Agnès Varda est morte, glaneurs et glaneuses sont orphelins

La Rédaction | 29 mars 2019 - MAJ : 09/03/2021 15:58
La Rédaction | 29 mars 2019 - MAJ : 09/03/2021 15:58

Immédiatement reconnaissable, Agnès Varda était une des cinéastes les plus mondialement connues. À 90 ans, elle laisse derrière elle une œuvre considérable et visionnaire.

L’histoire aura longtemps retenu de La Nouvelle Vague qu’elle fut structurée par les créations de François Truffaut et Jean-Luc Godard. Une artiste pourtant, les avait coiffés au poteau, annonçant, le temps d’un film, le maëlstrom esthétique à venir : Agnès Varda.

La Pointe-Courte rassemble en 1955 Philippe Noiret et Sylvia Montfort. Arpentant les rues de sa Sète natale, elle fait une proposition de cinéma aussi simple que révolutionnaire, derrière laquelle s’engouffrera une génération.

 

Photo Agnès VardaAgnès Varda et JR dans Visages, Villages

 

C'est de son esprit que naît littéralement le mouvement esthétique qui va mettre sans dessus dessous le cinéma européen, puis refonder une partie de l'industrie Hollywoodienne. Alors photographe pour le compte du TNP, Agnès Varda veut bousculer les codes. Elle étudiera Faulkner, Brecht... cherchant dans leur art de la rupture un moyen de remuer le cinéma.

En le faisant sortir dans la rue, décloisonnant ses rites et ouvrant très littéralement son champ de vision, elle va le propulser dans un nouvel âge d'or. La Pointe-Courte sera logiquement remarquée par Jean Douchet, qui ne se trompera pas sur la place qu'est sur le point de prendre la réalisatrice.

 

 

Agnès Varda réalise en 1961 un chef d’œuvre : Cléo de 5 à 7. Une artiste frivole y attend les résultats d’analyses médicales et déambule. Drame en temps réel. Manifeste esthétique. Film sur la naissance de la compassion et les vertiges de l’humanité, l’ensemble s’impose comme une création modeste et pourtant monumentale, qui l’érige comme une des cinéastes les plus accomplies de la Nouvelle Vague.

Par la suite, le cinéma de Varda n’aura de cesse de muter et de varier ses propositions. La poésie impressionniste qui illumine Le Bonheur demeure un cas à part dans le cinéma, quand Sans toit ni loi demeurera comme un réquisitoire politique aussi implacable qu’empreint de poésie.

 

Cleo de 5 à 7

 

Tenant sans cesse le grand écart entre mélancolie, réflexion sociale et geste créatif, ses films s’enchaînent et ne se ressemblent pas.

Qu’elle s’empare d’une petite caméra numérique pour aller dénicher Les Glaneurs et la Glaneuse, qu’elle évoque ses souvenirs dans Les plages d'Agnès, où qu’elle arpente en compagnie de JR une France se métamorphosant dans Visages, villages, Agnès Varda avait fait de ses travaux cinématographiques des réflexions, sortes de work in progress poreux onirique.

 

Un drame à redécouvrir absolument

 

Elle était raffinée, trop discrète, protégée à la manière d’une pierre précieuse par les cinéphiles revisitant constamment son œuvre et poliment ignorée par un grand public qui n’a pas eu assez l’occasion de découvrir ses longs-métrages.

Le dernier, Varda par Agnès, présenté cette année à Berlin comme « une façon de se dire au-revoir » n’a pas encore de date de sortie.

 

Affiche officielle

Tout savoir sur Agnès Varda

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commentaires
Denthegun
30/03/2019 à 10:41

Pustule, t'est un mec bien.

Denthegun
30/03/2019 à 10:38

Ah oui ,en passant ,EL, depuis que je vient sur le site avec mon téléphone, (si on l'appelle encore comme ça ) la pub devient intrusive comme un moustique sur un cheval cancéreux. C'est casse couilles.
Merci.

Denthegun
30/03/2019 à 10:31

Bögoss,Vert Idiot Person .

Pustule
29/03/2019 à 21:15

Mouais, enfin la révolution d'aller dans la rue ou dehors, c'est pas la Nouvelle Vague, c'est Marcel Pagnol (qui a aussi influencé les néo-réalistes italiens). Cinéaste sous-estimé, romancier populaire mais peu apprécié chez les critiques (alors qu'il traite des aspects les plus élémentaires de la vie sur Terre, aimer, manger, bâtir), il mériterait un peu plus d'hommages que tous ces imposteurs intellos...

Dirty Harry
29/03/2019 à 21:03

Une poète délicate et inventive (le bric à brac qu'elle propose dans certains de ses films anticipent le travail de Gondry) et Cléo de 5 à 7 : touchant et ambitieux. Bravo et merci. bienvenue de l'autre coté de l'arc en ciel.

Phil
29/03/2019 à 18:54

Merci de votre article.
@Matt : tu as tout dit, merci aussi.
Je rajouterai juste le souvenir indélébile et ébloui de ma première vision de Cléo de 5 à 7.
Et du bonheur de la retrouver à chaque fois.
Oui merci et au revoir Madame Agnès Varda.

Matt
29/03/2019 à 17:52

Une grande artiste complète, exemplaire et intègre. Que de beaux souvenirs durant le visionnage de ses films ou en l'écoutant parler cinéma et toute chose de la vie lors des ses interventions publics. La scène de Visages Villages où Godard lui pose un lapin me déchire de sanglots à chaque fois que je la regarde. Au revoir Grande Dame.