Magnolia : Critique

Laurent Pécha | 28 avril 2007
Laurent Pécha | 28 avril 2007

Le cinéma de Paul Thomas Anderson se positionne comme le croisement entre la virtuosité d’un Scorsese (on retrouve dans chacun de ses films de prodigieux plans séquences) et la qualité d’écriture d’un Altman (Magnolia est un hommage à peine caché à Short Cuts). C’est justement dans cette qualité d’écriture que réside la force de son oeuvre. Chaque film du metteur en scène scrute la vie de multiples personnages, leur donnant à chacun le temps et surtout les moyens d’exister, tous pouvant alors être émouvants et touchants.


Magnolia ne fait que confirmer cet adage. Pendant plus de trois heures, le réalisateur tisse sa toile, s’amuse à croiser ses différents protagonistes. Certains sont directement liés les uns aux autres, d’autres vont se rencontrer, s’aimer, à l’image de l’attendrissant couple formé par Melora Walters et John C. Reilly, acteur fétiche du cinéaste.

 


D’ailleurs, c’est un leitmotiv chez Anderson de faire appel à ce qu’on nomme une famille d’acteurs : tous les principaux comédiens de Boogie Nights, précédent film du cinéaste, sont de nouveau présents et certains jouaient déjà dans son premier film. En tête d’un casting parfait émerge Julianne Moore (on n’oublie pas pour autant la remarquable prestation de Tom Cruise). Cette immense actrice nous donne l’occasion de voir l’une des scènes les plus bouleversantes et les impressionnantes qu’une comédienne nous ait offerte depuis très, très longtemps.

 



Ce qui fascine avant tout dans le cinéma d’Anderson, c’est sa faculté d’étonner le spectateur. Car au delà d’une mise en scène inventive, parfois excessive, d’une maîtrise impressionnante de la musique (l’adéquation image/son est tout simplement prodigieuse) et de l’écriture (jamais on ne ressent que le film puisse échapper à son créateur), Anderson se permet des scènes inimaginables, bluffantes et pour le moins déroutantes (la pluie de grenouilles ou l’improbable scène de comédie musicale) qui pourraient être ridicules mais ne le sont aucunement.

En trois films, P.T. Anderson s’est imposé comme un personnage qui compte. En un si court laps de temps, il a réussi à imprégner le cinéma américain de sa touche si particulière en créant son propre univers.

Résumé

La marque des grands, c’est d’éprouver la sensation de reconnaître leurs films en quelques secondes. Après avoir vu Magnolia, il n’y a pas de doute à avoir, P.T. Anderson est un grand.

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