David Cronenberg, ou la plus grande boutique des horreurs du cinéma

La Rédaction | 24 mai 2022 - MAJ : 24/05/2022 15:53
La Rédaction | 24 mai 2022 - MAJ : 24/05/2022 15:53

Vidéodrome, Frissons, ScannersLa Mouche, A History of Violence, Le Festin nu, Crash, Maps to the Stars... La sortie des Crimes du futur rappelle que David Cronenberg est un réalisateur de génie. Retour sur sa carrière.

Notre critique du passionnant Les Crimes du futur.

Un revirement artistique qui souligne la richesse de sa filmographie et qui interroge la façon qu'on a de la traiter. En effet, la presse et le public ont tendance à s'arrêter à la rupture vers le drame du début des années 2000. C'est pourtant ignorer les évolutions d'une approche perpétuellement en mouvement du cinéma, une oeuvre capable de se renouveler en permanence et de toucher aussi bien les fans de films d'horreur crapuleux que les aficionados de spectaculaire ou les habitués des drames humains, le tout sans jamais faire trop de concessions.

C'est pourquoi on a décidé de ne pas s'attarder sur 2, mais 7 périodes artistiques du chantre de la nouvelle chair, 7 périodes qui permettent de figurer plus précisément l'évolution de ses thèmes.

 

 

DE L'UNDERGROUND PUNK... (1966-1970)

La première image connue du cinéma de Cronenberg, c'est un mec perdu au milieu de nulle part qui se lave les dents avec du dentifrice et un genre de vin en canette. Transfer, court-métrage très minimaliste et produit pour que dalle, ne laisse, faut de moyens, jamais transparaitre les lubies graphiques qui se mêleront dans la suite de sa filmographie. C'est un pur produit expérimental déballant de façon brute sa passion pour la psychanalyse grâce à une sorte de dialogue très becketien dans des décors incongrus.

Dès ses premiers essais, il ne fait rien comme tout le monde. L'expérimental selon Cronenberg ne ressemble pas aux installations muséales contemporaines. C'est juste une façon d'étaler ses idées, sans filtre. A l'époque, il a 23 ans et ne se destine pas à un avenir tapissé de pellicule. Il débute dans l'underground canadien, comme il le dit lui-même; et continue logiquement sur cette voie sans penser au lendemain. Cette absence de plan de carrière explique le jusqu'en-boutisme presque punk de ces débuts. Peu confiant dans son avenir en tant que cinéaste, Cronenberg s'investit à fond dans ses projets et en fait de vraies effronteries souterraines, mélangeant pêle-mêle des réflexions psychanalytiques et déjà une forme de fascination pour la machine.

 

photo, Rafe Macpherson, Mort RittsEn attendant Crocro

 

Toujours aussi absurde, From the Drain repose aussi sur un dialogue, cette fois dans une baignoire. Des bouts de créatures y font une petite apparition, en stop-motion. Lorsqu'il en parle, le jeune Cronenberg ne lésine pas sur les extrapolations, se référant à un "Viet-Nam psychologique". Avant de vraiment se consacrer à l'horreur crasse, il se lance dans un cinéma très théorique, réflexif.

Toujours dans cette optique, il parvient à faire 2 longs-métrages : Stereo et Crimes of the Future, dépassant à peine les 1 heure. Encore une fois, ces deux oeuvres mettent rarement en scène de gros délires crados, mais compilent avec une verve sans pareille des thématiques qui seront au cœur de sa filmographie (la machine, le sexe, le sexe avec la machine), concassées dans une forme toujours très intellectuelle. Bien underground car à part du système cinématographique américain et canadien, ces deux films se permettent des débordements sexuels, mais surtout thématiques. Peu inquiété d'une quelconque répercussion économique, il est libre, mais invisible.

 

photoCrimes of the Future

 

...A L'EXPLOITATION (1974 - 1981)

C'est après ces deux expériences formatrices qu'il se pose la question de vivre de son art. Ayant déjà travaillé avec la télévision dans les années 1970, il décide de se lancer dans le cinéma avec un grand C, c'est-à-dire la pornographie. Il contacte Cinépix, qui s'était spécialisé à l'époque dans des films érotiques bien conçus. Mais vu la dimension expérimentale de ses essais précédents, le studio lui confie plutôt des auditions. C'est à ce moment qu'il écrit Frissons, son premier vrai film d'horreur d'exploitation. Dans un entretien accordé au Grimmfest, le cinéaste est revenu sur sa plongée dans l'épouvante vénère à cette occasion.

"je suis un réalisateur d'horreur, évidemment, ça me parait juste naturel. Je n'ai pas prévu d'en être un quand j'ai commencé à écrire, c'est ce qui est sorti de la machine."

 

photoFrissons frise la perfection

 

Pour concurrencer les productions Roger Corman et percer aux États-Unis, la société lui fait confiance, même si se lancer dans le financement d'un pur film d'épouvante à l'époque n'est pas tâche aisée. Si Transfer, From the Drain, Stereo et Crimes from the Future permettent l'ébullition de ses idées, non contraintes par les impératifs du genre et du cinéma d'exploitation, Frissons est un vrai produit d'horreur qu'on peut considérer comme le véritable acte de naissance de sa carrière à l'internationale. Fini l'undergound fauché, le cinéaste se met à l'épouvante fauchée.

Matrice absolue, Frissons continue de marcher sur tous les plans, surtout en ce qui concerne l'humour un peu grinçant qui hante la narration, achevant de transformer une tour de banlieue en enfer empli d'entre soi. En se confrontant à un genre précis, Cronenberg affine ses idées et parvient à les agencer de manière visuelle, pour une expérience viscérale qui va définir son type de cinéma, du début jusqu'à la fin. Frissons rapporte 5 millions de dollars selon son auteur, soit bien plus que la moyenne des films canadiens, un petit succès qui n'aurait probablement pas eu lieu si Cronenberg avait réussi à imposer son titre original : "Orgy of the blood parasites".

 

photoL'orgie et les parasites

 

Suite à des critiques négatives très médiatisées, le réalisateur a du mal à financer ces projets suivants. Conçus dans la douleur, enfoncés par la critique et la censure, les excellents Rage et Chromosome 3 établissent pourtant sa réputation d'homme sulfureux, réputation dont il n'a que faire. Il faut dire que le premier met en scène une porn star, Marilyn Chambers, parfaite dans son rôle, et que le deuxième pousse vraiment loin ses expérimentations sur la modification de la chair. Comme disait Marthy McFly dans Retour vers le futur : "vous n'êtes peut-être pas prêts pour ça mais vos gosses vont adorer".

Et il y a de quoi : Rage prolonge les thématiques médicales en mode Professeur Raoult de la greffe de peau et les étend en sortant un peu de son huis-clos. Aussi sale que sa poisseuse affiche le laissait entendre, Rage est moins contenu que Frissons mais montre bien la détermination du metteur en scène pour traiter de ces modifications corporelles, mécaniques et sexuelles. Le long-métrage persiste et accentue la noirceur moite qui se dégageait de son essai précédent, noirceur qui va faire une pause dans l'anecdotique Fast Company avant d'éclater dans son film suivant.

 

photoNouvelle saison d'In the Box

 

Chromosome 3 est un point de non-retour. Ayant rassuré sur ses capacités techniques, le cinéaste commence à vraiment infuser de ses réflexions sur la psychanalyse son traitement de l'horreur, pour un résultat qui transgresse les limites qu'il a lui-même établies. En parallèle, il engage des acteurs un peu plus célèbres, comme Oliver Reed et Samantha Eggar pour un film qui parvient vraiment à jouer sur le terrain du cinéma d'auteur et de l'horreur crasse.

Dans l'introduction diffusée à l'occasion du "Quartier interdit" (les nostalgiques se souviendront), le cinéaste explique : "Chromosome 3 est unique dans ma filmographie puisque c'est le seul film dont on peut légitimement dire qu'il est autobiographique au sens propre." Cronenberg s'inspire de ses problèmes personnels pour "sa version de Kramer contre Kramer". L'esthétique qu'il est en train d'afficher avec de plus en plus de force, tout de même fort inspirée par ses contemporains (Le Monstre est vivant sort à la même époque) est sur le point de connaitre une consécration. C'est le moment pour le cinéaste d'exploser, et surtout de faire exploser.

 

photoLe centre (aéré) de la body horror

 

LA CONSECRATION DE LA BODY HORROR (1981 -1983)

Le terme “body horror” va rapidement être accolé au cinéma de Cronenberg, et tous deux vont croître de concert, le premier étant immédiatement popularisé par les insolents succès du second, tout comme le cinéaste peut en utiliser à la manière d’une scandaleuse carte de visite. Deux petits mots, à la simplicité enfantine et au pouvoir évocateur gigantesque, à fortiori dans un monde anglo-saxon encore très frileux en matière de représentation du corps. 

C’est Philip Brophy, auteur de l’articleHorrality : the textuality of the contemporary Horror Film”, qui en théorisera le principe. S’il n’emploie pas le terme, c’est bien son exposé qui aboutira à son surgissement. Mais il ne désigne pas stricto sensu les films du metteur en scène Canadien, constatant qu’il porte à un point d’incandescence un motif qui l’a précédé dans l’histoire de l’art, et dont il est parvenu à faire un genre.  

En effet, user du corps et de ses altérations pour en faire un motif horrifique, mais aussi psychanalytique en posant sans cesse la question de l’emprise de l’anatomie sur l’esprit (ou le contraire), se retrouve dans toute la littérature fantastique et gothique engendrée par Frankenstein. De même, c’est une idée qui affleure dans la première version de La Mouche et ce n’est évidemment pas un hasard si Cronenberg s’attaquera à son remake. 

 

Affiche ressortie 2020Red is dead

 

Mais jusqu’alors, il s’agissait d’un motif apparaissant ici et là, jamais considéré comme un sous-genre à proprement parler ou un mouvement artistique. Scanners va tout changer. Film canadien produit pour à peine 2 millions et 700 000 dollars, il n'amassera pas moins de 14 millions sur le seul sol américain. Des chiffres qui peuvent sembler anodins aujourd’hui mais qui ne le sont pas, d’autant plus que le film, loin d’être le plus fort de son auteur et encore cadenassé par une narration de pure série B, va instantanément marquer la pop culture d’images puissantes. 

Son explosion crânienne introductive, férocement frontale, gore en diable et filmée au ralenti est encore de nos jours une des images les plus citées du cinéma horrifique, et les visages déformés de ses télépathes ont résisté à l’usure du temps. Nous sommes en 1981, et le public amateur de frisson comme les critiques sentent que quelque chose se passe, n’en déplaise à Jean-Patrick Manchette, qui écrivit dans Hara-Kiri au sujet de Rage qu’après ce film, on n’entendrait jamais plus parler de son auteur. 

 

photo, Deborah HarryVideodrome, un film qui fouette

 

En 1983, le succès sera moindre pour Vidéodrome, qui ne récolte que 5 millions de dollars aux États-Unis (pour un budget de 2), mais la consécration, elle, approche à grands pas. Pour un budget comparable à son métrage précédent, sa mise en scène s’est considérablement affinée, sa maîtrise des effets gore affirmée, mais surtout, l’horreur organique que déverse le film est cette fois accompagnée d’un propos arrivé à maturité. On y suit Max Renn, gérant d'une chaîne câblée en quête de programmes pornographiques et violents, sa découverte du programme clandestin Videodrome le précipite dans une réalité mutante, hallucinogène, sadique et ultra-sexualisée.

Comme en témoigne le “Longue vie à la Nouvelle chair” qui conclut l’ultime plan du film, ce dernier est tout entier tourné vers la création d’un langage horrifique à part, une pensée métaphysique et philosophique qui questionne le réel et déjà, bien avant qu’il ne les adapte, le place sur les traces de K. Dick et Ballard. La société post-moderne transforme les âmes en transformant les corps, et annonce l’avènement d’un homme nouveau, machinique. Le vecteur de la body horror, dont Vidéodrome se fait le vaisseau amiral.  

 

photoL'écran de télévision, nouvelle surface organique de l'Occident

 

QUELQUE CHOSE DE POURRI À HOLLYWOOD (1983-1991)

C'est la suite logique pour tout réalisateur en ascension qui se respecte : le triomphe hollywoodien. Mais une fois de plus, le cas Cronenberg est plus complexe que ça. Car si la critique commence à remarquer la valeur de son travail, les répercussions au box-office restent aléatoires. Histoire de rester dans son univers, on lui confie une adaptation d'un auteur qui devrait a priori correspondre avec son univers : Stephen King. Dead Zone, produit par le nabab Dino De Laurentiis est son premier vrai long-métrage de commande.

On pourrait croire que l'aspect plus classique du roman gomme la personnalité du Canadien, comme Hollywood sait si bien le faire, mais celui-ci inverse la tendance en délivrant un film certes plus sage en apparence que Vidéodrome, mais enduit presque sournoisement de sa vision de l'épouvante, et dans ce cas, de l'organisation de la société américaine. Les pouvoirs psychiques récurrents chez King prennent une tournure bien plus organique, et le repli sur soi du personnage principal cède à un intimisme super malsain. Son irrévérence prend ainsi des formes moins graphiques mais se terre dans la gestion de la tragédie à l'écran, pour frapper insidieusement le public américain.

 

martin sheenCronenberg Sheen les meilleurs acteurs

 

Le cinéaste ne boxe plus dans la même catégorie, et il en est bien conscient. Plutôt que se laisser corrompre par Hollywood, il décide de corrompre lui-même Hollywood. La rencontre avec Christopher Walken ne pouvait pas mieux tomber : l'acteur venait de tourner deux fois pour un des autres grands initiateurs de traumatismes américains à forte audience : Michael Cimino. L'approche viscérale de Cronenberg se ressent donc en sous-texte, avant de complètement assommer l'industrie de l'intérieur.

Cette étape fut la plus difficile à franchir. De Laurentiis voulait le mettre à la science-fiction à grande ampleur avec Total Recall. Il a donc écrit plusieurs versions du script. Sans trop de surprise, c'est lui qui a proposé l'idée des mutants sur mars, une façon encore une fois de contaminer de sa body-horror répugnante le vernis américain. Mais quand Leurentiis fait faillite, Arnold Schwarzenegger lui préfère Paul Verhoeven. Los Angeles se remplit d'agitateurs effrontés.

 

photo Total RecallTotal recalage

 

Cela lui permet d'accepter de reprendre le projet de remake de La Mouche noire, un petit classique de série B avec Vincent Price. Il peut même poser comme condition de remanier le scénario : banco. La Mouche sera le plus cronenbergien des films américains et traumatisera tout un public peu habitué à cette vision de l'horreur. Le cinéaste s'encombre peu de la nouvelle dont est tiré le scénario, et encore moins du film original : il dédie la transformation de Brundle à la nouvelle chair, pour un résultat absolument unique.

Ne s'embarrassant pas de l'héritage dont il est censé s'occuper, le cinéaste recentre le point de vue sur le scientifique, et consacre son oeuvre à sa transformation lente et douloureuse, aux répercussions libidineuses terribles. Malgré son aspect linéaire qui tranche avec les expérimentations absurdes passées (Vidéodrome) et à suivre (Le Festin Nu), le film comporte bien toutes les lubies de son auteur. Outre évidemment cette version tout de chair et de boursoufflures de La Métamorphose de Kafka, on retrouve une certaine précision chirurgicale (les ablations en pagaille), un rapport trouble à la technologie (les télépods, détournés de leur usage premier et promis à un destin faisant écho à toute sa filmographie) et une thématique qu'on retrouvait dans ses premiers essais : la peur de la maternité. Lors de la scène de l'accouchement, il joue un des médecins qui met à bas une monstruosité mutante et gigotante : tout est dit.

 

Photo Jeff GoldblumQuelques problèmes d'acné

 

Avant et après quelques épisodes de série TV, prouvant bien que le réalisateur n'est pas du genre à vomir l'industrie, il se lance dans Faux-semblants, probablement rendu possible grâce au succès de La Mouche. Au programme : son nom en gros sur l'affiche, plus de liberté encore, et l'occasion de foncer directement dans un de ses sujets favoris : la psychanalyse. Toujours contenue dans un arc global qui échappe de peu à l'abstraction, l'intrigue s'avère encore plus retorse, plongeant plus progressivement encore dans l'enfer de la chair qui se tord.

Pour certains, cette alliance entre facture hollywoodienne classique et auteurisme revendiqué en fait son chef-d'oeuvre. Le thème du double aura rarement été aussi bien traité au cinéma, thème que le maître tout juste couronné utilise une fois de plus en véritable cheval de Troie empli de complexes malsains et de modifications corporelles bizarroïdes. Mais le cinéaste est encore très loin d'avoir les pleins pouvoirs.

 

photoPlan à 2 ou plan à 3 ?

 

CARTE BLANCHE ET ROUGE (1991-1999)

Le pouvoir des billets verts amassés sur Dead Zone et La Mouche est immense : il a été jusqu'à aveugler les producteurs. David Cronenberg n'était plus (seulement) bizarre, il était aussi (surtout) capable de bizarrement attirer le public. Ce sera le début d'une ère relativement faste, où le cinéaste attire des acteurs de renom, et décroche de beaux budgets. C'est dans cette configuration follement magique que Le Festin nu a pu arriver, contre tout bon sens de business : une libre adaptation de William S. Burroughs, avec un budget d'environ 16-18 millions, distribué par la Fox, et menée par Peter Weller alias RoboCop. Cette sombre histoire d'exterminateur de cafards, défoncé au point d'imaginer devoir tuer sa femme espionne sur les ordres d'un insecte, était donc bel et bien un film de studio.

Peut-être parce que ses idées semblaient presque normales à côté de l'univers de Burroughs, qui donnerait un infarctus à tout bon producteur hollywoodien, Cronenberg a pu assembler un film extraordinaire. Le cinéaste, qui rêvait de ce film depuis des années, assume d'emblée que c'est d'abord son œuvre, son imaginaire, avec des fragments de l'écrivain. Réellement adapter le bouquin coûterait 400 millions, et serait censuré partout, selon lui.

Il assemble donc une hallucination mi-drôle mi-tragique, techniquement folle, avec des images qui restent encore incroyables 30 ans après. En écho à la télévision sensuelle de Videodrome, il y a l'insecte-machine à écrire, qui parle avec un anus géant et frémit de plaisir lorsque le héros lui caresse les "lèvres" avec de la drogue. De quoi nourrir quelques séances de psy bien copieuses.

 

photoLa grosse angoisse de la page blanche

 

Sans surprise aucune, personne ne sait quoi faire de ce film inclassable, Rated R. Sorti aux Etats-Unis sur un circuit très limité, Le Festin nu est vite un désastre financier, avec moins de 3 millions récoltés au box-office. À moins d'avoir pris trois lignes d'insecticide, c'était une évidence.

Cronenberg enchaîne avec un film plus modeste, a priori loin de ses sujets de prédilection : M. Butterfly, l'histoire d'un diplomate français (retour de Jeremy Irons dans la galaxie Cronenberg) dans la Chine des années 60, qui tombe follement amoureux d'une chanteuse d'opéra (John Lone), en réalité un homme. Le réalisateur avait aimé la pièce de David Henry Hwang, et a sauté sur l'occasion de l'adapter en film.

Derrière l'histoire d'amour tordue, le faux mensonge, et le sous-texte moderne sur le féminin ("Seul un homme sait comment une femme est censée se comporter"), il y a toujours cette obsession des corps transformés. Song Liling joue quelqu'un d'autre sur scène, tord son identité, et s'y perd. René Gallimard a-t-il réellement été piégé par cette métamorphose, ou a-t-il préféré s'y complaire avec son désir ? Même sans parasite, tripes à l'air et autres appendices ensanglantés, même lorsqu'il raconte une histoire d'amour, Cronenberg ne se détache jamais de la chair, dans tout ce qu'elle a de ténébreux, de dangereux, de magique presque. Le corps est un labyrinthe, et le cinéaste ne cesse d'en explorer toutes les directions.

C'est d'autant plus intéressant que Jeremy Irons rejoue la notion du miroir déformé, comme dans Faux-semblants. Song Liling est double, spirituellement, socialement, amoureusement, sexuellement. Le glissement de Cronenberg sur ces thématiques, pour quitter les terres graphiques et aller vers le psychologique, voire l'abstraction, est déjà bien en marche.

 

photo, Jeremy IronsBonjour ma concubine

 

Si M. Butterfly est passé inaperçu, il y a un spectaculaire carambolage à l'horizon. Crash sera un scandale délicieux, d'autant plus divertissant sur la place publique que Cronenberg avait réuni un beau casting avec Holly Hunter, James Spader, Deborah Kara Unger, Rosanna Arquette et Elias Koteas.

Là encore, le matériau d'origine était un bâton de dynamite, le roman de J.B. Ballard ayant suscité de vives réactions avec la symphorophilie (excitation sexuelle liée à une tragédie, par exemple un accident de voiture) de ses personnages. Un sujet passionnant pour le réalisateur, qui dira néanmoins avoir vu ce projet arriver par surprise dans sa carrière. Ici, il avait tout loisir de filmer des corps abîmés, cassés, broyés, dont la destruction-reconstruction était un pur mouvement de vie et sensualité. Entremêler la mort et le sexe, trouver le beau dans l'horreur, montrer comment la société s'écroule et se réinvente au-delà de la morale : c'est un boulevard pour David Cronenberg, qui a rarement eu une telle occasion de taper fort et large. C'était à la fois le prolongement naturel de ses obsessions, et une nouvelle direction. A l'époque, il pensait ne jamais pouvoir aller plus loin que ça.

Interrogations sur les limites de la liberté artistique, appels au boycott un peu partout, principalement au Royaume-Uni où une partie de la presse a attaqué le film sans relâche... Pendant des mois et même après sa sortie, Crash a fait l'objet d'une guerre, devenant malgré lui le porte-étendard d'une civilisation perdue et point de non-retour pour la société, pour les esprits les plus fragiles et paniqués. Un chaos si extraordinaire qu'un livre entier à été consacré à son exploitation et quasi censure.

Même à Cannes, où il a reçu le Prix Spécial pour saluer son originalité et son audace, il y a eu débat en coulisses. Certains membres du jury ont totalement refusé de soutenir ce film et ce prix, principalement Francis Ford Coppola, le président cette année, qui a même fait en sorte que ce soit un autre qui remette cet honneur à Cronenberg.

Avec tant de battage médiatique, de scandale et d'excitation (morbide), le succès était plus ou moins évident. Crash a donc une belle carrière, avec plus de 23 millions au box-office, pour un budget de 9.

 

photoSexe, ferrailles et véhicules

 

Cronenberg, lui, avait déjà redécollé de la pauvre Terre pour revenir dans son monde. Il se consacre à une idée née pendant les années 90, sur une fatwa menée contre ceux qui ont créé un jeu de réalité virtuelle. Énième preuve que Hollywood a un amour très nuancé pour le réalisateur : eXistenZ est d'abord développé pour le studio MGM, qui décide finalement de le rejeter à cause d'un scénario jugé trop décalé, pas assez linéaire.

À ce stade de sa carrière, il continue d'attirer les acteurs, heureux de sortir du bain hollywoodien pour faire trempette chez un auteur si respecté. Jennifer Jason Leigh (qui sortait du tournage d'Eyes Wide Shut, dont elle a été coupée car Kubrick voulait retourner ses scènes, et elle était indisponible) et Jude Law mènent donc la danse virtuelle.

C'est le premier scénario original de Cronenberg depuis Videodrome, et ça tombe bien : le parallèle entre les deux est évident. C'est parce qu'il remet la main à la plume, qu'il remet en scène des images si proches, et rejoue les mêmes éléments (la sexualité, notamment). Si les années 80 étaient éblouies par la télévision, le nouveau millénaire s'écrase contre le mur du virtuel. Les limites de la réalité s'effondrent toujours plus, révélant une autre illusion. C'est la mécanique d'eXistenZ, qui se termine sur le doute existentiel, et un puits sans fond.

La même année, au même moment, le monde va tomber dans la marmite Matrix, mais Cronenberg se contrefiche des visions futuristes, et de la technologie qui dégueule à l'image. Il expliquait à l'époque, à Metroactive : "La plupart des gens qui vont voir un film de SF sur un jeu vidéo auront des attentes. Je veux me joueur de ces attentes, parce que si vous êtes sur ces rails, vous allez au même endroit. Blade Runner était dérangeant la première fois, mais maintenant c'est presque confortable. Je ne veux pas que ce soit confortable. Non seulement je n'ai pas de ville à la Blade Runner, mais je n'ai pas de ville. Il n'y a pas d'ordinateur, pas d'écran de télévision, pas de basket, pas de miroir, pas d'horloge, pas de montre, pas de bijou. J'essaie de déplacer le public, pour qu'il ne sache pas où il est, et qu'il doive se laisser aller. C'est pour ça que le film ressemble à un présent alternatif." C'est peut-être pour ça que le film sera un échec cinglant au box-office.

En plus d'être très efficace et envoûtante, cette idée de fausse douceur, de tendre piège tendu pour mieux perdre, annonce une nouvelle ère Cronenberg. Le temps de la violence à l'écran est (en partie) est terminée : place à un monde où elle a réécrit la réalité au point d'être partout et nulle part, infiltrée dans les esprits et les chairs. C'est peut-être ça, la nouvelle chair, au fond.

 

Photo Jennifer Jason LeighAie-pod

 

MORT ET RENAISSANCE (2002-2005)

La grande bascule sera celle du nouveau millénaire, avec Spider en 2002 et A History of Violence en 2005. Le premier semblait signer la fin de quelque chose pour le cinéaste, un peu comme s'il était arrivé au bout de ce quelque chose, notamment avec le public fidèle. Le deuxième a été un réveil à l'eau glacée, qui a instantanément replacé Cronenberg sur le devant de la scène, bien vivant et violent, et ouvrant en grand les portes d'une nouvelle horreur moderne.

L'histoire de Spider, adaptation par Patrick McGrath de son propre roman, avait pourtant bien commencé, avec une sélection à Cannes, comme Crash. Pas de scandale à l'horizon avec ce récit d'un homme schizophrène, qui replonge dans les abimes de sa mémoire, avec une enfance marquée par le sceau du sexe et de la mort, bien sûr. Le projet était arrivé entre les mains du réalisateur via l'écrivain, et Ralph Fiennes était déjà sur le coup. C'était presque un film de commande, mais Cronenberg se l'est approprié, et y a retrouvé des éléments chers à son cœur déviant. Mais pour diverses raisons, notamment Sony qui a orchestré une minuscule sortie aux États-Unis, Spider a été un échec (budget d'environ 10 millions, à peine 6 au box-office).

 

photo, Ralph FiennesSpider-mâle

 

Mais Cronenberg était loin d'avoir dit son dernier maux. A History of Violence arrive entre ses mains via son agent, et il ne sait rien de ce projet, adapté du roman graphique de John Wagner. Une chose l'intéresse immédiatement : ce portrait de l'Amérique dans toute sa dimension iconographique, que ce soit sa réalité (l'omniprésence des armes) ou sa représentation au cinéma (des éléments empruntés au western et au film de gangsters).

A History of Violence sera un succès à tous les niveaux, en partie grâce à Viggo Mortensen alors en pleine gloire Le Seigneur des Anneaux. De retour à Cannes, Cronenberg surprend beaucoup de monde, et ouvre les portes de son univers pour avancer masqué parmi le grand public. Car au fond, le film est logique dans sa filmographie : la violence a muté, s'est installée dans le paysage, tapie dans un recoin des âmes. Le monstrueux a évolué, s'est adapté. Ce n'est plus un élément étranger, un parasite, un élément surnaturel ou l'Autre : c'est quelque chose en soi, qu'on cache, qu'on refuse de voir. L'Enfer, c'est soi-même. Il faut vivre avec, faire la paix avec, accepter que c'est à la fois une source de frayeur qu'une source d'excitation. Toujours la pulsion de vie et de mort, comme dans cette mémorable scène de sexe dans les escaliers.

Spider et A History of Violence sont finalement très proches, thématiquement : deux histoires de familles tordues, où la question de l'identité est centrale, et où la notion de sécurité et confiance est retournée en un instant de violence. Dennis Cleg alias Spider est schizophrène, mais Tom Stall/Joey Cusack aussi.

Interrogé en boucle sur ce renouveau, cette renaissance, Cronenberg répète qu'il n'en a jamais eu l'intention (consciente). Pour lui, A History of Violence résonne avec d'autres de ses films. Mais jamais son cinéma n'avait semblé si dénudé, si épuré, comme s'il avait atteint un état de grâce dans ses réflexions sur l'humain et sa part de monstruosité.

 

Photo Viggo MortensenLe retour du roi

 

UNE MÉTHODE DANGEREUSE (2007 - 2014)

La théorie a toujours pris une grande place dans les travaux du réalisateur. Dès ses premiers courts-métrage, mais aussi durant la période la plus "bis" de sa carrière, David Cronenberg a accolé ses récits à des concepts, au désir de proposer une vision du monde et d'accompagner de profondes réflexions sur l'humain et les conséquences sur sa psyché d'une société en transformation. Jusqu'à History of Violence, ces réflexions ne s'étaient presque jamais départies des oripeaux du cinéma de genre. Bien sûr, Faux Semblant avait l'apparence et le glacis d'un film d'auteur, mais ne tranchait jamais ses racines horrifiques. Cet équilibre, l'artiste va le faire voler en éclat une première fois avec Les Promesses de l'ombre.

Il s'agit en apparence d'un film noir relativement classique, mais plusieurs éléments déterminants annoncent la bascule en cours dans la filmographie Cronenberguienne. Tout d'abord, l'immersion dans la mafia russe de Londres et le pas de deux amoureux entre Naomi Watts et Viggo Mortensen va progressivement disparaître, alors que le réalisateur introduit deux idées plutôt inattendues dans son univers. Flic infiltré, le personnage de Mortensen est un cheval de Troie, qui vise à nous révéler que tout ce qui a précédé et faux, et que désormais nous ne pouvons plus croire quoi que ce soit. Cette friabilité du monde est confirmée par la séquence centrale au cours de laquellel le personnage est tatoué alors qu'il monte en grade. Ce rite, qui aurait dû lui permettre d'en finir avec sa mission, le pousse au contraire à le prolonger, comme si l'altération physique avait modifié son psychisme.

 

photo, Viggo MortensenUn corps qui manipule son monde...

 

Le métrage sera apprécié, parfois loué, mais peu remarqueront comme les corps y sont traités de manière dépassionnée, à tel point que même l'ultra-violente scène de baston naturiste est filmée avec une absence d'emphase et de complaisance presque unique chez le metteur en scène. Les soubresauts organico-sexuels de Frissons n'ont jamais semblé plus éloignés, et les trois prochaines réalisations de Cronenberg vont totalement couper le cordon avec ses codes établis (en apparence).

Dès A Dangerous Method et son portrait de la rencontre entre Jung et Freud, le Canadien opte pour un découpage si clinique et réflexif que son oeuvre prend des airs de pure réflexion théorique, quitte à laisser sur le carreau une grande partie du public espérant encore un retour en force de l'horreur corporelle et d'un cinéma de genre troublant. Comme si le corps paraissait soudain bien trivial, à la manière d'une horloge de chair dont l'auteur aurait maîtrisé tous les rouages, c'est désormais l'esprit et les symboliques qui s'y affrontent qui le meuvent. David Cronenberg ne s'est jamais caché d'avoir toujours rêvé de devenir écrivain, et s'il lui faudra encore quelques années pour passer à l'acte, son cinéma va épouser cette ambition littéraire, retrouvant la froideur verbeuse de ses premiers courts-métrages.

 

Photo Robert PattinsonCosmoTwilight

 

C'est flagrant dans le frigorifique mais passionnant Cosmopolis, dans lequel il adapte quasiment à la virgule près le roman éponyme de Don DeLillo, travaillant son récit comme une pure matière cérébrale, ses interminables dialogues comme un métronome, l'autorisant à mettre en lumière toute la laideur artificielle d'un néo-libéralisme qui a vidé le monde de son sens, de sa sève, de son sang. Reçu comme un film raté, dévitalisé, Cosmopolis est précisément l'inverse, tant cette mort apparente est le coeur de son sujet. Mais pour qui cherche et espère retrouver la chair chère à l'artiste, le résultat sera une indiscutable déception.

La chair, elle est à nouveau la grande absente de Maps to the Stars, dernier film en date de David Cronenberg. Mais ce manque va jusqu'à contaminer la matière même de l'oeuvre. Filmé dans un numérique blafard, le récit nous trimballe dans un Hollywood déviant et anthropophage. La photographie, le montage et le cadre exsudent non pas la mort, mais un néant plus grisâtre, un rien plus angoissant. Ce vide se retrouve jusque dans la légèreté avec laquelle le métrage traite certaines de ses séquences, d'un concours de pet en passant à un micro-incendie aux embarrassantes flammes numériques, rien ne paraît vivant à l'image.

 

Photo Julianne MooreAllez, un peu de yoga, et ça repart

 

Renaissance et testament (2015 - ?)

Pour beaucoup, Cronenberg a disparu des radars pendant plus de sept ans. Pourtant, l'artiste a profité de l'après Maps to the stars pour retravailler une horreur très expérimentale, et ce bien avant Les Crimes du futur. Son grand retour au body-horror remonte donc à Consumés, roman qui gagne en opacité à chaque page. Pas particulièrement bien reçu par les lecteurs aguerris, il prolonge les thématiques explorées avant les années 2000, et les adapte à un consumérisme contemporain. S'y trouvent également une passion morbide pour les insectes et surtout une narration glaciale, directement héritée de ses derniers films et ici poussée à l'extrême.

Un point de vue clinique qu'il avait déjà exercé au format court avec le bref film du même nom, aussi appelé The Nest, sorte de prémisse cryptique au livre et exercice promotionnel atypique. Cronenberg y donne sa voix au docteur. Paradoxalement, s'il traite ses sujets avec de plus en plus de distance, il s'intègre volontiers à l'intrigue.

 

 

Une implication qui devient évidente dans son projet suivant, ou devrait-on dire sa performance suivante : The Death of David Cronenberg. Le réalisateur se filme à la fois en train de mourir et de survivre à son trépas en moins d'une minute, et sans fioriture. Ce drôle d'objet est ensuite vendu aux enchères. Tout Les Crimes du Futur est déjà là : l'histoire de sa propre obsolescence, la froideur quasi médicale, l'hybridation entre chair, art et commerce, ainsi que l'affirmation de sa ténacité. Cronenberg n'est pas fini, et il compte bien le prouver.

Le "grand retour" du roi n'en est donc pas vraiment un. Présenté en grande pompe sur la croisette (qui l'accueille avec perplexité), Les Crimes du futur ne fait que concrétiser auprès du plus grand nombre ces nouvelles lubies, bien plus personnelles. Saul Tenser est David Cronenberg, artiste organique (littéralement cette fois), démiurge qui malgré l'âge et la renommée parvient à se réemparer d'un transhumanisme avant-gardiste. Le tout avec une froideur austère qui en laisse beaucoup sur le carreau.

 

Les Crimes du Futur : Photo Léa Seydoux, Viggo MortensenAuto-autopsie

 

Cet ultime jalon de sa filmographie semble inaugurer une nouvelle ère, probablement la plus macabre et désincarnée de sa carrière. En effet, son prochain projet, à peine annoncé, racontera l'histoire d'un homme d'affaires (joué par Vincent Cassel) qui parvient à se connecter à sa femme morte grâce à un linceul funéraire.

Les Crimes du futur tourne-t-il définitivement une page ou annonce-t-il une ultime salve de films autobiographiques ? Une chose est sure : l'œuvre du maitre n'a pas fini de muter.

Tout savoir sur David Cronenberg

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commentaires
real
07/05/2022 à 13:17

J'ai redécouvert récemment "La Mouche", vu au cinéma à sa sortie.
J'ai été frappé de redécouvrir son jusqu'en-boutisme, sa modernité...et son gore: il serait impossible à produire aujourd'hui !

Liojen
15/04/2022 à 13:03

Encore un très bon dossier, qui m’a donné envie de me replonger dans l’univers de Cronenberg et découvrir certains de ses fills que je n’ai jamais vu.

Au passage un grand merci à toute la rédaction pour les excellents dossiers qui sortent régulièrement, en particulier ces derniers jours (Takashi Miike, Vin Diesel, Will Smith…)
C’est un vrai régal de cinéphile.
Merci beaucoup!

Starfox
02/11/2020 à 07:15

Avec des videodrome et autres existenz, le vrai prophète, c'est lui.

Pat Rick
02/10/2020 à 20:22

J'aimerais bien qu'il revienne au fantastique.

Glowy
16/08/2020 à 11:09

Personnellement,le seul que je peux revoir c'est "Dead Zone".

Ash77
15/08/2020 à 19:25

Et bien moi mon premier film marquant c'était : Chromosome 3. Je me souviens, un dimanche soir, j'étais un gamin à l'époque. Je comptais regarder le téléfilm érotique du dimanche soir sur M6 en deuxième partie de soirée en douce comme d'habitude. Et voilà que je me retrouve avec un film étrange, une atmosphère lourde. Je me suis dit, ils vont fort cette fois çi comme téléfilm érotique ! Et plus le temps passe, plus je me répète dans ma tête, mais qu'est-ce que je regarde bon sang? Je suis resté scotcher jusqu'à la fin du film comme hors du temps.
Ce n'est que quelques années plus tard, par hasard, que j'appris le nom du film et du réalisateur, lorsque je commençai à m'intéresser à ce genre là.
Chromosome 3 a bien été mon dépucelage cinématographique. Ce soir là j'ai connu l'effroi, la peur.
Cronenberg n'est pas mon réalisateur fétiche ( je préfère Carpenter) mais ce film tient une place particulière dans mon coeur.

Dario 2 Palma
15/08/2020 à 19:13

Comme beaucoup de collègues de sa génération (Carpenter, De Palma, Hooper, Romero, Argento...) Cronenberg a signé ses films les plus marquants dans les bénies années 70 et 80 et ensuite sa carrière a été plus inégale...je n'accroche pas à ses derniers films, que ce soit le très ennuyeux "Cosmopolis", "Les promesses de l'ombre", "Maps to the stars" ou le surestimé et pourtant bien convenu"History of violence".
Un blu ray de "Dead zone" '(un film que Cronenberg reniait plus ou moins à l'époque le considérant comme un "mélo pour grand-mères"!) serait le bienvenu...

Flash
15/08/2020 à 19:03

@Kyle reese et Daddy Rich, c'est marrant, j'ai la même opinion que vous sur la filmographie de Cronenberg, j'ai découvert aussi ce réalisateur avec Videodrome qui m'avait fortement troublé à l'époque. Mes trois films préférés sont Dead Zone, la Mouche et le glauque Faux semblants.
Pas vu Scanner.

Daddy Rich
15/08/2020 à 18:35

@Kyle Reese: assez en accord avec votre résumé de la carrière (magistrale!) de Mr C!
Moi aussi, je fut extrêmement marqué par LA MOUCHE et dans une autre mesure par FAUX SEMBLANTS!
Moi aussi, j'avais découvert cet auteur, avec VIDEODROME! Qui aujourd'hui encore, reste un must pour moi!
DEAD ZONE reste un pur plaisir de ma jeunesse...
Après je dois reconnaître que j'ai quelque peu décroché de la carrière de Cronenberg.
CRASH m'a laissé sur le bord de la route et LE FESTIN NU... celui-ci il faut que je le revois pour réévaluer mon opinion de l'époque qui je l'avoue fut quelque peu... larguée!
Néanmoins, Mr C reste un très très grand réal, avec un univers très personnel et un travail qui mérite le plus immense respect!

Kyle Reese
15/08/2020 à 16:01

Cinéaste perturbé en tout point passionnant.
Je l’ai découvert un peu trop jeune avec Vidéodrome , un choc.
Il a réalisé avec Dead Zone l’une des meilleurs adaptation de Stephen King.
J’avais adoré La Mouche et Faux Semblant mais je ne pense pas pouvoir les revoir aujourd’hui.
Trop sombre, trop glauque, trop marquant dans mon souvenir. C assez rare pour ma part.
Pas accroché au Festin nu, trop délirant mais effectivement c fou qu’un gros studio l’ai produit.
(Sérieux, des anus géants qui parlent et fument ...)
Pas aimé Crash, ni Existenz.
En fait je crois que je n’aime plus trop sa fascination pour les corps cassés, modifiés, supplicié, le body horror. C sans du à l’âge..
Du coup ça tombe bien car g bcq aimé sa nouvelle période et ses films suivant sauf Cosmopolis, concept intéressant mais bcq trop long et lent, sacrilège j’ai tâté de la touche avance rapide sur ce dernier.
Donc j’ai un rapport très particulier avec cet auteur.
Curieux de découvrir Frissons que je ne connais pas et de revoir tout de même Videodrome et peu être Scanner qui est assez fun de mémoire.