Critique : Un anglais à New-York

Jean-Noël Nicolau | 23 octobre 2008
Jean-Noël Nicolau | 23 octobre 2008

Certains s'adonnent à la comédie comme d'autres au tennis : avec entêtement, passion, constance. Ils ont beau parfois briller, étoiles filantes éphémères, ils insistent. C'est leur fonds de commerce, leur  - seul - talent, même, parfois. Voilà comment Simon Pegg, après avoir endossé la peau maladroite de Run Fat Boy Run, enfile cette fois les sandales de Sydney Young, journaliste britannique épris de gloire et de paillettes qui part à New York, engagé dans un magazine de renom. On peut vous plier l'intrigue en trois actes.

 

Acte I :

Où Sydney Young voudrait bien prendre ses désirs pour des réalités. Il crèche dans un appart' pourri, n'est qu'un scribouillard en bas de l'échelle, tombe amoureux d'une jeune starlette (Megan Fox, très belle plastique) de cinéma, qui, évidemment, n'a d'yeux que pour le vieux beau qui est le supérieur de Sydney (tout le monde suit ?).

 

Acte II :

Où Sydney Young se démène pour faire son trou et attirer le regard de la Belle donzelle. Cela implique une accumulation de gaffes (il zigouille accidentellement le chihuahua de la starlette), des humiliations à répétition et les prémices d'une rédemption à venir dans l'acte III.

 

Acte III :

Où Sydney Young, enfin parvenu au sommet de ses ambitions (enfin presque, il lui manque juste à conclure avec la demoiselle consacrée star) ouvre les yeux (qu'il a écarquillés la plupart du temps) pour s'apercevoir qu'il en pince en fait pour *bip*. Laissons un peu de suspense à cette fin téléphonée depuis les toutes premières images. Nul besoin d'être scénariste pour deviner la conclusion, passées les dix premières minutes.

 

Les yeux qui riboulent à tout de champ, le tif rare et la lippe en cul de poule : les mimiques exagérées de Simon Pegg rendent son personnage encore plus pathétique (exaspérant ?) que sur le papier. Le comédien britannique ne s'y prendrait pas autrement s'il voulait prendre la relève de Mr. Bean, la langue nettement plus pendue. Il y a des ressemblances troublantes entre ces deux-là, à la différence que notre benêt s'éveille après plus d'une heure trente de contorsions, boulettes, et un cheminement personnel et professionnel jalonné d'épreuves initiatiques. On rit peu ou on rit mal, comme forcé par l'absurdité des situations. Megan Fox joue son rôle comme il se doit, jeune poule aux formes impeccables qui font oublier sa petite cervelle de starlette courtisée. Kirsten Durnst tire son épingle du jeu en restant effacée tout du long, comme son personnage l'exige aussi.

 

Dans ce milieu de la frime et du fric, où règnent le compliment facile et la gloriette masturbatoire, rien ne vaut de rester authentique au risque de passer pour un extra-terrestre, ou pire : un emmerdeur patenté. La démontration, un peu courte, sert de fil conducteur à un film qui, s'il n'a rien de franchement catastrophique, est bien loin de tenir ses promesses supposées. Articulé comme une enfilade de sketches -souvent - baclés, parfois grossiers, How To Lose Friends And Alienate People est à oublier. Vite.

 

Flore Geffroy

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