Kick-Ass 2 : critique coquée

Christophe Foltzer | 4 octobre 2017 - MAJ : 27/09/2023 12:28
Christophe Foltzer | 4 octobre 2017 - MAJ : 27/09/2023 12:28

Le premier Kick-Ass ayant fait forte impression en son temps, sa suite se devait d'enfoncer le clou un cran plus loin. Et les déclarations de Jim Carrey concernant la violence supposée du film ainsi que la disparition d'armes en arrière-plan d'une scène laissaient augurer du meilleur pour ce Kick-Ass 2, à condition que ce ne soit pas uniquement de la promo.

M. PROPRE

Surprise, le film s'avère moins violent graphiquement que le précédent. Alors certes, Kick-Ass 2 se paye le luxe d'aller assez loin lors de certaines scènes (les pétasses BCBG du film s'en souviendront longtemps), Hit Girl parle toujours comme un charretier, Red Mist / Motherfucker se perd progressivement dans l'univers SM matriarcal, on nage en plein délire vulgo-scato mais au final nous n'avons pas un déluge gore comparable à l'assaut final du premier film, et c'est d'autant plus dommage que la grosse baston de cette suite laissait présager du meilleur.

 

photo, Aaron Taylor-Johnson, Chloë Grace Moretz

 

Film très conscient de ce qu'il est, Kick-Ass 2 aborde frontalement le passage obligé de toute saga de super-héros : la remise en question de son identité, les conséquences de ses actes et le besoin d'intégration. En faisant de sa Justice League un ramassis d'humains paumés, brisés par la vie et se réfugiant derrière le masque pour supporter leurs blessures, le film fait le bon choix et laisse apparaître un versant extrêmement sombre qui n'est malheureusement jamais totalement exploité. Et c'est bien le principal reproche que l'on pourrait faire au film : il ne va pas jusqu'au bout, ni dans la forme, ni dans le fond.

Pourtant l'arrivée du personnage de Jim Carrey dans l'histoire pose toutes les bases pour que les héros se perdent dans leur cause et beaucoup d'indices (les baises dans des chiottes de plus en plus glauques, l'ambivalence extrême du « Colonel Stars and Stripes », la jouissance quasi malsaine de Kick-Ass lorsqu'il est intégré au groupe) annoncent un dérapage qui n'arrivera jamais. Il n'empêche que la première partie du film est passionnante avec un développement inattendu de ses personnages, initiative qui se dilue malheureusement dans une seconde partie plus prévisible et moins enlevée.

 

photo, Jim Carrey

 

Les acteurs sont toujours aussi bons et il faudra bien qu'un jour on érige une statue à Christopher Mintz-Plasse qui fait, une fois de plus, preuve d'un talent comique époustouflant. Chloë Grace Moretz est à nouveau excellente et confirme qu'elle est l'une des grandes révélations féminines de ces dernières années. Jim Carrey, quant à lui, surprend en composant un personnage mystérieux, intriguant, charismatique mais qu'on ne découvre jamais totalement. Un petit regret. Aaron Taylor-Johnson assure bien dans son rôle de benêt qui s'endurcit peu à peu.

Mention spéciale aux seconds rôles, brillants, drôles, badass comme il faut et nous garderons une pensée émue pour Mother Russia pendant un petit moment, véritable Ivan Drago au féminin. Dommage par contre que la mise en scène ne tienne pas la route dans les scènes d'action, privilégiant le mouvement plutôt que la lisibilité, elle annihile tout le potentiel des combats et autres poursuites.

 

Affiche française

Résumé

Au final, ce Kick-Ass 2 reste une agréable surprise. Très drôle, volontiers choquant pour certains, il se pose en version gentiment punk du film de super-héros et on passe un bon moment. A tel point qu'on attend le troisième épisode, même si en l'état cette saga n'égale toujours pas l'incroyable Super de James Gunn.

 

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commentaires
Flo
19/02/2020 à 15:06

"Kick Ass 2" ! Tout est dit rien que dans le titre.

Voilà ce que tout les fans souhaitent voir sur grand écran, une transposition fidèle d’une BD (auto contenue quand même) gardant l’essence de ses personnages tout en jouant avec la continuité de l’histoire et son évolution.
Ainsi le fait que Dave et Mindy y soient plus matures (y compris sexuellement) que leurs homologues papier permet d’enchaîner de manière différente sur les conséquences de leur vocation, qui s’apparente ici moins à un « jeu d’enfant ».
Aaron (qu’on dit Taylor maintenant) Johnson s’est plus épaissi que le gringalet original, limite gros. Même s’il reste assez immature, essayant peut-être de ne pas penser à ses actes « nécessaires sur le moment » à la fin du premier film... son apparence ne trompe pas sur la suite que va prendre sa vie et ce qu’il va prendre en pleine figure.
Chloë Grace Moretz est toujours la petite merveille que tout le monde voudrait adopter, avec le Lycée et des pétasses comme nouveaux ennemis. Et son début de transformation en jeune femme est sacrément touchant.
Christopher Mintz-Plasse (purée, leurs noms vont tous par trois comme des sérials killers ?!) est bel bien proche du MotherF...er des comics par l’esprit mais moins par ses actes, bien moins dégoûtants dans le film. Si à chaque fois il y a « interruptus » de sa vilainie, la scène où il ne sourcille pas à l’écoute de la mort de son « Bad Alfred » lui permet de garder son caractère menaçant, malgré sa gaucherie chronique.
Jim Carrey, acteur adepte lui aussi du « funambulisme ciné » comme Nicolas Cage, ne démérite pas dans le rôle secondaire et codifié par le comic du Colonel Stars and Stripes. En fait le plus incroyable est qu’avec son maquillage, il ressemblerait presque à Woody Harrelson dans "Defendor" - Arthur Poppington étant lui aussi un vigilante avec des règles de bienséance et de non-meurtre.
Et c’est là où le film fait mouche à 100%: par rapport au premier film où la conclusion, pour beaucoup se démarquer du comic, fichait en l’air la cohérence de Dave en lui faisant exploser des mafieux; là le groupe Justice Forever pose bien le concept des Vrais Héros du réel qui essaient surtout d’éviter toute violence excessive et de faire aussi un gros travail social. Mieux encore, lorsqu’il doit y avoir de la baston chacun veille l’un sur l’autre comme une vraie équipe. On est plus proche du comic et ça fait vraiment chaud au coeur de montrer des justiciers peu sociopathes.
L’autre bonne chose du film étant ce retournement de la figure « Batman et Robin », le sidekick devenant la figure héroïque principale… tout en restant une gamine.
Et là où le premier film, de par sa nature moins large culturellement faisait surtout référence au "Batman" des sixties et au "Spider-Man" de Raimi, la référence du 2 est incontestablement "The Dark Knight".
Sa construction et son coté assez sombre faisant intervenir des notions comme le renoncement, le sacrifice, la vengeance etc… va même bien plus loin que le film de Nolan en nous montrant de vrais citoyens ordinaires prendre le masque (ou pas d’ailleurs) juste pour faire ce qui est juste et repousser le mal et la folie. La bagarre finale a beau ne pas avoir lieu à Times Square (à cause de "Avengers" ?), elle reste diablement excitante à son « petit » niveau. Tout y est au niveau archétype: Hit Girl contre plus forte qu’elle, les alliances qui se refont et le pardon, le héros et le vilain dans un combat fatal sur un toit… MF se prenant pour un Joker kamikaze, avant à nouveau de se déballonner devant le ridicule de ses actes soit disant symboliques, ça vaut son pesant d’or. Et un final de Hit Girl s’enfuyant en moto sur un monologue de Dave, avec une promesse d’espoir apporte une émotion intense.
Critiquer le coté sanglant et scato du film est vain, le comic l’est tout autant et si la version papier contenait plus de scènes chocs, c’était bien sûr en sachant qu’elles ne seraient jamais vues sur grand écran. Si les super anti héros devaient être aussi propre sur eux, quel intérêt alors ? Autant ne faire que des films sur le même moule, fades et sans originalité.
Non, tout ça n’est que du plaisir coupable, cathartique, inoffensif car surgissant de manière surréaliste au sein de personnages biens vrais, eux. On passe même à deux doigt d’une caractérisation de double maléfique avec le personnage du traître Todd, dit « Ass Kicker ». À voir dans une suite ?
Cette adaptation à la fois des comcis "KA 2" et "Hit Girl" – avec aussi la fameuse adrénaline du premier comic, qui fait penser au choix à l’atropine de Nic Cage dans Rock ou à une « Fury » de jeu de baston en plus cartoonesque – est un gros kiff qui raconte encore beaucoup de choses sous sa surface festive.
Meilleur que le premier film, Vaughn (et une certaine Claudia Vaughn) étant quand même à la prod.
Meilleur que le comic, qui se définissait surtout comme une suite « augmentée » à la "Aliens le Retour".
Meilleur que la plupart des blockbusters de nos jours, dont on s’exclame à chaque sorties que « c’est toujours trop classique ».
Un modèle d’adaptation qui devait « venger » (cette année 2013) les fans des expérimentations jouissives mais très acrobatiques de "Iron man 3", ou plus douteuses chez "Man of Steel".
Dommage qu’en critiquant un peu trop vite, Jim Carrey ait lancé un pavé dans la mare qui s’est trop étendu. Le film n’est pas comme il le pensait, trop "Droitier".
Merci à Jeff Wadlow... Hélas son film "X-Force" avorté s’annonçait aussi excitant, maintenant qu’on sait ce qu’il peut raconter sur la responsabilité du meurtre et de la vengeance.
Bravo tout de même !

Ronnie
05/10/2018 à 10:53

Je l'ai revu cet été et gros plaisir, j'ai bien rit :)

Adam
05/10/2018 à 09:25

Bien trouvé la référence à Ivan Drago!
La scène où Mother Russia entre en action contre la police justifie à elle seule le visionnage du film pour moi en tout cas.
Et je valide la conclusion: j'aime beaucoup Kick Ass mais j'adore Super pour son côté fauché et pour le rôle de James Gunn dans le film.

Raoul
04/10/2018 à 23:26

Vouloir employer des termes anglais et finir par dire "séquelle" au lieu de "suite" , c'est hilarant, et consternant.

maxleresistant
04/10/2018 à 22:15

@zanta c'est comme ça dans le comics, mais dans le comics ça marche bien parce qu'on se tape pas une real de merde

Zanta
04/10/2018 à 21:48

SPOILERS
La grosse erreur du film, c'est de tuer à mi-parcours le perso de Jim Carrey, pourtant excellent et charismatique à souhait.
Le long-métrage se prive alors de celui qui aurait dû être l'ancrage dramatique et émotionnel, et tout semble vain et oubliable par la suite.

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