Constantine : critique qui fume trop

Stéphane Argentin | 7 novembre 2017 - MAJ : 09/03/2021 15:58
Stéphane Argentin | 7 novembre 2017 - MAJ : 09/03/2021 15:58

D'abord prévu sous le titre Hellblazer, nom du comics orignel chez DC, Constantine a finalement changé de nom pour éviter la confusion avec Hellraiser et préféré prendre celui de son personnage principal, ici campé par Keanu Reeves. L'ancien Néo devient donc ici John Constantine, qui doit dézinguer du démon à tout va dans une adaptation en demi-teinte dirigée par Francis Lawrence.

GENÈSE

John Constantine, est un être revenu d'entre les morts, disposant depuis d'un don de vision qui lui permet de distinguer les anges des démons dans notre monde. Cette faculté maudite aux yeux de son propriétaire donne lieu à une entrée en matière plutôt réussie, qui installe non seulement le personnage mais aussi les aspirations de cette adaptation confiée aux mains de Francis Lawrence. Les choix de traitement aussi bien au niveau thématique que visuel fonctionnent plutôt bien. Tout du moins au cours de la première moitié !

 

Photo Keanu ReevesNon ce n'est pas John Wick jeune

 

Le personnage de Constantine, campé par un Keanu Reeves plus laconique et impassible que jamais, dans le style « les démons, je m'en mange un tous les matins au petit déjeuner », nous est dépeint comme un véritable anti-héros blasé de cette prédisposition dont il n'a que faire, s'acquittant de sa tâche, avec une décontraction donnant lieu à un humour à froid particulièrement bien senti et dosé. On retiendra d'ailleurs de toute cette raillerie de curieuses insinuations à un capitalisme américain galopant (la cause de l'enfer sur terre ?) : bannière étoilée flottant en gros plan sur un écran de télévision, métaphores sur l'affrontement de deux superpuissances, stocks-options très lucratives sur le marché du tabac….

 

photoÇa a changé la Terre

 

FUMER TUE

Mais l'humeur n'est pas pour autant à la légèreté, ni même à la moquerie, bien au contraire ! Constantine sait en effet tirer le meilleur parti de ses divers emprunts cinématographiques pour crédibiliser au maximum son idée principale pour le moins intéressante à défaut d'être totalement originale, à savoir matérialiser différents concepts bibliques et apocalyptiques. À condition bien entendu de ne pas être réfractaire à un tel traitement des saintes écritures, car certains ne manqueront pas de crier au blasphème tandis que d'autres poufferont peut-être de rire devant pareille vulgarisation.

Photo Keanu ReevesQuand y'en a marre

 

C'est ainsi qu'avec la possibilité de pouvoir aller et venir entre la Terre et l'Enfer en usant d'une simple chaise et d'une bassine d'eau, Constantine croisera aussi bien des démons que des « hybrides » (des êtres à moitié humain et « bloqués » sur Terre car ils n'ont pas encore leur place ni en Enfer, ni au Paradis), parmi lesquels Balthazar ou encore l'angélique Gabriel. Toute cette iconographie en apparence si imagée et abstraite se retrouve portée à l'écran avec beaucoup de soin à l'aide d'effets spéciaux et d'une mise en scène très appliquée (mention spéciale à l'onctueuse photographie signée Philippe Rousselot), refusant au maximum le tape-à-l'oeœil gratuit et soutenus par des acteurs qui savent donner corps au sérieux de l'entreprise en interprétant leur personnage avec beaucoup de crédibilité (surtout Tilda Swinton et Peter Stormare).

 

Photo Keanu Reeves, Rachel WeiszKeanu Reeves et Rachel Weisz

SÉRIEUX MORTEL

Malheureusement, à force de sérieux et de sobriété, Constantine en oublierait presque son objectif premier de divertissement. Après une première heure d'exposition générale des personnages, des forces en présence et des enjeux assez captivante, il reste en effet toute une seconde heure à combler. Et, au lieu d'opter pour quelques petites scènes d'action bien senties ou quelques élagages scénaristiques jusqu'à son terme, le film se perd dans les méandres de son intrigue policière fantastique qui n'est malheureusement pas son point fort.

Un choix d'autant plus curieux lorsque l'on connaît la propension de telles adaptations pour les scènes d'action corsées. Dans le cas présent, il faudra se contenter d'une (trop courte) séquence de purification inspirée de l'ouverture du premier Blade (douches, coups de tatanes et munitions faites maisons) avant que l'ultime confrontation (verbale, quelle frustration à nouveau !) ne vienne conclure le film.

 

Affiche française

Résumé

Au terme des 120 minutes, on ne peut donc s'empêcher de peser le pour et le contre : d'un côté, un univers très réussi et de l'autre une intrigue qui traîne considérablement la patte. Alors, de deux choses l'une : soit Constantine n'a pas disposé d'un budget suffisamment confortable pour donner libre court à quelques folies destructrices, soit, et c'est là une option beaucoup plus plausible, ce film devait être le premier d'une longue série de suites à venir.

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Lecteurs

(3.2)

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commentaires
Flo
28/02/2020 à 10:03

Bon polar surnaturel et assez bonne adaptation même si elle sacrifie le coté british originel.
-Conseil cinéma pour mieux l’apprécier: "Chinatown" et tout les polars à L.A., "L’Exorciste".
-conseil comic: "Hellblazer" ("Dangerous Habits").

Rosha
10/11/2018 à 22:10

Je vous invite à visionner le dernier film d'animation sur constantine datant de cet année il vaut le long métrage puissance dix et est beaucoup plus flippant et bien écrit que le film

L'inventeur
08/11/2018 à 14:38

Et si c'était le moyen de faire repartir le DCU, c'est "dark" comme il essaie de le faire aujourd'hui.

Barnabul
08/11/2018 à 12:41

Le film est vraiment sympa, on ne s'ennuie pas. Seul reproche, faire passer Dieu pour Jupiter et véhiculer cette imbécilité sans nom que les suicidés vont en enfer et que la justice divine c'est de condamner alors que Dieu est amour, mais bon... Tout le monde n'a pas la foi.

Andarioch
08/11/2018 à 10:53

Même si je ne peux que reconnaître que votre critique sonne juste sur les faits, je trouve au contraire que la fin, un peu éloignée des schémas classiques avec dernière demi heure qui flingue à tout va, apporte par son traitement (légèrement) moins bourrin une certaine fraîcheur dans un cinéma ricain qui passe son temps à recycler les même recettes et se mord la queue.

sylvinception
08/11/2018 à 10:38

Je ne me suis endormi qu'une fois au ciné, pour 2001.
Faudrait que je le revois... mais non en fait.

Phil
08/11/2018 à 08:29

Ce film merite plus que 2 etoiles et demi. Je pense aussi qu’il est sorti trop tôt. Ça reste sombre, comme le comics et meme les adaptations animées sont dans la veine du film. Il est vrai qu’il manque un poil d’action. Mais rien à dire je lui donne 4 etoiles. Dommahe que nous n’avins pas de suite a ce film.

FredDoBrasil
08/11/2018 à 08:09

Je ne me suis endormi que 2 fois dans ma vie au cinéma, dont une fois pour Constantine. Il faudrait donc que je le revois car j'en ai manqué la moitié.

MichMich
07/11/2018 à 23:22

Moi je vois juste un gars qui rame pendant 2h sur des fonds verts, sans intérêt malheureusement.

Darkbiloul
07/11/2018 à 22:34

J'adore ce film et je n'ai jamais compris le rejet de celui-ci. En ce qui me concerne, il s'agit d'un film vraiment prenant, visuellement intriguant et une adaptation du comics vraiment sympa qui n'a pas pris une ride. Je le conseil vivement.

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