Mission : Impossible 2 - un chapitre mal-aimé, inoubliable et avec de très beaux cheveux

Simon Riaux | 30 août 2022 - MAJ : 07/09/2022 18:23
Simon Riaux | 30 août 2022 - MAJ : 07/09/2022 18:23

Retour sur le deuxième épisode de la saga d'action de Tom CruiseMission : Impossible 2 réalisé par John Woo.

En 2000, Tom Cruise est encore jeune (même si la différence avec 2022 ne se voit pas trop), et Mission : Impossible commence à être la franchise de blockbusters où l'acteur se met en danger dans un money shot fou.

Alors que la saga adaptée de la série culte est devenue l'une des plus appréciées au fil des épisodes, Ecran Large revient sur Mission : Impossible 2.

 

photo, John Woo John Woo et Tom Cruise

 

C’ÉTAIT QUAND

Mission : Impossible a frappé un grand coup en 1996, mais dans un Hollywood qui n’a pas encore ordonné son outil de production afin de produire des suites à la pelle. Il faut attendre jusqu’à l’été 2000 pour que surgisse Mission : Impossible 2.

Il faut dire que Tom Cruise n’a pas chômé, puisqu’il vient de parfaire son statut de star totale et complète en enchaînant coup sur coup Magnolia de Paul Thomas Anderson (nomination à l'Oscar du meilleur second rôle) et Eyes Wide Shut de Stanley Kubrick, où il alignait deux compositions parfaites, funambules, imposant déjà ses choix de carrière comme autant de commentaires de son propre rapport à sa légende.

Dans ce laps de temps, on ne peut pas dire que le cinéma d’action ait proposé un feu nourri de fusillades pelliculées. Mais deux films ont marqué les esprits durablement et ont sans doute tenu un grand rôle dans l’esprit de Cruise. Il s’agit de Volte/Face de John Woo sorti en 1997 et bien sûr de Matrix des Wachowski, sur les écrans américains en mars 1999. Tous deux chamboulent les codes américains, autant qu’ils consacrent leur mutation au contact des artistes et influences venues d’Asie.

 

photo, Tom CruiseTom est prêt pour le show

 

Le tournage d’Eyes Wide Shut s’étant étalé sur plus d’un an, Oliver Stone, un temps embauché pour réaliser Mission : Impossible 2, jette l’éponge. La place est toute chaude pour John Woo, qui est sur le papier le candidat idéal pour proposer un chapitre très éloigné formellement du travail de Brian De Palma (qui a refusé de revenir pour la suite), et un concentré d’action en provenance directe de Hong Kong.

Comme cela deviendra progressivement la tradition au sein de la franchise, le tournage commence sitôt les scènes d’action conçues et arrêtées, le travail de cohérence et de scénarisation intervenant pendant le tournage lui-même. Robert Towne, engagé par Cruise pour peaufiner le scénario du premier, se charge d'assembler tout ça. L’expérience ne sera pas de tout repos pour le metteur en scène. Il va faire face à une giga-star qui se révèle véritable chef d’orchestre du film et ne manifeste pas énormément d’égard pour le cinéaste « invité ». Dougray Scott, lui, devra abandonner le rôle de Wolverine dans X-Men lorsque la production est rallongée, et qu'une blessure l'oblige à rester plus longtemps encore.

Tom Cruise compte bien s’investir plus que jamais dans les cascades du film et se consacrer totalement comme action star hors normes. Il ment ouvertement aux assurances, auxquelles il certifie qu’il sera doublé pour toutes les cascades importantes. Il en effectuera plus de 90%, rendant parfois John Woo fou d’angoisse, incapable de rester face à son écran de contrôle quand la star demande à répéter plusieurs fois des scènes d’une extrême dangerosité (jusqu’à 7 fois, dans le cadre de la séquence de varappe introductive).

 

photo, Tom Cruise, John Woo"Mais puisque je vous dit que c'est une doublure !"

 

POURQUOI C’ÉTAIT COOL

Mission : Impossible 2 était cool, parce que quand il débarque en 2000, il rassemble absolument tout ce qu’il est possible de rassembler pour rendre un film incroyablement sexy. 3 milliards de scènes d’action, une giga-star mondiale, une bande-originale qui invite Metallica… Même le célèbre thème original Schiffrin se fait ripoliner par Limp Bizkit, alors loin du néant de ringardise où la formation est tombée.

Et M:I 2 est tout entier à l’image de cette mélodie. Bigger than life, ultra-démonstratif, bourré d’effets hénaurmes et roublards. Tout dans le métrage fait figure d’évènement, d’empreinte immédiate. En témoigne d’ailleurs la volonté du film d’aller chasser directement sur les terres de 007. C’est à ce jour le film de la franchise qui va le plus ouvertement recycler les motifs de Bond, pour essayer de les remâcher à sa sauce.

De l’ouverture en vacances, en passant par la drague motorisée, jusqu’au scénario lui-même (c’est la seule fois où Ethan Hunt n’est pas désavoué ou rebelle vis-à-vis de l’institution qui l’emploie), tout se fait plus Bondien.

 

photoUn climax dans lequel Cruise refusera d'utiliser autre chose qu'un véritable couteau

 

POURQUOI ÇA L’EST TOUJOURS

À lire nombre de commentaires, Mission : Impossible 2 serait finalement une grosse choucroute kitsch, essorée par la mégalomanie de son acteur/producteur et bardée des tics de son metteur en scène. Un point de vue qui se défend mais qui est bien incapable d’appréhender le métrage dans son ensemble.

Signe qu’il faut le réévaluer, Mission : Impossible 2 est peut-être le chapitre de la saga dont on garde le plus d’images en mémoire. Les colombes, l’ouverture mongolo-christico-cool, le flirt poussé en voiture, TOUS les gunfights, le concours de bites à moto, le couteau (bien réel) s’arrêtant à 25mm de l’œil de Cruise, et ce dernier rattrapant son arme d’un coup de pied sablonneux… Toutes ces images, pour excessives qu’elles soient, sont restées gravées dans la mémoire collective et ce ne sont pas quelques plans dignes d’une publicité pour shampoing qui suffiront à les balayer.

 

photo, Tom CruiseCruise exigera 7 prises, au grand dam de Woo 

 

Enfin, on aurait tort de ne pas voir dans Mission : Impossible 2 un film d’auteur, au même titre que le précédent. Le trouble de l’identité et la quête de soi sont au cœur du cinéma de Woo, et c’est une nouvelle fois le cas ici. Le cinéaste est l’artiste qui aura le mieux utilisé le gadget emblématique de la franchise : les masques.

Alors que héros et méchant fantasment chacun de s’approprier la persona et les attributs de l’autre ("La recherche de tout héros doit commencer par quelque chose dont un héros a besoin : un ennemi" : une réplique qui ouvre le film, et le définit), la confusion induite par l’usage respectif qu’ils font des masques est l’occasion de scènes parfaitement montées et joliment tragiques.

 

photo, Dougray ScottAmbrose, un wanna-be Hunt, voué à un destin funeste

 

Et enfin, le film est cool en cela qu’il raconte simultanément la folie d’un Hollywood pas encore sous la coupe des super-héros, mais déjà prêt à toutes les outrances, et la démentielle vista d’une star unique, pas encore ternie par ses grains de folie et les polémiques naissantes entourant son engagement dans la scientologie. 

Le trop plein du film, qui le fait parfois sombrer dans le ridicule, n’est que la facette de sa merveilleuse énergie, de l’enthousiasme incroyable que le film affiche fièrement. Marmot forcé à devenir responsable dans le De Palma, Hunt est ici un ado fringué n’importe comment et enamouré de lui-même, dont la fierté et la tchatche confinent aussi bien à l’absurde qu’au génie. Il n'y a qu'à voir la manière dont l'équipe est parfaitement mise en retrait au point d'être transparente (le génie de l'informatique Billy Baird), et dont Tom Cruise est plus sexué que dans n'importe quel autre épisode de la saga (quasi asexué dans le premier film, et quasi père de famille dans le troisième), pour s'en convaincre. 

 

photo, Tom Cruise, Thandie NewtonAvant Westworld, Thandie Newton jouait déjà une femme qui détournait les clichés inhérents à son rôle

 

SCÈNE CULTE

 

 

 

Tout savoir sur Mission : Impossible 2

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commentaires
en mode 007
31/08/2022 à 16:39

et dire que je suis alle voir cette daube en salle,
des les premiers minutes çà ne va pas,
l'alpiniste en vacances, too much
mais qu'est ce que c'est que ce nanar
le Woo fait du Woo avec ses ralentsi et ses piafs!
et les feux d'artifices..
le defilé paien chretien, etc
Hopkins qui cachetonne,
Tom Cruise, qui, lors de la Poursuite en voiture le long du precipice au debut du film , affiche des tas de fois son sourire Colgate, et au ralenti, en grosse focale , et avec ces longs et beaux cheveux pendant que les voitures sportives font du multi 360 °
bien sûr il emballe la top modele, comme un 007, on se demande ce qui reste au 007
le truc qui est resté :le visage/masque, une trouvaille
la fin est ridicule, le meachant, mais on y croit pas a ce mechant en mousse!
remboursez!

alulu
31/08/2022 à 14:49

La définition même du nanar.

sylvinception
31/08/2022 à 14:04

Meilleur que le 3, même si ça vole pas bien haut...
Cruise était en plein méga ego trip.

Le lamentable Dougray Scott - qui en plus d'en faire des tonnes avec son accent ridicule restera l'un des pires bad guys jamais vu au ciné - n'aide pas non plus...

Pulsion73
31/08/2022 à 13:03

MI2 est le pire de la saga pour moi. Entre le brushing bon genre de tom cruise ( que j'aime beaucoup en général) et le style colombes au ralenti.....

Clarence Sterlingue
31/08/2022 à 11:48

Broken Arrow et Volte-Face ont bercé mon adolescence du coup je devrais avoir le même amour pour ce MI 2...Mais je sais pas, c'est le grand écart avec le I (le meilleur pour moi, quand y avait encore de l'espionnage et de bonnes trahisons). Il manque un petit grain de folie du coup ça vire au ridicule trop souvent.

"Tom Cruise est plus sexué que dans n'importe quel autre épisode de la saga (quasi asexué dans le premier film, et quasi père de famille dans le troisième), pour s'en convaincre." >je trouve ça très intéressant, Tom Cruise est très rarement sexué ou sexuel dans ses films et les rares fois où ça arrive je trouve ça extrêmement malaisant XD. Comme The Rock en fait...Je pense que la mégalomanie les rend incapables d'exprimer une attirance pour quelqu'un d'autre qu'eux-mêmes :x

Arnaud (le vrai)
31/08/2022 à 10:34

C’est marrant parce qu’en ce moment je suis dans une phase où je me refais les M:I, le magnifique et intemporel premier opus y a deux semaines et ce second la semaine dernière (le 3 étant pour ce soir)

Je me rappelle à l’époque avoir attendu à mort ce film étant fan de John Woo (Une Balle Dans La Tête, The Killer, Volte Face, meme Broken Arrow et Hard Target j’avais aimé)
Quelle déception devant … je l’ai trouvé d’une nullité absolue au point de ne plus avoir regardé de John Woo par la suite et évidemment plus jamais regardé cet épisode 2

Et ben la semaine dernière, je l’ai trouvé moins nul qu’il y a 20ans. Pas bon, juste moins mauvais
A croire que les blockbusters de maintenant ont atteint un tel niveau dorénavant qu’on revoit à la hausse les produits d’avant :D

Anderton
31/08/2022 à 10:23

Le film que j'ai attendu pendant 6 mois après avoir vu la bande-annonce sur internet (avec le lecteur Real Player qui a mis 45 minutes pour charger la vidéo) et que j'ai vu 2 fois au cinéma à sa sortie durant l'été 2000 ! Sans compter la BO acheté car complètement fan de Limp Bizkit à l'époque (j'avais 15 ans..., donc veuillez pardonner mes goûts).
J'en garde un excellent souvenir, et j'ai toujours plaisir à revoir ce film même s'il est vraiment too much par moment ou que certaines cascades, certes bien faites, impressionnantes et jouissives, sont quelque peu WTF !

ttopaloff
31/08/2022 à 09:51

Une intrigue basique mais 10000% premier degré, une BO de fou furieux, des tirs échangés en matant un rétroviseur... CULTE <3

Kelso
30/08/2022 à 23:55

Déjà pas terrible au départ, il a très mal vieillit comme tous les films américains de John Woo, le mot qui revient le plus dans les commentaires c'est Kitch et oui c'est ultra kitch et daté, les films de John Woo quand on les revoit maintenant on dirait des parodies (et oui même le très bon Face/off à l'époque). Pour moi MI 2 et MI 3, auraient pu couler la franchise, heureusement ils se sont repris avec le quatrième.

Hank Hulé
30/08/2022 à 22:43

Un film totalement irregardable sans mourir de rire aujourd’hui : totalement quiche, des effets datés, un Cruise en mode Loreal, un méchant naze, des colombes au ralenti, des ralentis au ralenti. Purée, la purge !

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