Mowgli : Andy Serkis se réjouit de pouvoir proposer une version sombre et violente, grâce à Netflix

L’acquisition de Mowgli par Netflix a secoué l’industrie cinématographique américaine. Mais son réalisateur Andy Serkis semble vivre mieux que bien le départ de chez Warner.

S’il était besoin d’un événement pour rappeler combien le contexte actuel pousse les studios à la frilosité, voire à la schizophrénie, tandis que de nouveaux venus (Netflix, Blumhouse) bousculent progressivement les usages et osent soutenir des œuvres différentes ou moins archétypales, l’annonce publiée vendredi est un excellent exemple.

Tourné en 2015, le Mowgli d’Andy Serkis se voulait une avancée technique en matière de performance capture, ainsi qu’une proposition stylistique forte, qui respecte l’esprit du splendide Livre de la Jungle de Rudyard Kipling. Mais Warner s’est fait largement coiffer au poteau par Disney, qui a sorti dès 2016 un remake de son classique de l’animation.

Rohan Chand

Le Livre de la Jungle a tutoyé le milliard de dollars de recettes (966 550 600 dollars, tout de même), rendant impossible pour Warner de sortir simultanément sa relecture de Kipling, vouée à se manger un mur au box-office.

Depuis le film était donc en attente dans les limbes du studio, lequel avait néanmoins fait savoir en mai dernier qu’il comptait le sortir au mois d’octobre 2018. Mais il n’en sera rien puisque Netflix vient de l’acquérir, dans le but de le sortir sur sa plateforme en 2019. Une situation qui privera logiquement le métrage d’une présence sur grand écran dans la majorité des territoires.

Pour autant, comme il l’a fait savoir, le metteur en scène et comédien Andy Serkis se réjouit officiellement de la situation.

« Je suis vraiment très enthousiaste au sujet de Netflix, en ce qui concerne Mowgli. Ainsi, nous éviterons la comparaison avec l’autre version et c’est un soulagement de ne plus avancer avec cette pression. J’ai vu notre copie en 3D, elle est exceptionnelle, incomparable avec la 2D, le résultat est vraiment luxuriant, profond, et il devrait y avoir une forme d’espace au cinéma pour l’exploiter, ce qui me fait le plus plaisir, c’est la réflexion au sein de Netflix sur comment le présenter, ainsi que le message du film.

 Andy Serkis

Ils ont bien compris qu’ils ont affaire à une version sombre, dont l’exploitation ne va pas de soi. Ce n’est vraiment pas destiné aux jeunes enfants, même s'il est visible pour certains au-delà de 10 ans. Nous avons toujours souhaité en faire un PG-13, ce qui nous autorise à aller plus loin qu’un film tout public en matière de thématiques sombres, de provoquer par endroits la peur et les frissons. La violence entre les animaux n’est pas gratuite, mais elle est bien présente. Cette sortie nous autorise à sortir le film sans compromis. »

Comme l’artiste le sous-entend dans les colonnes de Deadline, Mowgli pourrait bénéficier d’une audience plus large et bienveillante via Netflix (quand bien même, l’entreprise ne communiquant aucun chiffre, il est difficile de faire des projections). Mais il perd en même temps l’opportunité d’exploiter sa création comme elle fut initialement conçue, sur grand écran et en 3D.