Scary Movie 4 : Critique

Laurent Pécha | 16 avril 2006
Laurent Pécha | 16 avril 2006

Toujours prête à palper facilement un maximum de billets verts, la franchise des Scary movie revient avec son lot de parodies des plus célèbres films américains récents pour un résultat toujours aussi inégal. Mais cette fois-ci, de toute évidence, c'est à un spectacle humoristique made in USA que la troupe de Zucker nous convie. Pas sûr que le public français y trouve son compte tant certains gags, réussis ou non, font appel à une « culture » très américaine.

La couleur est d'ailleurs annoncée d'entrée avec une parodie - drôle - de la séquence d'ouverture de Saw avec dans les rôles des victimes menottées le basketteur Shaquille O'Neal et le Dr Phil (qui ça ?). Pour rire aussi gras que les ricains, il faudra ici être non seulement calé en basket NBA mais aussi connaître les talk shows US (c'est qui le Dr Phil ?). Si par la suite, on retrouve un canevas plus international avec une histoire qui mixe plus ou moins habilement The Grudge et La Guerre des mondes et un détour vers Le Village de Shyamalan, les références strictement américaines restent légions à l'instar d'un final sur le plateau d'Oprah où Tom Cruise en prend pour son grade, séquence amusante il est vrai mais qui l'est sans doute plus si l'on a vu en live la dite émission parodiée à la TV américaine, déjà célébrée par les Razzies.

 


S'il y a par contre quelque chose qui ne change pas au royaume des Scary movie, c'est bien le niveau très gras de l'humour. Sous la houlette de David Zucker aux commandes depuis le 3 après le « forfait » des frères Wayans, la parodie vole au plus bas. Ce que l'on perd en gags sexuels (une spécialité des Wayans dans les deux premiers films), on le récupère ici en humour scatologique pas vraiment du meilleur goût (la séquence de Leslie Nielsen en président US nu devant l'assemblée de l'ONU ou les pets très expressifs de la revenante Carmen Electra). Au moins, une chose est claire : ceux qui n'appréciaient pas les précédents films, peuvent passer leur chemin. Ici, on ne change pas une formule qui a déjà rapporté des centaines de millions de dollars. Bien au contraire !


Malgré une volonté de raconter une vraie histoire (comme c'était déjà le cas dans le 3), Zucker et ses scénaristes dont un certain Jim Abrahams (manque plus qu'un Z pour reformer la grande équipe des ZAZ) continuent à fauter par excès de générosité. Voulant caser un maximum de gags en un minimum de temps (le film dure à peine 80 minutes si on oublie les crédits du générique et non il n'y a pas de gag supplémentaire à la fin, de rien, vous pourrez quitter la salle plus tôt à moins que vous n'espériez trouver Stéphane Argentin), ils accouchent d'un film hybride qui dans un premier temps propose un récit pour le moins construit pour finir dans une seconde partie à n'être plus qu'une avalanche de sketchs de moins en moins hilarants. Tant que Zucker tient les rennes de son film et s'offre des détours « subtilement » introduits, on rit de bon cœur à l'image de ces deux parodies désopilantes : Brokeback Mountain avec dans le rôle des cowboys gays sous la tente le grand et gros Anthony Anderson et le petit et maigre Kevin Hart ainsi que Million dollar baby avec un Mike Tyson féminin obsédé par l'arrachage d'oreille et un festival de brisages de nuques.

 

 

Malheureusement, c'est lorsqu'il s'agit de transformer les parodies de son histoire principale (The Grudge = moyen + Guerre des mondes = très moyen + Le Village = inégal) que Zucker se montre emprunté. Le réalisateur ne réussit jamais à nous surprendre. La faute à un manque d'audace et surtout parce qu'il se prive bêtement d'éléments pourtant vitaux à l'efficacité du film. Charlie Sheen ne fait qu'une courte mais remarquée apparition (le Viagra à haute dose, c'est mortel !), Simon Rex (George, le rappeur-fermier du 3) ne fait que passer le temps du flashback à la sauce Clint Eastwood. Et surtout l'épatante Anna Faris, véritable génie comique de la saga, se voit trop délaisser au profit d'un Craig Bierko qui parvient certes à camper un Tom Cruise assez amusant sans pour autant arriver à la cheville de la puissance comique dévastatrice de notre Cindy préférée.

Se faisant, on sort de la salle avec ce sentiment tenace qu'on ne se fera pas avoir à nouveau avec le futur probable numéro 5 (au vu du démarrage fulgurant du 4, le doute n'est pas permis) tant on a eu affaire à une parodie trop bâclée (à l'instar de sa photo en HDcam particulièrement moche) et surtout trop bordélique (de toute évidence, on aura le droit à une flopée de scènes coupées sur le futur DVD). Mais étant donné que le genre est attrayant et que les Scary movie sont de nos jours un peu les seuls sur le marché, pas sûr que dans deux ans, ce sentiment soit encore d'actualité.

 

Résumé

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