Pourquoi Paul Thomas Anderson est un génie en 8 scènes fantastiques

La Rédaction | 8 janvier 2022
La Rédaction | 8 janvier 2022

Boogie Nights, Magnolia, There Will Be Blood, Phantom Thread... Paul Thomas Anderson est plus que doué.

Le solaire Licorice Pizza mené par le duo inédit Alana Haim-Cooper Hoffman confirme, si c'était encore nécessaire, que Paul Thomas Anderson est un des plus grands cinéastes de sa génération. À 51 ans et en neuf films, le réalisateur américain aura offert un certain nombre de films fabuleux, gavés de cinéma, d'exploits techniques et artistiques, ainsi que de performances d'acteurs sensationnelles.

La rédaction revient sur sa filmographie, film par film, avec une scène culte pour poser un regard sur son génie.

Dossier mis à jour pour la sortie de Licorice Pizza

 

 

HARD EIGHT

Méconnu du grand public et des cinéphiles, Hard Eight est le premier film de Paul Thomas Anderson. Également connu sous le nom Double Mise ou Sidney, le film raconte l'histoire de John, un homme sans argent qui ne sait pas comment payer l'enterrement de sa mère, et Sidney, un parieur expérimenté qui va le prendre sous son aile. Le duo va ainsi se rendre à Las Vegas et Reno pour renflouer ses poches. 

Passé quasiment aux oubliettes avec le temps, Hard Eight est un premier terrain de jeu exaltant pour Paul Thomas Anderson. S'il est bourré de défauts, son long-métrage va cependant mettre en avant nombre des caractéristiques qui formeront sa prestigieuse carrière et son style unique. L'évidence première revient à ses acteurs vedettes Philip Baker Hall et John C. Reilly, futurs habitués du cinéaste, tout comme Philip Seymour Hoffman. Puis deuxièmement, grâce à une réalisation déjà virtuose, forte de plan-séquence ingénieux (celui à l'intérieur du casino entre autres) et de dialogues intenses (le prologue).

La scène du craps résume sans doute le mieux la force du cinéaste. Avec le calme olympien de Sidney, formidablement interprété par Philip Baker Hall, et la folie du personnage de Philip Seymour Hoffman, il arrive à mettre en place une confrontation magique et hypnotisante. Des mouvements de caméra sobres, des plans de plus en plus resserrés, un dialogue-monologue savoureux, une étude sous-jacente de la solitude (thème de prédilection) et surtout des acteurs parfaitement dirigés. C'est carré, c'est droit, c'est efficace, c'est du Paul Thomas Anderson.

 

 

BOOGIE NIGHTS

Avec Boogie Nights, Paul Thomas Anderson signe son premier grand film, se fait remarquer de l'industrie et lance véritablement sa carrière de cinéaste. Si le film regorge de scènes formidables comme celle de la piscine, de la fusillade ou encore celle du miroir final, c'est la séquence d'ouverture de Boogie Nights qui reste évidemment dans tous les esprits.

Ainsi, le réalisateur californien ouvre son long-métrage par un plan-séquence de trois minutes, débutant dans les rues de San Fernando Valley avant de rentrer dans une boîte de nuit branchée et de virevolter sur la piste de danse, autour des personnages et au rythme du Best Of My Love de The Emotions.

 

Photo Burt Reynolds, Mark Wahlberg, Julianne Moore, John C. Reilly, Philip Seymour HoffmanNotre pas très belle famille

 

Absolument parfait techniquement, et hommage évident à La Soif du mal d'Orson Welles, ce plan-séquence est une merveille narrative. Avec cette technique cinématographique, PTA ancre immédiatement le spectateur dans la folie des seventies de manière immersive. En quelques secondes, cette ouverture permet également de présenter chaque personnage du récit, de connaître leur relation et de les hiérarchiser rapidement. Une construction parfaite se terminant par un plan de coupe final sur un échange de regards entre Dirk Diggler (Mark Wahlberg) et Jack Horner (Burt Reynolds), les deux déclencheurs du récit.

Pas de fioriture ici, Paul Thomas Anderson n'est pas seulement là pour montrer sa maestria technique. Il raconte quelque chose efficacement, entre en matière de façon remarquable et plonge les spectateurs au coeur de son film de la plus belle des façons. Fort.

 

 

MAGNOLIA

Une autre vision de la fresque après Boogie Nights, qui était étalé sur sept ans. Là, il y a une ville et une poignée d'hommes et femmes, réunis par la pluie, le bruit et la fureur des émotions, le temps de quelques heures salutaires et brutales. À ce stade, les personnages incarnés par Tom Cruise, Julianne Moore, Philip Seymour Hoffman, William H. Macy, Melinda Dillon, Philip Baker Hall, John C. Reilly et Jeremy Blackman sont au fond du gouffre, prêts à se laisser noyer sous leur détresse, à un moment où baisser les armes est encore une option douce.

C'est le moment qu'a choisi Paul Thomas Anderson pour surélever Magnolia avec une séquence musicale profondément mélancolique, au rythme de Wise Up d'Aimee Mann, qui se termine par un "So just give up" ("Donc laisse tomber") terrible. Pas de tour de force technique, de plan-séquence majestueux dans les couloirs d'un studio, ou de montage super-dynamique pour embrasser l'ampleur romanesque ; mais de sobres et lents plans qui se rapprochent ou effleurent les personnages, mis en pause pour une courte et révélatrice parenthèse chantée. Ils sont isolés dans leurs tragédies, à peine capables de voir ce qui les réunit, mais le cinéaste les rassemble par un coup de baguette magique.

 

Photo"SHAME ON YOU !"

 

Son talent réside dans sa capacité à utiliser une ficelle artificielle (une musique extradiégétique qui court d'un décor à un autre) pour faire ressortir la vérité de son histoire et ses émotions. Comme si le cinéma leur offrait la possibilité de s'exprimer par delà les mots et les outils de la réalité, pour non plus crier (comme ils le font beaucoup dans le film), mais susurrer et murmurer leur peine.

Paul Thomas Anderson a beau avoir dit en 2015 que Magnolia serait plus court s'il devait le refaire, il reste l'un de ses films les plus grandioses. Et la scène musicale, comme la pluie de grenouilles, demeure un moment d'une puissance certaine.

 

 

PUNCH-DRUNK LOVE 

Ce n'est pas pour rien si la magnifique affiche de Punch-Drunk Love - Ivre d'amour a été tirée de cette scène non moins sublime. L'étrange Barry Egan interprété par un Adam Sandler fabuleux, cherche désespérément à retrouver Lena (Emily Watson), en voyage à Hawaï. Une tâche compliquée, qui se termine néanmoins par un baiser mémorable.

Ce baiser, c'est un moment de pure magie cinématographique. Le couple qui s'embrasse retrouve un anonymat parmi une foule qui danse autour d'eux, dans un dispositif de mise en scène pudique, qui préfère leur laisser jouir de cet instant précieux pour placer le spectateur aux côtés du réalisateur, loin de leurs lèvres. Le baiser provoque l'arrivée de cette petite tornade d'inconnus, et derrière la beauté évidente du plan (la photo est signée Robert Elswit, fidèle collaborateur de Paul Thomas Anderson sauf sur The Master et Phantom Thread), il y a au moins une très belle idée : il aura suffi que l'amour arrive sur les lèvres de Barry pour que le monde, comme son coeur, s'agite. C'est le même principe que la cabine téléphonique qui s'allume lorsqu'il parvient enfin à joindre Lena.

 

Photo Adam SandlerCe début de film

 

Ce qui se joue dans ce baiser, c'est aussi la place dans la société de cet homme excentrique, introverti maladif et colérique insoupçonné. Serrer dans ses bras celle qu'il aime, toucher l'amour de ses propres doigts, ressemble alors pour lui au moyen ultime d'exister parmi les autres. L'arrivée totalement artificielle et donc magique de cette foule signifie que Barry prend enfin une bouffée d'air frais, hors de sa bulle, parmi le commun des mortels. Il n'est pas qu'un cas social, mais un être parmi les autres.

Et la chanson géniale He Needs Me, reprise du film Popeye de Robert Altman (une grande inspiration pour Paul Thomas Anderson), avec la voix de Shelley Duvall donc, achève de donner à cette scène une couleur hors du commun.

 

 

THERE WILL BE BLOOD

Cette séquence de There Will Be Blood n’est pas une scène culte à proprement parler, mais elle est pourtant fascinante. Typique de l’idéal hollywoodien de la mise en scène invisible, elle est d’apparence simple, mais elle transmet en réalité une grande quantité d’informations en seulement deux plans, et en utilisant pleinement les spécificités du medium cinématographique.

La caméra épouse pleinement le point de vue du personnage principal Daniel Plainview (Daniel Day-Lewis), que l’on voit d’abord rentrer dans l’église pendant un prêche et littéralement s’invisibiliser en se cachant derrière un pan de l’église. À partir de ce moment, la caméra filmera ce qu’il regarde et comment il regarde. L’incarnation est tellement poussée et les images tellement guidées par ce que regarde le protagoniste que lorsqu’Eli jette le « mauvais esprit » hors de l’église, il n’est pas interdit de penser que c’est en réalité Plainview qu’il cherche inconsciemment à rejeter de sa communauté en imposant un mouvement de recul à la caméra.

 

Photo , Daniel Day-LewisEncore un génie

 

Le dispositif est très dépouillé, la métaphore est extrêmement simple (voire un peu simpliste) et pourtant sans effet de style suranné, Paul Thomas Anderson raconte brillamment la relation d’interdépendance toxique qui liera les deux personnages pendant tout le film et assoit totalement la domination de l’industriel.

En effet, une fois que l’action est achevée et qu’Eli est désormais définitivement ridicule aux yeux de Daniel, le plan-séquence s’arrête enfin et la coupe, climax de la scène, nous ramène dans le contrechamp vers le protagoniste, qui peine à cacher un sourire suffisant et moqueur. Ce reaction shot veut tout dire et fait éclater comme un ballon l’embarrassante performance du prêcheur : le loup est littéralement toujours dans la bergerie, déguisé en agneau. Désormais assuré de sa supériorité, il ne tardera pas, par ses conspirations, à assécher ces terres de leur or noir, malgré les démonstrations de force ridicules d’un illuminé. En une seule courte scène, tout (ou presque) est dit.

 

 

THE MASTER 

Paul Thomas Anderson est depuis longtemps passé maître dans l’art de retranscrire, à l’aide de procédés de mise en scène extrêmement complexes, la toxicité des êtres et des relations qu’ils nouent. Mais dans The Master, c’est avec un dénuement et une simplicité absolus qu’il établit les rapports venimeux entre Lancaster Dodd (Philip Seymour Hoffman) et Freddie Quell (Joaquin Phoenix).

Le Maître du titre est là pour faire passer à son disciple une épreuve au cours de laquelle il doit répondre franchement à des questions particulièrement indiscrètes, sans cligner des yeux ni perdre son calme, au risque de voir l’interrogatoire reprendre depuis le début. À l’aide d’un champ-contrechamp tout bête, mais composé et monté à la perfection, il nous montre comment le pouvoir entre ces deux hommes bascule, comment Lancaster broie progressivement son interlocuteur et façonne la dépendance dont souffrira Quell à son endroit. Le résultat est impressionnant, parfaitement maîtrisé, et à bien des égards terrifiant.

 

 

INHERENT VICE 

Alors que les séries ont repris le flambeau de la représentation de la sexualité et de l’érotisme bourrin, on notera que plus grand monde n’attend d’un 7e Art dévolu au super-héros de révolutionner la représentation de la sensualité. Et pourtant. En une séquence, Paul Thomas Anderson rappelle avec un talent dévastateur qu’il n’est besoin ni de kilomètres de chair ni de performance graphique pour provoquer un trouble hallucinant dans le cœur du public.

Ici, Doc (Joaquin Phoenix) et Shasta (Katherine Waterston) se retrouvent. Cette dernière est nue et ses intentions ne sont pas immédiatement claires, pas plus que celles de son ex-compagnon. S’installe un dialogue, comme toujours dans Inherent Vice, embrumé des vapeurs du LSD et des volutes de marijuana. La séduction passe d’un personnage à l’autre, chacun se renvoyant la balle d’une charge érotique qu’Anderson s’évertue à capter plutôt qu’à fabriquer.

 

Photo Joaquin PhoenixPeace and Drug

 

Ses plans sont d’une simplicité exemplaire, parfaitement composés et à même d’immortaliser la suavité du jeu entre les deux personnages. La scène dure, s’étale, forte du jeu décentré, mais incandescent de deux immenses acteurs, d’une photo torride et d’un découpage exemplaire.

Après cette séquence, Katherine Waterston devient instantanément irremplaçable à Hollywood, et si elle n’a pas encore trouvé de rôle à la hauteur de cette scène cosmique, personne ne s’inquiète pour elle, depuis qu’elle est entrée au panthéon du cinéma grâce à cette folle performance chez Paul Thomas Anderson.

 

 

 

PHANTOM THREAD

La scène de l'omelette, dans l'acte final, a une importance prépondérante dans l'histoire de Phantom Thread dont chacune des émotions, obsessions, a un rapport permanent avec la nourriture, délimitation de la relation entre Reynolds et Alma.

Dès les premiers instants de Phantom Threadla place de la nourriture a une importance capitale pour comprendre le fonctionnement de Reynolds Woodcock (incarné par l'incroyable Daniel Day-Lewis dans son ultime rôle) intimement et professionnellement. La première scène de petit-déjeuner, avec sa compagne d'alors, indique au spectateur sa personnalité : il est froid, arrogant et maniaque. Et à l'image de son territoire artistique dont il contrôle tous les aspects, les repas sont ses moments à lui, une de ses autres possessions, desquelles naissent son apaisement, ses créations... Un terrain auquel personne ne doit toucher.

 

Phantom Thread : Photo Daniel Day-LewisLa rencontre qui va tout changer

 

Débarque alors Alma, serveuse rencontrée dans le restaurant d'un hôtel, avec laquelle il va entamer une relation, source d'inspiration. Sauf que son havre de paix va être dérangé (une histoire de biscotte beurrée trop bruyamment), voire menacé par la prise de pouvoir d'Alma sur sa propre faim (le fameux dîner surprise préparé par le personnage joué par l'excellente Vicky Krieps). Elle l'agace, lui fait perdre ses nerfs, envahit son espace et pourtant, il ne peut pas s'empêcher de s'y accrocher.

Un jeu de dominant-dominé qu'explore le film de tout son long, et qui vient surtout marquer, avec la scène de l'omelette, la capitulation de Reynolds à Alma. Alors qu'elle vient de préparer une omelette aux champignons vénéneux et la sert à un Reynolds affamé, les deux personnages s'observent en silence, conscients tous les deux du petit jeu auquel ils sont en train de jouer. Et puis, dans un geste d'abandon intentionnel, porté par la musique de Jonny Greenwood, Reynolds mange une part de cette omelette empoisonnée (même s'il le sait pertinemment, car il a confiance en elle et sait qu'il en a besoin).

 

 

Car évidemment, Phantom Thread raconte l'histoire d'un couple toxique, mais qui s'aime d'un amour profond, sincère et se nourrit inlassablement des névroses et équilibres de l'un et l'autre. Et quoi de mieux pour statuer de leur amour maladif que l'acceptation des deux à se rendre malade (littéralement) pour tout se donner, s'apporter et se transcender.

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commentaires
Le Dernier des Mohicans
09/01/2022 à 10:28

@zooom
J'ai essayé (2 fois), mais je suis resté totalement hermétique à l'histoire, à la photo, au montage...
Je reconnais le charisme incroyable de Daniel Day-Lewis, qui bouffe l'écran chaque fois qu'il y apparaît, mais de l'autre côté, j'ai trouvé un Paul Dano exaspérant.
Je ne dis pas que c'était mauvais, ça ne m'a simplement pas touché. C'était juste pas un film pour moi, mais c'est très bien s'il a su trouver son public ^^

zooom
08/01/2022 à 22:22

Pourquoi tant de déception face à There will be Blood ? Ce film casse des briques par pans de mur entiers

RobinDesBois
08/01/2022 à 21:53

Le plan séquence d’ouverture de Boogie Nights est l’une de mes scènes préférée tout film confondu. J’ai du le revoir 50 fois et je m’en lasse pas. Ce que je trouve magnifique c’est aussi le champs contrechamp qui suit, l’échange de regards entre Mark Whalberg et Burt Reynolds est incroyable.

Le Dernier des Mohicans
08/01/2022 à 19:46

Qu'est-ce que je le suis fait ch*** sur There will be blood !
Pourtant, j'avais envie, hein !
Mais quel ennui. Je n'ai vraiment pas compris la critique dithyrambique à son sujet.
Comme quoi, il en faut pour tous les goûts, hein ^^

Kyle Reese
08/01/2022 à 18:28

Enfin vu Punch-Drunk Love. Quel drôle et émouvant film !
Adam Sandler est vraiment formidable. Les situations sont cocasses et assez inédites.
La mise en scène est à la fois très précise, signifiante et légère, l'histoire simple et fraiche, Emily Watson touchante et surtout ... Adam Sandler est vraiment formidable ! Pas vu beaucoup de film avec lui, 3 au compteur je crois avec celui-ci, le totalement barge Don't mess with the Zohan et le tendu et superbe Uncut Gems. S'il y a d'autres films de qualités à voir avec lui je suis preneur car j'ai une certaine tendresse pour cet acteur.

tnecniv
23/02/2021 à 22:40

Je n'ai vu que There will be blood , Boogie nights et Magnolia , j'ai vraiment accroché aux deux premiers mais alors Magnolia que j'ai vu pour la première fois il y a peu de temps m'a sur-gonflé d'une force ... j'ai trouvé ça insupportable , après faut dire que certains personnages sont très antipathiques donc ça joue aussi, mais c'est surtout que ce film m'a paru bien trop étiré .

sylvinception
22/02/2021 à 14:57

There will be blood me procure toujours ce sentiment étrange... c'est clairement trop long, et pourtant c'est fascinant.
Boogie Nights son meilleur film pour moi.

Inherent Vice et The Master par contre, sans moi.

Dutch
22/02/2021 à 14:17

"There were be blood" quel ennui...certes les images sont belles, Daniel Day-Lewis joue bien, mais à part ça on est rarement saisi par l'émotion, c'est juste l'histoire d'un fumier qui devient de plus en plus misanthrope et fou, très déçu par ce film.

Ethan
22/02/2021 à 09:30

Magnolia un film qui passe très peu à la télé

Sanchez
22/02/2021 à 08:58

Phantom thread, son dernier chef d’œuvre est sur Netflix

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