Retro gaming : Spyro, ou la naissance d'une saga culte et magique

Geoffrey Crété | 3 novembre 2018 - MAJ : 03/06/2022 17:06
Geoffrey Crété | 3 novembre 2018 - MAJ : 03/06/2022 17:06

Flashback sur la trilogie originale de Spyro avant la sortie du remake Spyro Reignited Trilogy.

Personnages azimutés, décors colorés, mondes magiques, musiques fabuleuses, aventures irrésistibles : la trilogie Spyro est pour beaucoup de gamers un souvenir inoubliable et impérissable. Pour nous en tout cas, oui.

Parce que l'arrivée d'un Spyro Reignited Trilogy qui promet de moderniser et rendre hommage à Spyro the DragonSpyro 2 : Gateway to Glimmer et Spyro : Year of the Dragon est un des événements de la rentrée, attendu de pied ferme le 13 novembre, Ecran Large revient sur chaque épisode de la trilogie originale.

 

 

HISTORIQUE

Pour expliquer Spyro, il faut expliquer Insomniac Games. Fondée en 1994, la société de développeurs a failli être enterrée dès son premier essai, Disruptor. Sorti en 1996, ce FPS centré sur un soldat galactique est un succès critique, loué pour son gameplay et ses ambitions, mais un échec commercial sévère. Malgré cette défaite, Universal Interactive Studios continue sa collaboration avec Insomniac.

Voyant que la moyenne d'âge des utilisateurs de Playstation baisse, à mesure que la console séduit adolescents et enfants, Insomniac met de côté ses envies de violence pour concevoir une aventure familiale, capable de séduire petits et grands. Parce que Nintendo domine le marché avec une icône comme Mario, Universal les incite à créer un personnage aussi puissant.

L'idée d'un dragon vient de Craig Stitt, un ancien de Sega qui a travaillé sur Disruptor, et qui était passionné par ces créatures mythologiques. Ted Price, président d'Insomniac, se souvient : "Tout le monde a aussitôt dit oui. C'est ça. Parce qu'un dragon peut voler, peut courir, ils peuvent cracher du feu, ils peuvent sauter... ils peuvent tout faire. Et ils sont cool".

 

 

 

Dans ses premières versions, Spyro est plus sombre et réaliste. Inspirée par le film Coeur de dragon sorti en 1996, l'équipe est vite recadrée par Universal qui leur conseille de créer un jeu plus mainstream et vendeur. Autre changement : Spyro était à l'origine vert, mais deviendra violet quand les développeurs réaliseront qu'il se confondrait trop aisément avec l'herbe omniprésente dans les mondes.

Pour proposer un monde ouvert et dynamique, l'équipe développe un moteur 3D alors quasi révolutionnaire, afin de laisser le joueur profiter au mieux des capacités de déplacement de Spyro.

L'équipe engage Stewart Copeland pour la musique : la présence du célèbre musicien, batteur et fondateur de The Police, explique la réussite géniale de la bande originale, qui participe pour beaucoup à l'ambiance irrésistible de l'aventure. 

 

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LES MEILLEURS SOUVENIRS

En digne premier épisode de la saga, Spyro the Dragon a une place de valeur dans le cœur des fans. Comment oublier ce tout premier monde, celui des Artisans, avec ces premiers moutons, ces premiers dragons verts fluo, ces premiers coffres et joyaux, et ces abrutis de gardes peureux ? Il y a là tous les ingrédients primaires de la trilogie. Et déjà, cette inventivité fabuleuse dans les bruitages, qui rend chaque rencontre avec une nouvelle créature absolument étonnante et drôle. En quelques minutes, toute l'imagination et l'esprit des créateurs est à l'œuvre. C'est encore plus évident avec le recul.

Deux niveaux sortent du lot dans ce premier monde : Trou obscur et Colline de pierre. Trou obscur parce qu'il présente d'emblée l'autre facette de la saga, plus sombre, inquiétante et stylisée, avec en prime l'un des meilleurs thèmes du premier jeu. Colline de pierre parce qu'il offre une des premières grandes émotions : celle de découvrir que le niveau s'étend au-dessus du décor, sur les plaines près des tours et murailles invisibles. Là réside la petite magie de voir que le monde de Spyro est plein de surprises, et plus grand qu'il n'y paraît.

Et Croustillant a beau être un boss très facile, il reste aussi l'un des plus amusants de toute la saga.

 

 

Ensuite, le Monde des Pacifiques. Signalons d'emblée que le thème aux sonorités militaires de cet endroit désertique est excellent, et probablement l'un des meilleurs de ce premier épisode. Personne n'aura oublié ce monde jaunâtre, d'abord parce qu'il tranche avec l'ambiance des premiers niveaux, mais surtout pour un trait d'humour particulièrement réussi : ces gnomes qui, plutôt que de fuir Spyro, montrent leurs fesses pour le narguer. Ou l'art du détail qui tue.

Au fil des heures et niveaux, tandis qu'un dragon se réveille pour dire des absurdités, qu'un coffre dévoile ses yeux cachés ou qu'un boulet de canon étourdit Spyro comme dans un dessin animé (étoiles qui tournent autour de la tête et petit son qui va avec), la sensation d'avoir sous les yeux un cartoon qui prend vie est réelle.

 

 

Le niveau Cliff Town est sans nul doute l'un des plus réussis en terme de level design. Le niveau utilise habilement l'espace et la capacité de planer, pour étaler les zones en hauteur. Il y a là encore de l'humour, avec ces mamas à marmite, et de l'ampleur dans la conception : planer jusqu'à cet endroit a priori lointain, avec ses vautours, procure encore une fois la sensation que le monde de Spyro est grand.

La Caverne de glace lance la grande tradition des niveaux gelés de la saga. Teintes bleutées, gnomes armés de boules de neige, chauve-souris qui couinent et gros molosses à pousser dans le vide : le fan trouvera là toutes les briques des futurs univers gelés de la saga. Avec en prime une musique qui (avis très personnel) ressemble à la bande originale d'un cauchemar à demi-éveillé. 

 

 

Place ensuite aux Ouvriers magiques, et aux inombrables chutes dans le vide qui vont avec. Là, impossible de ne pas mentionner les bruitages fantastiques des magiciens, entre leurs prières et leurs rires sadiques, quand ils parviennent à se protéger en hauteur. Autres bons souvenirs : le thème musical de Chaîne alpine, les araignées métalliques des Grandes grottes, et ce Fanfaron et ses airs de Raiden.

 

 

Arrive le mémorable monde des Créateurs d'animaux, avec son ambiance inquiétante et les "hou hou houuuu" de son thème. L'atmosphère de ces niveaux est bien différente, avec sa brume et ses troncs d'arbre - sans oublier les soldats qui roupillent à côté de leurs cages, pour tenter de capturer ces pauvres poules. Ces paysages marécageux seront également un motif de la saga, qu'on retrouve dans les volets suivants.

C'est clairement un univers plein d'idées, aussi étrange que farfelu, avec ses sols électrisés et ses arbres gloutons. 

Le boss Tête de métal est pour le coup réussi, avec une dynamique un peu différente et bienvenue. Dans l'esprit de Trou obscur, Créateurs d'animaux (nom génial) est l'un des mondes les plus marquants.

Enfin, les Tisseurs de rêves. L'imagination ouvre encore d'autres portes, avec ce rayon qui transforme les ennemis en géants, cette pendule humaine tout droit sortie de Lewis Carroll, ces petits cris de peur des gnomes. Dans Passage Obscur, ils servent de lanternes, réduisant des molosses enormes en petits chiens faciles à abattre. Dans Haut Chateau, il y a des poules géantes volantes, et de gros gnomes accrochés à des ballons - et un thème là encore mémorable.

Dans Tours Hantées, il y a le plaisir d'avoir une flamme des enfers pour cramer des chevaliers géants, augurant les futurs outils de gameplay de la saga pour améliorer les compétences du dragon. 

Bref, Tisseurs de rêves porte très bien son nom : il illustre la capacité folle des développeurs à créer des mondes étonnants, malins, plein de détails fantastiques. C'est sans conteste là que Spyro a marqué le plus de points, et 

 

Mention spéciale pour Jacques, rien que pour son prénom - et aussi parce que son niveau est réussi et plus corsé.

 

 

Pour finir, Le Monde de Gnasty Gnorc commence bien : la zone des têtes de dragons, avec ses rats, a l'un des meilleurs thèmes du jeu, simple mais terriblement efficace. L'univers devient plus urbain et guerrier, avec même des soldats qui tirent à la mitraillette dans Port Crépuscule, par ailleurs particulièrement beau et envoûtant avec son ciel rouge.

Bouquet final : Gnasty Gnorc, qui a droit à un niveau entier pour étaler le combat de manière amusante. Le Butin de Gnasty sera le bonus, réservé à ceux qui auront retrouvé tous les joyaux. Là encore, le début d'une tradition pour la saga.

 

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LES MEILLEURES CRISES DE NERF

Viser ces foutus poteaux dans Caverne de glace, pour récupérer ses joyaux - après être tombé trois fois dans le vide. Les supercharges et les crises de nerf qui vont avec. Ces foutus escaliers magiques de Chaîne alpine.

Parlons de ces voleurs aussi. Comme celui qui tourne autour de la mare maléfique dans Grandes grottes. Ou l'affreux salopard dans les Grands arbres. Pensée émue pour tous ces hurlements lorsque les joueurs ont mal négocié par excès de confiance, et ont vu un affreux voleur se barrer et reprendre la tête de la course, bercé par ses rires diaboliques.

Mention spéciale aussi pour les Vols. Qu'ils soient de jour, de nuit ou sauvage, ils auront donné du fil à retordre, surtout lorsqu'on découvre tout ça tout jeune. Surtout pour cramer ces gnomes en bateau dans Vol sauvage, sans finir les pattes dans l'eau.

 

 

Plus généralement, le monde des Ouvriers magiques laisse une impression de level design répétitif. C'est d'ailleurs une chose qui saute aux yeux : Spyro, dès le premier jeu, se recycle. C'est particulièrement visible dans la conception de certains niveaux, et la palette de couleurs qui, en plus d'être étonnamment fade avec le recul, se retrouve partout.

Ca n'ira pas en mieux au fil de la trilogie, qui souffrira d'une production accélérée (un épisode tous les ans), et donc une nécessité de se reposer sur des éléments déjà conçus.

 

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Malgré ces quelques défauts ou faiblesses, et ces (meilleures) souvenirs de crises de nerf adolescentes parfaitement mignons, Spyro the Dragon reste un grand classique sur Playstation. Il y a là tout ce qui fera le succès et l'identité de la trilogie, qui explorera à chaque fois un peu plus ces éléments pour aller toujours plus loin.

Pour retrouver notre article consacré à Spyro 2 : Gateway to Glimmer, c'est par là.

Pour celui dédié à Spyro : Year of the Dragon, c'est par là.

 

 

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commentaires
Geoffrey Crété - Rédaction
05/11/2018 à 23:04

@Seb

Merci beaucoup ! Ravi que cet article vous ait plu, on l'a écrit en sachant qu'on s'adressait à une petite partie de nos lecteurs, mais qu'ils sauraient comprendre l'enthousiasme ;)

Rdv sur les prochains articles consacrés aux Spyro 2 et 3 j'espère !

Seb
05/11/2018 à 17:12

Quel superbe hommage à Spyro cet article (très bien écrit et très bien illustré) qui me rend on ne peu plus nostalgique et qui tombe à point avant la sortie du remake ! On voit vraiment le fan sans qui l'enfance n'aurait pas était pareil sans Spyro. Vivement le 13 novembre camarades !!!

Hunter
04/11/2018 à 00:28

Le moins bon des Spyro première génération est un jeu plein d'imagination, un petit bijou d'efficacité, avec des bruitages et des musiques du tonnerre.

jaroh
03/11/2018 à 18:20

Le meilleur des Spyro était au mieux un jeu au mieux moyen, tout juste bon. Un bon jeu pour enfants mais pour le reste ça ne volait pas bien haut...