La mode des super-héros et des Conjuring est "un cauchemar", pour Eli Roth (Hostel)

La Rédaction | 5 février 2019 - MAJ : 09/03/2021 15:58
La Rédaction | 5 février 2019 - MAJ : 09/03/2021 15:58

Eli Roth explique que les producteurs ne veulent plus des super-héros et des films d'horreur pas chers.

S'il a enchaîné un Death Wish avec Bruce Willis qui s'est vautré au box-office, et La Prophétie de l'horloge, son premier film pour enfants, c'est peut-être parce qu'Eli Roth occupe une petite place délicate dans l'industrie. Lancé avec Cabin Fever et Hostel, deux petits films d'horreur qui ont été de gros cartons en salles, le réalisateur a depuis enchaîné les succès plus que modestes, avec Hostel - Chapitre IIThe Green Inferno ou encore Knock Knock.

Venu au Festival de Gérardmer 2019, qui lui rendait un hommage, Eli Roth a répondu aux questions du JDD, et donné d'intéressants éléments de réponse sur son rapport à l'industrie, et notamment la place de plus en plus grande qu'y occupent les super-héros et les films d'horreur à formule type Blumhouse.

 

photo, Josh Brolin Le pouvoir, toujours plus

 

Interrogé sur le cinéma américain actuel, Eli Roth répond ainsi :

"Il traverse une mauvaise passe, sauf si on a dix ans. En tant que réalisateur, je vis un cauchemar. Les producteurs ne veulent plus de dialogues dans les films, juste des super-héros qui castagnent. Ou de l’horreur à tout petit budget avec des jumpscares. A la fin, cela donne mal à la tête, comme une mauvaise blague."

Difficile de ne pas penser à deux poids lourds actuels du cinéma de genre : Blumhouse, et l'univers Conjuring de la Warner. La société de Jason Blum a été propulsée par le succès de Paranormal Activity, qui a coûté 15 000 dollars et en a engrangé plus de 193 millions en salles. La formule du petit budget a été renouvelé avec InsidiousDark SkiesThe BayAmerican NightmareOuijaHappy Birthdead, ou encore Unfriended.

La recette a été en partie reprise par James Wan côté Conjuring, à l'origine d'un univers étendu avec Annabelle et La Nonne. Les budgets ont tendance à grimper (La Nonne a coûté 22 millions), mais le premier Annabelle avait coûté dans les 6 millions, et surtout le principe à base de jumpscares et intrigues classiques reste bien là.

 

Photo Eli Roth Eli Roth sur le tournage de Green Inferno

 

Eli Roth continue son état des lieux déprimant :

"C’est l’ère des remakes, des reboots, des suites. Quand on a un projet adulte et original, seule la télévision en veut. Je ne dirais pas non à Netflix si je recevais une proposition, j’ai d’ailleurs participé à une série pour la plateforme de SVoD, Hemlock Grove, en 2015. Avant tout le monde ! Et tout s’est très bien passé. Je travaille en ce moment sur un jeu vidéo et un slasher dans la tradition de Scream qui se situe durant une fête traditionnelle américaine."

De quoi nourrir encore une fois l'image de marque de Netflix, le soi-disant El Dorado des artistes. Reste qu'entre The Haunting of Hill House et The Open House, il y a un gouffre, qui illustre parfaitement le potentiel du service de SVoD - pour le meilleur, comme pour le pire.

 

 

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commentaires
Plissken
10/04/2019 à 21:46

Oula mais c'est du TROLL à ce niveau ???? Même s'il a raison c'est à crever de rire de voir CE mec ce plaindre.
Il dit ce que tous le monde veut entendre. Il se mouille vraiment pas qu'elle arnaque ????

"Y'en a marre des films nazes... Au fait j'ai un jeux pourri en court et un film merdique Leeel mdr"

olololo
06/02/2019 à 00:19

hostel 'en russie

Geoffrey Crété - Rédaction
06/02/2019 à 00:14

@Tim Lepus

C'est précisément l'idée : Netflix est "normal". C'est là pour calmer le jeu qui devient de plus en plus extrême, entre "Netflix c'est le paradis" et "Netflix fait que du mauvais". Qu'on sent grandir mois après mois, dès qu'on en parle.

Tim Lepus
05/02/2019 à 23:37

Ce que je n'arrive pas à amettre, pour ma part, c'est votre dernier paragraphe de 2 phrases : "De quoi nourrir encore une fois l'image de marque de Netflix, le soi-disant El Dorado des artistes. Reste que [...] il y a un gouffre, qui illustre parfaitement le potentiel du service de SVoD - pour le meilleur, comme pour le pire." Le cinéma propose des œuvres de qualités variables, de même que la télévision. Je n'ai pas envie de rentrer maintenant dans une philosophie ou une dialectique du goût, mais, simplement, pourquoi Netflix échapperait à cet état de fait ? Parce que c'est numérique ?

Number6
05/02/2019 à 21:21

@ geoffrey

On est bien d'accord. Du coup, je pense que mon camarade bubble en dessous resume biien ma pensée. Je pense que Roth a raison d'un point de vue économique mais que artistiquement ce n'est pas la même chose. Merci pour ce petit débat constructif.

toto
05/02/2019 à 20:50

Un des réalisateur le plus sur-éstimé

bubblegumcrisis
05/02/2019 à 20:08

La position de Roth est à comprendre uniquement d'un point de vue business et non artistique. Dans l'industrie du cinéma il y a un entonnoir en fin de parcours, le nombre d'écrans qui vont projeter le produit. Dans le cas d'un studio comme Disney, il y a une monopolisation des écrans. À l'heure actuelle le problème n'est pas le nombre de productions à base de types stéroïdés en collants qui sortent tous les mois mais le nombre d'écran qui sont squattés par ces prods chaque mois. La rentabilité supposée d'un film se fait sur sa première semaine de projection. Si un film a besoin d'un mois ou plus pour atteindre son seuil de rentabilité supposée il a dégagé avant. Du coup personne ne va investir dans une production originale qui va avoir besoin d'un fort bouche-à-oreille et de temps. Donc toutes les prods ressemblent à ce qui fonctionne selon le critère qui est que ça attire le public en masse tout de suite grâce à un gros matraquage publicitaire et marketing. À terme ce mode opératoire tue la créativité.

Geoffrey Crété - Rédaction
05/02/2019 à 19:27

@Number6

Mais ces It Follows, The Witch, Krampus font dix fois moins qu'un Annabelle ou Paranormal Activity 4, et n'ont pas le potentiel à franchise recherché par les studios. Donc si un studio a sur la table Annabelle vs La Nonne, contre un film comme It Comes at Night, son choix sera généralement vite fait. C'est ce que raconte Eli Roth, et je crois qu'on en a tous conscience.

D'autant que Eli Roth ne cite personne, et parle plus d'un modèle de business que d'un Blum spécifiquement.

Ce qui ne veut absolument pas dire qu'il n'y a plus de bons films, bons cinéastes et bons producteurs au rayon genre.
Peu importe ce qu'on pense de Roth et ses films.

Et pour le reste, on est les premiers à régulièrement nuancer ce bon vieux "c'était mieux avant" et "le cinéma d'aujourd'hui c'est pas joli" :)

Stridy
05/02/2019 à 19:14

Dixit le mec qui fait du torture porn bien putassié. Gonflé.

Number6
05/02/2019 à 18:52

@ Geoffrey

J'entends bien, et je peux comprendre Eli Roth dans le sens où je suis friand de films originaux et frais, tout en deconnectant devant un film de SH ou Blumhouse. M'enfin, les bons films d'horreur existent aussi sans Blumhouse. It follows, the witch, krampus... Voila des films originaux, non remake et qui ont une côte auprès du public et de la critique.
Oui, il est plus viable pour un studio de financer un film de SH, mais pour les films d'horreur, y a moyen de faire quelque chose sans être l'ami Jason. Pas Voorhees hein, Blum. Et pourquoi ne se Nightshyamalan t'il pas, en autoproduction ? Je trouve que Eli Roth cherche des excuses à sa médiocrité.

Et puis bon, les remakes ont toujours existé. Je pense que quand nous aurons trépassés, les futurs générations diront aussi marre des remake. Apres y a aussi une notion de sacrilège sur certains ou il y a prescription, pour sûr.

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