Critique : The Astronaut farmer

Flore Geffroy | 8 mars 2007
Flore Geffroy | 8 mars 2007

You may say I'm a dreamer, but I'm not the only one*, chantait John Lennon. Charles Farmer non plus n'est pas le seul à rêver : sa lumineuse épouse et ses trois loupiots ne parlent que de la lune et du jour où ils seront en orbite autour de la Terre. C'est donc l'histoire d'un homme terriblement obstiné, qui s'accroche à son rêve tant et si bien qu'il finit, dans son entêtement de forcené, par convaincre ses proches. Ce bûté de première au regard doux-dingue, c'est Billy Bob Thornton. On l'aime vraiment bien, Billy Bob. Ce calme pas endormi possède cette manière de se déplacer, virile mais pas trop ; il respire la sécurité et on sent une force intérieure inébranlable. Billy Bob colle drôlement bien à cet ex astronaute de Charlie qui a dû quitter l'entraînement de la Nasa pour reprendre en main le ranch familial. D'ailleurs, il a tellement la lune dans la peau que, non content de se balader à cheval sur ses terres dans une vieille combinaison d'astronaute, il a même construit une fusée dans sa grange. Une fusée pour de vrai, montée avec du bric et du broc (la récup, y'a que ça de vrai) mais théoriquement parfaitement en état pour aller s'envoyer en l'air dans des strates orbitales. Partira ? Partira pas ?

La réponse, au fond et on s'en doute, importe peu. Charles Farmer est le prototype de l'Américain qui croit dur comme fer qu'il pourra réaliser ses rêves à force de persévérance et de labeur acharné. A partir de ce postulat, il y a deux façons d'appréhender un récit somme toute conventionnel.

Si les frères Polish (Les Frères Falls) ont voulu privilégier la technique, le pari est gagné. Paysages somptueux – lunaires ? – du Texas, lumières mordorées qui illuminent le cadre : bravo. Côté casting, rien à redire. Une vraie carte postale pour touristes. Billy Bob Thornton est impérial et même touchant dans son personnage de Charles Farmer. Avouons-le : la prunelle veloutée demeure un atout irrésistible. Les enfants – deux mouflettes craquantes et un ado sombre – sont exquis. L'épouse de Farmer (Virginia Madsen) donne envie d'aller vivre à la campagne tout de suite pour aller cuire des pancakes tous les matins au petit déjeûner. Il flotte comme une bienheureuse poésie dans ces images léchées aux petits oignons. Et le gimmick des deux agents du FBI (des Dupont et Dupond à la Tintin) se pose en clin d'œil bienvenu tout du long. Mais alors, mais alors... pourquoi cette furieuse envie de décrocher aux deux tiers du film ?

Insidieusement, la poésie originale se fait peu à peu marécage. La résolution de Farmer et son jusque-boutisme finissent par étouffer le récit et l'enferre dans une sorte de voie sans issue, quelle que soit l'issue, justement. Du rêve quasi impossible d'un homme, on coule sous une tonne de guimauve. Et trop, c'est trop. La première tentative de décollage de la fusée, l'hôpital, la convalescence, la deuxième tentative... On aurait aimé un dénouement plus crédible, plus réel, plus profond, en lieu et place du sirop final. Comme si échouer ne pouvait pas faire partie du vocabulaire américain... Pari perdu.

*Traduction approximative : "Vous pouvez dire que je suis un rêveur mais je ne suis pas le seul."

Résumé

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