Wonder Woman 1984 est encore repoussé et menace la sortie de Dune

Coup de tonnerre dans le ciel post-confinement de 2020 : Wonder Woman 1984 est (encore) décalé, et cela pourrait avoir plusieurs significations et conséquences.

Tout semblait rentrer petit à petit dans l'ordre en cette rentrée Hollywodienne 2020 après un été sans blockbuster, et Tenet paraissait avoir donné le signal de la reprise du business des studios le mois dernier. Finalement il semblerait que l'on n'ait pas fini de naviguer à vue et que la confiance n'ait pas été regagnée, puisque la Warner vient d'annoncer le report de sortie du très attendu Wonder Woman 1984 au 25 décembre 2020, alors qu'il était jusqu'à présent daté au 30 septembre en France et au 2 octobre aux États-Unis. Faut-il y voir la conséquence des chiffres peu spectaculaires de l'exploitation américaine de Tenet ? À quoi faut-il s'attendre pour la sortie de Dune, toujours daté au 18 décembre 2020 ?

Allô le futur ? C'est pour une consultation

Concernant Tenet, la situation n'est pas aussi tranchée qu'on pourrait le croire. Indéniablement, avec 20 millions de dollars récoltés après son premier week end d'exploitation américain (augmenté en plus d'un jour férié), le démarrage est peu encourageant voire même carrément déprimant compte tenu d'un budget de production (sans coûts marketing donc) énorme : entre 200 et 225 millions de dollars selon les sources. Typiquement, on attend de ce genre de film un résultat mondial à 800 millions de dollars minimum avec un box-office domestique pesant lourd dans la balance, et voir le dernier Christopher Nolan démarrer très en dessous du dark fail Terminator : Dark Fate (261 millions de dollars rapportés en tout et pour tout) a de quoi donner des sueurs froides.

Néanmoins, il faut bien garder une chose en tête : le paradigme a radicalement changé, et qui dit changement de contexte dit changement de stratégie. Pour rappel, Tenet sort aux US alors que seules 60% des salles environ sont ouvertes, que comme par chez nous, leurs capacités d'accueil sont réduites, et que ce sont majoritairement les plus grosses salles du pays, situées en métropole et donc particulièrement exposées à la Covid-19, qui sont fermées. Avec un vent de face pareil et autant de paramètres brouillés, difficile d'interpréter comme avant et de tirer des conclusions claires de ce premier week-end d'exploitation, contrairement à ce que tout le monde (nous compris) faisait habituellement.

À la recherche de l'argent

L'ancienne grille de lecture n'est donc plus valable, et elle l'est d'autant moins que Warner ne s'en cache pas : l'exploitation de Tenet n'est plus envisagé comme un sprint foudroyant de trois-quatre semaines, comme c'était la règle auparavant, mais comme une course de fond. Le report de Wonder Woman 1984 n'appraît donc plus comme un geste de préservation ou une concession faite sous le coup de la peur, mais plutôt comme un geste tactique pour donner toute la latitude à Tenet pour remplir les caisses comme il se doit avant d'être éjecté.

Si cela s'avère être le cas, à travers ce report de Wonder Woman 1984 se dessine peut-être devant nous une ébauche du futur à moyen-long terme : si les blockbusters ont besoin de plus de temps pour être rentables, nécessairement, il y aura moins de blockbusters dans le futur... et donc potentiellement des calendriers plus aérés, grâce à une offre moins renouvelée de rouleaux compresseurs promotionnels et commerciaux. Mais cela, seul le futur nous le dira, et nous dira également si c'est une bonne chose ou non.

Complexité du calendrier de sortie de Warner, allégorie

Concernant Dune en revanche, ici nous avons énormément de mal à trouver des raisons d'être optimistes quant à la sortie de Noël. Personne ne prétend lire l'avenir avec certitude, mais le signal envoyé par Wonder Woman 1984 est tout de même très préoccupant pour Timothée Chalamet et sa bande. Certes, Wonder Woman 1984 et Dune sont issus de genres très différents et visent donc également deux publics relativement différents. Certes, Warner a esquissé un passage à la vitesse promotionnelle supérieure avec la sortie de la bande-annonce du film cette semaine.

Néanmoins, les studios ont pour règle implicite de ne jamais (ou alors très exceptionnellement) sortir deux films de leur écurie au même moment pour ne pas se faire concurrence à soi-même, et encore moins lors d'une période de remplissage intensif des salles, et encore encore moins celle de Noël, la vache sacrée ultime de l'exploitation des films en salles. Qui plus est, si le DCEU commence à cimenter son public et à être solide sur ses appuis, ce n'est absolument pas le cas de Dune, qui doit casser la baraque à tout prix tant le studio rêve d'en faire une saga à long terme avec plusieurs romans à adapter et d'avoir l'impact d'un Seigneur des Anneaux ou d'un Star Wars.

-Tu vois quoi à l'horizon ? -Rien

Sous ce jour là, sortir Dune à une microscopique semaine d'écart de Wonder Woman 1984 nous apparaît comme purement et simplement bêtement suicidaire et donc hautement improbable. Malgré tout, on le répète, le paradigme à changé, et l'avenir peut encore surprendre et contester ce vieil automatisme... même si l'on a du mal à y croire pour ce cas-là. En attendant, seule la Warner décide, et si l'on continue d'espérer le meilleur, il est aussi sage de se préparer à une probable mauvaise nouvelle pour le film de Denis Villeneuve.

Dernière interrogation donc : à quand Dune pourrait être reporté ? Là en revanche, c'est le grand mystère. Le début de 2021 est sur-saturé de films énormes car tous les autres studios concurrentiels gardent leurs munitions au chaud en attendant des jours meilleurs, et le créneau Noël 2021 de Warner est pour l'instant occupé par Black Adam. Alors, petit ou gros report, ayons l'honnêteté de le dire : on ne sait malheureusement pas vous dire à quoi à s'attendre.

Bon bah non du coup, il va encore falloir faire une affiche