Sans Sarah, rien ne va ! : Critique

Lucile Bellan | 1 juin 2008
Lucile Bellan | 1 juin 2008

Si, aujourd'hui, en ce qui concerne la comédie américaine, le nom de Judd Apatow est incontournable, et Sans Sarah, rien ne va n'échappe pas à la règle puisqu'il en est le producteur, il faut insister sur le fait que ce nouveau film est avant tout celui de Jason Segel. Le grand, très grand dadais de How I Met Your Mother est ici scénariste, acteur principal ainsi que compositeur et interprète des chansons. Une pléthore de talents, car il maîtrise le bougre, qu'on ne lui connaissait pas. Il est loin le freak naïf et batteur maladroit de la série Freaks and Geeks, déjà sous l'égide de Judd Apatow.

 

 

Dans ce film sur la rupture, à la fois comédie et drame, Jason Segel y met ses expériences, parfois douloureuses, ses tripes et tout son coeur.  Toutes les filles qui l'ont quitté dans la vraie vie se personnifient sous les traits de Kristen Bell, la fameuse Sarah Marshall. Actrice dans un pastiche des Experts, et au premier abord capricieuse et carriériste, elle le quitte, lui compositeur de la musique d'ambiance de sa série, pour un rocker anglais hypersexuel et délirant. Après des semaines d'errance et de débâcle, il part se réfugier à Hawaii, où il tombe comme par hasard sur le couple. Et difficile d'oublier Sarah quand elle est dans les parages, et a fortiori de commencer une nouvelle histoire.

 

 

Sous influence, voire intraveineuse, de la culture série, le film en épouse le rythme très caractéristique et multiplie avec délice et générosité les références, des Soprano à Seinfeld. Difficile aussi de ne pas craquer devant l'hilarante et charmante Kristen Bell, ex-Veronica Mars dont le personnage semble reprendre les angoisses de comédienne (d'une série annulée au nanar à la Pulse), et la pétillante Mila Kunis, ex-Jackie de That's 70s Show. Mais cette pop culture n'est jamais invoquée au détriment de l'histoire, au contraire, elle nourrit et accentue l'empathie pour ce Droopy de Jason Segel et même pour Sarah Marshall. Car toutes les relations sont complexes, le film le sait, en joue avec éclats de rire et vise toujours juste au coeur. 

 

 

Avec Sans Sarah, rien ne va, l'écurie de Judd Apatow signe aussi, mine de rien, le dernier opus d'une quadrilogie non-officielle sur la vie des grands enfants. Dans le désordre, la quarantaine avec 40 ans toujours puceau, la trentaine avec En cloque mode d'emploi, l'adolescence avec SuperGrave et maintenant la vingtaine. Car il serait bien compliqué de développer plus encore la vie du geek au cinéma, au mieux la décliner, au pire se répéter. D'autant plus que la plupart des poulains veulent voler de leurs propres ailes ou sont récupérés par l'industrie, comme Jonah Hill sur 21 Jump Street, Seth Rogen et Le Frelon Vert ou encore Jason Segel et Fraggle Rock. Cette emprise, et éparpillement, peut devenir à double tranchant, surtout vu la quantité de films concernés.

 

Résumé

Mais en attendant, Sans Sarah, rien ne va réussit l'exploit, déjà, d'être l'un des meilleurs (le meilleur ?) du lot et surtout de parler à tous, aux geeks, aux series addicts, aux aficionados de Kristen Bell et même aux vraies gens. En couple ou célibataire, tous n'ont pas fini de rire et de s'émouvoir.

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