Césars 2020 : J'accuse de Roman Polanski créé un tollé tandis que Les Misérables est couronné

Camille Vignes | 29 février 2020 - MAJ : 09/03/2021 15:58
Camille Vignes | 29 février 2020 - MAJ : 09/03/2021 15:58

Douleurs et gloires pour la 45e cérémonie des Césars, Les Misérables de Ladj Ly triomphe et remporte le César du meilleur film tandis que Roman Polanski est salué pour la réalisation de J’accuse

Cette édition des Césars aura fait couler des litres d’encre avant même d’avoir lieu. Éclaboussée depuis plusieurs semaines par le scandale Polanski, elle pose une énième fois ces questions immémoriales : peut-on et doit-on séparer l’oeuvre de l’artiste, la création de l’homme ?

On ne reviendra pas sur les problèmes intrinsèques à l’Académie des Césars dont on a largement parlé dans un précédent dossier, en revanche la genèse de cette cérémonie donne une petite idée du climat de tension qui régnait dans la salle Pleyel de Paris. Outre Polanski, arrivé en tête des nominations avec J’accuse malgré ses nombreuses accusations de viols, l'archaïsme de l'Académie s'est retrouvé sous le feu des critiques, amenant le comité de direction de l'Académie à démissionner le 13 février dernier.

Au milieur de ces tirs croisés, s'est donc tenue la quarante-cinquième cérémonie des Césars. Présidée par Sandrine Kiberlain, présentée par Florence Foresti, cette soirée s'annonçait unique en son genre et était presque plus attendue pour les vagues qui pourraient y déferler que pour les récompenses elles-mêmes

 

Photo Jean DujardinJ'accuse de Roman Polanski

 

Avec douze nominations, J’accuse de Roman Polanski était donc dans beaucoup de collimateurs. Le réalisateur, Jean DujardinGrégory Gadebois et Louis Garrel, pourtant respectivement nommés aux César de la meilleure la réalisation, du meilleur acteur et du meilleur acteur dans un second rôle, ont brillé par leur abscence. Toute l'équipe avait boycotté la cérémonie.

Après avoir récompensé Roman Polanski et Robert Harris pour l'adaptation du roman de Robert Harris, et Pascaline Chavanne pour les costumes, est arrivée l'heure fatidique... 

... l'Académie a tranché et le César de la meilleure réalisation a été attribué à Roman Polanski. Le tollé qui a suivi était à prévoir. L’actrice Adèle Haenel s'est levée, a quitté la salle en disant que c'était "une honte". Céline Sciamma l'a notamment accompagnée. A l'extérieur de la salle, l'actrice exprime sa colère, avec un "Vive la pédophilie !" sur le chemin de la sortie. Elle a été suivie d'une vague de personnes en colère, dont Florence Foresti, trop "écoeurée" pour clore la cérémonie (via Instagram). 

 

photoAprès sa réussite à Cannes... César du meilleur film pour Les Misérables

 

Le prix du meilleur film a donc été remis fébrilement par Sandrine Kiberlain, qui a poussé un soupir de soulagement en lisant sur l'enveloppe le nom des Misérables. Le film de Ladj Ly a laissé sur le carreau Portrait de la jeune fille en feu de Céline SciammaGrâce à Dieu de François OzonHors Normes d'Olivier Nakache et Eric ToledanoLa Belle Epoque de Nicolas BedosRoubaix, Une lumière d'Arnaud Desplechin et J’accuse de Roman Polanski

Les Misérables a également été récompensé de trois autres prix. Alexis Manenti est monté sur scène pour recevoir le César du meilleur espoir masculin, Flora Volpelière a reçu celui du meilleur montage et Ladj Ly le César du public. 

 

photoParasite, à nouveau salué 

 

Avec moins de surprise, Bong Joon-ho a reçu le César du meilleur film étranger pour ParasiteAprès son succès à Cannes et son couronnement à Los Angeles (où il a entre autres reçu le prestigieux Oscar du meilleur film, une première donc pour un film non-anglophone) il a donc continué sa carrière extraordinaire à Paris. 

Malgré ses huits nominations, Grâce à Dieu de François Ozon est reparti avec un seul prix, celui du meilleur acteur dans un second rôle, décerné à Swann Arlaud. Ce dernier à soufflé la vedette à son collègue Denis Ménochet, nommé dans la même catégorie. Melvil Poupaud pour le prix du meilleur acteur a, lui, été doublé par Roschdy Zem pour Roubaix, Une lumière tandis qu'Anaïs Demoustier est repartie avec celui de la meilleure actrice pour Alice et le maire (leur premier César à tous les deux). 

Certains avaient peut-être pour ambition de voir cette 45e cérémonie des Césars, marquer un tournant dans l'histoire de l'Académie... Une chose est sûre, elle restera peut-être plus en mémoire pour la remise du César de la meilleure réalisation que pour les punchlines de Florence Foresti

 

photo, Swann ArlaudSwann Arlaud, meilleur acteur dans un second rôle 

 

Voici le palmarès complet :

Meilleur film : Les Misérables, Ladj Ly
Meilleure réalisation : Roman Polanski, J’accuse
Meilleure actrice : Anaïs Demoustier, Alice et le Maire
Meilleur actrice dans un second rôle : Fanny Ardant, Marianne dans La Belle Epoque
Meilleur acteur : Roschdy Zem, Roubaix, une lumière
Meilleur acteur dans un second rôle :  Swann Arlaud, Grâce à Dieu
Meilleur film étranger : Parasite, Joon-ho
Meilleur premier film : Papicha, Mounia Meddour.
Meilleur scénario original : Nicolas Bedos pour La Belle Epoque
Meilleurs décors : Stéphane Rozenbaum pour La Belle Epoque
Meilleurs costumes : Pascaline Chavanne pour J’accuse
Meilleur espoir féminin : Lyna Khoudri, Papicha
Meilleur espoir masculin : Alexis Manenti, Les Misérables

Meilleur court-métrage d’animation : La Nuit des sacs plastiques, Gabriel Harel
Meilleur long-métrage d’animation : J’ai perdu mon corps, Jérémy Clapin.
Meilleur documentaire : M, Yolande Zauberman
Meilleur film de court-métrage : Pile Poil, Lauriane Escaffre et Yvonnick Muller
César du public : Les Misérables de Ladj Ly
Meilleur son : Nicolas Cantin, Thomas Desjonquères, Raphaëll Mouterde, Olivier Goinard et Randy Thom - Le Chant du loup
Meilleure adaptation : Roman Polanski et Robert Harris, J’accuse - d’après le roman D. de Robert Harris
Meilleur montage : Flora Volpelière, Les Misérables
Meilleure photographie : Claire Mathon, Portrait de la jeune fille en feu
Meilleure musique originale : Dan Levy pour J’ai perdu mon corps

 

Affiche

 

 

 

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commentaires
Laule
09/03/2020 à 02:04

Les feminazis en PLS

Rebelle33
04/03/2020 à 08:55

@Macintosh
Je réitère : vos propos frisaient la DIFFAMATION !!!
Vous ne me connaissez pas et par ailleurs, j'ai condamné dans mes commentaires à plusieurs reprises la pédophilie...
Comment pouvez-vous alors associer délibérément la défense d'un des plus grands réalisateurs de notre temps avec une quelconque COMPLICITE pour un acte qui me répugne????

Makintosh
03/03/2020 à 17:18

@Rebelle33

Pas compris.

Quelqu'un lui a lancé son césar et son lion d'argent au visage ?
Quelqu'un lui a lancé les billets du budget dans la tête ?
Comprends pas. Je peux être lyn,ché moi aussi ? Hein hein je peux ?

Sinon, ça va on est calmé sur la diffamation ? Ou alors y a pas d'argument ? Allez ciao Jean Synapse

Rebelle33
03/03/2020 à 17:15

@Macintoch
Décidément, vos propos sont aussi insipides que délirants!!!
Aucune argumentation,, des sous-entendus à peine voilés et désobligeants, comment voulez-vous ainsi participer sérieusement au débat???
Je ne soutiens d'aucune façon la pédophilie, je la la condamne sans retenue mais pour autant, j'essaiede faire preuve d'un minimum d'honnêteté intellectuelle afin qu'un réalisateur reconnu ne fasse pas l'objet depuis plusieurs mois d'un véritable LYNCHAGE!!!!

Makintosh
03/03/2020 à 17:05

@rebelle @pourmémoire

Le yolo est fort avec vous les gars.
Entre le gars qui trouve scandaleux qu'on condamne les pedocriminels puis crie son bonheur de les voir fuir la justice et celui qui explique posément après avoir amené les faits établissant la nature de pedocriminel de polanski, que le souci c'est la preseomption d'innocence c'est beau.

Mais tellement beau.

Chez vous, la presomption dinnocence s'applique aux coupables. C'est ouf de ouf.

Mention spéciale au loulou qui explique qu'il ne comprend pas les messages mais fait de l'huile en CAPITALES a cause des SOUS ENTENDUS très méchants. Alors qu'ils le sont pas.
Heureusement qu'on peut s'inquiéter de voir des gens expliquer qu'il faut protéger les pedocrimpinels de la justice.

Ah et mon champion, tu m'explique un truc : comment on fait pour diffamer un anonyme ?

Allez, vazy t'es bien lancé.

Rebelle33
03/03/2020 à 16:41

@Macintoch
Je ne saisis pas exactement le sens de vos propos mais la dernière phrase laisse entendre que j' ai constitué un véritable DANGER pour mes élèves...
VOS PROPOS SONT CARREMENT...DIFFAMATOIRES!!!!...
Et , de fait, ILS VOUS DISCREDITENT!!!!

Makintosh
03/03/2020 à 16:25

@Rebelle33

Ah ça y est vous assumez.

Donc soutien à la pedocriminalite et refus de la sanction. Et ce sont les citoyens abasourdis qui lynchent. Et dire que vous avez ete en contact avec des enfants....

Rebelle33
03/03/2020 à 16:23

@Hunter Arrow
Et heureusement qu'il s'est barré comme vous dites, face à une justice incarnée par un procureur véreux et immoral qui s'est dédit sans vergogne...
Je suis frappé par le fait que nombreux sont ceux qui dénoncent en France les dysfonctionnements de la Justice américaine( à propos de l'affaire DSK,par exemple) mais qui l'oublient dés que ça les arrange...
Vous êtes de ceux-là...

Rebelle33
03/03/2020 à 16:12

@Pour mémoire
Merci à vous d'avoir relaté avec tant de minutie les faits...
Cela permettra peut-être à un certain nombre de commentateurs de prendre du recul et d'éviter de tomber dans le lynchage médiatique qui déshonore celles et ceux qui s'y complaisent...

Flo
03/03/2020 à 15:08

Sinon, on prouve que les César sont encore « meilleurs » que les Oscars: au moins chez eux, ça bouge encore, quitte à être périodiquement désagréable.
Disons, deux Tiers de Bon, et un Tiers de maladresses et d’idioties. De vraies Montagnes Russes, ou un passage chez le Dentiste, entre mal à l’aise, appréhension et euphorie.
On aurait presque dit un film, avec ses moments acrobatiques (le sketch avec isabelle Adjani a l’air bof… jusqu’à sa chute « forrestienne », bien marrante), ceux qui font bien plaisir (Jeremy Clapin, Ladj Ly pour le César du Public, Rochdy Zem, et quelques autres), ceux qui font grincer un petit peu là où il faut (Aïssa Maïga est la seule à pouvoir lancer ce genre de vannes)…
Pas de César d’Honneur, Brad Pitt s’est désisté, pas de risque… mais pas non plus de temps gagné.
– Ironie: dans le Tarantino (dans lequel il y a « Popol »), Pitt joue un homme dont l’aura est entourée de violentes ambiguïtés sur ses rapports envers les femmes –

…Et les moments où ça se crashe bien sévère, jusqu’au Final assez Ahurissant…
En fait, c’est comme dans la narration du film « J’Accuse » (vous ne serez pas « complice » ou « contaminé » si vous voyez ce film): on croit que le Bon Sens et la Bienveillance va triompher, et puis non, à chaque fois il y a quelque chose qui empêche tout progressisme au profit de l’agressivité et de la parano, montrant que les combats sont éternels.
Ça avait presque l’air écrit à l’avance: les votants auraient-ils fait acte d’objectivité en ne prenant pas compte des affaires françaises (l’autre affaire, celle qui a tout initié, était américaine, et bien mal jugée à la base) ?
Et récompensé l’Académisme de la mise en scène du film ? Ou bien récompensé le sujet contre l’Antisémitisme et toute forme de Persécution – que les personnes se revendiquant du Féminisme font l’erreur de ne jamais prendre en compte, opposant ainsi deux luttes l’une contre l’autre.

Laisser l’homme nommé était limite, car l’exclure aurait validé d’emblée les dernières accusations comme étant des condamnations – ce qui n’est pas encore le cas (et puis, des amalgames auraient quand même été fait à propos de toutes autres nominations du film, faut pas sous estimer l’imagination hargneuses de certains).
Et le récompenser apparaît ainsi comme de la provoc’ ou un manque de tact. Pour avoir d’un côté Claire Denis et Emmanuelle Bercot plutôt en dignité, on a de l’autre l’équipe de « Portrait de la jeune Fille en Feu » (plus intéressant dans sa mise en scène pourtant) dans une colère qui annihile forcément tout Fair-Play. Et toute Force pour les femmes ?

Et puis donc comme dans un film (ou comme dans « le » film), « Les Misérables » qui clos le tableau sur une note plus apaisée et en enjoignant à se serrer tous les coudes malgré les désaccords… Cela restant tout de même vu dans un moment de grosse Amertume.

Reste à voir Polanski finir par refuser son (ses?) César, obtenu(s) dans le pire contexte qui soit…
Tel qu’on le connait, ça sera un peu mis en scène, comme l’était le dossier de Presse et la sortie du film, et l’annulation « surprise » de sa venue aux César (et de son équipe complètement pénalisée), seulement à la dernière minute.
Et on peut s’attendre de toute façon à des Hashtag comme #rend le césar, #Honte aux César, #Cinéma français complice et autres mise en scène et jeux de mots… On se demande ce que peut être la vie privée de la plupart de ceux qui écriront leurs plaintes, bien médiatisées…

Bref, ça bouge bien, c’est ça qui est Cool. Par contre, ne soyons pas naïf… les gens et les choses ne changent pas tant que ça. Tout ne font que recommencer. Par exemple: https://fr.wikipedia.org/wiki/Women%27s_Lib

« Il faut que tout change pour que rien ne change ».

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