D'Avengers à Black Panther : Marvel, ou la propagande positive de l'Histoire américaine ?

La Rédaction | 24 février 2018 - MAJ : 09/03/2021 15:58
La Rédaction | 24 février 2018 - MAJ : 09/03/2021 15:58

Si Black Panther s’impose rapidement comme un phénomène ainsi qu’un accomplissement politique, c’est entre autres parce qu’il s’inscrit dans une mouvance bien particulière du 7e Art, régulièrement usitée par Marvel et Disney, à savoir la réécriture positive de l’Histoire.

Ne montez pas sur vos grands chevaux, rien de sale là-dedans, et pas l’ombre d’une critique. Il s’agit d’une démarche évidemment problématique dans le cadre d’une pratique historique académique, mais plutôt courante et stimulante artistiquement parlant. À titre d’exemple, c’est exactement ce que fit Quentin Tarantino dans Inglourious Basterds.

 

Captain AmericaCaptain Symbol et le Monde de Demain

 

Son film se terminait en effet sur l’exécution ultra-violente d’Adolf Hitler par ses héros, au cœur d’un cinéma. Le but n’est évidemment pas de faire croire au spectateur que Brad Pitt et ses copains ont effectivement zigouillé l’affreux moustachu, mais bien d’offrir au cinéma un territoire métaphorique entre allégorie, réflexion en creux et revanche sur un passé parfois douloureux ou terrible. Un espace fantasmatique donc.

À ce titre il est intéressant de voir quand et comment Marvel a choisi de réécrire l’Histoire à travers trois exemples éclairants.

 

Quand les Avengers rejouent (et déjouent) le trauma initial du XXIème siècle

 

AVENGING 9/11

New-York face à l’imminence d’une catastrophe causée par des appareils volants étrangers qui percutent des immeubles. Cela pourrait être le résumé d’un film catastrophe lambda, malheureusement c’est également aussi le résumé des attentats du World Trade Center, vécus du point de vue américain. Mais c’est aussi celui d’Avengers.

À une époque où détruire joyeusement et massivement des villes entières comme dans Armageddon, Deep Impact ou Independance Day n’amuse plus personne et tandis que fleurissent les propositions sombres comme Cloverfield ou La Guerre Des Mondes, les comics furent le remède parfait pour renouer avec l’héroïsme et l’innocence.

 

 

Nos héros américains font littéralement face à une invasion du sol new-yorkais venue du ciel. Impossible de ne pas y lire le 9/11. Mais ici, dix ans après, la destruction n’aura pas lieu. Cette fois, un assemblage composite de héros mené par Captain America prévient les pertes massives, se met entre les civils et les aliens et dévie les monstres volants de leurs courses fatales. Et à la fin du film, l'imagerie du 11 septembre sera convoquée pour mieux être exorcisée : les gens communieront joyeusement sur une catastrophe évitée de justesse dans un New-York intact, au lieu de faire le deuil de leurs morts.

 

 

CAPTAIN PATRIOT ACT

Dans Captain America : Le soldat de l'hiver, les frères Russo se sont fait connaître du grand public et des fans de Marvel, tout comme ils ont mis au centre de leur récit un évènement abondamment commenté de l’histoire américaine contemporaine. Ici, Steve Rogers découvre que sa trombine et ses collègues sont la cible d’un terrible complot.

Non seulement un mystérieux assassin au bras d’acier veut massacrer ses copains d’amitié et n’est autre que son frère d’armes Bucky Barnes, laissé pour mort mais retapé par les Soviétiques, mais le Cap ne va pas tarder à comprendre que quelque chose de plus terrible encore se trame.

 

Photo , Captain America : Le soldat de l'hiverLe Soldat de l'Hiver, vrai-faux adversaire de Steve Rogers

 

H.Y.D.R.A. la branche secrète du IIIème Reich, autrefois dirigée par Red Skull, s’est infiltrée depuis des décennies au sein de la société américaine et de ses organes de décisions publiques. Elle a mis sur pied un système d’espionnage global, rendu possible au lendemain des évènements d’Avengers et de l’attaque de Manhattan. Système qui servira en réalité à réduire les libertés, asservir les américains et permettre à un Etat dans l’Etat d’émerger.

Il s’agit bien sûr d’une relecture du Patriot Act, loi liberticide et terreau du système de surveillance mis en place sous l’administration Bush, que dénoncera quelques années plus tard Edward Snowden. Mais dans le monde de Marvel, c’est à Captain America, c’est-à-dire l’incarnation de l’âme américaine, que revient la mission de percer à jour cet évènement et l’empêcher d’advenir. Dans le monde de Disney, le gouvernement américain, dont la forfaiture est incarnée à l’écran par Robert Redford, est montré du doigt, et vaincu, tandis que l’esprit de l’Amérique, s’il ne sera plus jamais le glaive de l’Administration, met à jour l’Etat profond et fédéral – repoussoir symbolique depuis la disgrâce de J. Edgar Hoover.

Ou comment transformer Steve Rogers en simili-lanceur d’alerte.

 

Photo Chris Evans, Scarlett JohanssonCaptain America, lanceur d'alerte (et de bouclier)

 

WAKANDA, OU LAVER LA SOUILLURE COLONIALE

Le Wakanda est un rêve d’une Afrique épargnée par le colonialisme et toujours en possession de ses ressources naturelles fabuleuses. Si cela permet de fantasmer une Afrique noire puissante qui aurait été à la pointe de la technologie si certains peuples occidentaux étaient restés chez eux, cela permet surtout, et c’est probablement plus important encore, d'esquisser une représentation d'une réalité alternative possible si une partie de la population d'origine africaine ne vivait pas au rythme d’une désappropriation culturelle imposée par une « hypnose » occidentale (vous venez de comprendre Get Out).

En grattant un peu la surface, on y retrouve également un peu d’Amérique. Le Wakanda est en effet un pays tiraillé entre deux doctrines : celle de T’Challa - ou en tout cas de la tradition du Wakanda dont il est le représentant - qui veut que le pays reste replié sur lui-même et aveugle aux tourments du monde, et celle de Killmonger, qui lui veut étendre son idéologie par une méthode agressive combinant interventions armées et déstabilisations de régimes (Killmonger a dû avoir de très bonnes notes à la CIA). Entre les lignes, le film rejette l’isolationnisme américain, particulièrement fort en cette ère Trumpienne, et l’impérialisme américain.

 

wakandaBienvenue au Wakanda

 

Black Panther tente, par la voix de Nakia d’abord au début du film, de montrer une troisième voie. Celle-ci serait, pour résumer, celle d’une aide internationale, voire, à mesure que le film avance, d’un recours à une instance supérieure aux nations. Si l’on suit Black Panther jusqu’au bout, l’ONU se désembourbera ainsi grâce au leadership du pays qui se rendra compte le premier qu’il faut aider les nations à régler leurs problèmes par elles-mêmes plutôt que de faire de l’interventionnisme.

Probablement quelque chose que la Syrie de notre monde aurait apprécié. Ainsi et d'une manière plus globale, c'est 70 ans de politique étrangère américaine que Ryan Coogler se propose de réécrire, à travers le prisme d'un pays imaginaire pensé à l'écran pour exorciser les péchés d'une certaine Amérique.

 

Photo , Chadwick Boseman, Letitia Wright, Lupita Nyong'oT'challa et les siens : voies de la sagesse d'une Amérique rêvée ?

Tout savoir sur Avengers

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commentaires
pour s'instruire
06/03/2018 à 15:55

baxxt: cela dépend, peu etre , mais bon le monde entier à fait de l'esclavagisme et cela depuis la nuit des temps.Aprés les arabomusulmans sont les suls a avoir permis les noirs d'avoir un statut de haut rang dans leur communauté à l'époque, ily a eu des roi noirs, des ministre noirs, des grand chef de guerres noir et aussi important de se marier avec des arabomusulmanes.Donc faut voir ailleur, salut

Satan LaTeube
26/02/2018 à 09:57

Au konar du dessous : assume tes propos, ton orthographe merveilleuse et prends ton vrai pseudo !!
On peut demande à un modo d'effacer ce commentaire indigne ? Merci.

Satan LaTeube
25/02/2018 à 20:17

Si vous aimer pas le film Back Panther ces que vous êtes des sale racistes !!
Ca métonne pas dans cet France qui vote lepen !!

jmenfou
25/02/2018 à 14:32

"Préférer vivre en harmonie avec la Nature"
Mais qu'est ce qu'il faut pas lire comme conneries bisounours arrête de regarder Arte sinon tu va continuer t’abreuver de jolis fantasmes.
"Traditionnellement, les agriculteurs africains pratiquent la culture sur brûlis. Ils défrichent une zone en y mettant le feu, la cultivent pendant une saison ou deux, passent ensuite à une autre parcelle et laissent la première en jachère."
L'abattis-brulis et l'agriculture itinérante qui en est le corollaire – puisqu'il faut abandonner la parcelle cultivée quand le sol est épuisé pour qu'il reconstitue sa fertilité après plusieurs décennies de jachère arbustive. On estime que 50 000 hectares de forêts et 60 000 hectares de savane disparaissent ainsi chaque année en Afrique, une catastrophe pour la faune et la flore.

STEVE
25/02/2018 à 13:16

Pas sur que l'Afrique développe une telle technologie sans l'intervention de l'Europe.

Je ne dis pas que seule l'Europe peut développer la technologie mais je dis que peut-être elle aurait développé une technologie complètement différente ou n'aurait pas eu l'envie de le faire ou la présence d'esprit de le faire non par manque d'intelligence (ne pas faire d'amalgames!) mais par culture. Préférer vivre en harmonie avec la Nature.
Car bon la technologie que l'on voit dans le film se calque sur la notre et donc ça met indirectement notre culture en modèle ;)

Mais bon si on avait laissé à l'état naturel on aurait crié au scandale raciste.
Comme si vivre en accord avec la Nature et simplement en harmonie était un signe de recul, honteux.
Alors que c'est peut-être le meilleur moyen de vivre. Plus sain en tout cas malgré les améliorations notables que la technologie nous a donné.

docsavage
25/02/2018 à 12:16

aucun intérêt cet article !!!!

Karinkashi
24/02/2018 à 19:25

Le cinéma n'a pas attendu pas Marvel pour être un vecteur de propagande. Cinéma américain en tête. Il parait que c'était les indiens les méchants...

Mamou
24/02/2018 à 18:35

Et le colonialisme made ni Macron pourquoi vous n en parler pas ?

colloc 1
21/02/2018 à 20:27

@ julie 8
Malheureusement elle n'a pas besoin d'être bien grosse.

Yannick
21/02/2018 à 15:07

On ne sait toujours pas qui a financé le 11 Septembre.

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