comme un divertissement plaisant.

 

Affiche française

Résumé

Cet épisode ne retrouve toujours pas la cohérence et la célérité du Domaine des Dieux, mais Louis Clichy et Alexandre Astier concoctent néanmoins un spectacle enlevé et souvent tordant.

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Lecteurs

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commentaires
Flo
27/12/2022 à 16:36

Du plaisir pour « … le Secret de la Potion Magique », non adapté d’un album particulier mais dérivé de plusieurs bouts d’épisodes (du Combat des chefs au Ciel lui est tombé sur la tête, en passant par des références au Tour de Gaule, au Devin etc), comme l’était jadis « Les 12 Travaux… ».
Avec là aussi l’intention de faire exploser les cadres, avec encore moins de limites, tout en questionnant les codes établis il y a des décennies et jamais remis en question.
Parlant du rapport à la Création Artistique, entre ce qui doit avoir absolument une utilité pratique, et ce qui est juste très beau, en apparence… Rien d’anormal alors à ce que Panoramix soit le héros principal du film (ça arrive souvent dans les albums que Astérix ou même Obélix soient plus en retrait, et deviennent juste des forces motrices).

Quant au personnage de la jeune inventrice Pectine, qui n’est pas écrite selon les standards habituels des enfants surdoués… si on comprend dès le tout début son rôle future, le film a une construction narrative progressive, en forme de Quête et de machinations, qui la met en retrait. Laissant le champ libre à un paquet de personnages rigolards (les druides des Carnutes sont des vieilles barbes tordantes et leurs aspirants sont tous insolites, le duo culte Ordralfabétix/Cétautomatix parasite les scènes de manière explosive, même une auto référence à « Kaamelott » est présente…). Pour mieux revenir vers cette enfant à un moment crucial, qui apparaît ainsi comme totalement naturel et inévitable, jamais forcé et faisant réfléchir sur le rapport aux traditions, surtout quand celles-ci sont très misogynes.

Faisant écho avec le fait que personnages de cet univers choisissent de rester dans un autarcie bien régulée (comme le montre le générique du film rythmé sur la chanson « You Spin me Round »). Sans que les villageois envisagent de libérer toute la Gaule avec la Potion, déséquilibrant alors les forces en présence… Ce que souhaite Sulfurix, fascinant vilain aux multiples facettes, et aux envies de vengeances destructrices, voir même anarchiques.
Car les Romains leurs apportent quand même à tous de la Modernité, sujet déjà abordé dans le Domaine des dieux… quitte à ce que certains gallo-romains se renient avec honte.
Entre ce film et le précédent, on se retrouve au final avec un diptyque très cohérent, au casting vocal toujours fabuleux - Christian Clavier prend la relève du bon pied.

Et puis, finir en mode Heroic Fantasy et Japan’im (un petit côté Saroumane contre Gandalf, un monstre élémentaire géant, un quasi robot mécha), quel bonheur !
Les Astérix n’ont jamais été contre les références anachroniques ou méta. Et là non seulement c’est bien fichu, mais en plus c’est ultra cinématographique, avec climax sur climax, digne des meilleurs blockbusters jamais faits.
Même si les réalisateurs embrassent beaucoup de directions ambitieuses, et en laissent de côté quelques unes (le renoncement d’Astérix, le village au commande des femmes – mais des albums ont déjà traité de ça), ils gardent le cap jusqu’au bout et donnent tout ce qu’ils ont pour accoucher de leur « Astérix » ultime.
Puissant Magique !

Alexandra
25/03/2020 à 22:34

J'aime bien, d'ailleurs c'est ma passion Astérix et Obélix .C'est chouette, bravo à celui qui a pensé, toute l'équipe bien entendu, du beau boulot. Merci

Nick
07/12/2018 à 12:47

Excellent! Très drôle et très inventif, des idées multiples à chaque scène, un scénario qui tient la route et le méchant est réussi!
Formidable!!

MichMich
06/12/2018 à 13:06

Les acteurs français les plus reconnus ne sont absolument pas des doubleurs, il y a un tel décalage dans le ton, l'intensité que ça ruine beaucoup d'effets (pour les plus regardants). Par ex l'Age de Glace avec Cassel et Lanvin est catastrophique à mes oreilles. Clavier ici à ce que j'ai entendu n'est guère mieux. Après ils assurent la promo donc la visibilité c'est l'essentiel vous me direz...Mais je reste persuadé que c'est un métier bien différent de celui d'acteur de cinéma (ex: Luq Hamet), malheureusement disparu.

Zanta
06/12/2018 à 12:59

Premier film basé sur une idée originale depuis la meilleure adaptation ciné, il y a 40 ans, "Les 12 Travaux", co-réalisé par les maîtres Goscinny & Uderzo eux-mêmes. (La trilogie produite par Gaumont International durant les 80s suit de près).
Ca fout la barre sacrément haut.
Le Domaine des Dieux, c'était très joli à regarder, mais pas très drôle.
C'est le même souci ici : des belles images, mais on sourit seulement de temps en temps, et on est même un peu gêné par un final évoquant l'horrible album 33 de la série officielle.
Dommage.
Il reste qu'Aster sur Astérix, ça reste une très bonne idée de producteur.

Stridy
06/12/2018 à 07:27

Clair que Clavier est beaucoup trop reconnaissable. Ce n'est vraiment pas un doubleur...

Heureusement qu'Asterix est en retrait dans le film.

Plisken59
05/12/2018 à 20:19

Perso, à chaque fois que j'entendais Astérix parler, j'avais l'impression que ce n'était pas sa voix, comme regarder un film non-francophone en VF.
Et on ressentait vraiment que c'était Clavier, et pas Astérix, comme s'il n'arrivait pas à devenir le personnage. (mais ça c'est le problème des acteurs dans le doublage)

Simon Riaux
05/12/2018 à 18:54

@Okay

J'ai trouvé que Clavier faisait bien le taf, même si, évidemment, on ressent forcément un petit pincement nostalgique...

Number6
05/12/2018 à 18:54

Me doutait bien qu'il y aurait un peu bcp du coup du menhir dedans. Me tarde de le voir quand même

Okay
05/12/2018 à 18:10

Le doublage d'Astérix étant différent du précédent cela ne vous a pas dérangé plus que ça? On s'habitue rapidement?

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