Le 15h17 pour Paris : critique retenue en gare

Simon Riaux | 16 février 2018 - MAJ : 09/03/2021 15:58
Simon Riaux | 16 février 2018 - MAJ : 09/03/2021 15:58

Dès son annonce, Le 15h17 pour Paris se sera attiré les foudres des adversaires habituels de Clint Eastwood, anti-américains primaires et autres coincés de la gâchette, toujours désireux de transformer son cinéma en tract politique plutôt que de l’ausculter pour ce qu’il est. Et pour désolant que cela apparaisse, le maître aura fini par leur donner raison.

AMERICAN PAILLE

Clint Eastwood compte parmi les derniers créateurs maison soutenus par Warner, et à ce titre, chacune de ses précédentes production a été largement mise en avant. Une stratégie qui contraste violemment avec la dissimulation totale de ce 15h17 pour Paris, qui aura légitimement fait redouter, à la suite d’une bande-annonce catastrophique, la perspective d’un ratage artistique.

Et au vu du résultat, difficile de comprendre ce qui a présidé à la fabrication de ce nouveau film. On a beau comprendre ce qui intéresse théoriquement le cinéaste, à savoir inviter les trois veritables protagonistes de l'evenement qu'il narre, pour proposer une nouvelle réflexion sur la notion d’héroïsme, tout son cinéma semble ici se déliter progressivement. Son découpage n’est presque jamais digne de ce nom, et ce n’est pas la photographie censément naturaliste (ou plus simplement moche à pleurer), qui sauve l’ensemble de la médiocrité.

 

Photo Clint EastwoodClint et ses héros

 

Le sentiment de précipitation qui s’en dégage est manifeste. On savait le projet mené tambour battant, mais on était loin d’imaginer que le récit serait à ce point transparent, sa construction inexistante et ses thématiques traitées avec tant d’incohérence. La précipitation devient embarrassante dès lors que les protagonistes débarquent en Europe, que Clint paraît incapable de diriger quiconque ne parle pas anglais (et ses héros jouant comme des prothèses de hanche…), les scènes s’enchaînent sans queue ni tête, avec un manque d’ambition et de maîtrise désolants.

 

Photo Anthony Sadler, Spencer Stone

 Anthony Sadler et Spencer Stone

 

PAPY FAIT DE LA RÉSISTANCE

Eastwood s’est donc cassé les dents en invitant le réel dans son cinéma, mais c’est peut-être du côté théorique que sa déroute est la plus totale, la plus affligeante. Metteur en scène de l’ambiguïté morale, l’artiste a toujours ménagé des zones d’ombre, toujours confronté des concepts problématiques et dérangeants. Une orientation qui attira les foudres des amateurs de raccourcis idéologiques, mais lui aura permis de traiter non pas de héros américain, mais de comment et pourquoi des individus solitaires ou marginalisés sont soudain perçus comme héroïques.

 

Photo Anthony Sadler, Alek SkarlatosAussi palpitant qu'une vraie virée en TGV

 

Ainsi aura-t-il décrit son American Sniper comme un boucher adulé par les siens jusqu’à la folie, Sully comme un ordinary decent man héroïque que l’administration voulut broyer. Plus de questionnement trouble ici, où dès l’ouverture du film, on compare frontalement un chérubin priant dans sa chambre et un terroriste sur le point de commettre un massacre. Une confrontation qui écrase toute forme de réflexion derrière un symbolisme balourd, pour ne pas dire nigaud.

Plus insignifiant encore, Eatswood émaille son récit d’une forme de christianisme trépané, particulièrement malvenu et étonnant de sa part. Et son héros de voyager en Europe à coups de signes du destin, de simili-visions et autres messages divins. Oubliant totalement que la foi est affaire de doute, le metteur en scène se vautre dans un réseau d’images indignes d’un mauvais télévangélistes, qui achèvent de transformer ce sketch patriote en échec à peu près total.

 

Affiche

Résumé

Avec ce 15h17 pour Paris laid, déficient narrativement et idéologiquement absurde, Clint Eastwood s'est oublié et a réalisé son plus mauvais film.

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Lecteurs

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commentaires
@Steve
17/02/2019 à 11:29

@King god il s'agit de critiquer un film mauvais, pas de savoir qui est dans le camp du bien ou du mal. ce n'est pas du tout le sujet.

King god
04/05/2018 à 20:57

''Peu importe la qualité du film, ce sera vachement bien car il a la meme obedience ou vu politique que la mienne..
Des Trumptards quoi.''

Parole d'anti trump tard, inculte, et brainwashé depuis la naissance....quand à la pute qui parle de viandards pour les véritables héros qui ont empêché un énieme carnage des arriérés obscurantistes, merci de vous expatrier chez les charia boyz, vous ne méritez pas mieux.

Sylvain PASSEMAR
20/04/2018 à 17:09

... Eastwood passe à côté d’un grand film : le djihadiste surgit des toilettes se fait taper dessus ( le courage des intervenants est indéniable ) et repart porte par les gendarmes. Aucun passe , aucun avenir . Rideau Eastwood a passé trop de temps à faire du tourisme avec ses héros en Italie ( on a même droit à la fontaine de Trévi mais il manque Anita Edberg ! ) . C’est abusé quand même ! Le retour du syndrome de la visite des plages du débarquement : cherchez pas l’armée Allemande .

Harry the kid
19/02/2018 à 16:22

La particularité d'Eastwood c'est qu'il est devenu au fil des décennies la coqueluche des cinéphiles de gauche qui ont vu dans ses films une critique sociale, voire politique, une profondeur morale et une esthétique quasi-arty. Ca a sans doute fait rigoler Eastwood que les Européens, notamment les Frenchies, s'attachent à lui comme ils se sont attachés à W. Allen ou Jerry Lewis. Mais Clint n'est pas Woody, le plus européen des cinéastes US. Il n'est pas non plus Jerry, un perdant magnifique que les Français adorent parce qu'ils ont toujours aimé les superbes losers. Clint est Dirty Harry, l'Amerloque indiscutable, un gagnant qui peut marcher sur l'eau, partisan des armes à feu, et qui analyse l'Europe avec la distance que peut prendre un guide touristique à deux dollars. Ca n'enlève rien à sa sensibilité (Mystic River, Million-dollar Baby, etc) mais on est toujours à deux doigts de la niaiserie US.

Zanta
09/02/2018 à 16:03

Mais... BFM TV annonce que Clint "nous livre une histoire incroyable" !
...
Tout s'écroule.

Cyprine 3000
09/02/2018 à 15:22

@....

Alors là on tient un gagnant toute catégorie AHAHAHAAH.

Le mec est incapable de défendre le film, normal, il ne l'a probablement pas vu et il essaie d'attaquer quelqu'un qui est un des défenseurs habituels d'Eastwood.

Du coup il essaie de retourner ses insultes contre Riau

A se demander si le mec sait lire.
Sans doute un collégien un peu fragile, fatigué de sa faire latter à la réalité, qui essaie de s'acheter une virilité décorative en ligne.

Courage petiot.
EL continuez, ne lisez pas ces tas de fumier ambulant.

....
09/02/2018 à 14:24

et en plus, le con insulte :))))

Simon Riaux
09/02/2018 à 13:19

@....

Libre à vous de jouer les imbéciles.

....
09/02/2018 à 12:45

"... à savoir inviter les trois veritables protagonistes de l'evenement qu'il narre," Il les a invité à boire un café ? etre consultant sur le tournage ???
"(et ses héros jouant comme des prothèses de hanche…)" cette parenthèse n'éclaire en rien la véritable nature des héros ( terme on ne peut plus générique...

Comme d'habitude, mr Riaux est incapable de reconnaitre ses torts...

Simon Riaux
08/02/2018 à 23:00

Annoncé depuis les origines du projet, rappelé dans la bande annonce et souligné dans le texte.
Votre commentaire est très malhonnête.

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