Critique : Happy feet 2

Patrick Antona | 4 décembre 2011
Patrick Antona | 4 décembre 2011

Champion du box-office mondial il y a cinq ans (384 millions de dollars de recettes) et ayant ravi alors à Pixar l'Oscar du meilleur film d'animation, les manchots de Happy Feet nous reviennent en cette fin d'année avec cette une séquelle qui bénéficie des derniers progrès de la 3D mais aussi d'un scénario aussi ambitieux que le précédent, réussissant par le biais d'un "divertissement" musical à faire passer un message écologique, déjà présent dans le premier film, mais aussi à traiter de la place de chacun dans la grande communauté des êtres vivants, et par là même, à parler du devenir de l'homme.

Adoptant dans son canevas le même postulat que dans le précédent opus, à savoir l'exclusion d'un personnage (ici Erik, le fils de Mumble) qui s'en va vivre son propre destin, George Miller évite la répétition en bifurquant alors vers l'aventure pure, voire le film catastrophe, avec le péril qui frappe alors la communauté manchot et le périple que père et fils devront entâmer pour en assurer la survie. Le ressort dramatique peut sembler ténu, mas c'est sans compter sur George Miller qui nous gratifie d'un récit aux multiples couches où viennent se mêler de façon subtile réflexion philosophique, récit initiatique, comédie burlesque (par l'introduction des krills Will & Bill  doublés en VO par Brad Pitt et Matt Damon), et où bien sûr dominent les épatants morceaux musicaux. Moins foisonnant que prévu, ils n'en restent pas moins des moments d'anthologie qui permettent d'entendre de sacrés réinterprétations de Queen, mais aussi du rap voire de l'opéra, dans un moment-clé et bouleversant du film.

De ce récit en mille-feuilles, où même certains caractères évoluent en parallèle les uns des autres, pointent de nombreuses réflexions qui arrivent à toucher juste, sans alourdir le propos : savoir évoluer pour s'émanciper, oeuvrer dans le collecfif pour le bien de tous, se défier des préjugés, et bien sûr laisser exploser sa fibre artistique. Navigant sans cesse entre les différents niveaux du monde animal de l'Antarctique, avec les Krills en tant que représentant des petits, les espèces de manchots en "middle class" et les lions de mer en géants (même les hommes sont présents), la mise en scène virtuose permet de saisir à vitesse grand V toutes les implications et les enjeux, et d'être emporté dans un tourbillon d'émotions qui trouvera son apogée dans un climax qui restera dans les annales du monde de l'animation moderne.

Certes, on peut pointer quelques défauts dans cette belle mécanique bien huilée comme le côté répétitif du "comique" de certains personnages (Ramon n'a pas changé d'un iota en cinq ans) ou la similitude entre les péripéties de Will & Bill avec celles d'un certain Scrat. Mais la série des L'Âge de glace auquel on peut la comparer s'en trouve aisément surpassée déjà par une technicité et un sens de la mise en scène des plus pointus (l'immersion en 3D est un bonheur) ainsi qu'un sens du rythme qui ne faiblit jamais. Et cette ambition assumée de parler des actuels problèmes de société et pas que de la simple survie des espèces menacées (les animaux n'étant que le miroir de nos passions humaines) fait de Happy Feet 2 une réussite qui se démarque aisément des productions du genre et le divertissement intelligent et euphorisant de cette fin d'année bien morose.

Résumé

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