Project Power : critique qui a bien pris ses vitamines dans le nez

Simon Riaux | 14 août 2020 - MAJ : 09/03/2021 15:58
Simon Riaux | 14 août 2020 - MAJ : 09/03/2021 15:58

Genre majeur du cinéma de divertissement mondial, le trip super-héroïque n’en finit pas de se décliner, avec un succès certain, que les plateformes de SVOD comptent bien capter. Telle est la cible de Project Power, qui décline joyeusement certains archétypes surhumains en les hybridant à l’univers du polar harboiled. Le duo de réalisateurs derrière Nerve a-t-il trouvé ses super-pouvoirs ? 

 

ANCIENNE ORLEANS 

Nombreux sont les commentateurs à regretter une certaine uniformisation des productions Netflix, et de prime abord, Project Power donne le sentiment de chercher à s’inscrire dans les canons de son époque et de la plateforme. Dans une atmosphère néoneuse, les décors urbains génériques s’enchaînent et se ressemblent, nous baladant de parkings humides en entrepôts luisants. Les personnages sont parfois caractérisés jusqu’à la caricature, à deux doigts de lancer un aparté pour la caméra afin de faciliter le travail de la mise en scène. Mise en scène qui ne s’inquiète pas vraiment de raconter quoi que ce soit cinématographiquement parlant, et préfère capter l’action en tremblant pour lui insuffler un peu de nervosité. 

 

photo, Joseph Gordon-LevittC'est de la balle

 

Ce contraste un peu stérile entre des récits arc-boutés sur leurs concepts de petits malins sous perfusion de jeux vidéo (on gobe ici des super-pouvoirs comme Mario des champignons, tandis que la progression dramatique s’articule autour de quasi-combats de boss) et des standards de fabrication qui manquent cruellement d’ambition et de vision joue un temps contre le film. Si calibré et prévisible qu’on se surprend à anticiper ses moindres effets ou retournements de situation, il laisse au spectateur tout le loisir de se concentrer sur certaines absurdités, comme la tentative de transformer Joseph Gordon-Levitt en flicard badass sur Sud, aussi crédible qu’un haka performé par une crevette abandonnée au soleil. 

 

photo, Jamie FoxxAvec Jamy, les super-pouvoirs, c'est pas sorcier

 

COMME UN OURAGAN 

Et pourtant, Project Power parvient à surprendre. Tout d’abord, en injectant une dose de body horror dans cette série B polytoxico-héroïque, dont les surgissements de puissance sont synonymes daltérations organiques. On retrouve la veine sucée par Henry Joost et Ariel Schulman dans leur précédent film Viral, qui occasionne ici quelques sympathiques mutilations et nuance grandement la dimension conviviale et cool du film qui, s’il ne se la joue pas Cronenberg pour autant, s’amuse à maltraiter plusieurs de ses protagonistes. Si le duo n’a bien sûr pas la puissance d’un Charles Burns avec son roman graphique Black Hole, sa manière d’inscrire ses plus jeunes personnages dans une Nouvelle-Orléans post-Katrina fonctionne. 

 

photoQuand la torche part en torche

 

Et si l’ensemble coche quantité des cases les moins intéressantes des productions menées tambour battant pour nourrir d’insatiables plateformes en guise de flux continu, le métrage est aussi conscient de ses atouts, et de là où il peut les emmener pour satisfaire les spectateurs. À bien des égards, Project Power s’avère turbo-débile, mais assumant parfaitement son penchant pour la bourrinerie, se complaît dans l’accélération permanente et les petits coups de boule narratifs.  Bien aidé par un Jamie Foxx jamais aussi efficace que quand on le laisse serrer les mâchoires ou raboter son prochain à coups de fusil, le scénario file et nous prémunit plutôt efficacement contre l’ennui corollaire de nombreux divertissements industrialisés. Subtil comme du gros sel éternué sur une plaie purulente, Project Power distille une énergie de série B rafraîchissante. 

 

Affiche US

Résumé

Si Project Power semble tout d'abord s'inscrire dans la vague de productions interchangeables qu'accueille Netflix, sa violence, son intensité et sa rugosité en font une série B aussi énervée que sympathique.

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commentaires
Math14
10/10/2020 à 14:48

@kouak il y a de quoi se la prendre et se la mordre. Last action hero ? Sympa la référence ????

MystereK
16/08/2020 à 19:23

GEMINI Narnarland ? Roma, La ballade de Buster Scrubs, Marriage Story, Thie Irishman, Sans Dieu ni maitre, pour ne parler que des plus connus. + les séries + les films étrangers, etc... PEut-être n'êtes vous abonné et n'vaez aucune idée de l'offre.

Sergio
16/08/2020 à 19:21

@amdsfilms, pas dans le scénario, c’est une certitude !

amdsfilms
16/08/2020 à 00:17

film produit avec un potentiel certains mais comme souvent chez netflix, ça se traduit par un pétard mouillé sans vie, bordel ça a couté 85 millions, mais ou est passé l'argent ?

Kouak
15/08/2020 à 19:45

@Kyle
Wep ! Cette scène est chouette... On est au moins 2 à l'avoir appréciée...
;-)
Bref...

Kyle Reese
15/08/2020 à 16:10

@kouak

Oui c sur que ça fait penser à The Boys.
Et 100% ok avec toi sur la scène de démonstration dans la cage/labo en verre, une très bonne idée et une scène bien stylé.

Rayan Montreal
15/08/2020 à 14:54

@Gemini

Direct to video, Nanarland ?

Arrête les drogues et attend l'arrivée de Salto, une plateforme pour le niveau de ta cervelle

Kouak
15/08/2020 à 10:14

Bonjour,
Oh oui ! Pas de quoi se la prendre et se la mordre...
En effet...
Mais c'est plaisant a regarder et surtout on s'emmerde pas !
Et a vrai dire c'est à peu près tout ce que je demande à une production Netflix pour 16€/mois...
Bon l'histoire ok... Ils ont fait un "spin off" sur le composé "V" de the boys...
Mais franchement, sinon, ça se regarde...
What else ?
La scène de la baston vue de l'intérieur du "bunker" en verre est particulièrement réussie je trouve...
Et rien qu'une scène réussie dans un film sans prétentions, c'est quand même plus flatteur qu'un film prétentieux carrément loupé...
"Netflix c'est comme une boite de chocolat ... Vous connaissez la suite...
Et là, le chocolat n'est pas délicieux mais sacrément savoureux tout de même...
Bref...

Quisquose
15/08/2020 à 09:46

#serievore
Tu devrais te relire aussi non?

Gemini
15/08/2020 à 08:08

Netflix qui remplace les direct to video des années 90 ou les films de deuxième partie de soirée le samedi soir sur TF1 toujours dans les années 90... nanardland

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