Destruction Finale : critique qui fait péter les Corée

Mathieu Jaborska | 14 septembre 2020 - MAJ : 09/03/2021 15:58
Mathieu Jaborska | 14 septembre 2020 - MAJ : 09/03/2021 15:58

Après une diffusion remarquée à L'Étrange Festival, le bien nommé Destruction Finale arrive en vidéo en France le 15 septembre 2020. Et comme chez Ecran Large, on aime les films-catastrophes, et même les films-catastrophes sans Gerard Butler, on se devait de vous parler de ce blockbuster coréen dont le casting pioche dans tous les derniers succès nationaux. On y croise notamment Lee Byung-hun (J'ai rencontré le diable), Ha Jung-Woo (MademoiselleThe ChaserThe MurdererTunnel), Ma Dong-Seok (Dernier train pour BusanLe Bon, la Brute et le Cinglé) et Jeon Hye-jin (The Terror LiveSans Pitié). Une belle brochette de stars pour une superproduction de grande ampleur.

KOREA, FUCK YEAH !

Qui connait bien le mont Paektu ? Pas de panique, on vous offre un petit cours de géographie. Le mont Paektu est un volcan qui se trouve sur la frontière sino-coréenne, c’est-à-dire entre la Chine et la Corée du Nord. C’est le point culminant de la péninsule Coréenne, et le responsable d’une des éruptions les plus violentes de l’histoire de la planète, il y a plusieurs centaines d'années. C’est également le titre original d’un long-métrage sobrement renommé chez nous Destruction finale. Les plus observateurs auront deviné que le mont y entre encore une fois en éruption, menaçant d’oblitérer purement et simplement les deux Corées. La situation est pour le moins périlleuse, surtout que le volcan est situé sur une zone diplomatiquement stratégique, et que le seul moyen de sauver la population est d’y faire péter une ogive nucléaire.

Nul doute que si pareil relief se situait sur le territoire américain, Hollywood l’aurait déjà fait exploser une quinzaine de fois. Est-ce pour palier à ce manque que les réalisateurs Kim Byung-seo et Lee Hae-jun (réalisateur de Des nouilles aux haricots noirs) se vautrent dans l’américanisme primaire ? Probablement pas, mais ce choix a pour lui de conditionner cette épopée au moins aussi ambitieuse qu’un Greenland.

 

photo, Jung-woo HaÇa se gâte

 

Destruction Finale gère donc sa catastrophe à l’américaine, misant sur des graphiques pseudo-scientifiques pour exposer une apocalypse certes localisée, mais néanmoins dévastatrice à son échelle. Comme dans tout film du genre qui se respecte, les évolutions du cataclysme se calquent fidèlement sur une structure dramaturgique classique, assaisonnant les fins d’actes de destructions modérées et gardant le meilleur pour la fin.

Évidemment, le volcan est une bonne excuse pour multiplier les dommages collatéraux. Outre le traditionnel tremblement de Terre, on a droit à un tsunami, des éboulements ou à un pont qui s’effondre. Une diversité ne visant qu’à assouvir la soif de destruction du public, au point que se sauver les miches nécessite aussi de faire péter un truc. La méthode, expéditive, est une spécialité américaine (Sunshine, ArmageddonFusion, pour ne citer qu’eux, le prouvent), que se fait une joie de s’approprier l’armada de cinq scénaristes.

 

photo, Jeon Hye-jin, Dong-seok Ma"Et là on va tout faire péter"

 

Plus yankee encore, le concept fondamental sur lequel reposent les enjeux : la famille. Les poncifs s’accumulent, de la femme enceinte pour laquelle le héros doit survivre au lien qui unit les deux personnages principaux, mettant de côté le mépris qu’ils ont l'un pour l'autre pour parler de leurs gamines respectives. Le scénario dans sa globalité respecte le traditionnel montage alterné entre la femme éplorée et son compagnon sur le terrain. Les différents arcs narratifs finissent par se rejoindre, et les protagonistes s'émeuvent tous d’une naissance qui supplante la bonne nouvelle finale, avant un épilogue un peu mièvre rappelant qu’avoir des gosses, c’est quand même bien.

Enfin, le traitement de la figure de l’étranger renvoie aux plus patriotiques des films américains, à la différence près qu’ici, ce sont justement les Américains qui en prennent pour leur grade. Alors que l’éruption fait s’affronter des nations qui n’ont que faire de la santé des Corréens, les héros sont les seuls à prendre les bonnes décisions. Ils combattent alors des Américains tout droit sortis de Full Metal Jacket, des Chinois qui ressemblent à une mafia sans foi ni loi et des Coréens du nord qui sont tout juste bons à faire de la figuration… et à servir de chair à canon.

 

photo, Ha Jung-Woo, Lee Byung-hunLe bon, la brute, les cinglés

 

CAN’T STOP WON’T STOP

Mais si le scénario choisit de se calquer sur les archétypes qui dominent le box-office mondial, c’est pour mieux en extraire la substantifique moelle du spectaculaire, et à ce niveau, on peut dire que c’est réussi. Le film est parsemé d’instants de bravoure fort divertissants, en tête desquels la première manifestation de la catastrophe, une course démentielle au milieu d’un centre-ville en plein effondrement. On retient aussi une fuite inespérée sur un pont et une scène de tsunami à l’issue plus qu’improbable.

Certes, il n’a pas toujours les moyens de pousser plus loin ses effervescences de destruction porn, et on en sort avec l’impression qu’on aurait pu en voir plus. Mais la maîtrise technique de ces séquences rattrape tout et fait s’élever Destruction finale largement au-dessus du tout venant – il faut l’avouer souvent pas fameux – du sous-Independence Day ronflant. Reste la déception de ne pas voir la destruction finale du titre, inévitable frustration.

 

photoLe Golden Gate coréen

 

Son point fort, c’est indéniablement son rythme. En multipliant les menaces (aux désastres en pagaille se rajoutent les armées d’autres pays), il crée un climat d’urgence perpétuelle, quitte à tomber de temps à autre dans le film de guerre pur. Les gunfights ne sont pas bannis du long-métrage, et tant mieux, puisque les 2h14 passent sur le fil, avec une effervescence qu’on voit pour le coup de moins en moins dans les Emmericheries récentes. On pense notamment au sympathique Take point, réalisé par Kim Byung-woo en 2018, lui aussi un gros morceau guerrier de plus de 120 minutes dopé à la surenchère d'action. Forcément, c’est indigeste, mais on ne s’ennuie pas une seconde.

Et quand ça ne pétarade pas dans tous les sens, le film s'adonne à une autre manie américaine : tout désamorcer avec de l’humour. Porté par le personnage principal, démineur bras cassé, le tempo comique fonctionne plutôt bien. En définitive, le duo principal et leur relation ambigüe font lorgner le tout vers un buddy movie où les buddy s’ignorent. Lee Byung-Hun et Ha Jung-Woo sont parfaits et relancent en permanence l’intrigue jusqu’à un point où leur amitié non assumée devient le seul bloc narratif tangible dans une tambouille temporelle, spatiale et conflictuelle difficile à suivre.

 

photo, Jung-woo HaJe t'aime, moi non plus

 

La pluralité des antagonistes, si elle ne brille pas par sa subtilité, a donc le mérite de les perdre entre les camps, et le spectateur avec. Une générosité plus prononcée aurait indéniablement fait basculer le film dans la case du blockbuster grande classe. Il se contente ici du label « honnête divertissement », plus rare qu’on ne le pense. D’autant que les effets spéciaux, s’ils ne se pointent pas si souvent, sont clairement à la hauteur.

Faute de pouvoir noyer les péripéties sous des kilos de balles et de tsunamis, l’intrigue mise tout sur un montage alterné certes classique, mais néanmoins très efficace, accentuant encore plus la frénésie de l’aventure. Frénésie qui culmine dans le climax, puisque celui-ci s’avère en fait plus éprouvant que véritablement spectaculaire, ce qui a le don d’agacer nos pulsions destructrices, mais satisfait notre amour pour le suspens bien dosé.

Tout ça est bien facilité par des personnages attachants (le « Robert américain, mais pas trop » est irrésistible), et surtout une capacité à ne jamais se prendre au sérieux qui fait du bien. Alors que Greenland, le Dernier Refuge forçait les niaiseries familiales jusqu’à en faire vomir les moins conservateurs de ses spectateurs, Destruction Finale sait faire preuve d’auto-dérision, en moquant son côté fleur bleue. De quoi le rendre éligible pour une soirée pizza entre amis. Et les Blu-ray et DVD édités par Metropolitan sont là pour ça.

 

affiche

Résumé

Quand le blockbuster coréen s'inspire des lubies américaines, ça donne un film caricatural, certes, mais emmené par un rythme effréné et quelques séquences très spectaculaires. Dommage, donc, qu'il ne sorte pas en salles.

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commentaires
Flo
20/10/2023 à 17:02

Michael Bay ne connait pas tout de ses origines, mais peut-être a-t-il du sang coréens et le sens de la démesure de leurs cinéastes ?
En tout cas ce film de Kim Byeong-seo et Lee Hae-joon aurait très bien pu être réalisé par lui... et d'ailleurs il l'a bel et bien fait, puisqu'on a ici un mélange entre "Rock" (un démineur loufoque fait équipe avec un espion déchu un peu dingue, et tous veulent retrouver leurs familles respectives) et "Armageddon" (une mission de tête nucléaire pour empêcher une catastrophe, mais l'un des engins volants va se crasher et la mission va devenir pénible).
Tout y est, y compris les personnages hystériques et les ajouts de situations superflues tombées de nulle part.
Généreux (les effets spéciaux de tremblement de terre, volcan, cascades, explosions etc sont de très bonne qualité)...
Foutraque (il manque clairement une scène de suspense dans un ascenseur), un peu déviant, avec quelques contre-emplois (Ma dong-seok en scientifique américain).
Et tant qu'à faire, y inclure un peu de politique internationale bien critique envers les USA, et assez utopique pour les deux Corée.
Bref c'est coréen, ça part dans le Too Much, et c'est marrant.

Yoyo
17/09/2020 à 14:12

Oups faute du clavier, Rien que les premiers dialogues j ai envi de zapper

Yoyo
17/09/2020 à 14:10

Rien que les premières dialogues j'ai déjà envi de zappé

turokk
15/09/2020 à 21:51

Lol eko
J ai dû voir plusieurs centaine de film Coréen que tu devais même pas être né !! Car vu le niveau de ton commentaire tu dois avoir 12 ans rassure moi ?
Le film est dispo depuis plusieurs mois sur certains site « chut chut ».
Et je ne comprend pas trop le niveau de ton commentaire.
Matte toi le film; petit et après on en reparlera petit
Bisous


15/09/2020 à 21:45

@musique

Tu l'as en support physique ? Je l'ai aussi mais malheureusement en digital. Je parle bien de la Bo de Sunshine oui

Musique
15/09/2020 à 15:27

@prisonner
Elle éxiste, je l'ai la BO du film ou alors tu parles de autre chose ?


15/09/2020 à 10:57

@tom

Et je regrette que Sunshine ne sorte pas en 4k pour sublimer ce meilleur film. Imagine ce film en atmos. Quel regret de pas l'avoir vu en salle.

Autre regret, le fait que Underworld et John Murphy ne se soient pas entendus pour sortir la Bo en physique. Quel chef d'œuvre musicale.

Ce film est une expérience.

Tom’s
15/09/2020 à 10:48

@The prisonner merci Pour Sunshine Film trop méconnu ou sous estimé qui des années après en HD prend une valeur énorme le travail sur les décors et effets s’en trouvent grandit, scène culte pr moi le moment du retour au vaisseau 3 mecs une combi !! Et la scène qui suit géniale, le côté humain des enjeux, la mise en scène éct tout est là !

Eko
14/09/2020 à 20:42

Turokk soit tu le roi de con soit un chèvre qui a besoin des gazon
Patate .. qu'es que tu connais des films? Encore des films coréen ?
Petite cervelle tu n'as pas encore vu le film et tu as des courage pour critiquer

Ken
14/09/2020 à 20:00

très bof.

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