The Turning : critique de maison hantée et périmée

Geoffrey Crété | 8 juillet 2020 - MAJ : 09/03/2021 15:58
Geoffrey Crété | 8 juillet 2020 - MAJ : 09/03/2021 15:58

Énième adaptation de la nouvelle Le Tour d'écrou de Henry James, qui a notamment donné Les Innocents de Jack Clayton et servira de base à The Haunting of Bly Manor (suite spirituelle de The Haunting of Bly Manor), The Turning (disponible en DVD et Blu-ray depuis le 1er juillet) de Floria Sigismondi est bien tristounet à suivre, malgré la présence de Mackenzie Davis, vue dans Halt and Catch Fire et Terminator : Dark Fate.

TOUR INFERNAL

Impossible de voir The Turning sans dézoomer sur l'influence immense qu'ont eu Le Tour d'écrou et le travail de Henry James sur toute idée de maison et enfants hantés. Publiée en 1898, cette histoire de gouvernante envoyée dans une grande maison pour s'occuper de deux enfants solitaires, a eu le temps d'infuser le cinéma d'horreur, au fil des décennies. De l'adaptation assumée Les Innocents en 1962 à Les Autres en 2001, qui s'en est inspiré, Le Tour d'écrou est partout, visible ou invisible. Si bien qu'à ce stade, revenir directement au matériau d'origine est un sacré défi, vu comment il a été exploité et recyclé, au point d'être synonyme de clichés empilés.

The Turning plonge la tête la première dans ce fossé, et prend vite des airs de triste train fantôme, semblable à un couloir de scènes et effets vus mille fois pour quiconque a déjà vu un film de genre. Dans le rôle de la gouvernante, Mackenzie Davis passera donc les 3/4 du film à répéter la même scène, dans différents décors : entendre un bruit, voir une silhouette, explorer une zone obscure, avoir peur, sursauter, s'enfuir, n'avoir aucune preuve que quelque chose s'est réellement passé, et recommencer. La réalisatrice Floria Sigismondi a beau filmer tout ça avec style, c'est terriblement plat et même exaspérant au bout du douzième jumpscare. 

 

photo, Mackenzie Davis, Finn Wolfhard, Brooklynn PrinceEnterrement de la carrière du film

 

C'EST BEAU...

Avant de s'essayer au cinéma avec Les Runaways, Floria Sigismondi s'était fait une jolie réputation dans les clips, notamment avec The Cure, Marilyn Manson et David Bowie. Egalement passée sur quelques épisodes de Daredevil, The Handmaid’s Tale et American Gods, elle a un goût affirmé et évident pour les ambiances soignées, les lumières tranchantes, et les effets de style. La réalisatrice a un œil et The Turning le démontre encore une fois. C'est le meilleur, voire le seul atout du film.

La photographie de David Ungaro (99 francs, Une prière avant l'aube, Les Confins du monde) magnifie les intérieurs lugubres et les extérieurs rares mais très beaux (un large labyrinthe, une forêt marécageuse), offrant de nombreuses images saisissantes et sensationnelles. La cinéaste installe une atmosphère de pur cinéma, et un aspect hors du temps du plus bel effet, des costumes aux divers accessoires. Avec des jeux de lumière, de brume, d'ombres, de transparence et même quelques effets maîtrisés comme une paire de mains baladeuses, Sigismondi puise dans une horreur gothique d'autant plus séduisante qu'elle adopte un tempo différent du tout-venant.

Parfaitement placés dans ce musée des horreurs invisibles, les acteurs sont à la hauteur, et notamment Brooklynn Prince, la révélation de The Florida Project, ici accompagnée de Finn Wolfhard de Stranger Things. Et Mackenzie Davis, elle, rappelle qu'elle est une actrice excellente sur qui il faudra compter à l'avenir - elle a d'ailleurs droit à une séance de visages superposés qui rappelle de loin Blade Runner 2049.

 

photo, Mackenzie Davis, Finn Wolfhard"Dis-moi ce qui se passe dans la saison 4 ou je t'étrangle"

 

... MAIS C'EST BÊTE

Le problème de The Turning est double. D'un côté, le scénario est faible, et peine à assumer avec intelligence le refrain d'une descente mentale aux enfers, entre vrais fantômes et vraie folie. De l'autre, un bulldozer semble être passé sur le film, pour écraser cette histoire et l'aplatir dans un schéma bête et banal de film à sursaut (jusqu'à un final parfaitement inconsistant). Si bien que le résultat n'est ni malin ni effrayant, et devient incroyablement soporifique et creux.

Toutes les 10 minutes, une ombre se dessine dans un coin du décor, un appareil s'allume sans raison, un reflet surprend l'héroïne, et un son (orage, porte... tout est bon à prendre) explose les tympans pour faire peur, apparemment. C'est une petite leçon du film d'horreur pour les nuls, qui ferait passer Conjuring pour du cinéma raffiné. D'autant qu'au bout de la cinquième fois où cette gouvernante s'enfonce dans un couloir obscur pour suivre une silhouette, il y a de quoi se dire qu'elle est masochiste ou amnésique - si ce n'est pas elle, ce sont les scénaristes. Cet effet de répétition exaspérant vire à la farce totale lorsque Kate s'enfonce dans un sous-sol parfaitement effrayant jusqu'à une pièce encore pire, sans aucune autre raison que créer d'énièmes sursauts et preuves que quelque chose d'étrange se passe dans cette baraque. Ou comment faire du surplace à un degré de malaise absolu.

 

photo, Mackenzie Davis"Mais puisque je vous dis que ça fait 18 fois en 3 jours que je vois un fantôme"

 

Tellement d'énergie est mise dans ce pauvre moteur horrifique que le reste ne tient pas debout et est réduit à quelques répliques ou scènes. La récurrence des cauchemars aurait dû renforcer le trouble autour de l'héroïne, mais se résume là encore à de pauvres sursauts, pour accrocher le spectateur. Tout ça tourne terriblement à vide, et renforce encore plus la sensation d'un film qui gesticule et jette de la poudre aux yeux, faute de mieux. Il n'y a qu'à voir l'inutilité de la scène pourtant très soignée de la poursuite à cheval, pour se convaincre que quelque chose ne tourne pas rond dans The Turning et ce, dès sa conception.

C'est plus que plausible vu comme le projet a connu divers soucis. Lancé avec Steven Spielberg à la production, via Amblin, le film devait à l'origine s'appeller Haunted. Juan Carlos Fresnadillo (28 semaines plus tard) était le réalisateur, et Rose Leslie, l'héroïne. Mais tout a été stoppé quelques semaines avant le tournage, la faute à des réécritures de dernière minute pas satisfaisantes. 5 millions avaient déjà été dépensés, et le projet sera finalement entièrement relancé avec une autre équipe, un an plus tard.

Même sans avoir ça en tête, The Turning est une coquille vide et un gâchis énorme, vu les talents réunis. En l'absence d'un scénario solide et d'un tempo clair, ce beau décor macabre n'est qu'un théâtre vide et triste.

 

Affiche

Résumé

C'est beau mais c'est bête. The Turning pose un superbe décor gothique et macabre autour d'une solide Mackenzie Davis, pour finalement se transformer en enfilade de scènes molles et répétitives, sans queue ni tête.

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commentaires
ZantoV
05/08/2022 à 02:17

Fuyeeez pauvres fous, fuyez, et ne vous retournez pas…enfin surtout si, comme moi, vous avez regardé “The Haunting of Bly Manor” en premier ;)

Jak
05/11/2021 à 19:41

Mtn, il est vrai que dans la deuxième version de fin, on ne voit personne dans le miroir donc il est vrai que l'on peut conclure cette histoire par de la folie. Sans négliger pour autant le fait que beaucoup d'événements se soient réellement produits, tel que le meurtre de la première nourrice, le journal intime et l'éducation difficile qu'elle a à faire avec les enfants.. Enfin voilà. Peut être que le 2 expliquera tout.

Jak
05/11/2021 à 01:22

Moi, j'ai trouvé ce film assez divertissent, très beau et classique dans son originalité.
Si je devrais émettre mon avis sur la fin, je dirais que, du fait que Kate s'interroge beaucoup sur l'histoire de ce manoir et de ses habitants, au moment ou elle ouvre l'enveloppe envoyé de sa mère, celle-ci à un "tilte", une forme de révélation sur les événements qui se sont produits et comment y échapper (la fin "heureuse"). Mais finalement, ont se rend compte que se ne sont que des visions de son imagination à partir de ce passage et l'histoire se termine, elle se trouvent devant sa mère avec une révélation qui l'a terrifie également.
En conclusion, faire face au événements qui se sont produits, la lecture du journal, la relation difficile qu'elle a avec les enfants.. l'amène à devoir comprendre que ces la folie tout ce bordel ! :) Mtn, reste à savoir ce qu'elle décidera de faire..

Ceci n'est qu'une hypothèse. Je ne l'ai vue qu'une seule fois et je me permet d'émettre cette avis du fait que je reste sur ma fin moi aussi ! :)

Éléonore
27/07/2021 à 23:21

ce film m'a mise mal à l'aise.... Je n'ai pas compris la fin et je trouve qu'il n'a ni queue ni tête... enfin bref j'ai étais très déçue

Tonio73
27/08/2020 à 23:04

Plat du début à la fin, sans aucun intérêt, incohérent et ambiguë.

PS: Mariexit, tu es obligé de t'énerver ainsi ?! Et d'insulter sans raison ?!!!
Au passage, vu ton niveau d'écriture (donc d'orthographe), ça ne m'étonne pas du tout que tu aies aimé cette chose... Cette daube pardon !
Allez bisous !

jnr
04/08/2020 à 21:45

c est bizzar a la fin

Marine
28/07/2020 à 22:29

Quelqu'un peux m'expliquer la fin ?
Car vraiment, je n'ai pas compris là..

Steven
26/07/2020 à 16:17

J’ai rien compris à la fin déçu

Sissi
16/07/2020 à 02:12

Je déconseille rien compris à la fin

Mariexit
16/07/2020 à 01:16

Comment’ on change la note mdr

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