Terminator 2 : Le Jugement dernier - critique terminée

Simon Riaux | 29 août 2022 - MAJ : 07/09/2022 18:24
Simon Riaux | 29 août 2022 - MAJ : 07/09/2022 18:24

Film d’action adulé par plusieurs générations de spectateurs, vu comme une des rares suites égalant voire surpassant son modèle, Terminator 2 : Le Jugement dernier est parfois considéré comme la perfection du film typé blockbuster, et le plus abouti de James Cameron.

BLADE RUNNER 2029

Terminator premier du nom s’est imposé au fil des années comme un succès populaire, puis un pilier de la pop culture, certaines de ses répliques (jusqu’à son titre) se transformant en expressions consacrées. Avec un sens de l’épure qui n’appartient qu’à lui, son réalisateur était parvenu, pour un budget ridicule (6,4 millions de dollars) à rendre tangible une mythologie de science-fiction, devenue instantanément une des plus cinégéniques jamais imaginées, aux côtés de la saga Alien.

La première audace de Terminator 2, c’est d’oser révolutionner complètement son univers de l’intérieur. Après avoir créé l’image d’Arnold Schwarzenegger, à la fois tueur inarrêtable et croque-mitaine technologique terrifiant, il fait le choix presque kamikaze d’abattre cette idole pour en faire la figure positive de son récit. Même traitement pour Sarah Connor. Devenue une femme forte à l’issue du précédent volet, nous la retrouvons walkyrie psychotique enfermée à l’asile. Charismatique, magnétique, mais bien loin de l’ilot d’empathie qui offrait tant d’humanité à Terminator.

 

Photo Robert Patrick (I)Assassin de la police

 

Ce dispositif de retournement des valeurs initiales sera ensuite copié d’innombrables fois par Hollywood, y compris au sein de la franchise (coucou Terminator : Genisys), mais rarement avec une telle cohérence, une telle justesse dramaturgique. En apparence, Terminator 2 rejoue le western urbain et l’interminable poursuite de son aîné, mais en détourne chaque pion. Ainsi, James Cameron peut tout à fait boucler l’intrigue du métrage original. Il joue à la fois de la notion de boucle temporelle – c’est grâce aux restes du T-800 que Skynet a pu voir le jour – et du concept même de l’androïde, être qui peut être programmé à volonté, et donc se renouveler dans la continuité.

 

TerminatorWe are the robots

 

SON ET LUMIÈRE

Mais Terminator 2 n’est pas seulement une réflexion passionnante sur le recommencement ou son incarnation cinématographique. Artisan rompu à toutes les méthodes artisanales de l’école Corman, James Cameron sait comment décupler l’impact de ses effets. Cet art de la démerde rencontre ici le budget le plus important de son époque (en 1991, Terminator 2 est la plus grosse mise jamais ambitionnée par un studio) et le réalisateur livre un film d’action à la facture ahurissante. Les innombrables séquences d’action alternent entre cascades complexes et pyrotechnie invraisemblablement spectaculaire, combinés au gré de poursuites aussi nombreuses qu’amples.

 

Photo Linda HamiltonArme de destruction massive

 

Le sens de la mise en scène du cinéaste s’est encore aiguisé, et James Cameron enquille les plans iconiques, les images composées à la perfection, jusqu’à générer un sentiment d’ivresse intense. Ce qui frappe, à l'heure où les blockbusters s'efforcent de jouer la vélocité, de dynamiser chaque scène par un montage toujours plus nerveux, c'est comment l'action de Terminator 2 fait toujours le pari de la pesanteur.

Les mouvements pèsent, les masses broient ce qui leur résiste, et on assiste à la course ralentie, mais inarrêtable de locomotives laissant au public tout le temps d'anticiper le formidable choc qui l'attend. En témoigne la première confrontation entre Arnold Schwarzenegger et Robert Patrick, que le découpage et le montage dilatent à l'infini, comme si tout l'héritage du western se voyait ici condensé,  pour mieux exploser à l'écran en quelques impacts de fusil.

Une des signatures du metteur en scène est son art consommé de la montée en puissance. Resté célèbre pour la force irrésistible de ses triples climax emboîtés, l’artiste pousse ici le concept à un niveau de jubilation ahurissant. Tout le long d’une folle dernière demi-heure, il se livre ainsi à des expérimentations visuelles inédites à l’époque, tandis qu’il feint de rejouer la confrontation du précédent Terminator, conférant cette fois au sort du T-800 une déchirante valeur tragique. Peu de spectateurs sont sortis indemnes de cet exercice ultra-périlleux.

 

photo Terminator 2Tel droïde, tel fils

 

LE BEAU GESTE

Mais Terminator 2 n’est pas seulement une des plus éclatantes réussites de son auteur sur le strict plan du spectacle. Plus que jamais à même de dissimuler un cœur palpitant derrière ses bourrineries, toujours solidement ancré à ses personnages, le réalisateur utilise l’apparente simplicité de son script pour nous offrir des protagonistes éminemment romanesques. Tous sont mus par un principe évident, qui l’amène à se confronter aux autres. Cette logique, presque mathématique, décuple l’intensité des émotions charriées par le script.

Émotions que James Cameron manipule avec autant d’aisance que les shrapnels de plombs en fusion qui déchirent constamment l’image. On l’oublie souvent, mais Big Jim est un excellent directeur d’acteur, précis, chirurgical, toujours attentif à l’agencement des corps et à l’intensité du moindre geste. Ce n’est d’ailleurs pas pour rien qu’on en fait souvent le cinéaste du « Kairos », ce concept grec qui désigne un point de bascule, un instant T, toujours au centre de la dramaturgie de ses films.

 

J'ai pas pleuréUn doigt dans le culte

 

Les personnages y dépendent toujours d'un choix instinctif, d'un geste innocent, qui va les métamorphoser ou prendre une énorme importance symbolique. L'alliance abandonnée puis récupérée dans Abyss, une puce informatique dans Terminator... Nos protagonistes se muent en héros quand leurs passions anodines entrent en collision avec la marche du monde.

Le cinéaste parvient à capturer, toujours, ces moments d'électricité, ces choix irrévocables, où se joue l'avenir de chacun. Déguisé en lance-flammes filmique, James Cameron se fait chef d’orchestre minutieux de drames primaires et puissants, où se joue l’humanité de ses héros, et en définitive, celle de son public.

 

Affiche française

Résumé

Terminator 2 prolonge et repense toute la mythologie de son aîné. Métaphore d'un système hollywoodien dont elle montre autant les limites que l'infini potentiel, l'épopée sauvage de James Cameron demeure encore aujourd'hui un sommet du cinéma d'action.

Autre avis Alexandre Janowiak
Entre scènes d'action ahurissantes, récit captivant et aboutissements techniques, le film de James Cameron est sans aucun doute un des plus grands films de sa génération (et du cinéma tout court).
Autre avis Mathieu Jaborska
Techniquement révolutionnaire, T2 est en plus la suite idéale. En ajoutant aux scènes d'action qui ont fait du premier film un classique une couche émotionnelle simple mais efficace, Cameron marque définitivement l'histoire du cinéma populaire.
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Lecteurs

(4.5)

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commentaires
Ben 2112
22/09/2023 à 16:56

Un film qui fait rentrer dans l'écran. Moi, j'adore embarquer dans un film, et celui-là ma fait embarquer solidement a l'époque. Des effets spéciaux jamais vue. Une histoire qui n'économise pas le spectateur par des scènes violentes, mais pas "kitch". Personnellement, c'est le T1000 avec Robert Patrick qui m'a soudé a ma chaise. Enfin! Arnold se fait tabasser par un plus petit. J'avais presque envie de prendre pour lui. Lol. La scène dans le building skynet avec les policiers et son moulinet Gatling... wow!

carlo645
21/09/2023 à 23:37

cameron déjà au plus haut de sa forme, scénario, actions, acteurs, sfx et cgr, il est encore monté de plusieurs crans avec les 2 avatars, ce film est parfait du début à la fin, surtout en version longue et quoi qu'on en dise, j'aime le 3 mais je m'arrêterai à celui-là...

brice445
01/09/2022 à 23:19

Ce film c'est juste un truc de dingue, les tarba ils m'ont donné envi de le revoir

Briaros
31/08/2022 à 22:59

Il fait parti des plus grands films de tous temps, T2 est un must du cinéma du 7ème arts, le générique du début en voyant la tête du terminator annonce déjà du très lourd, avec la bande son de Brad Feidel qui est sensationnel. J’ai kiffé grave déjà du premier terminator quand j’était gamin, le deuxième m’a totalement renversé. Je sais maintenant et pourquoi j’ai été un fan inconditionnel de Schwarzenegger.

Ptitcon
30/08/2022 à 23:36

Une tres bonne suite.James cameron c'est l'heritier de Sergio Leone peu de films et grand succes.

Djsnike
30/08/2022 à 17:43

@Riaux Simon
"That the sound of the police"

Birdy'll be back
30/08/2022 à 16:45

Le genre de film qui te fait tomber amoureux définitivement du cinéma. Chaque scène est culte, tout est poussé à son maximum pour rendre les personnages ultra iconiques, même la parabole sur notre société de consommation et la course à la technologie fait son petit effet et donne une profondeur intelligente au film.
Et puis Schwarzy, quoi. Peut on faire plus charismatique et inoubliable pour un gamin que cette carrure, cette gueule, le danger permanent que représente cette machine à tuer devenue bodyguard et père adoptif ?
De la 1ère à la dernière seconde, la perfection absolue.

Buchor
30/08/2022 à 11:16

Belle critique mais je trouve dommage qu'elle ne parle pas de la performance des acteurs, seulement de la direction de ceux-ci par Cameron.

J'ai lu tous les commentaires et je trouve dommage que beaucoup opposent le 1er et le 2ème film de la saga (on ne parlera pas des autres films pour rester courtois :D ).
Je trouve bien et même intelligent que les 2 films soient dans des styles et tons différents. En faisant ainsi, Cameron a éviter le piège de faire une suite qui ne serait qu'une copie en mieux du 1er.

T800
30/08/2022 à 08:52

"I'll be back."

Il est revenu, et d'une force... T2 quel chef d’œuvre. Film très important pour moi, la figure paternel du T800 m'avait profondément touché sans que je puisse comprendre pourquoi à l'époque

ZakmacK
30/08/2022 à 08:01

Je me rappelle encore essayer de feinter la caissière du cinéma pour passer ! Ça n'a pas marché et T2 ça a été en VHS pour moi la première fois.
Ça reste le meilleur film du monde quand même, j'ai fini par le revoir au cinéma et une bonne cinquantaine de fois sur tous les supports.

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