Freaks : critique bon geek bon genre
Un père interdit à sa fille de sortir de leur maison, pour la protéger d’un monde extérieur hostile qu’elle n’a jamais connu. Mais un étrange vendeur de glaces rôde… C’est avec ce point de départ rachitique que deux metteurs en scène, Zach Lipovsky et Adam B. Stein, viennent tranquillement de livrer Freaks, un des films les plus spectaculaires et émouvants de ces dernières années.
STRANGER FILM
À l’heure des balises spoilers, des campagnes marketings sur-verrouillées et du règne d’un mystère parfois totalement artificiel autour de nombreux blockbusters ou séries en vogue, se pencher sur Freaks a quelque chose de terriblement ludique. En effet, le film de Zach Lipovsky et Adam B. Stein est une de ces très rares propositions à se construire précisément sur la notion de surprise et de retournement. Le duo compose un récit gigogne, dont chaque dévoilement remet en question tout ce qui l’a précédé, quitte à nous immerger à travers différents genres.
"Laissez venir à moi les petits enfants..."
On se gardera bien de préciser lesquels, tant chaque soubresaut du récit s’avère important, redistribuant les lignes de force de l’intrigue, bouleversant la narration et le statut des personnages. Ce sont d’ailleurs de ces derniers que le métrage tire toute sa force. Après avoir tourné de longs mois en festival, Freaks a légitimement été mis en lumière comme un film exceptionnellement débrouillard compte tenu de son budget. Mais cette donnée s’avère finalement accessoire, tant le récit parvient à rendre son économie de moyens logiques. Navigant entre la culture populaire, le drame intimiste, la SF pure et dure aussi bien que l’horreur familiale, le scénario s’arrime aux émotions de sa jeune héroïne, môme élevée recluse et bien incapable de comprendre pourquoi, dont les chocs émotionnels correspondent tous à un voile de cauchemar se levant sur la réalité du monde.
Cette approche évidente, organique, prémunit Freaks des dangers du High Concept, ou film de petits malins, et l’inscrit dans une lignée éminemment humaine. Donnant la primeur au regard de l'enfant au coeur de son dispositif, le film redouble d'ingéniosité quand il s'agit de représenter à l'image les métamorphoses de sa réalité, et ce qu'elle peut en comprendre. De métaphores en allégories, la caméra trompe son monde et ne cesse de désarçonner, jusqu'à rassembler ses indices épars, pour dévoiler combien son scénario a avancé ses pions avec intelligence et parcimonie, jouant à la fois d'une architecture complexe et d'une dramaturgie puissante.
"Bah voilà, ça c'est une chambre pour faire sa crise d'ado !"
MONSTRUEUSE PARADE
Et c’est bien cet ancrage qui autorise les deux cinéastes à la déferlante de noirceur, d’idées et de purs concepts de mise en scène qui rendent la seconde moitié du métrage si impressionnante. En agissant de la sorte, leur création retrouve l’ADN des grands pulps et serials de la première moitié du XXe siècle, la hargne de ces séries B qui n’avaient pour exister que leur inventivité, leur capacité à faire un pas de côté. De ces contraintes économiques, thématiques et matérielles, Freaks se risque à oser des ruptures de ton qui décuplent sans cesse l’impact de ses coups de boutoir.
Sans doute conscients que leurs astuces narratives ont besoin de chair pour nous convaincre, Lipovsky et Stein n’hésitent pas à s’appuyer sur leurs comédiens. Ainsi, l’opposition entre Emile Hirsch et Bruce Dern devient rapidement la clef de voûte de l’ensemble. Figure paternelle absolue contre ogre polymorphe, tous deux s’affrontent, se complètent et se soutiennent alors que le script les nuance et questionne leurs agissements. De fait, lorsque les véritables enjeux de Freaks se dévoilent et que toutes les forces en présence se préparent à une confrontation impitoyable, la caméra donne à sentir toute la puissance symbolique de ce qui se noue, et combien chacun ici joue littéralement sa peau.
Sans jamais céder à la nostalgie, le métrage nous rappelle soudain que les univers que manient aujourd’hui les plus massifs blockbusters jamais produits par Hollywood ne font jamais que singer leurs glorieuses origines. Avant d’être une rampe de lancement pour fusées surarmées, la culture geek mis en orbite des idées folles, capable de libérer l’imagination de leur public en lui dévoilant une autre facette du monde, un envers passionnant et sans limites. C’est de ce territoire presque oublié que nous provient Freaks.
Lecteurs
(4.5)09/08/2020 à 12:33
Un film a voir, bien que l'aspect TV film et beaucoup d’esbroufe plombent un peu l'ensemble.
18/04/2020 à 18:22
Ce petit film m'a un peu rappelé Brightburn. Il est sobre,sans prétention (à l'inverse de beaucoup de blockbusters qui sont en fin de compte des daubes). Une mention spéciale pour la jeune actrice. Les seuls défauts pour moi sont la lenteur de ce film et une énième référence au "girl power"dont nous rabâche sans cesse le cinéma américain.
21/02/2020 à 00:01
Vu.
La scène la plus pauvre est la dernière, Superhéroïque comme quelqu'un qui n'a pas su finir son film. On pointe un doigt vers le ciel et le scénario suit dans les vapes ?
Sinon d'accord avec les commentaires sur le talent des acteurs.
L'aspect stranger things de la 2e partie saute aux yeux (et donc m'énerve à titre personnel), mais j'y ai aimé la scène d'action me rappelant supernatural.
19/01/2020 à 08:42
Je serais moins enthousiaste sur les qualités de ce film mais beaucoup de plaisir à le voir. Pour le coup il faut en savoir le moins possible. Je n'avais Ri3n lu dessus avant de le voir. Sinon il y a beaucoup de rageurs dans les commentaires qui donnent l'impression de juste vouloir casser les critiques. ..
17/01/2020 à 11:50
Voilà où vous êtes bons chez EL : sans vous, je serais passé à côté de ce flim.
15/01/2020 à 00:27
Film vu ce soir et c'est mauvais et pas original du tout on devine tout très vite, du mal à aller au bout, j'en dit plus sur l'autre article qui lui est consacré mais décidement je ne suivrait plus les conseils de Simon Riaux , vraiment pas les mêmes goûts que lui.
13/01/2020 à 00:01
Ce film m a fait penser à la trilogie littéraire Les Brillants : des humains dotés de pouvoirs exceptionnels et traqués par le gouvernement. Limite ce film est un soin of des romans.
12/01/2020 à 15:19
@Benjamin @Gueguette
Franchement les mecs vous êtes blasés. C'est pas le film du siècle mais de là à dire que c'est un navet mal joué...
08/01/2020 à 18:23
"a commencé" sorry...
08/01/2020 à 18:22
Bonsoir,
@Philip
C'est la trame narrative à partir de 1983 lorsque Chris Claremont à commencer la traque des mutants dans l'album "dieu créé, l'homme détruit", dans lequel le révérend Stryker kidnappe Xavier pour s'en servir et ainsi persécuter les mutants.
Histoire reprise dans X-men 2...Sauf que Striker est colonel. (Que l'on voit également dans wolverine 1er du nom).
Avant cet album les X-men étaient des super-héros...Tout simplement.
Bef...