Twilight : 5 fois où les films ont été assez nuls pour devenir géniaux

La Rédaction | 11 avril 2022
La Rédaction | 11 avril 2022

Twilight, chapitre 1 : fascination est ce soir à 21h05 sur W9.

Les bluettes adolescentes existent depuis la nuit des temps et ont parfois réservé de très belles surprises aux amateurs de romances, candides ou fiévreuses. Ce n'est pas le cas de Twilight, qui a brillé... à sa façon.

Morale pudibonde, scénario aux fraises, séquence d'un ridicule achevé... la franchise aura épargné bien peu de choses à ses spectateurs. Entre vagues souvenirs d'une hystérie collective qui transforma instantanément Kristen Stewart et Robert Pattinson en stars planétaires, et restes de fous rires cosmiques, on revient sur cinq passages qui ont incrit les films dans les annales du ridicule, quitte à confiner parfois au génie.

 

photo, Kristen StewartCette main qui a signé de mon âme le contrat pour CINQ FILMS

  

SOUS LE SOLEIL 

Les vampires de Twilight étant au surnaturel ce que le Champomy est à l’alcoolisme, il ne fallait pas s’attendre à ce que la saga leur offre une mythologie qui colle aux canons popularisés par le Dracula de Bram Stoker. Et si ajouts ou transitions sont souvent bienvenues, en cela qu’ils permettent de renouveler des motifs connus de tous, pas sûr que le rapport des suceurs de sang à la lumière aille dans ce sens. En effet, chez Stephenie Meyer, les vampires ne craignent pas le jour. 

Ils évitent néanmoins de se promener en plein soleil, leur peau réagissant puissamment au contact de photons, ce qui les rend soudain étincelants, et donc éminemment repérables. Dans Twilight - chapitre 2 : Tentation, persuadé que Bella s’est suicidée par sa faute, Edward décide de mettre fin à ses jours, de la manière la plus ampoulée et inutilement complexe qui soit. Notre héros se rend en Italie, où règnent les puissants vampires Volturi, afin de se transformer en boule à facettes au beau milieu d’une procession religieuse et donc d’être exécuté séance tenante pour préserver le secret de l’existence des vampires. 

 

photo, Robert PattinsonCe soir, c'est soirée disco !

 

Il eut sans doute été plus simple de faire une partie de catch avec une moissonneuse batteuse, mais qu’importe. Résulte de tout ce fatras une scène où le ridicule atteint des sommets, tandis que la pauvre Kristen Stewart fend une foule dense, la mine balbutiante et l’œil humide, alors que Robert Pattinson joue les émos exhibitionnistes. À la faveur de plans sortis d’une réclame pour parfum industriel et d’un montage qui en fait des tonnes, rien ne fonctionne, et on a bien du mal à ressentir un semblant de gravité devant cette séquence qui suffirait à dégoûter une licorne de tout ce qui brille. 

 

photoQue d'émotions

 

LE CAMPING DES BLAIREAUX 

Les vieux campeurs le savent depuis longtemps, le plaisir est dans la tente. Mais il semblerait que les responsables de Twilight ne soient pas au courant. Pourtant, le passage qui nous intéresse possédait pas mal d’éléments pour épicer un peu la recette de la série, et offrait à ses protagonistes l’occasion de confronter un peu leurs sentiments, leurs pulsions et leurs élans. Alors certes, on ne s’attendait pas franchement à ce que la bluette adolescente vire à la partouzerie généralisée, mais on était loin d’imaginer que le récit puisse se prendre un tel platane narratif. 

Alors que Bella, Edward et Jacob sont retranchés dans une tente, au milieu d’une tempête de neige, un problème survient : la jeune femme se les caille méchamment et pourrait bien mourir de froid. Son vampire d’amoureux ayant la température d’un huissier de justice un matin de novembre, il ne peut la protéger. Son rival, loup-garou souffrant d’une embarrassante phobie des chemises, se propose donc de frictionner celle qu’il convoite avec son torse musculeux et singulièrement glabre. 

 

photo, Kristen Stewart, Robert Pattinson"Ouais bah il a l'air bien pourri ce plan camping"

 

On sent bien que ce pauvre David Slade fait son possible pour générer un peu d’ambiguïté, une pointe de tension sexuelle, mais rien n’y fait. Impossible de tirer quelque chose d’un décor trop exigu, à la photographie désespérément plate. De plus, ses deux comédiens ne sont pas exactement au sommet de leur forme, et entre homoérotisme probablement involontaire et sensualité pré-fabriquée, cette scène de frottage en sac de couchage est d’un embarras spatial. 

Réservons nos plus beaux éclats de rire à Taylor Lautner, qui doit composer avec un texte invraisemblable de premier degré (ou pire encore : "I am hotter than you"), dont on se demande comment il a pu l’interpréter sans succomber à un AVC intempestif. 

 

photo, Taylor Lautner, Kristen StewartQui ne tente rien n'a rien

 

LOVE ME PAS TROP TENDER 

Stephenie Meyer n’est pas que romancière, elle est aussi mormone, et a injecté dans ses romans une morale sexuelle bien particulière. Dans Twilight, la sexualité est ouvertement présentée comme une source de danger, voire de mort (si Edward n’est initialement pas partant pour faire la bête à deux dos avec Bella, c’est qu’il est convaincu qu’il la tuera ce faisant). De même, si les hommes ne sont pas insensibles aux choses de l’amour, ce sont bien les femmes, comme en témoigne l’écriture de Bella, qui sont le moteur du sexe, et perpétuent une certaine image de la tentatrice. 

 

photo, Robert Pattinson, Kristen Stewart"Casse-moi tout là-dedans !"

 

Autant d’idées qui explosent à l’écran lors de la scène de sexe de Twilight - chapitre 4 : Révélation (1ère partie). Mais le puritanisme mormon de la chose n’est qu’un aspect de cette séquence surréaliste, qui collectionne les clichés avec un enthousiasme délirant. La lune de miel des amoureux démarrera par un bain de minuit sous la lune, avant que les tourtereaux ne se bécotent dans une lumière mordorée sous des draps de satin. Le film fera alors son possible pour marier imagerie de carte postale, petite balade romantique, et les symptômes de la dangerosité symbolisant la sexualité, alors qu’Edward démonte littéralement le plumard entre deux coups de reins. 

Une saillie grotesque, qui entraînera comme il se doit une grossesse express ultra-dangereuse pour la pauvre Bella, la luxure étant bien entendu un péché mortel, qui doit éprouver même les époux légitimes. Et dans tout ce passage, ce qui frappe le plus, c’est l’évidente absence de sensualité ; un manque qui n’étonne pas, la franchise dépeignant les élans de ses héros comme de potentielles fautes, mais qui confine au ridicule, la mise en scène se contentant de les emboîter comme les seconds couteaux d’un mauvais soap opera. 

 

photo, Robert Pattinson, Kristen Stewart"Et rappelez-vous les enfants, le sexe, ça rend malade !"

 

LAISSEZ VENIR À LUI LES PETITS ENFANTS 

Non seulement le triangle amoureux de Twilight est un cas d’école de niaiserie, mais sa résolution a de quoi laisser bouche-bée tout être humain normalement constitué. Les options à disposition des personnages étaient pléthoriques, mais Stephanie Meyer et le réalisateur ont opté pour une issue aussi embarrassante dans son concept que son exécution

Alors que Jacob, le toutou-garou lymphatique, s’apprête à tuer la descendance de Bella et Edward, catastrophiquement prénommée Renesmée, c’est le choc. Jacob s’imprègne. Il s’agit là d’une particularité propre aux loups-garous, une sorte de giga-coup de foudre irrépressible, les engageant pour le reste de leur existence. Et le spectateur d’assister à une révélation romantique entre un veau aux hormones et... un nourrisson. Nouvelle que tous les personnages accueillent avec bonheur, tant il est bien connu que les culturistes amoureux des bébés sont des gens sympas.  

 

photo, Kristen Stewart, Robert Pattinson, Taylor Lautner"Qui c'est qui va jouer à cache-cache avec Tonton Jacob ?"

 

Une situation que le récit tentera de rendre plus acceptable en faisant de Renesmée un être à part, à la croissance physique et intellectuelle hors du commun, puisqu’elle atteindra la maturité d’une humaine de 20 ans en quelques mois à peine. Il n’empêche, l’image de ce pauvre Taylor Lautner tombant en pamoison devant un bébé est aussi inquiétante que ridicule de grandiloquence. 

Techniquement, la scène nous rappelle également que toute velléité artistique avait disparu depuis bien longtemps quand a été réalisé ce quatrième opus. Structurée autour d’un champ contre-champ terriblement mollasson, la séquence est nimbée dans une lumière qui évoque une carte postale complètement hors-sujet, alors que le montage alterne entre la mine ahurie de Jacob, et la bouillasse numérique luminescente qui sert de faciès à Renesmée. Rarement faute de goût aura été aussi jusqu’au-boutiste.

 

photo, Taylor Lautner, Mackenzie Foy"Ce serait pas l'heure de déballer les cadeaux de Noël ?"

 

LE NON-COMBAT FINAL

Beaucoup trop de choses à dire sur le grand final de Twilight - chapitre 5 : Révélation (2ème partie), dont l'interminable titre digne d'une blague fait office d'avertissement. Ce feu d'artifice ultime qui a fait exploser le budget neige artificielle illustre à merveille à quel point cette saga est capable de tout, avec un premier degré qui confine au génie, des CGI qui devraient être imposées avec un sac à vomi, et une infinie niaiserie qui va jusqu'à annihiler le climax entier.

Ça arrache des têtes comme avec des Playmobil, ça court au ralenti comme dans une mauvaise pub Nike, ça saute dans tous les sens comme au bon vieux temps de Catwoman, ça fait tournoyer les jambes dans les airs avec de petits bruits de sous-Matrix, ça se lance de longs regards silencieux (c'est long de monter autant de reaction shot vu que tout le monde est là, immobile), ça écarquille les yeux pour montrer qu'il y'a des pouvoirs paranormaux invisibles, ça se transforme en Flash pour montrer la super-vitesse des super-vampires, ça tape fort sur le sol (merci Mr. Robot) pour ouvrir une fissure vers le danger de la lave bien sûr, ça ressort d'un trou tel Superman ou Wolverine... Bref, ça fait mal aux yeux, mais ça fait du bien aux zygomatiques. 

 

photoBudget poil CGI

 

Equivalent de David Yates sur Twilight, Bill Condon n'est pas vraiment à l'aise avec ce petit bordel trop figé pour être efficace, monté n'importe comment, chorégraphié pauvrement, mais qui a toute de même coûté plus de 130 millions pour l'intégralité de ce dernier film (on a vérifié 4 fois, mais oui). C'est cher ces saloperies de gros chiens et les lentilles rouges, visiblement.

D'autant que tout ça se termine tel Bobby dans Dallas, puisque ces 10 minutes de baston dégueulasse n'étaient qu'une vision d'Alice. Grâce à elle, Michael Sheen arrête de cabotiner en bad guy machiavélique, lâche un solennel "Il n'y aura pas de combat aujourd'hui" qui donne envie de revoir Bill Pullman en président, et calme ses troupes qui s'envolent tel un timelapse révolutionnaire du début des années 2000.

Que le grand combat final teasé jusqu'aux affiches n'ait même pas réellement lieu, alors qu'il offrait quelques têtes enfin dévissées dans cette bande de cosplayeurs neurasténiques, est un peu la blague ultime de la saga. Dans le livre, l'affrontement était évité avec le pouvoir des mots, mais à l'écran, il fallait bien exciter un peu les esprits, quitte à ce que ce soit dans le vide. Mais c'est finalement parfait : Twilight a toujours été plus intéressé par le conte de fées régressif pro-life pro-niais pro-les-longs-regards-silencieux-plus-forts-que-la-teub de Stephenie Meyer, que ce festival de bestioles fantasy qui, dans un doux monde parallèle, serait étripé par Kate Beckinsale dans une scène post-générique d'Underworld.

Tout savoir sur Twilight - chapitre 4 : Révélation (1ère partie)

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commentaires
Fabien
01/06/2022 à 10:13

Même si je continue d’aimer Twilight (ok, avant je regardais ça au premier degré, maintenant je ne peux m’empêcher de rire devant certains passages), j’ai ri en lisant votre article. Puis bon, Kristen et Robert ont su s’en dépêtrer (et heureusement !).

Jan
12/04/2022 à 23:41

Je n'ai vu aucun de ces flims mais en tout cas votre résumé m'a largement suffi, et surtout bien fait marrer. Bravo la rédaction, dans tous les sens du terme! <3

Fredheis
12/04/2022 à 14:35

Jamais vu cette saga mais bien content d’avoir su préserver quelques neurones

Morcar
12/04/2022 à 10:57

Autant je trouve ces films très mauvais (et pourtant je les ai vus deux fois, une première avec mon ex femme, une second avec mes filles à qui leur mère a transmis le virus), autant je suis assez d'accord avec Mokuren concernant le fair que le MCU n'a pas grand chose à envier à Twilight. Et plus on avance dans le MCU, plus j'ai l'impression que c'est écrit par les scénaristes des deux de l'amour.

Kojak
12/04/2022 à 08:59

Je ne savais pas que l'autrice était mormone, ça explique beaucoup de chose.

Mokuren
12/04/2022 à 08:43

Je pense qu'on pourrait largement faire un dossier équivalent sur le concentré de gamineries et de bouillie visuelle que sont la franchise "Avengers" et bon nombre de Marvel. Ah pardon, c'est pour les messieurs. Le côté régressif et facho de la chose est donc forcément noble par essence... deux poids deux mesures. ;)

Nonooo
01/07/2021 à 14:19

Magnifique article, ça se voyait que ça venait du coeur !

@Fou rire
Je suis fan de Twilight et pourtant j'ai bien rigolé en lisant l'article, c'était magique x) Puis bon, la majorité des fans de cette saga savent que c'est hyper ultra kitsch, voire hyper mal fait à des moments, moi-même je me moque souvent de certaines scènes et de certains dialogue, mais je ne saurai dire pourquoi j'aime quand même ces films (sauf le 2, lui il peut disparaître)... xD

Madolic
12/04/2021 à 10:07

J'adore la conclut
Beckinsale elle-même s'était, gentiment, moqué de Twilight lors de la promo d'underworld 4
Un journaliste lui avait demandé ce que ferait Selene face à Edward et elle avait répondu un truc du genre "Je ne sais pas mais elle ne se mettrait certainement pas à briller" ^^

l'indien zarbi
11/04/2021 à 21:53

C'est l'histoire où la fille hésite entre la nécrophilie et la zoophilie ?
C'est ça ?

Rayan
11/04/2021 à 20:33

@Fou rire

Les pro twilight ca existe ??

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