Critique : Hair high

Johan Beyney | 7 avril 2005
Johan Beyney | 7 avril 2005

Avec L'impitoyable lune de miel et Les mutants de l'espace, tous deux Grand Prix du Long métrage au Festival d'Annecy, on découvrait une partie du travail de Bill Plympton, roi de l'animation subversive américaine. Jusqu'ici, loin des studios hollywoodiens, le réalisateur/ animateur/ scénariste/ producteur dessinait lui-même, à la main, les 24 images que compte chaque seconde de ses films, puis se chargeait des couleurs, et assurait même une partie du doublage. C'est justement cette dimension artisanale qui donnait à son travail tout son charme (trait brouillon, animation parfois saccadée, ombres mouvantes…), d'autant que la forme collait parfaitement à un fond lui-même souvent confus et explosif.

Avec ce nouvel opus, Plympton offre une œuvre plus maîtrisée, tant au niveau du scénario que de l'animation. En faisant appel à des étudiants des beaux-arts et à des acteurs professionnels – et donc en se concentrant uniquement sur la partie dessin –, il livre avec Hair High son plus beau travail : lignes plus stables, décors soignés, ombres travaillées, sans pour autant perdre son intégrité.

[img_left]hairhigh_skeleton.jpg [/img_left]Le changement majeur apporté par le film à l'univers plymptonien est surtout le soin accordé à l'histoire. Là où les scénarii des anciens longs métrages n'étaient que des prétextes fourre-tout pour des animations essentiellement visuelles, Hair High offre une histoire cohérente et suivie, bien que manquant un brin d'originalité. Sans trop en dévoiler, le parcours de ce jeune homme humilié par « le couple le plus populaire » du lycée (quarterback et chef des pom-pom girls, forcément !) et de cette vengeance perpétrée au cours du fameux bal de promo est un hommage à peine déguisé au teen movies des années 50 et au Carrie de Brian de Palma. Plympton n'oublie cependant pas en route ce qui a jusqu'ici fait son succès : l'insistance sur les détails organiques, les fluides corporels et tous les bruits plus ou moins agréables qui les accompagnent, cette volonté maniaque de pousser une idée jusqu'à épuisement (la mascotte en rut), son goût pour les angles originaux, le crade, le violent et le scabreux, le tout dans des scènes absurdes et drôlatiques mieux intégrées à l'intrigue principale qu'auparavant.

Même si le ton semble s'être un peu adouci, et que le film se termine sur une note d'une mièvrerie assez inattendue, Plympton offre ici son travail le plus graphiquement abouti et, sans doute, le plus accessible. Peut-être l'occasion pour cet animateur génial d'accéder enfin à la notoriété qu'il mérite.

Résumé

Newsletter Ecranlarge
Recevez chaque jour les news, critiques et dossiers essentiels d'Écran Large.

Lecteurs

(0.0)

Votre note ?

commentaires
Aucun commentaire.
votre commentaire