Frères ennemis : 5 raisons de ne pas rater le polar avec Reda Kateb et Matthias Schoenaerts
Un trafiquant piégé trahi par les siens et un policier dont les méthodes risquent de lui exploser au visage tentent de collaborer, au nom d'une ancienne amitié. Voilà le point de départ explosif du troisième film de David Oelhoffen. Parce qu'il nous a tapé dans l'oeil (la critique est ICI), on vous donne 5 raisons de vous précipiter vers Frères ennemis.
UN STYLE A PART
Si l'Hexagone fut longtemps le pays du polar, cela fait désormais un moment que la France a du mal à donner le la en la matière. C'est bien simple, entre Olivier Marchal et le Jacques Audiard d'Un prophète (qui est loin de n'avoir oeuvré que du côté du thriller), on a le sentiment que le 7e art ne sait plus où donner de la tête. Par conséquent, on est vraiment enthousiasmés de retrouver un metteur en scène capable de raconter, avec un style bien à lui, une histoire policière aussi intense.
Dans Frères ennemis, David Oelhoffen sait à la fois capter les énergies de ses deux anti-héros, et filmer les grandes séquences de tension, les saillies de violence ou d'action qui traversent son récit. En résulte une enquête terrible, au coeur d'une ville qui sent le bitume et le sang, à laquelle on croit instantanément.
DEUX COMÉDIENS INCANDESCENTS
Brillante idée que de réunir Matthias Schoenaerts et Reda Kateb. Le premier est tout en nervosité et en rage intériorisée, colonne de muscles et de puissance, tandis que le second avance à la manière d'un joueur d'échec, ou d'un charmeur de serpent, conscient que c'est son intelligence, et son sens de la stratégie, qui lui permettront de progresser et de survivre.
Ces deux dynamiques résolument opposées vont se suivre, se rencontrer puis se confronter, à la manière d'un ouragan en formation, dont on attend l'inévitable conflagration. Le résultat est d'une puissance cinématographique affolante, et d'une humanité bouleversante.
UN VRAI SENS DU ROMANESQUE
On le verra, Frères ennemis sait proposer une vision crédible de la criminalité urbaine et de ses acteurs. Mais au-delà de l'évidente volonté du réalisateur d'insérer ce récit dans un cadre réaliste, en prise avec la réalité, le désir d'offrir un grand récit romanesque, porteur d'une réelle dynamique tragique, est appréciable.
Hommes piégés par leurs valeurs, propulsés vers un destin fatal par leurs proches, trahis, ou tout simplement obligés de se retourner contre leurs proches afin de se préserver, le scénario est riche de ces grands destins contraints, de ceux qui nourrissent les plus beaux duels de cinéma.
DES SECONDS RÔLES TRANCHANTS
Avoir deux têtes d'affiches explosives c'est bien, mais le polar ne serait pas le polar sans une série de seconds rôles très solides, qui permettent souvent de conférer une certaine réalité à l'univers dépeint. La première surprise dans ce domaine n'est autre que Fianso, rappeur de son état et très bien dirigé dans un rôle de petite main du trafic, plutôt vulnérable et bouleversée par la violence de la situation.
Le plus impressionnant est sans doute Ahmed Benaissa, impeccable en figure tutélaire mais discrète d'un trafic aux airs de gangrène urbaine. Pater familias et petit marchand de mort, il témoigne de la finesse et de l'intelligence de l'écriture, autant que du charisme de son interprète. Notons enfin que malgré un tout petit rôle, Sabrina Ouazani est une nouvelle fois impeccable.
Un récit ancré dans une ruche urbaine bouillonnante
UN POLAR SANS CLICHÉS
Le cinéma français est loin d'être toujours à l'aise avec le réel, et la représentation des milieux populaires. Heureusement, Frères ennemis sait trouver un équilibre exemplaire entre fiction et naturalisme. Sans chercher à délivrer un point de vue militant, ou partisan, le scénario se plonge sincèrement dans les différentes problématiques de ses personnages et des groupes sociaux dans lesquels ils gravitent.
De même, on est frappé de voir comme le film sort habilement des stéréotypes traditionnels concernant la police, interrogeant sa philosophie de recrutement des forces de l'ordre et comment ses membres peuvent s'affronter, au nom d'intérêts, de finalités ou d'affects différents. Jusqu'où peut-on manipuler et quand l'infiltration devient-elle la complice du secteur qu'elle entend investiguer ? Autant de lignes de forces qui assurent une crédibilité et une précision remarquables au métrage.
01/10/2018 à 22:00
Juste merci.