Waitress : Critique

Stéphane Argentin | 29 août 2007
Stéphane Argentin | 29 août 2007

Sur le papier, l’histoire de Waitress apparait « simplette ». Mais sitôt présentée à l’écran, celle-ci déploie instantanément des trésors de saveur pour allécher le chaland à la recherche d’un peu de douceur et de légèreté. 

Les quelques réserves initiales (Pourquoi ne quitte-t-elle pas son mari ? Pourquoi n’avorte-t-elle pas ?) s’effacent alors illico pour nous inviter à croquer à pleines dents dans ces délicieuses tartes, confectionnées avec amour par cette future mère-serveuse de plus en plus tiraillée entre angoisse et épanouissement à l’approche de la venue au monde de son charmant bambin.

 

 
Une dualité voulue comme telle par feu la réalisatrice, assassinée dans son appartement new-yorkais deux mois avant la présentation de son film au festival de Sundance 2007, et qui avait rédigé cette histoire à son huitième mois de grossesse. Une situation retranscrite tout en nuance et en simplicité à l’écran, sans le moindre voyeurisme, par le biais d’une Keri Russell qui alterne avec grâce le sourire le plus enjôleur et la mine la plus déconfite selon qu’elle se trouve en présence de son gynéco d’amour (Nathan Fillion tout en bonhomie et en gaucherie) ou bien de son macho de mari jaloux (Jeremy Sisto, au moins aussi allumé que dans Six feet under). Les seuls refuges de cette Waitress : ses amies (parmi lesquels la réalisatrice elle-même, Adrienne Shelly, dans le rôle d’une Dawn à la recherche du grand amour) et ses tartes aux appellations toutes plus alambiquées qu’hilarantes mais toujours confectionnées avec le même amour que sa mère avant elle. Amour qu’elle pourra ensuite transmettre à son tour à sa progéniture.

 

 
La boucle est alors bouclée. La métaphore culinaire douce-amère aura fait son office sitôt le mets sorti du four : l’angoisse de l’échec au moment de la préparation cède aussitôt la place à la béatitude face à la beauté et l’onctuosité de la création achevée. L’enfant est venu au monde, entouré de tout l’amour de sa mère, à l’image de ce magnifique Waitress, œuvre posthume accouchée tout en sincérité par sa défunte génitrice.

 

Résumé

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