Fast & Furious 8 : critique protéinée

Simon Riaux | 23 mai 2023 - MAJ : 24/05/2023 10:31
Simon Riaux | 23 mai 2023 - MAJ : 24/05/2023 10:31

C'est une saga mutante, qui débuta par les mésaventures néo-beauf de deux fous du volant avant de se transformer en happening d’action over the top, propulsée au sommet du box-office par un casting aussi divers qu’énergique. Fast & Furious est un objet à part dans le paysage cinématographique contemporain. Et plus que jamais, Fast & Furious 8 confirme son statut d’improbable accouplement des Feux de l’Amour et de Delta Force, mâtiné de Mission : Impossible.

MISSION TRACTOPELLE

Après avoir fait la course comme des neuneus, sauvé ou trahi tous leurs copains, volé un chef de cartel à Rio et pulvérisé une dynastie de mafieux british, la famille à Vin Diesel doit désormais empêcher la Troisième Guerre mondiale tout en accueillant en son sein un imbroglio familial dément. Rien que ça. Et si cette ambition furibarde est pour beaucoup dans le plaisir régressif pris devant cette farce jubilatoire, il en est aussi la principale limite.

Car pour emballer son condensé de séquences absurdes, Fast and Furious 8 doit en passer par d’interminables tunnels de dialogues, par d’inutiles rebondissements et détours scénaristiques, qui finissent par parasiter le cœur du projet, à savoir ses scènes d’actions surréalistes. Trop bavard, le blockbuster a également la faiblesse de ne pas toujours utiliser au mieux ses excellentes idées. La poursuite new-yorkaise en mode Blues Brothers 2.0 est bien trop vite expédiée, tandis que le climax attendu et son sous-marin sont finalement très basiques.

 

Photo Vin DieselVroum vroum

 

F. Gary Gray (réalisateur de Braquage à l'italienne avec déjà Charlize Theron, Un homme à part avec déjà Vin Diesel, mais aussi Straight Outta Compton) n’est en effet ni James Wan ni Justin Lin, tant il se montre ici incapable de transcender le matériau qui lui est donné, d’y apporter un sous-texte émotionnel ou d’en illuminer la bourrinerie. Il se contente de s’appuyer sur les acquis de la franchise, ses tropismes et son casting. Heureusement, de ce côté-là, le film a des surprises à revendre.

 

Photo Michelle Rodriguez, Vin DieselSisi la famille

 

LA FAMILLE GROS

On se moque souvent de la propension de Fast & Furious à s’en référer à « la famille ». Mais qu’on le veuille ou non, la franchise réalise et prolonge aujourd’hui un geste cohérent en la matière. Sorte de grand messe bourrine et tendre, la sortie de chaque épisode est une nouvelle occasion de retrouver un casting totalement hétéroclite, capable de réunir des steaks protéinés aussi impressionnants que Dwayne Johnson et Jason Statham, mais aussi des stars de l’envergure de Charlize Theron, ou des artistes tels qu’Helen Mirren, qui prend de toute évidence un malin plaisir à jurer avec un accent cockney à couper au couteau.

 

Photo Dwayne Johnson, Ludacris, Michelle Rodriguez, Nathalie Emmanuel, Scott EastwoodDream team

 

Oui, Fast & Furious est une famille. Bordélique, schizophrène, où l’on meurt aussi vite que l’on ressuscite, avant d’aller botter le cul du voisin en jet-pack, mais une famille tout de même. C’est d’ailleurs cet aspect du film qui le rend par moment franchement jouissif, les scénaristes n’hésitant plus à hybrider leur récit avec des sous-intrigues suffisamment débiles pour provoquer une grève sur le tournage d’un épisode d’Amour, Gloire et Beauté.

Cette assemblée, diverse et dénuée de leader caucasien, a le mérite de ne ressembler à aucune autre. Mieux : comme son succès l’indique, elle préfigure probablement une certaine aspiration du public, en matière de renouvellement et de starification. Fast and Furious, derrière sa bêtise revendiquée en porte-étendard, affiche une humanité et une chaleur au moins équivalentes, qui achèvent de faire du blockbuster un n’importe quoi éminemment sympathique.

 

Photo Dwayne JohnsonComme un Rock

 

MULTIPLIER LES PAINS

Et si F. Gary Gray n’est pas l’artisan le plus inspiré de la saga, cette dernière a désormais accumulé un savoir-faire qui lui permet de délivrer un grand spectacle néanmoins très divertissant. On pense notamment à la bastonnade de la prison, qui assume totalement la dimension cartoonesque de Fast & Furious 8 où les enjeux sont balayés à coups de gags, tandis que Dwayne Johnson se transforme littéralement en voiture bélier.

Malgré ou grâce à sa longueur, le scénario est émaillé de brèves séquences d’action, souvent bien plus réussies que les gros morceaux qui rythment le métrage. À l’exception notable d’une poursuite littéralement enflammée dans les rues de Cuba, ce sont d’ailleurs les combats à mains nues ou centrés sur la physicalité qui s’avèrent les plus satisfaisants. Et bien évidemment, l’arrivée de Jason Statham n’y est pas pour rien et offre à Dwayne Johnson, le temps d’un happening en prison hilarant, un camarade de jeu idéal.

 

Photo Charlize TheronFast & Furiosa

 

Contre toute attente, le britannique enragé trouve instantanément sa place dans le récit même si personne ne trouve à redire au fait de devenir super pote avec celui qui a essayé de les massacrer durant les deux films précédents. Cette présence confirme qu’une des plus belles qualités de Fast & Furious est sa dimension élastique : la série est capable de s'adapter instantanément à ses guest stars et ne cesse jamais de se réinventer.

Au final, cet épisode est loin d’être le meilleur, mais il bénéficie mécaniquement de la sympathie accumulée par la franchise et trace la voie d’une suite plus dure, plus structurée, mais toujours aussi débile. On en redemande.

 

Affiche

Résumé

Malgré des défauts évidents et une stupidité indiscutable, la saga possède un charme étonnant, et propose une nouvelle fois de grands moments de régression jubilatoire.

Autre avis Geoffrey Crété
Fast & Furious 7 séduisait tel un bulldozer de voltige et d'adrénaline, avec un paquet de scènes rondement menées et pensées. En plus de sentir le renfermé, Fast & Furious 8 semble bien pâle et scolaire à côté, et permet de rouvrir les yeux sur la réalité de la saga.
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Lecteurs

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commentaires
Marvelleux
26/09/2022 à 13:49

A quand Fast & Furious, avec un casting version 100% féminin ?

The Poulpix
24/09/2022 à 18:37

Faut bien distraire la plèbe...

Creepers
13/04/2022 à 00:59

En même temps quoi attendre d'une saga lessivée depuis le premier film...

Oui bon
18/05/2021 à 00:49

EL. Dite votre critique c’est un troll?

Super-Charged
17/05/2021 à 10:43

pas que des proteines...steroides anabolisants , dianabol, HGH etc....
je me souviens de Stallone chopé a Sydney par la douane avec ses mallettes, avec HGH+Testo, le type justifait çà qu'il en prenait pour raisons medicales lol, en 2007 dans mes souvenirs
le type à 60 piges en 2007,et il prend ces trucs, çà aide pour prendre 15 ou 20kg de masse pour un Rocky ou le Rambo de 2007, hein?
ces acteurs sont pas clean, allez hop au controle antidopage (, mais ils devraient doper le cerveau des scenaristes Fast and Furious par contre, faut "muscler "leur cerveau mdr

Matrix R
16/05/2021 à 22:08

Bon la scene avec le sous marin est ouf waouh! Cependant vite expédié c'est vrai.
Gary f' gray n'a pas maîtrisé son sujet c'est vrai.
Mais ça reste plus cool d'autres block

Pat Rick
16/05/2021 à 14:32

Le problème dans ce film et dans les autre de la saga, c'est Vin Diesel qui prend tout cela trop au sérieux.
Il lui manque du 2nd degré.

Anti-Flash
10/04/2017 à 14:59

@flash quel argumentaire ! J'en suis renversé !

Wes
10/04/2017 à 14:08

@dredd

Tu parles des tags "action", "thriller" et même "Fast & Furious" juste en dessous du titre tout en haut, en orange fluo ?

kolby
10/04/2017 à 13:54

@justeme
Bon si tu n'as rien compris comme je ne te comprend pas en ce moment?

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