Monstres Academy : critique

Nicolas Thys | 12 juin 2013 - MAJ : 09/03/2021 15:58
Nicolas Thys | 12 juin 2013 - MAJ : 09/03/2021 15:58

Nos impressions des productions Pixar ces dernières années, après Rebelle et Cars 2, étaient on ne peut plus mitigées. On avait d'autant plus peur de Monstres academy, suite et préquelle de l'une des plus belles réussites du studio voilà déjà 12 ans : Monstres & Cie. Le film de Pete Docter avait atteint des sommets tant dans le scénario que dans le rendu graphique ou la fluidité de l'animation en 3D synthétique et les suites de tels succès sont souvent synonymes de ratages et d'un manque d'idée.

Et bien, rassurez-vous, ce n'est pas le cas. D'une part, le studio n'a cherché ni le copier/coller ni la suite immédiate du premier film et la répétition d'un même thème jusqu'à épuisement donnant régulièrement de fortes impressions de déjà-vu. Au contraire, Pixar a eu la bonne idée de choisir un tout nouveau réalisateur, Dan Scanlon, qui n'avait pas travaillé sur l'opus initial et qui n'a à son actif aucun long-métrage du studio comme réalisateur. C'est donc un vent d'air frais qui souffle ici, inspiré par l'ancien tout en apportant du neuf.

Première intuition intelligente : ce n'est pas l'entreprise dans laquelle travaillaient Bob et Sulli qui compte mais les deux protagonistes et leur relation. Et si dans Monstres & Cie, les acolytes annoncent, au détour d'une réplique, qu'ils se connaissent depuis le CM2, les scénaristes n'ont pas cherché à coller à l'histoire à tout prix mais à créer un récit crédible et une histoire intelligente. C'est donc à l'université qu'on retrouve les deux compères pour le premier « college movie » de Pixar. Et dans l'ensemble c'est une jolie réussite avec de nombreuses idées intelligentes.

 

photo

 

Alors bien sûr, on pourra reprocher une certaine tendance à l'américanisme : leur système universitaire est très spécifique et pour les non initiés, on peut passer un peu à côté. De plus, le récit est limpide jusqu'à la simplification la plus extrême : ennemis devenus amis, dépassement de soi, manque de confiance, épreuves à passer. Mais l'ensemble fonctionne. Les rares à ne pas avoir vu le premier film n'auront aucun problème à voir celui-ci. Quelques clins d'œil à destination des fans sont bienvenus mais on pourrait croire sans grande difficulté que Monstres Academy est bel et bien le premier des deux films.

Côté technique, on verra clairement la progression des images de synthèse : le rendu lumineux est bluffant, l'animation des textures est excellente et les personnages ressemblent tantôt à de vraies peluches, tantôt aux animaux qu'on pourrait croiser dans n'importe quel zoo. La peau du lézard est une merveille de précision et, comme d'habitude, le mouvement général est fluide et se rapproche toujours plus du cinéma de prises de vues réelles malgré l'imaginaire débridé des monstres qui peuplent cet univers.

 

Affiche française

Résumé

Le retour de Pixar cette année ne se fera pas encore sur un chef d'œuvre mais sur un excellent film qui offre des retrouvailles sympathiques avec des personnages indémodables et colorés et qui laisse augurer le meilleur pour la suite. A noter aussi, le court métrage Le Parapluie bleu, présenté avant le long, un peu trop à l'eau de rose mais lui aussi mignon, assez bien fait et dont la première partie, totalement réalisée en images de synthèse, est sidérante de réalisme.

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Lecteurs

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commentaires
Flo
30/05/2023 à 13:16

... l'émergence d'un cinéaste pas encore estimé, Dan Scanlon :

"Monstres Academy" est un film qui mérite mieux que sa réputation calamiteuse, dès lors où sait le prendre tel qu'il est, et pas tel qu'on voudrait qu'il soit :
C'est un "College Movie", à l'Université américaine, avec tous les codes présents - sauf les stupéfiants et le sexe.
Quoi de plus normal de traiter de ça pour un prequel de "Monstres et cie", avant l'arrivée dans la vie active ?
Centré cette fois sur Bob/Mike, là où c'était Sully pour l'autre fois - évidemment, l'histoire affective avec la petite Boo était tout à fait touchante, tandis que Bob était un peu trop pleutre et râleur.
Et opter alors pour un renversement, qui ferait de la peluche Sully un type arrogant, traître et pas sympa, pour mieux faire émerger le manque de confiance terrassant de Bob, qu'il cache derrière un enthousiasme sans limite... c'est sacrément courageux.
Rivaux égoïstes avant d'être les meilleurs amis du monde, losers parmis les losers mais acceptant les (nombreux) échecs dès le moment où ils cessent de se mentir à eux-mêmes, et assument de ne pas être dans la norme.
Ainsi que la présence au scénario d'une lutte des classes, entre ceux qui ont le physique de l'emploi et le nom prestigieux... et ceux qui ne sont rien et ne ressemblent à rien, mais qui ont sacrément envie d'en bouffer. Jusqu'à faire remettre en question une Doyenne de Fac très élitiste.
C'est pas énorme, mais ça raconte vraiment des choses pertinentes.

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