Critique : Dreamgirls

Erwan Desbois | 27 février 2007
Erwan Desbois | 27 février 2007

En dépit des promesses qu'il déploie sur le papier, Dreamgirls ne dépasse pas le stade du long-métrage laborieux et anonyme. Lorsqu'un plat n'est pas bon malgré la qualité des ingrédients utilisés, on se dirige vers le cuisinier ; idem pour un film, on se dirige vers le metteur en scène. Et on découvre alors qu'avant de s'attaquer à cette adaptation du musical de Broadway Dreamgirls, l'expérience de Bill Condon dans le genre musical se limitait à l'écriture du scénario de Chicago. Se baser sur cette référence pour lui confier les rênes d'un tel projet est aussi incongru que de choisir le correcteur éditorial d'un grand livre de recettes pour officier dans un restaurant étoilé, tellement la réussite finale d'une comédie musicale a peu à voir avec le script.

C'est principalement le caractère des numéros musicaux, leur créativité et leur tempo qui font ou défont un tel long-métrage. La déception est ici de taille, puisque Condon se contente de les enchaîner comme à la parade, sans faire d'efforts pour les intégrer à une ambition plus globale – par exemple en tirer autre chose que des personnages exprimant leurs émotions en rimes plutôt qu'en dialogues. A une ou deux exceptions près, les séquences chantées suivent toutes le même rituel : un événement arrive à un personnage, ce dernier en tire les premières phrases d'une chanson, qui est enregistrée en studio, devient un tube et le final est joué sur scène. Comme en plus ces chansons sont pour la plupart construites dans le même moule R'n'B à deux positions (énergique / guimauve), la routine guette le film aussi sûrement que l'ennui guette le spectateur.

On se console donc avec les miettes : une chanson traitée avec un minimum d'inventivité et d'humour par ici (les doubles interprétations dans des genres radicalement différents de « Cadillac car » – groovy puis ballade niaise – ou de « One night only » – slow poignant et disco dansante), un acteur qui sort du lot par là. Si tous font leur travail avec application (Beyoncé ne tire par la couverture à elle, la débutante et fraîchement oscarisée Jennifer Hudson n'est pas ridicule…), seul Eddie Murphy parvient à insuffler à son personnage de simili James Brown une énergie suffisante pour générer plus qu'un intérêt poli. Entre bagout et tragique, la performance est d'autant plus remarquable que, soyons honnêtes, on ne l'espérait plus de la part d'un acteur qui va de Pluto Nash en Norbit.

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