Scott Pilgrim : du désastre au film culte, Edgar Wright revient sur le parcours de son petit bijou

Mathias Penguilly | 26 juin 2020 - MAJ : 09/03/2021 15:58
Mathias Penguilly | 26 juin 2020 - MAJ : 09/03/2021 15:58

Dix ans après la sortie (ratée) de sa comédie devenue légendaire, Edgar Wright s'est dit extrêmement fier du cheminement opéré par son film.

À l'occasion de l'anniversaire de la sortie du film, le magazine Entertainment Weekly s'est entretenu avec le réalisateur et ses acteurs, et lui a dédié un article spécial. Ils ont notamment parlé de la genèse du film, de son mauvais accueil à sa sortie en salles, et de son statut de petit culte, des années après.

Adapté d'un comics de Bryan Lee O'Malley, le film raconte les mésaventures de Scott Pilgrim, un musicien un peu pataud (Michael Cera, éternel adolescent), qui a beaucoup de mal à se détacher de ses ex-petites copines. Les choses dégénèrent lorsqu'il tombe amoureux de Ramona, une mystérieuse jeune femme dont il doit affronter les sept ex avant de pouvoir sortir avec elle. Sauf que les ex en question sont tous des super-héros avec d'énormes pouvoirs et que la partie s'annonce particulièrement rude.

Lors de sa diffusion en 2010, le film n'avait réalisé que 48 millions de dollars de recettes (pour un budget hors marketing de 60 millions) : c'était donc un échec cuisant, un véritable gouffre financier. Il a fallu attendre quelques années pour que le film soit réévalué et trouve enfin son public. Le résultat en vaut la chandelle et Edgar Wright (à qui l'on doit également Shaun of the DeadBaby Driver et Le Dernier Pub avant la fin du monde) en est très satisfait.

 

photo, Michael CeraMichael Cera en mode Roi Arthur

 

Là où le film est génial, c'est qu'il ne renie pas du tout ses références au neuvième art et assume aussi l'inspiration qu'il tire des mangas et des jeux vidéos des années 90 (à l'image de la série de livres d'ailleurs !). Petit bijou kitsch et survolté, le film est un bel hommage à la culture geek, dont vous pouvez lire notre critique juste ici

On peut aussi noter le côté visionnaire du film dans ses choix de distribution qui, 10 ans après, paraissent absolument évidents. Au casting on retrouvait déjà Chris Evans et Brie Larson, avant qu'ils ne révèlent leurs super-pouvoirs au sein de l'univers Marvel (ou gagne un Oscar pour elle), mais aussi Anna KendrickAubrey PlazaBill Hader et Mae Whitman, qui se sont aujourd'hui taillé une place de choix dans le monde de la comédie américaine.

Comment expliquer ce revers monumental lors de son passage en salles ? Les mauvaises critiques de la presse à l'époque et son look absolument unique (qui n'interpelle qu'un public de niche) ont dû décourager quelques spectateurs...

 

photo, Mary Elizabeth WinsteadUn plantage au box-office ? Pas de quoi rendre marteau !

 

Pas de quoi désabuser Edgar Wright pour autant comme il l'a montré à Entertainment Weekly :

« Le lundi suivant la sortie, Michael Moses [président du marketing chez Universal] m'a envoyé un email avec cinq mots. C'était l'un des emails les plus adorables que j'ai jamais reçu de la part de quelqu'un de cette industrie. Il disait : 'En années, pas en jours'. »

Dans ce même entretien, le cinéaste a d'ailleurs réglé ses comptes avec ceux qui n'ont pas cru en son film, y compris le papa de Ted et d'American Dad! :

« Le film est sorti le même weekend qu'Expendables et que Mange, prie, aime. Le jour de la sortie, je me souviens avoir reçu un mail de Marc Platt, un des producteurs, disant qu'il fallait qu'Universal compense les dépenses et prédisant un échec sur le weekend. Et j'ai pensé - naïvement - que c'était juste le vendredi matin, qu'ils ne pouvaient pas savoir. Mais ils savaient. Le film a démarré à la cinquième place du box-office...

 

photo, Michael CeraEdgar Wright se payant la tête de Seth MacFarlane

 

Je n'ai jamais aimé Seth MacFarlane parce que ce week-end là, il a tweeté "Scott Pilgrim : 0, le Monde : 2" et j'étais en mode : "qu'il aille se faire foutre". Je me languissais dans l'attente jusqu'à la sortie d'Albert à l'ouest, ou peu importe son nom, et je me suis frotté les mains de jubilation. Je n'ai rien tweeté cependant, je ne suis pas totalement un monstre... »

Le cinéaste a conclu l'entretien-anniversaire sur une nouvelle note d'humour : "Je suis incroyablement fier de ce film. Le fait qu'on ne fasse pas d'article pour les dix ans d'Expendables en dit long." À Ecran Large, cela fait bien longtemps que Scott Pilgrim a atteint le Panthéon des meilleurs films de ces dernières années : en janvier dernier, deux de nos rédacteurs le plaçaient même dans leur Top 10 des meilleurs films de la décennie. 

Très discret depuis la sortie de Baby Driver, Edgar Wright a écrit et réalisé Last Night in Soho qu'on devrait retrouver dès le 28 avril 2021 au cinéma. Souhaitons-lui un beau parcours et un résultat moins catastrophique lors de son passage dans les salles obscures. On est assez confiants pour lui à vrai dire.

 

photoAprès le délire geek régressif, la comédie potache entre potes et le thriller de gangsters, Wright s'attaque à l''Horreur

Tout savoir sur Scott Pilgrim

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commentaires
Ray Peterson
26/06/2020 à 18:30

A la sortie ciné, j'étais épuisé. Mais en bien. Chaque plan est superbement construit et très fidèle
à l'esprit de la BD. Le film va à 100 à l'heure. Mary Elizabeth Winstead EST Ramona, Brie Larson envoie du bois et les comédiens des 7 ex sont énormes (mention à Brandon Routh aussi débile en Todd que la BD). Un peu lassant vers la fin car répétitif mais une très belle variation sur les super héros avec Kick Ass sorti la même année. Et pis comme toujours chez Wright, le montage et la BO en symbiose.

Abibak
26/06/2020 à 18:08

Ce qui en fait un film culte c'est qu'il est un OVNI, forcément tout le monde n'accroche pas.

Frank Lemmer
26/06/2020 à 15:02

Pour moi ce film c'est à êu prés "Parker Lewis Ne Perd Jamais- le film" (le look 90's, le surréalisme permanent, le ton cartoonesque, c'est un teen movie etc...) De plus Scott Pilgrim pourrait bien être le fils du personnage interprété par Corin Nemec, en plus d'être un rocker comme Mikey Randall et d'avoir le côté un peu gauche et fleur bleue de Jerry Steiner...

Green Walker
26/06/2020 à 15:01

Le film est très bien fait sur tous les plans de mémoire, mais quand il est sortit je l'ai trouvé trop teenager, je me demande s'il a marché sur ce public. Bien que j'ai revu avec satisfaction certaines séquences dans des vidéos de critiques, le revoir en entier ça ne me tente pas plus que ça.

Nico1
26/06/2020 à 14:20

Un vrai plaisir régressif!

zetagundam
26/06/2020 à 13:19

J'ai beau avoir vu le film, que je trouve personnellement mauvais, je ne comprends pas la hype et le culte qu'il a réussit à créer autour de lui

maxleresistant
26/06/2020 à 12:05

Une tuerie en avance sur son temps, un vrai plaisir à revoir :)