Pokémon : Détective Pikachu - critique bien dressée

Simon Riaux | 10 janvier 2023 - MAJ : 11/01/2023 11:10
Simon Riaux | 10 janvier 2023 - MAJ : 11/01/2023 11:10

Lors de son annonce, Pokémon : Détective Pikachu avait soulevé un certain scepticisme, jusqu’au premier trailer qui ravit les fans et surpris bon nombre de spectateurs. Précédé d’une hype en forme de rouleau-compresseur, le film de Rob Letterman a donc débarqué sur les écrans en 2019 pour y faire des ravages, soutenu par une armada de poké-fans, et attendu par au moins autant de curieux.

FRIKACHU

On aurait tort de considérer la licence Pokémon comme l’objet d’une énième adaptation vidéoludique, mise en chantier avec plus ou moins d’opportunisme. Avec deux décennies d’existence, la marque s’est imposée comme un totem de la culture populaire contemporaine, charriant quantité de symboles, de souvenirs et liant une communauté aussi dense qu’ouverte, aux antipodes de productions occidentales transformées industriellement en produits calibrés par Hollywood.

Pokémon : Détective Pikachu n’a pas été conçu comme un objet au rabais, censé jouer les voitures-balais économiques, ou flattant mécaniquement l’affect des joueurs. Le métrage se pense comme partie prenante de biotope Pokémon, et ce désir de respect, de cohérence organique, saute aux yeux dès ses premières images. Le bestiaire est gigantesque, flatte le nouveau venu ayant fraîchement découvert la marque, comme le vieux briscard capable d'écrire les noms de ses créatures préférées dans une quinzaine de langues, tandis qu'il s'évertue à les greffer parfaitement à un univers où tous semblent avoir une fonction, jouer un rôle cohérent.

 

photo detective pikachuRyan Reynolds, le plus mignon des Pokemon

 

Ainsi, la ville de Ryme existe et provoque, y compris pour le néophyte, des volutes de plaisir, entre mignonnerie et douce étrangeté. Les bébêtes multicolores saturent l’écran, enchantent les décors et lui fournissent une identité palpable. Un succès d’autant plus imparable que le tout s’avère techniquement très solide, et bénéficie d’une direction artistique fidèle, appliquée, technologiquement très aboutie. Pokémon : Détective Pikachu ne prend pas son spectateur pour un imbécile et l’invite dans son étrange univers avec une générosité communicative.

 

photo, Kathryn NewtonNon ce n'est pas Ondine

 

DEAD POULE

Le modèle évident du film est le Roger Rabbit de Robert Zemeckis, et Rob Letterman sait y puiser quelques-uns de ses concepts les plus efficaces. L’utilisation de l’esthétique du film noir, les mécaniques du buddy movie, jusqu’au décalage perpétuel de Pikachu, idéalement interprété par Ryan Reynolds, toutes ses articulations confèrent à l’ensemble une fluidité indiscutable et un confort de visionnage toujours plaisant.

 

photo, Justice Smith Justice Smith

 

Malheureusement, c’est justement l’ombre de Qui veut la peau de Roger Rabbit ? qui dévoile en creux les insuffisances du projet. Produit avec intelligence, exécuté avec respect, le métrage semble se concentrer bien plus sur le nid douillet qu’il offre au public que sur ce qu’il pourrait raconter. En témoigne une seconde moitié, bien obligée de faire avancer l’intrigue, qui patine sérieusement, ne recule devant aucun raccourci pour rythmer artificiellement son déroulé, et échoue à créer une véritable dramaturgie.

Et pourtant, même après un final d’un inintérêt total, une partie du charme demeure, persiste. Peut-être parce que Pokémon : Détective Pikachu parvient à atteindre un juste milieu funambule entre fan service glouton, et production de studio impeccablement calibrée. On pourra gloser sur le fait que le tout s’assume finalement comme un produit aux airs de doudou, mais la sincérité avec laquelle il s’assume comme tel, l’attention à son spectateur qu’il déploie, lui assurent une certaine sympathie.

 

Pokémon : Détective Pikachu : affiche finale

Résumé

Ce que cet ersatz de Qui veut la peau de Roger Rabbit ? perd en dramaturgie, en science du récit et en construction, il le gagne en douceur, en épate visuelle et en générosité, s'assurant de toujours offrir à son spectateur un écrin agréable où déployer sa nostalgie.

Autre avis Christophe Foltzer
De bonnes idées, un bon traitement de l'univers Pokémon, peut-être la meilleure adaptation de jeu vidéo depuis Silent Hill, mais qu'est-ce qu'on s'emmerde....
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Lecteurs

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commentaires
Mathilde T
11/01/2023 à 16:34

Un petit divertissement sympa et aux effets spéciaux supportables même si j'ai moins apprécié le combat final.

Bruce
10/01/2023 à 23:37

Un calvaire à regarder

mikegyver
15/07/2019 à 11:10

ayé vu.

ca merite clairement 4 etoiles, une des meilleures adaptations de jeu au ciné.

Le cahier des charges est la (la capture, les pokeballs, l'arene, les attaques,etc..) , l'atmosphere , l'univers, les pokemons, tout est bien rendu,

y'a des excellentes scenes (mime, pikachu qui chante, le labo,le debut,etc...), on oscille entre le coté adulte et le coté enfant tout au long du film, sans debarquer personne,

bref une excellente surprise et un tres bon film.

Nany
09/05/2019 à 08:35

N'étant pas de la génération Pokemon, je suis allé voir le film uniquement pour accompagner mon fils de 4ans qui adore le personnage de Pikachu.
Il faut dire que je n'attendais rien de ce film, et pourtant j'ai été agréablement surpris. Ce film a su me scotcher sur le siège, les yeux figés sur l'écran du début à la fin. L'humour est parfaitement dosé, et le rythme bien équilibré. Ne connaissant que très peu de choses en "Pokémonolgie", j'ai pu admirer différents Pokemon et comprendre les pouvoirs, et la puissance de chacun présents dans le film.
Mention spéciale à Ryan Reynolds, qui a ce pouvoir comique, qui m'a rappelé un peu Deadpool.
Petit bémol, les acteurs (hormis Bill Nighy et R.Reynolds) qui accentuent le jeu façon teen movie, et l'impression de voir Deadpool déguisé en Pikachu dans certaines scènes (est-ce un point négatif ???).
En résumé, bon film, très plaisant à regarder.

l'Indien zarbi à moitié a poil
09/05/2019 à 04:11

Pas fan de l'univers,mais le concept et la réalisation sont sympas.

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