Blade 2 : le chef-d'œuvre geek et gargantuesque de Guillermo Del Toro

Christophe Foltzer | 28 janvier 2018 - MAJ : 28/09/2022 16:19
Christophe Foltzer | 28 janvier 2018 - MAJ : 28/09/2022 16:19

Aucun doute : toute la carrière de Guillermo del Toro est passionnante. Même ses films les moins réussis.

Tout le monde a au moins une fois été retourné, émerveillé et magnifiquement terrifié par un film de Guillermo Del Toro. Que ce soit L'Échine du diable, Mimic, Hellboy, Crimson Peak, La Forme de l'eau ou Nightmare Alley, le cinéaste a une filmographie riche et passionnante, où les plus beaux monstres croisent les humains les plus laids.

Parmi les joyaux de la couronne Del Toro : Blade II avec Wesley Snipes, suite du sympathique-sans-plus Blade de 1998, arrivé avant la fantastique catastrophe Blade : Trinity. Parce que c'est un classique total à tous les niveaux.

 

Blade II : photo, Wesley SnipesWesley Snipes, la classe

 

DE QUOI ÇA PARLE Blade 2 ?

Deux ans après les événéments du premier film, Blade est toujours à la recherche de son mentor, Whistler, enlevé par les vampires. Il arrive à Prague où les créatures de Damaskinos lui demandent de l'aide : une nouvelle race de vampires, les Reapers, viennent de faire leur apparition et menacent les deux espèces avec à leur tête le mystérieux Nomak. Obligé de s'allier à ses adversaires, Blade, aidé de Whistler et de Scud, prend la tête du Bloodpack, une unité vampirique créée à l'origine pour le tuer et se met en chasse. Mais les apparences sont trompeuses et, entre trahisons et révélations, le Daywalker va devoir avant tout lutter pour sa survie.

 

Blade 2 : Photo Wesley SnipesWesley Snipes, toujours la classe

 

LES COULISSES de blade 2

Quand le premier Blade est sorti en 1998, personne ne s'attendait à un tel succès. Pour un budget de 45 millions de dollars, le film de Stephen Norrington en a rapporté plus de 130 millions dans le monde entier, ce qui a évidemment donné des envies de suite à son producteur, le studio New Line.

Mais Blade, en dépit de sa classification R, a eu un impact beaucoup plus important que cela sur l'industrie puisqu'il a ouvert la voie à l'âge d'or des films de super-héros. Par son succès, les studios ont enfin compris qu'en adaptant sérieusement un comis, le public serait au rendez-vous, et c'est aussi, un peu, beaucoup, grâce à lui que le premier X-Men et le premier Spider-Man furent mis en chantier.

 

Blade : photo, Wesley SnipesLe premier Blade

 

Bien entendu, New Line veut capitaliser sur ce franc succès et, lorsqu'il s'agit de proposer un nouveau volet, ils ont une idée géniale : confier les rênes du film à un réalisateur étranger qui monte, doté d'une forte identité visuelle et d'une culture gigantesque. Ce sera bien entendu Guillermo Del Toro.

Son nom n'arrive cependant par hasard sur la table puisque Michael De Luca, le patron de New Line, avait déjà entendu parler de lui via Peter Frankfurt, producteur et superviseur d'effets visuels, dont la société Imaginary Forces s'était occupée du générique de Mimic.

 

Blade II : photoEt il décide de s'amuser

 

Lorsque De Luca propose le projet à Del Toro, celui-ci accepte mais à une grosse condition : il souhaite d'abord faire un film plus personnel et intimiste avant de s'attaquer à cette grosse machine. Comme le courant passe tellement bien entre les deux hommes et que Del Toro est manifestement l'homme de la situation, De Luca décide d'accéder à cette requête, pari extrêmement risqué puisque le marché du film de super-héros commence son essor. Del Toro partira donc réaliser L'Echine du Diable avant de s'attaquer à Blade 2.

Le film, doté d'un budget de 55 millions de dollars, sera un franc succès un peu partout dans le monde puisqu'il en rapportera plus de 150 millions. Immédiatement, une autre suite est envisagée, toujours avec Del Toro, le scénariste David S. Goyer et Wesley Snipes. Malheureusement, ce projet ne verra jamais le jour, et c'est finalement Goyer qui réalisera le troisième épisode, Blade Trinity, parent pauvre de la saga durant lequel il s'est sévèrement pris la tête avec son acteur, au point que ce dernier se fera doubler dans un grand nombre de scènes. Dommage.

 

Blade II : photoLes Reapers, la grande menace du film

 

blade 2 : un monstre de plaisir

Dans le fantastique commentaire audio du DVD de Blade 2, Guillermo Del Toro était plutôt clair : L'Echine du Diable et Blade 2 étaient les deux faces d'une même pièce et, mis en commun, il représentaient sa vision du cinéma. D'un côté un film très sérieux, intimiste, personnel et poétique ; et de l'autre, un gros bordel jouissif, tout droit sorti de la tête d'un adolescent qui ne fait que s'amuser avec des joujous super chers.

Et c'est bien ce que l'on remarque tout de suite quand on regarde le film : Blade 2 est un gros délire comic-book comme on en a rarement vu, tout autant qu'un champ d'expérimentation qui sera extrêmement utile pour l'avenir.

Avec Blade 2, Del Toro décide de rendre le personnage absolument cool. Si dans le premier film, il était sombre, ténébreux et silencieux, ici, il fanfaronne, démastique à tout va, se fout de la gueule des vampires et se voit doté d'un humour à froid particulièrement délicieux. La grande force du film, c'est de ne cependant jamais tomber dans le pastiche. Blade 2 est un vrai film, avec une vraie histoire, et son personnage-titre y connait une évolution notable, acceptant de plus en plus sa nature hybride entre humain et vampire et choississant progressivement son camp.

 

Photo Guillermo del ToroWesley Snipes et Guillermo Del Toro

 

Mais, comme tout film de Del Toro, Blade 2 est aussi l'occasion de retrouver quelques unes de ses obsessions : notamment les insectes et les trucs sales. Le réalisateur prend en effet un malin plaisir à faire des Reapers, la grande menace du film, des créatures abjectes tout autant que fascinantes, hideuses dans leur apparence et très complexes dans leur biologie.

Un soin tout particulier a été porté aux différents cycles de vie des Reapers, à leur anatomie, tout en veillant à les rendre beaux et charismatiques. Avec leur mâchoire et leurs aptitudes, les Reapers se sont imposés comme une race de monstres totalement nouvelle que l'on n'a jamais pu oublier.

 

Photo Wesley SnipesUn film qui pioche aussi dans l'oeuvre de Frank Frazetta

 

blade 2 : une hallucination technique

Bien entendu, quand on parle de Blade 2, ce sont avant tout ses prouesses technologiques qui nous viennent à l'esprit. Grâce à un procédé novateur, baptisé la L Cam, Del Toro a ainsi pu créer une série de plans totalement dingues, directement inspirés des jeux vidéo et des animés japonais (voir l'apparition de Blade au début ou le combat contre Nomak). Une manière de s'affranchir des limites du réel, abattant toutes les frontières pour nous livrer au final le croisement parfait entre japanimation, fantastique, horreur, action, arts martiaux et cinéma américain.

Il faut d'ailleurs bien avoir à l'esprit que Blade 2 est probablement l'un des films qui a pris le plus de risques artistiques ces dernières décennies : il a totalement réinventé le personnage et, en grossissant un peu le trait, le MCU n'aurait certainement pas ce visage aujourd'hui sans lui.

 

Blade II : photoLa chair et le sang et le kiff

 

A noter, pour terminer, un petit parallèle savoureux. Si l'on y regarde de plus près, on se rend compte que Blade 2 n'est au fond qu'une revanche sur Dimension pour avoir charcuté son Mimic. En effet, les points communs entre les deux films sont nombreux. La race hybride, les sous-sols humides, l'aspect biologique et grotesque des créatures... Même dans son atmosphère, le métrage semble répondre au film maudit du réalisateur, comme si Blade 2 n'était au fond qu'une action résiliente de sa première mauvaise expérience à Hollywood.

Et on peut donc remercier la New Line, puisque c'est grâce au succès de ce film et à la confiance des producteurs que Guillermo Del Toro va ensuite pouvoir s'attaquer à un projet qu'il rêvait de mettre en scène depuis très longtemps : Hellboy, dont Blade 2 n'est au fond qu'une gigantesque répétition.

 

 

Tout savoir sur Blade II

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commentaires
Hildegarnic
29/01/2018 à 23:23

Chaque fois qu'un couillon me sort "Les suites, c'est toujours à chier", j'ai envie de lui foutre un crochet du droit et lui étaler un listing qui démontre le contraire. Blade 2 en fait clairement partie et pourtant, j'ai tendance à l'oublier

corleone
29/01/2018 à 22:41

Tu l'as si bien dit Mx!!! Le parrain2, The Dark Knight, Spiderman2, Batman le défi... Quand on voit dans l'histoire du 7eme art ces suites qui rivalisent voire surpassent l'original, on peut dire que le dicton "jamais 2 sans 3" ne s'applique pas vraiment au cinéma et qu'ils feraient bien de faire plutôt des dyptiques! D'autant plus que c'est toujours le 3eme volet qui vient troller le reste(Blade trinity, Le Parrain3, Spiderman3, The dark knight rises...)

Mx
28/01/2018 à 18:43

De loin le meilleur opus de la trilogie, devant le 1, qui reste une chouette série b, et le 3 est juste pitoyable (snipes au rabais, dracula minable, etc, mise en scène moisie).

Le parfait exemple dune séquelle réussit.

jango56700
28/01/2018 à 18:27

Un très bon film !! un festival de gore et d'action.

dany15
28/01/2018 à 14:42

Le meilleur de Snipe et de Del Toro , énorme, j'ai du le voir 5 ou 6 fois

Mx
28/01/2018 à 13:24

Ha celui là c du lourd, du très lourd, même!!

De loin l'un mes favoris du réal.

une suite ultra-jouissive, fun, rythmée, fluide, et bien supérieure au premier (photo, mise en scène, sénar, gore, humour, combats).

Qui plus est, le méchant est excellent, un pur freak à la del toro, royalement campé par luke goss, qui jouera un rôle très similaire dans le brillant hellboy 2.

corleone
28/01/2018 à 12:38

Guillermo Del Toro est en roue libre, se lâche et se délâche comme un grand fou, quel délice…

corleone
28/01/2018 à 12:30

Ah oui quelle claque ce film!

snake88
28/01/2018 à 11:37

Top 5 all-time de mes films préférés !

eric brooks
28/01/2018 à 10:57

l'un des meilleurs films comic book de tous les temps !!!

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