Margin Call : Critique

Sandy Gillet | 2 mai 2012
Sandy Gillet | 2 mai 2012

Pour un habitué de la finance, un trader, un banquier... le terme « Margin Call » ou appel de marge fait parti de son vocabulaire de tous les jours. On n'aura pas la prétention ici d'en donner la définition (vous pouvez tout de même aller faire un tour ici) d'autant que même en la lisant plusieurs fois, l'auteur de ces lignes n'y comprend toujours rien. À la différence du premier film de J. C. Chandor qui sans pour autant s'affranchir de tunnels de dialogues assez abscons pour les non initiés que beaucoup d'entre nous sommes, se montre à la fois didactique immersif et haletant.

On est en effet plus proche ici du thriller en col blanc que du documentaire façon Inside Job, certes passionnant mais pour qui veut s'en donner la peine ou n'est pas réfractaire à la « forme » forcément peu « entertainment ». Pour autant, Margin Call n'est pas un traité de la crise des « Subprimes » pour racoler les nuls. Et encore moins une tentative de vulgariser une situation devenue aujourd'hui un fait historique, selon les codes en vigueur du côté d'Hollywood ou d'ailleurs. P

 

 

oint en effet ici de catharsis en forme de mea culpa social (The Company men), point d'affirmations non vérifiées ou d'accusations cinégéniques (Capitalism : A Love Story), point de Klapischerie (Ma part du gâteau) ou autre connerie boursière (Krash). Non juste l'envie de raconter les 24h d'une firme du type « Lehman Brothers » témoin et acteur de ce qui va devenir le plus grand coup de bélier jamais  asséné au capitalisme moderne. Mais de le raconter façon suspense hitchcockien (ce qui, on l'admettra, est assez audacieux considérant la « chute » pour le moins connue de tous) basé quasi uniquement sur des joutes verbales savoureusement montées en épingle entre une multitude de personnages formidablement bien campés à commencer par le duo Kevin Spacey / Paul Bettany. C'est d'ailleurs l'autre réussite du film. Être à l'écoute de tout le monde et donner à chacun un temps de parole non imposé par le CSA qu'il saura utiliser à chaque fois avec beaucoup de bonheur. On pense à Demi Moore en Working Girl/Cougar/quinqua à damner un gay qui aurait fait vœu d'abstinence. Ou encore à Jeremy Irons qui lors d'un dialogue de fin avec Kevin Spacey rappelle avec nostalgie mais aussi regret les grandes heures de l'acteur du temps du Mystère Von Bulow ou de Faux semblants.

 

 

Par contre on ne cherchera pas dans la mise en scène un contrepoint aux envolées lyriques. Très (trop ?) sage, celle-ci assure toutefois l'essentiel faisant fi des appels d'air qu'elle provoque en se concentrant sur les soubresauts humains de la dramaturgie boursière qui se joue en trois actes délictueux devant nous. Et pour J. C. Chandor d'utiliser finalement comme prétexte et fil rouge la crise de 2008 et de donner libre cours à une relecture d'une tragédie shakespearienne qu'il aurait (ré)inventée de toute pièce. Force et faiblesse d'un film beaucoup plus ambitieux qu'il n'y paraît en fin de compte.  

 

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