Green Room : le sommet du redneck movie
Tendu, violent, radical, politique, on n’aura dégainé les adjectifs pour vous donner envie de découvrir Green Room, en salles le 27 avril prochain. Aujourd’hui, on attire votre attention sur une des dimensions les plus jouissives du film, à savoir la guérilla entre rednecks qu’il institue.
L’Amérique profonde
L’Oregon n’est pas n’importe quel état Américain. On y trouve les zones arides à l’est, une immense forêt tempérée à l’ouest, dont la densité et l’humidité doit autant à la formidable chaîne de cascades qui traverse l’Etat qu’au climat océanique apporté par le Pacifique. Mais si Green Room s’y déroule et nous met face à un groupuscule d’arriérés néo-nazis, c’est bien plus à cause de l’histoire de l’Oregon que de sa géographie.
En effet, il s’agit du seul Etat Américain fondé comme une authentique utopie raciste, dont la première constitution précisait dès 1857 : « Aucun nègre libre, ou mulâtre, ne résidant pas déjà dans l’état lors de l’adoption de la présente constitution ne pourra s’y rendre, y résider ou se trouver dans l’enceinte de l’Etat, y détenir un bien immobilier, y signer de contrat ou y maintenir quelque possession que ce soit. »
Il faudra attendre 1926 pour que ces interdictions soient levées. Autant dire que quand Jeremy Saulnier nous plonge au cœur de l’Amérique suprématiste blanche, il ne le fait pas avec le dos de la cuillère.
Punk VS Nazis
Pas de jeunes filles en fleur ici. Point de yuppies triomphant, de boogeyman, ou de méchant diabolique au plan infernal. Non, comme dans Justified, Les Brasiers de la Colère ou Cold in July, nos anti-héros sont des gens simples, mus par leurs tripes, leurs pulsions et leur instinct.
Un groupe de punks provocateurs d’un côté, une bande d’extrémistes décidés à éradiquer toute menace potentielle de l’autre. La force du film ? Ne jamais dresser de portrait bêtement manichéen. A la bêtise meurtrière des uns répond l’intolérance des autres, qui portera tout ce beau monde à s’affronter dans un terrible jeu de massacre en quasi-huis-clos.
Le choix des armes
Comme dans Blue Ruin, les moyens de donner l amort éclairent sur le projet de cinéma frontal de Jeremy Saulnier, autant que sur la personnalité de ses personnages. Si les armes à feu sont présentes dans Green Room, elles sont peu fiables, s’enraillent, manquent de munition, quand on parvient à viser sa cible.
En revanche, tout ce petit monde fera des merveilles à coups de machette, de lames diverses et variées, de cutter ou grâce à un chien de combat. Bienvenue à la campagne…
De la viande sur les murs
On vous aura prévenu, dans Green Room, on ne rigole pas. La violence n’est jamais ici source de plaisir, et une gerbe de sang n’est jamais accompagné d’un éclat de rire, sinon nerveux.
C’est que dans ce duel à mort entre deux types de rednecks énervés, on s’éventre pour la forme, on s’arrache la carotide, quand on ne s’ampute pas à la volée. N’espérez trouver là les meurtres divertissants d’un cinéma de genre trop souvent porté sur le second degré. Chez Saulnier, quand on massacre, on souffre, on pleure et on finti toujours par se répandre.
Vous connaissez désormais le terrain de jeu que vous propose Green Room. Le 27 avril, venez armés. On ne sait jamais.
24/04/2016 à 20:52
Vous simplifiez à outrance. Oui les noirs ne pouvaient se rendre en Oregon (...) mais cela était dû au fait que l'Etat ne voulait pas prendre partie sur la question de l'esclavage et devenir un enjeu politique entre nord et sud.
Il ne semble pas qu'il y ait un consensus pour dire que c'était une utopie raciste.
En outre l'état est aujourd'hui majoritairement démocrate et considéré comme progressiste.
Y voir un état qui concentre toutes les haines (ce que vous ne dites pas tout à fait mais presque) n'est pas possible.
Au fait avez-vous vu le film ? On ne comprend pas bien à lire l'article, il ressemble à une analyse mais vous n'avez publié aucune critique.