Unfriended : Dark Web ou comment le film d'écran a supplanté le found footage

La Rédaction | 24 décembre 2018 - MAJ : 21/05/2021 18:14
La Rédaction | 24 décembre 2018 - MAJ : 21/05/2021 18:14

Il y a peu, le found footage régnait en maître sur le cinéma d’horreur fauché, et apparaissait comme un moyen plutôt sûr d’amasser rapidement des dollars en bâtissant des franchises aux ressorts aussi mécaniques que rentables. Et en moins d’une demi-décennie le genre a quasiment disparu pour être remplacé par un nouveau sous-genre, plus conquérant. Et sans doute plus prometteur.

 

 

Unfriended : Dark Web sera sur nos écrans le 26 décembre. Suite de l’excellent film éponyme, il en prolonge les thématiques pour plonger plus avant dans le fantastique et les possibilités de jeux spatiaux et temporels qu’offre le nouveau terrain de jeu du cinéma d’horreur populaire : le film d’écran, ou screen life.

Sur le papier, peu de monde aurait misé lourd sur l’avènement d’une famille de série B basées uniquement sur la scrutation d’écrans d’ordinateur, forcés d’agencer films personnels, images d’archives, compte-rendus de recherches en ligne et discussions de forums ou applications dédiées. Et pourtant, le succès grandissant de ces productions qui se multiplient à toute vitesse atteste de leur immense vitalité.

Alors, comment le "Screen Life" a-t-il supplanté le found footage ?

 

photoUne image loin d'être innocente

 

UNE SUITE LOGIQUE

Monument de trip et de détournement méta, Creep annonçait que la forme du found footage appelait son propre détournement, son dépassement. Mais en 2014, quand sort The Den en 2014, la plupart des commentateurs y voient une production appartenant au même genre que Le Projet Blair Witch, simplement réactualisée à la sauce Chatroulette.

 

photoUnfriended : Dark Web

 

Le film fait pourtant, avec Open Windows, du génial Nacho Vigalondo, office du manifeste esthétique. Et si personne n’y voit initialement de petite révolution, c’est parce que les thématiques sont en apparence très proches. On retrouve le motif du secret, dont la découverte entraîne de terribles conséquences, le groupe de jeunes imbéciles menteurs et faussement sympathiques, l’idée prégnante de la mort face caméra, le concept d’image menteuse, au sens infiniment redoublé, manipulé ou manipulable.

Et bien sûr, comme le consacrera Unfriended, la ligne de force évidente de tout ces récits, venue du visionnaire Cannibal Holocaust, c’est l’illusion du réel. Evidemment, plus aucun discours promotionnel ne tente encore de nous faire croire à l’histoire vraie, aux mystérieuses bobines retrouvées et autres joyeusetés… Mais la reproduction supposée du réel demeure la convention première de ces deux genres.

 

photoAutant d'images que de possibilités dramatiques

 

POSSIBILITÉS DÉCUPLÉES

Mais quand un [Rec] condamne ses scénaristes à trouver le moyen de tout raconter en respectant unité de lieu et de temps, Unfriended bénéficie d’un luxe narratif supplémentaire, qui en décuple l’impact. En effet, puisque la surface de base du récit est un écran d’ordinateur… on peut y mêler quantité de sources d’images différentes.

Quand le Diary of the dead : Chroniques des morts-vivants de Romero opérait des coupes sauvages pour présenter un plan de caméra de surveillance, il allumait sévèrement notre suspension d’incrédulité. Comme dans la vraie vie, le personnage que nous suivons dans un film d’écran peut jongler entre des images d’origine et de nature différentes. Par conséquent, les flashbacks, les ellipses, mais aussi les séquences clipées (nombreuses dans Searching - Portée disparue).

Bref : le scénario peut se permettre d’enrichir considérablement les rebondissements que lui offre le genre, qui devient virtuellement illimité.

 

photo, John ChoSearching

 

LE RETOUR DU CINÉMA ?

Un des éléments les plus lassants du found footage était la répétition de ses figures de style. Son « réalisme » lui interdisait d’avoir une photo trop travaillée, sa dimension « pris sur le vif » limitait la précision de son découpage et l’idée qui le fondait le condamnait presque exclusivement à l’unité de temps. Dans ces conditions, la question même du montage ne se posait plus.

Or, le montage est justement le principe même de la narration cinématographique, soit une manipulation générant du sens et/ou des émotions. Voilà qui est de retour, d’une manière inédite avec le Screen Life, le film d’écran. Un écran d’ordinateur contenant potentiellement plusieurs fenêtres ouvertes (qui sont autant d’écrans dans l’écran), le cinéaste doit se poser en permanence la question de comment attirer le regard du spectateur.

Par où faire entrer l’information, non pas dans son champ de vision, mais dans son champ d’attention ? Voilà un questionnement passionnant, qui fait du curseur et du mouvement d’une souris des sources de dramatisation inédites, révélées génialement par The Den, Open Windows et bien évidemment Unfriended.

 

photo, Open WindowsOpen Windows : quand Elijah Wood participait au renouveau de la tension au cinéma

 

VERS UN SUCCÈS PLANÉTAIRE

Autre signe que le Screen Life ne demande qu’à exploser : l’intérêt de Timur Bekmambetov, bienheureux producteur de Unfriended. Le réalisateur et producteur à succès vient d’officialiser la mise en chantier de 14 métrages du genre. Unfriended : Dark Web est l’un d’entre eux.

Avant même d'envisager l'intérêt économique qui découle de la fabrication d'autant de produits appartenant à ce même genre, un constat : là où le found footage aura eu toutes les difficultés à varier les tonalités (combien de comédies ou de drames pour des kilotonnes de Z d'horreur neurotoxiques), il paraît d'ores et déjà évident que tous les genres peuvent être invités à la table du Screen Life. En témoigne les écarts de ton entre Searching - Portée disparue, pur drame teinté de thriller, et Unfriended : Dark Web, pur film d'horreur surnaturel.

 

photoUnfriended premier du nom

 

Gageons que ce personnage haut en couleur ne s’est pas lancé n’importe comment dans cette aventure. Mais cette information dévoile en creux un second niveau de lecture : les films d’écran coûtent peu cher, voire franchement rien du tout. Unfriended et Searching - Portée disparue ont coûté chacun 1 malheureux million de dollars. Il en ont tout deux rapportés environ 70 millions. Voilà un seuil de rentabilité dont rêverait n’importe quel blockbuster, sans avoir la moindre chance de l’atteindre.

Par conséquent, l’avènement du screen life, auquel Unfriended : Dark Web entend bien participer, semble désormais logique. C’est la continuité d’un genre adulé et bien connu (le found footage), c’est un terrain d’expérimentation formelle et narrative encore à défricher, et c’est économiquement une potentielle mine d’or.

Ceci est un article sponsorisé. Mais c'est quoi un article sponsorisé Ecran Large ?

 

Affiche française

Tout savoir sur Unfriended : Dark Web

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commentaires
Geoffrey Crété - Rédaction
26/12/2018 à 12:44

@Stavos

Comme dit plus bas : on entend. Comme d'hab, on écoute l'avis des lecteurs. On prend le temps d'y réagir, en discuter.

Mais ça n'a rien de "filou" ou malhonnête de notre côté. Surtout à l'heure où quantité de médias ne signalent même pas les contenus sponsos (ça, c'est filou). Notre démarche est transparente, claire, et actuellement ouvertement discutée avec vous deux ; et si la question est de savoir où placer ce message et ce lien, par souci de clarté, ok mais difficile d'y voir du "filou".
Ce n'est d'ailleurs pas la première fois qu'on publie un article sous cette forme, et précédemment personne ne s'en est plaint, même quand il y a eu des commentaires autour du dossier.

Mais on va le répéter : on entend vos remarques.

Stavos
26/12/2018 à 11:38

D'accord avec StarLord, quand bien meme vous avez votre conscience pour vous et que vos partenariats sont réalisés sur des films que vous avez aimés, l'annoncer en fin d'article manque de transparence et de respect de vos lecteurs, surtout les plus bienveillants dont je fais partie. Je n'ai aucun problème avec le sponsoring, mais j'aime bien connaitre la nature de ce que je lis en amont.
Je ne vous pense pas malhonnête et c'est pour cette raison que je m'étonne de voir ce type de démarche un brin filoute sur votre site.

Geoffrey Crété - Rédaction
24/12/2018 à 23:08

@StarLord

On entend.
Mais si vous avez lu notre présentation (en lien), vous savez qu'un film traité dans le cadre d'un partenariat est systématiquement, obligatoirement, un film qu'on a d'abord aimé. Il n'y a aucun mensonge, et notre avis n'est pas "acheté". Donc cet article a été écrit avec le même sérieux, et la même liberté, que n'importe quel autre. C'est clairement établi dans notre pacte avec le lecteur, comme explicité dans le lien ;)

StarLord
24/12/2018 à 20:41

J'aurai aimé savoir AVANT de lire l'article qu'il s'agissait d'un article sponsorisé, et pas à la fin...
C'est pas très correct comme façon de faire.

Adam
24/12/2018 à 20:20

J'avais énormément aimé le 1er pour son concept minimaliste.