Une affaire de famille : critique d'or et de palme
Une affaire de famille, ce soir à 21h00 sur Arte.
Quelques semaines seulement après The Third Murder, Hirokazu Koreeda était de retour en compétition officielle au Festival de Cannes en mai 2018. L'édition aura été marquée par une forte présence du cinéma issu d'Asie, et c'est au metteur en scène japonais que la Croisette aura réservé son honneur suprême, la Palme d'or.
TOKYO SONATA
La productivité de Hirokazu Kore-eda et son refus de la composition ostentatoire font parfois oublier l'immense précision de l'artiste, comme son art achevé de la narration par l'unique biais de la mise en scène. En témoignent les premières séquences d'Une histoire de famille, où différents membres de la famille Osamu s'organisent pour chaparder dans un magasin. Montage, découpage, personnalisation des protagonistes, tout est mené au gré d'un ballet humble et discret, pur et éclatant de savoir-faire. Une maîtrise qui ne démentira jamais au cours des deux heures suivantes.
Un clan mû par l'amour et la nécessité
On retrouvera ici les thèmes classiques du cinéaste. En étudiant une tribu vivant de menus larcins, dont l'équilibre est réévalué alors qu'elle accueille une nouvelle venue, Hirokazu Kore-eda interroge une nouvelle fois la nature des liens, des connexions qui arriment ses personnages les uns aux autres.
Une famille d'élection vaut-elle mieux que celle désignée par les liens du sang ? Est-elle plus viable et doit-elle se substituer à des schémas établis, finalement incapables de s'imposer en rempart d'un monde qui fait des êtres autant de bien côtés ? C'est cette tension entre humanité qui fonde le cœur d'Une affaire de famille et qui habite chacune de ses scènes.
UNE FAMILLE EN OR
Si le réalisateur prouve une nouvelle fois son impeccable talent de portraitiste et son amour de la lumière, des textures (la représentation de l'antre des Osamu, îlot organique au sein d'une marée impavide d'urbanisme bétonné, est une leçon d'usage de la photographie), difficile durant les deux premiers tiers du film, de ne pas se sentir un peu – trop – chez soi. Pour un peu, on en viendrait presque à attendre poliment de voir si Hirokazu Kore-eda a bien un as planqué dans sa manche, tant son récit apparaît de prime abord programmatique.
L'attente sera récompensée à la faveur d'une bifurcation dramatique éminemment réussie, qui renouvelle les enjeux autant qu'elle confère à l'ensemble une force émotionnelle qu'on redoutait de voir s'effilocher. Et le conteur de nous impressionner une nouvelle fois, avec ce récit chevillé à ses personnages, qui laisse finalement toute sa place à l'émotion. Peu importe dès lors que le film n'ait pas su tout de suite trouver cette voix singulière, on lui pardonnera ses quelques longueurs et répétitions à la faveur de la profonde remise en cause qu'il provoque chez le spectateur.
Lecteurs
(3.7)11/02/2022 à 14:49
L'un des plus beaux films que j'aie vu, tout simplement bouleversant.
Tout est juste, tout, tout, tout, jusqu'au moindre plan.
Si vous ne l'avez pas encore vu je vous plains.
Si vous l'avez vu et que vous n'avez pas aimé je vous plains encore plus.
27/05/2021 à 01:03
Excellent mais je préfère largement son After the Storm ou même le très mignon Notre petite soeur.
26/05/2021 à 16:10
L’un des plus beaux films des années 2010. Pour moi le plus beau. C’est drôle, c’est dramatique, c’est mélancolique, c’est audacieux (bousculer autant le rapport à la famille traditionnelle Japonaise c’était fort !), c’est poétique. On ne ressort pas indifférent de ce chef d’œuvre.
12/12/2018 à 15:49
et paix a cette geniale grand mere qui nous a quitte.
21/05/2018 à 13:49
Il y a Sakura Ando, il ne m'en faut pas plus <3
20/05/2018 à 17:35
Bien que ne m'étant pas destiné personnellement, merci quand même pour ce bel article !