Fast & Furious & Vin Diesel : de Riddick à ridicule, comment il est devenu sa propre parodie

La Rédaction | 21 mai 2023 - MAJ : 21/05/2023 13:57
La Rédaction | 21 mai 2023 - MAJ : 21/05/2023 13:57

De la saga Fast & Furious à Riddick : la carrière de Vin Diesel a t-elle déraillé au fil des Fast & Furious et succès ?

Il a commencé sa carrière dans le cinéma indépendant, a été repéré par Spielberg (Il faut sauver le soldat Ryan) et a enchaîné quelques films cultes (Pitch Black, Le Géant de fer). Deux décennies après, il ne reste pourtant pas grand-chose dans la vie de Vin Diesel superstar, hormis la méga-franchise Fast & Furious et quelques traces plus ou moins mémorables (la trilogie xXx, le chaos Babylon A.D., la voix de Groot chez Marvel dans Les Gardiens de la Galaxie, les fous rires de Bloodshot et Le Dernier Chasseur de sorcières).

La sortie de Fast X rappelle que l'acteur et producteur mise tout sur la franchise, qui est censée se conclure avec encore un film ou deux. Capable du meilleur comme du pire, mais surtout du pire, Vin Diesel a eu une trajectoire peu ordinaire, perdant peu à peu ses lettres de noblesses au profit du succès grand public.

Retour sur cette carrière pas banale, tour à tour fascinante, étonnante, hilarante, et désespérante.

 

Fast X : photo, Vin DieselLe monument Vin Diesel

 

PHASE 1 : IL FAUT AIDER LE SOLDAT DIESEL

Difficile de se souvenir qu'à l'origine, Vin Diesel était la petite révélation du cinéma indépendant américain, remarqué à Sundance. Comme Billy Bob Thornton avec Sling Blade, il a créé sa propre chance : il a réalisé, écrit et joué le premier rôle de Strays, l'histoire d'un dealer qui tente d'échapper à sa vie et tombe amoureux d'une fille, venue d'autres horizons. Conduire vite, porter sa famille, gérer son héritage, jouer sur la ligne entre gangster et bon citoyen : tout était déjà là, bien avant Fast & Furious.

Tourné pour 10 000 dollars, Strays sort en 1997 aux Etats-Unis, en toute discrétion. Avant ça, il avait aussi écrit, réalisé et interprété le court-métrage Multi-Facial, sur un acteur qui auditionne, et affronte les préjugés sur ses origines. Il a même créé sa propre boîte de production, One Race. Vin Diesel est ainsi apparu sur les radars, et notamment celui d'une superstar : Steven Spielberg.

Impressionné par sa prestation dans Strays, il lui écrit un rôle dans Il faut sauver le soldat Ryan, où il incarne l'un des membres de l'équipe de Tom Hanks. Il suffira de quelques scènes et d'une mort sanglante sous la pluie, pour officiellement lancer sa carrière hollywoodienne. Il a alors une trentaine d'années - loin du jeune éphèbe qui sort de l'adolescence.

 

photo, Vin DieselUn peu Fast, un peu Furious : Strays

 

La rencontre avec Spielberg peut sembler hasardeuse avec le recul, mais Vin Diesel en a encore récemment reparlé. A The National, il disait : "J'ai vu Spielberg récemment, et il m'a dit, 'Quand j'ai écrit ce rôle pour toi dans Il faut sauver le soldat Ryan, j'utilisais bien sûr l'acteur, mais je soutenais aussi secrètement le réalisateur en toi, et tu n'a pas assez réalisé. C'est un crime de cinéma et tu dois vraiment revenir à la réalisation'."

Dans la foulée, Vin Diesel participe à un autre noble projet : Le Géant de fer. Réalisé par Brad Bird, le film d'animation sera un échec à sa sortie, mais deviendra par la suite une référence. Il décroche aussi un rôle dans Les Initiés, face à Giovanni Ribisi, petit succès en salles.

Mais le vrai décollage se fera dans le noir, le sang et la violence : ce sera Pitch Black. Casté par David Twohy pour incarner Riddick, ce hors-la-loi aux yeux de lynx, Vin Diesel ne se doute pas qu'il a trouvé la clé du succès, et la clé de voûte de sa carrière. Ce film de science-fiction, où l'équipage d'un vaisseau se crashe sur une planète infestée d'horribles bestioles, est certes un succès en salles (plus de 53 millions, pour un budget officiel de 23), mais gagne surtout un statut de film culte en vidéo.

Riddick devait à l'origine mourir à la fin, avant qu'il ne soit épargné, et Fry bouffée à sa place. Peu importe que ce soit Twohy, Diesel ou Universal qui ait voulu modifier ça : le potentiel de ce anti-héros musclé a été perçu, en vue d'une suite. Il y en aura deux, et chaque épisode de cette petite saga illustre tristement et merveilleusement bien les paradoxes de l'acteur dans son évolution.

 

photo, Vin DieselLe meilleur rôle de Vin Diesel ?

 

PHASE 2 : FAST & FAMOUS

Être un héros, oui, mais pas n'importe quel type de héros. Comme Riddick et le héros de Strays, Dom Toretto et Xander Cage marchent sur la fine ligne entre l'homme de loi et le hors-la-loi, prêts à sauver la veuve et l'orphelin, mais aussi à parader en vrais rebelles face au gouvernement et aux autorités.

C'est le producteur Neal H. Moritz qui va chercher Vin Diesel pour le rôle du bad boy de Fast & Furious, après avoir casté Paul Walker, belle gueule de gendre idéal qui sort du succès The Skulls, société secrète. A l'époque, le studio veut Timothy Olyphant, qui refuse, et Moritz raconte qu'il a dû convaincre Vin Diesel de dire oui. Dans The Bill Simmons Podcast en 2017, il expliquait : "Je suis allé le rencontrer dans un restaurant et il n'était pas encore une star, mais ce qui est super avec Vin c'est qu'il a toujours pensé qu'il était une star. J'y suis allé en me disant qu'il venait pour avoir le rôle, et finalement c'est moi qui ait dû le convaincre de le faire !".

Vin Diesel n'est pas entièrement satisfait du scénario et hésite, jusqu'à ce que le studio engage David Ayer pour arranger tout ça. Ensemble, ils repassent sur tout le film, page par page. Ayer transpose l'action à Los Angeles, amène la diversité parmi les personnages, et dira que le comédien a largement participé à l'écriture de Dom Toretto.

Sorti en juin 2001, le film de Rob Cohen est un carton : plus de 207 millions au box-office, pour un budget inférieur à 40. Vin Diesel est définitivement remarqué, et a gagné une place au rayon action, dans la sueur et la testostérone.

 

Photo Vin Diesel, Paul WalkerEn 2001, personne ne pensait que Fast & Furious 10 arriverait

 

En juillet 2001, alors que Fast & Furious est le succès de l'été au milieu de Le Retour de la momie, Lara Croft : Tomb Raider et Rush Hour 2, Vin Diesel surfe sur la vague. Et peu importe si quelques mois après sort Les Hommes de main (qui arrivera en France en 2003), qui passe inaperçu. L'acteur se voit offrir un autre rôle de bad boy, en solo cette fois, mais toujours avec le producteur Neal H. Moritz derrière : c'est xXx.

Le film est entièrement bâti sur lui, et le salaire explose d'un coup : 10 millions, selon la rumeur. Quatre fois plus que son cachet sur Fast & Furious. 100 fois plus que le budget de son premier film, Strays. L'argent n'est pas perdu puisque le film est un carton encore plus énorme que F&F, avec plus de 277 millions au box-office, pour un budget d'environ 90. Sachant que sa société de production One Race était impliquée, et qu'à l'époque il a refusé Daredevil pour xXx, Diesel avait un bon instinct, de toute évidence.

 

photo, Vin Diesel007, xXx, $$$

 

PHASE 3 : JUGEZ-MOI GÉNIAL

Que faire avec ce pouvoir ? De belles choses, ou du moins servir de bonnes ambitions, classiques pour tout acteur qui veut s'imposer et être complet. Son premier choix de puissant est donc Un homme à part de F. Gary Gray (futur réalisateur de Fast & Furious 8), un thriller qui se rêve Scarface, sur un policier qui venge la mort de sa femme, tuée par un baron de la drogue. Le film est lancé via sa boîte One Race. Le succès est timide, la critique aussi, mais l'acteur cherche clairement à marcher sur les terres du drame, sans renier l'action.

Et surtout, il en profite pour l'impensable : refuser 20-25 millions pour revenir dans 2 Fast 2 Furious, dont il n'aime pas le scénario, et préférer une suite à Pitch Black, qui ne va pas reproduire la formule mais aller bien au-delà. Vin Diesel est désormais bankable, et c'est pour cette raison qu'Universal, le studio derrière Fast & Furious, allonge plus de 100 millions pour Les Chroniques de Riddick. Il en empoche "seulement" une dizaine pour lui, et implique une nouvelle fois sa boîte, One Race (qui n'était pas sur Pitch Black).

A la même époque, il s'approche même de la saga Terminator, pour incarner l'ennemi de Schwarzy dans le troisième épisode. L'idée de réécrire le T-X en homme est évoquée, mais ne se fera finalement pas. Dans tous les cas, quelqu'un y a pensé, et ce n'est pas anodin.

 

photo, Vin DieselUn homme à part entière

 

Selon le réalisateur David Twohy, l'acteur a toujours senti que Riddick avait ce potentiel, avant tout le monde. En 2013, à Screen Rant, il racontait l'implication de Vin Diesel : "On passe des moments intenses de travail quand on prépare un film. Je vais dans sa maison, je m'assois sur le comptoir de la cuisine, et je lance des idées pour voir ce qu'il en pense. On a aussi en tête les ressources qu'on va avoir pour faire le film, combien d'argent, parce que ça détermine l'histoire qu'on va raconter. (...) Ça a toujours été un gars qui veut avoir son mot à dire."

L'ambition est énorme pour cet anti-Star Wars centré sur un anti-héros, qui projette un univers énorme où l'acteur est bien impliqué : il prête sa voix au film d'animation Les Chroniques de Riddick : Dark Fury, qui sert de pont entre Pitch Black et sa suite, et au jeu vidéo Escape from Butcher Bay.

Le film, qui mérite clairement d'être réévalué tant il est parmi les meilleurs de sa filmo, sera un sévère échec, le premier véritable de son ascension. Avec environ 115 millions au box-office, le constat est clair, et Vin Diesel touche une limite.

 

Photo Alexa Davalos, Vin DieselJack a dit : revoyez Les Chroniques de Riddick, c'est super

 

Mais il en faudra plus pour le déboussoler, à ce stade. Alors que xXx 2 est inévitable, il décide de ne pas en être, expliquant là encore que le scénario ne l'avait pas convaincu. A la place, il continue sa route à la Schwarzenegger, avec Baby-sittor, une comédie que personne n'aura bien sûr envie de comparer à Un flic à la maternelle. C'est son premier Disney, et le succès est au rendez-vous, avec près de 200 millions au box-office.

Et c'est là l'autre miracle de sa carrière : tourner Jugez-moi coupable avec Sidney Lumet, soit l'un des plus grands réalisateurs américains. La rencontre entre Vin Diesel et le cinéaste derrière Un après-midi de chien, Network, Le Verdict ou encore 12 hommes en colère, peut sembler étrange, mais pour l'acteur c'est un signe du ciel, comme il le racontait à RadioFree à la sortie : "J'ai commencé dans le théâtre new-yorkais il y a plus de 30 ans, et en tant qu'acteur new-yorkais, le rêve est d'être dans un film de Sidney Lumet, parmi quelques autres réalisateurs new-yorkais. C'était tellement un modèle.

Quand j'ai décidé de faire mon court-métrage Multi-Facial, après avoir passé des années à apprendre à écrire, et avoir travaillé comme acteur tout en étudiant, je ne savais pas du tout comment faire. Je suis allé acheter un livre, Making Movies, de Sydney Lumet. Et c'est là que j'ai trouvé la confiance pour réaliser mon premier court-métrage. La boucle est bouclée, 10 ans après, quand il voit ce film et pense à moi pour jouer Jackie DiNorscio."

 

photoJugez-moi pour une nomination aux Oscars svp

 

Dans un monde idéal, le film aurait été un succès, et aurait mis Vin Diesel sur la piste d'un Oscar pour sa performance. Il a pris 15 kilos pour incarner ce mafieux haut en couleur, connu pour s'être lui-même défendu dans le plus long procès de l'histoire des Etats-Unis. Mais Jugez-moi coupable sera un bide (moins de 3 millions, pour un budget de 16), et malgré beaucoup de critiques positives sur l'acteur, tout s'éteindra très vite. C'est encore un coup dur pour One Race.

Malgré ça, il ne perd pas le Nord : quand Universal lui demande d'apparaître dans Fast & Furious : Tokyo Drift pour booster la franchise qui s'est ramolie, et préparer son retour dans le quatrième opus, il accepte. Mais à la place d'un salaire, il demande à récupérer les droits du personnage de Riddick, pour lui et sa boîte de production.

Vin Diesel est à la croisée des chemins. Il parle depuis des années d'un retour à la réalisation avec un ambitieux projet sur Hannibal Barca, le général carthaginois notamment connu pour ses éléphants de guerre. Le film devient trilogie, le budget initial de 240 millions calme tout le monde, mais il s'y accroche. Il en rêve depuis 2002, et en parle encore en 2020.

Mais après ces échecs, priorité au business, et à la construction de sa personne publique. Il a déserté deux franchises en devenir (xXx 2 - The Next Level et 2 Fast & 2 Furious) mais va y revenir dans les années qui suivent, en prenant véritablement le contrôle de sa poule aux œufs d'or : Fast & Furious. Et cette question de contrôle sera de plus en plus importante, et vampirisante.

 

photo, Vin DieselÊtre ou ne pas être dans une merde : telle est la question

 

PHASE 4 : LE GROS PIC DE RIDDICK

Cette transition, c'est celle qu'a opéré Tom Cruise en visionnaire dès Mission : Impossible et qui fait office de modèle pour des comédiens tels que Diesel, ou Will Smith. Elle est d'autant plus pertinente qu'Hollywood, pas encore emporté par le génie marketing de Disney, bruisse déjà de ce qui deviendra la tendance ultra majoritaire du marché : la gestion d'univers, de sagas, de licences, bref de marques.

Toujours armé de sa société de production One Race, il va progressivement se désintéresser des films modestes ou risqués, pour en faire son vaisseau amiral, consacré à sa promotion et aux lancements de métrages déclinables à l'infini. Mathieu Kassovitz en fera les frais avec Babylon A.D., où la star va piétiner les ambitions artistiques du réalisateur et sa vision du roman de Dantec, jusqu'à prendre le contrôle du plateau (comme en témoigne l'ahurissant documentaire Fucking Kassovitz). Le film sera un échec industriel et artistique retentissant (dans les 70 millions au box-office... pour un budget officiel de 70), mais la machine est désormais bien rodée.

 

photo, Vin DieselVin carbure un peu au Diesel ici

 

Depuis Tokyo Drift, Universal a constaté la réponse extrêmement positive du public au caméo de l'acteur, et accepté d'en faire le moteur créatif de la franchise, qu'il semble seul capable de maintenir sur grand écran (il fut un temps envisager de poursuivre avec l'équipe du 3e volet, en DTV). One Race prend donc la main sur Fast & Furious 4, pensé comme un quasi-reboot réintroduisant le duo Dominic/Brian. Ce n'est évidemment pas un hasard si sur le territoire américain, le blockbuster est sobrement intitulé Fast and Furious, sans numéro aucun.

Plus orienté action, baston et bourrin que courses de voiture et milieu interlope, le film, s'il commence à causer famille à tout bout de champ est en réalité focalisé sur Diesel, coeur de ladite famille et centre névralgique du dispositif. Avec plus de 380 millions de dollars de recettes pour une mise de 85 millions, le film est un succès. Succès démultiplié avec Fast & Furious 5, qui tutoie les 650 millions de dollars, et n'en a coûté "que" 125. C'en est désormais fini de Vin Diesel comédien, l'artiste a opéré sa mue et va désormais tordre les projets pour qu'ils s'adaptent à lui, et non l'inverse.

 

Photo Paul WalkerPaul Walker, alors indissociable de Diesel dans la saga FF

 

Preuve en est avec Riddick, 3e chapitre d'une saga adorée et finalement maudite, par ceux-là même qui se battirent pour la sauvegarder. Depuis l'échec des Chroniques de Riddick, l'interprète jure que le héros reviendra et enjoint sa large communauté sur les réseaux sociaux à soutenir ce projet, afin d'obtenir l'aval du studio. On l'a vu plus haut, il en a désormais récupéré les droits, et discute d'égal à égal avec le réalisateur David Twohy. Ce dernier expliquait d'ailleurs à ScreenRant combien l'équilibre des pouvoirs avait changé au cours de la carrière de Vin Diesel.

« La question était de savoir combien de temps j'étais prêt à l'écouter. Sur le premier fim, pas bien longtemps. Je finissais par le couper et lui dire "bon, et si on tounait maintenant ?" (...) Et maintenant, nous en sommes rendus au point où le studio a été éjecté du processus créatif, et où cela se résume à nous deux, juste moi et Vin. »

 

Photo Vin DieselApocalypse gros

 

Malheureusement, Vin ne fait pas ce Riddick tant pour le personnage que pour lui. Quasi-remake du premier épisode, protagoniste tout puissant, seconds couteaux transparents écrits seulement pour le mettre en valeur, intrigues aux enjeux cruellement minces... Le producteur veut un véhicule pour son image, et pas un grand récit mythologique de SF. Le box-office s'en ressentira et malgré une mise raisonnable de 38 millions de dollars, personne n'estimera suffisantes les recettes de 98 millions de dollars.

Pas de quoi faire douter le chauve, qui sourit devant les 766 millions de dollars qu'amasse Fast & Furious 6. Le voici installé comme seigneur et maître d'une des franchises les plus populaires d'Hollywood, probablement la plus puissante au catalogue d'Universal. En apparence, le devenir nabab de Vin Diesel est assuré, et il est en passe de devenir un ambassadeur de franchises, mais en coulisses, la sortie de route n'est pas loin.

 

photoQuand Gérard Depardieu t'explique que le suppositoire à l'uranium est le secret du succès

 

PHASE 5 : LE DERNIER FLINGUEUR DE CARRIÈRE

On pouvait craindre que la mort de Paul Walker tue Fast and Furious. Mais non, seul le surmoi de Vin s'en est allé. Désormais unique mur porteur de la saga, pater familias ultime, il organise une promotion marathon, en apparence centrée sur le personnage de Brian, le deuil de Paul Walker, mais qui vise essentiellement à mettre en scène le combat de Diesel pour porter son héritage, sauver la franchise, et porter par-delà la mort le rêve de son meilleur copain.

Le succès panétaire et tonitruant du film paraît le consacrer au firmament, son (petit) rôle de Groot dans Les Gardiens de la Galaxie lui met un pied dans la mécanique Disney et Avengers... l'homme peut se convaincre qu'il est le patron des patrons, l'homme a pourtant déjà plusieurs échecs de lancement de franchises ou véhicules personnels à son actif. Le Dernier Chasseur de sorcières, bide jugé pour ce qu'il est à savoir un gros pâté de couenne ridicule, viendra encore enfoncer le clou. Et peu importe que l'artiste se réveille le temps d'Un jour dans la vie de Billy Lynn, son public n'est plus susceptible de se pencher sur un film d'auteur difficilement visible et formellement expérimental.

 

photo, Vin DieselUn film au poil

 

Autre franchise, autre loupé. Les chiffres de xXx : Reactivated ne sont pas ceux d'un flop, mais cette "performance" est due à la seule Chine, aux remontées de recettes incertaines et la volatilité encore trop affirmée pour qu'un studio base une licence dessus. Est-ce assez pour inquiéter le grand Vin ? Pas le moins du monde, et son usage des réseaux sociaux en témoigne avec "éclat".

Avec 100 millions de fans sur Facebook, l'acteur/producteur est devenu un média à lui seul, et prend souvent la main sur la communication autour de ses films. Axant toujours son discours sur sa "famille", ce clan créatif et humain dont il est à la fois le centre, le sommet et le coeur, il est une aubaine pour les studios, bien incapables de se garantir une si large audience, encore moins de s'assurer sa bienveillance. On a beau ignorer le détail des liens qui unissent légalement les réseaux sociaux de Vin Diesel avec ses films, mais avec l'écho dont la star bénéficie, il semble évident que cette corde ajoutée à son arc est d'une grande solidité.

Pourtant, la situation est loin d'être idyllique. Tout à son auto-célébration et à la gloire de Dominic Torreto, progressivement devenu un alter-ego, Vin ne parvenant pas à s'extraire de la franchise Fast & Furious et décidant de faire corps avec elle, il n'a pas senti le vent tourner. Délicatement, presque imperceptiblement, puis très franchement.

 

Photo Vin DieselXxX : De-activated

 

Présent dans la Fast Family depuis Fast & Furious 5Dwayne Johnson en est instantanément devenu un membre éminent, pour ne pas dire le plus puissamment aimé par les fans. Hyper-engagé physiquement, toujours partant pour de la castagne endiablée et quelques cascades qui sentent bon la roupette de buffle snacké, il est presque à lui seul la caution badass de la licence. Une raison à cela : si Johnson y viendra, il ne bénéficie pas initialement d'un contrat lui assurant que son personnage ne subira aucune humiliation ou défaite. Ces closes, qui touchent Diesel, puis Statham après lui, semblent de super jokers aux deux grands nigauds, mais contredisent l'essence du cinéma d'action.

Si obnubilé par la réussite et la domination de Dom, Diesel ne peut pas le laisser perdre. Erreur fatale, un des grands plaisirs du cinéma d'action, cristallisé par Die Hard, étant de voir un héros souffrir, chuter, pour mieux se relever. Et le seul protagoniste de premier plan à honorer cette équation dans Fast & Furious est désormais Dwayne Johnson. D'où une dispute très publique, au cours de laquelle, durant de longs mois, l'acteur au succès planétaire tancera et moquera Vin Diesel, pointant du doigt ses caprices, ses exigences, tandis qu'il phagocyte la marque FF pour mieux se l'approprier.

Il y parviendra avec Fast & Furious : Hobbs & Shaw, qui impose ses 760 millions de recettes, preuve indiscutable que si Johnson n'est pas encore la Fast Family à lui seul, il est parfaitement capable de tenir la franchise à bouts de bras. Ecarté par papa Vin du neuvième chapitre, Johnson attend désormais de voir lequel de ses deux rejetons musculeux préférera Universal dans la franchise censée se terminer prochainement.

 

photo, Jason Statham, Dwayne Johnson"Maintenant, c'est notre franchise, à nous, les vrais gros bras"

 

PHASE 6 : OBJECTIF LUNE OU NUL ?

L'année 2020 devait être celle de la consécration de Fast Family, et celle d'un renouveau ultra-ambitieux pour Diesel. Fast and Furious 9 se profilait en force, tandis que Bloodshot voulait rien moins que générer un univers étendu basé sur les comics Valiant. Programme fou, programme chargé, et énième tentative de pérenniser la maison mère en construisant une luxueuse dépendance. Signe un peu triste de l'auto-célébration et du mode de fonctionnement presque consanguin de la franchise : le nouvel antagoniste de F&F9 sera rien de moins que le frère de Dom, nouveau greffon qui indique que rien désormais ne pourra advenir dans cet univers qui ne soit un prolongement de son producteur/interprète.

Mais rien ne s'est passé comme prévu. Quelques heures après que Super Diesel ait carrément mis au défi le coronavirus, Fast & Furious 9 était repoussé de 11 mois et Bloodshot condamné à la VOD après un démarrage minable, accompagné de critiques assassines. Difficile alors de croire à une suite.

 

photo, Vin DieselMême pas peur du coronavirus

 

Fast and Furious 9, lui, est arrivé en 2021. Le mastodonte à plus de 200 millions de dollars est sorti dans un nouveau monde, pour devenir l'un des seuls blockbusters entièrement laissé aux salles de cinéma, à l'heure où la SVOD a grignoté le marché. Il a remporté la bataille, avec 726 millions au box-office, soit l'un des plus gros succès de l'ère Covid (...et l'un des scores récents les plus faibles dans la franchise F&F).

Mais la fin est proche, du moins en partie, puisque la saga doit s'arrêter avec Fast & Furious 10 (sortie en 2023) et sa suite directe (préve pour 2025) voire encore une ultime aventure comme l'a teasé l'acteur-producteur. Reste à voir comment s'en sortira Fast X, qui est né dans la douleur. Le réalisateur Justin Lin, qui était pourtant de la famille puisqu'il a déjà chapeauté cinq épisodes, a quitté le tournage après une semaine. Louis Leterrier a sauvé les meubles, mais le budget du film aurait explosé jusqu'à 300 millions, voire 340 millions (dont 20 pour Vin Diesel). Il faudra donc beaucoup, beaucoup de familles dans les salles de cinéma pour que Fast & Furious 10 soit à la hauteur des enjeux de plus en plus grandiloquents.

 

Fast X : photo, Vin DieselAllégorie de la carrière de Vin Diesel

 

Et après ça ? Vin Diesel peut-il continuer sans F&F ? A t-il encore du carburant en solo ?

Sans les bagnoles, ses grosses cartes hollywoodiennes (Groot dans le MCU, un rôle dans Avatar 2 qui n'en est finalement pas un) sont finalement de petits atouts, le replaçant minuscule dans des univers immenses où même ses gros muscles semblent petits. Et Les Gardiens de la galaxie 3 a de toute façon marqué la fin d'un chapitre.

L'espoir d'un retour de Riddick est là, mais toujours un peu lointain et fragile, même si l'acteur assurait encore en 2022 que Riddick : Furya avançait. Reste donc à voir où ira la carcasse de Vin une fois celles des F&F rangées au garage... s'il accepte réellement d'appuyer sur le frein de cette increvable saga.

Dossier de Geoffrey Crété et Simon Riaux.

 

Tout savoir sur Fast & Furious 9

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commentaires
Marc
22/05/2023 à 13:56

@Salut les Rageux

Au US ils on la saga FAST OF FURIOUS en France nous avons la saga TAXI ......;)

Pseudonaze
22/05/2023 à 07:59

Il n'y a que dans cette saga dégénérée qu'on peut voir un personnage devenir un gentil alors qu'il a butté une trouzaine de policiers dans un hôpital rien que dans la séquence d'ouverture d'un des précédents opus!!!!!

Salut les rageux
22/05/2023 à 07:41

Un f f génère autant d'argent que tout le cinéma français pendant un an. 250 films donc.

Karev
21/05/2023 à 21:13

Moi j'ai hâte de suivre sa carrière post Furious

Marc et RIDDICK
21/05/2023 à 17:06

Pour la seul saga LES CHRONIQUES DE RIDDICK il peux faire tous les NANAR possible empocher un gros chèque de Dollard ! Si Vin Diesel sort de son coffre quelques millions pour finir la saga de RIIDICK dans RIDDICK FURYA

V
21/05/2023 à 15:59

Bien d'accord avec @bx
C'est du grand n'importe quoi ces films
Ont a commencé à de simples voleurs er coureurs de rues à des voitures tombant du ciel er roulant après atterrissage, des voitures allant dans l'espace jusqu'à faire de la tyrolienne !

Ça va être quoi après ça ?
Une visite sur une autre planète en voiture !

Au une crédibilité ces films dommage...

Serievore
14/04/2022 à 02:32

Comment c est possible de dire qu ils ont RETRAVAILLE le scenario de fast and furious 1, alors que le film est un plagiat complet de A a Z du film point break???
Ils ont tous recopie des personnages, a l histoire, en ne changeant que les planches de surf pour des voitures.

Sinon vin diesel etait impecable de pitch black en tant que riddick.
Et perso, j adore les autres films malgre qu ils aient ete un peu decevant compare a ce qu on pouvait en esperer.
Mais en dehors de ce role de riddick, qui restera comme un snake plisken, un des anti heros du cinema qu on oubliera pas, il devient en effet de plus en plus ridicule au fil de ses roles, et encore plus en tant que personne

Marc
13/04/2022 à 17:15

@Kimfist

Tu as oublié PITCH BLACK un film sans véritable promo un flop au Ciné, A la sortie du DVD à ka fin du film j'ai vu un Chef-d'oeuvre et Vin Diesel en Riddick son meilleur rôle et je veux voir si c'est pour la dernière fois Riddick sur Furia une aventure sur ces origines.

Kimfist
13/04/2022 à 12:58

Vraiment dommage que TOUTES ces incursions véritable dans la SF et la heroic-fantasy ce soit soldés par des échecs...

Le flop des chroniques de Riddick à enterrer six pieds sous terre les chances de voir les univers à la Warhammer 40k d'être adapté sur grand écran pendant une bonne quinzaine d'années. (Il doit bien y avoir un nom pour ce style de SF, mais j'ignore lequel)

Heureusement, le succès récent de Dune a l'air d'un peu changé la donne, tout le monde à l'air d'oublier que les Sardokars ressemble vachement au méchant des chroniques de Riddick quand même !!! Et les extraits des sardaukar font des millions de vues sur Youtube !!!

J'ai vu les chroniques de riding une bonne dizaine de fois, entre la mythologie, les élémentaliens, le design des vaisseaux, l'ambiance sado gothiko masochiste...

Mais bon, comme vous dites, maintenant place au voiture qui vole dans l'espace. Un peu moins inspiré, mais ça rapporte beaucoup plus de moula.

Kojak
13/04/2022 à 11:46

F et F est une franchise paradoxale, des histoires capillotractées menés par The Rock, Jason et donc Vin, qui vous le noterez sont dépourvus de cheveux. Vu mon pseudo pas pu m'empêcher de faire le constat.

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