Dead Space, Silent Hill, Alien : 10 jeux vidéo géniaux à (re)faire pour se faire peur

La Rédaction | 28 octobre 2018 - MAJ : 23/07/2021 10:46
La Rédaction | 28 octobre 2018 - MAJ : 23/07/2021 10:46

Le jeu vidéo, c'est parfois une bonne dose de frissons, d'horreur, d'hémoglobine, de créatures et de bonheur. Retour sur 10 titres mémorables de la frousse.

Alors que les théoriciens du cinéma ont passé des dizaines d'années à analyser la manière dont un film peut effrayer, on semble encore être confronté à la face émergée de l'iceberg dans le domaine du jeu vidéo. Pourtant, ce n'est pas comme si le dixième art n'avait pas fait de nombreuses propositions à même de faire fuir les pleutres.

Dès lors, la rédaction d'Ecran Large a décidé de livrer sa propre sélection des rois de la peur, ceux qui nous ont fait transpirer sur notre manette, et fait émettre des petits cris d'écureuil, avant de parfois nous emporter dans une horreur cosmique tétanisante. A noter que ce top n'explore qu'un échantillonage forcément restreint du survival-horror, mais s'attelle aussi à voir comment la peur peut investir d'autres genres.

 

PhotoAh shit, here we go again...

  

SILENT HILL

Pour beaucoup de joueurs en 1999, survival horror signifie Resident Evil, et éventuellement Alone in the Dark pour les plus âgés et expérimentés. Deux licences honorables, mais dont les fondamentaux sont sur le point d’être balayés par le petit jeu que va sortir Konami.

Jusqu’à présent, le genre reposait essentiellement sur une logique cinématographique, pour ne pas dire hollywoodienne. Le mal y est visible, le joueur sommé de le combattre, si possible avec d’imposantes armes à feux. Point de combats, ni de monstres classiques dans Silent Hill.

 

photoDes images rassurantes

 

Ici, un homme absent à lui-même survit à un accident de voiture, pour découvrir que sa fille adoptive a disparu de l’habitacle… Il part à sa recherche, avant de se faire éventrer dans une ruelle par des silhouettes enfantines. Harry, puisque tel est son nom, se réveille alors dans un café. Voilà peut-être l’introduction la plus trouble et inquiétante jamais vue dans un jeu vidéo.

Dès lors, la bourgade de Silent Hill n’aura de cesse de se tordre et de se rebeller, dévoilant ou dissimulant un outre-monde monstrueux, une dimension cauchemardesque aux contours changeant et un culte énigmatique capable de redéfinir le réel. Silent Hill ne jouait pas sur les mécaniques classiques de l'angoisse, préférant s'attaquer directement à la psyché des personnages, comme des joueurs. Création à la puissance symbolique dévastatrice, elle se développe telle une spirale monstrueuse, son concept inoculant le cerveau du converti à la manière d'une formidable tumeur.

Et en fin de parcours, ne restait que le joueur, sidéré, traumatisé, désireux de retourner dans les ténèbres, afin d’en savoir plus sur la ville qui semblait avoir accouché d’eux.

 

 

SOMA

Derrière Soma, il y a Frictional Games, à l'origine des Penumbra et Amnesia. Autant dire que l'équipe maîtrise la peur et l'angoisse, et le démontre encore une fois de manière brillante. Sorti en 2015, le jeu raconte l'histoire de Simon, qui a perdu sa petite amie dans un grave accident de voiture dont il est ressorti avec de graves lésions cérébrales. Il accepte de participer à un traitement expérimental pour les soigner, mais la chose prend une tournure inattendue : après une simple IRM, il se réveille dans un lieu inconnu.

Le joueur découvrira vite qu'il s'agit d'une immense base sous-marine, rouillée et déserte, où rôdent des créatures étranges, et où des expérimentations sur les hommes et les machines ont causé quelques problèmes. Entre Bioshock et Silent HillSoma est un joyau d'horreur, qui provoque des angoisses et frissons intenses. En plus d'une direction artistique fantastique, qui offre des visions incroyables qui s'étirent des coursives envahies par les algues aux profondeurs sans fin des abysses, le jeu est un vrai bon survival, où il faudra se cacher, se faufiler et s'échapper au bon moment pour éviter ces menaces indéfinissables.

Et en plus de provoquer des sueurs froides absolument délicieuses, avec quelques rencontres franchement tétanisantes, Soma pose un regard glaçant sur la question de la technologie et du transhumanisme, jusqu'à une conclusion particulièrement tordue et mémorable. Une réussite qui aurait mérité un plus gros succès, mais bien heureusement il n'est jamais trop tard pour (littéralement) plonger dans l'horreur des abysses.

 

 

 

DEAD SPACE 

Avec Dead Space (ainsi que sa première suite), Visceral Games est parvenu à renouveler avec brio l’imagerie de l’horreur moderne, ainsi que d’en rafraîchir les influences. Dans un futur technologiquement avancé, des fouilles vont mettre en contact un gigantesque vaisseau avec un curieux monolithe. Sa présence va provoquer une série de mutations terribles et finalement libérer quantité de monstruosités. Notre héros, envoyé sur la station à l’abandon pour un diagnostic, aura fort à faire, en dépit d’un armement conséquent et d’une armure épaisse.

Et c’est là l’excellente idée de Dead Space : plutôt que de jouer un vermicelle affrontant de robustes créatures, nous sommes dans la peau d’un véritable tank humain, confronté à des entités si affamées et puissantes que tout son arsenal paraît bien faiblard. D’où un sentiment de terreur quasiment irrépressible, alors que dévalent le long d’interminables couloirs quantité de monstruosités enragées.

Enfin, le gameplay faisait délicieusement corps avec le bestiaire Barkerien, puisque pour triompher des hordes de mutants, il conviendra de viser intelligemment les diverses parties de leurs anatomies, pour mieux les démembrer. Le résultat explose en un festin d’adrénaline sanguinolente. 

 

 

ALIEN : ISOLATION 

Pour nous, c'est une évidence : Alien : Isolation est l'un des meilleurs jeux de ces dernières années. Placé dans la continuité directe du film culte Alien, le huitième passager, en reprenant l'idée de la fille de Ripley traitée dans une scène de la version longue d'Aliens - Le retour, le jeu suit donc Amanda Ripley. Marquée par la disparition mystérieuse de sa mère, elle part en quête de réponses sur la station spatiale Sébastopol, où la boîte noire du Nostromo a été récupérée.
 
Si le jeu ne s'embarrasse pas trop pour remettre en scène l'affrontement entre une Ripley et du xénormorphe, le résultat est une joie de tous les instants. Direction artistique rétro-futuriste calquée sur le film culte de 1979, mécanique diabolique basée sur la discrétion et l'impossibilité de tuer l'alien, intelligence artificielle fabuleuse, ambiance proprement fantastique : le jeu de Creative Assembly est une réussite éclatante, qui utilise avec intelligence et savoir-faire les codes de la vue à la première personne pour recréer le cauchemar du xénomorphe.
 
Alien : Isolation est un ride horrifique sensationnel voué à devenir une référence, et un pur objet d'obsession pour les fans de la saga. Il faut lancer une partie en mode nightmare pour affronter un alien avec quasi aucune ressource et sans barre de vie à l'écran. Il faut aussi tester ces DLC de survie, invitation à vivre une heure de pur cauchemar. Il faut relancer une partie pour saisir toutes les subtilités, tester toutes les limites de l'alien et du gameplay, et arriver encore et encore à cette conclusion : classique instantané.
 
 


 

RULE OF ROSE

Développé par les japonais de Punchline, Rule of Rose est sorti sur PS2 en 2006. À première vue, voilà un objet qui n’était pas forcément destiné à devenir culte, et pourtant, le sort en a décidé autrement. À bien y regarder, le destin du jeu est d’autant plus surprenant qu’il souffrait lors de sa sortie d’énormes carences techniques, ainsi que d’un gameplay des plus rigides, auxquels s’ajoutaient de sérieux problème d’orientation et de difficulté.
 
Autant d’éléments qui auraient pu être tout à fait rédhibitoires, si Rule of Rose n’avait pas bénéficié d’une direction artistique exemplaire, et de la bêtise cosmique de la classe politique. L’affaire est rocambolesque. Apparaît sur un forum un texte décrivant le jeu en des termes peu reluisants, qui en font une véritable ode à diverses perversions, entre masochisme et nécrophilie. Un critique pas très porté sur la déontologie copiera bêtement le texte dans un média italien, provoquant l’ire du maire de Rome, puis du vice-Président de la Commission Européenne.
 
 

photoVol au-dessus d'un nid de coucous

 
C’est ensuite un des députés les plus gratinés de la République Française, Lionnel Luca, qui expliquera, sans avoir joué au jeu, que ce dernier dépeignait des scènes de "nazisme ordinaire", quand son collègue Bertrand Depierre (également très au fait de la réalité) décrit une œuvre proposant au joueur de "violer, battre et tuer une jeune fille". Rule of Rose va rapidement disparaître de la vente, devenant un jeu mystérieux, à l’odeur de soufre, une œuvre maudite.
 
Au final, on ne trouve rien de problématique dans Rule of Rose. Simplement le récit, terriblement cruel d’une vie brisée, métaphore de la violence ordinaire entre enfants et du déracinement. Le tout selon une esthétique rendant clairement hommage à Lewis Carroll.
 
 


LAYERS OF FEAR 

Le principe est simple : hanté par les souvenirs de sa femme et son enfant, un peintre commence un nouveau tableau, et plonge peu à peu dans un cauchemar. Chaque nouvelle touche ravive des souvenirs et traumatismes oubliés, et transforme sa demeure en labyrinthe noir et terrifiant, comme une interminable épreuve qui pourra le sauver, ou l'achever.

Le gameplay est réduit au minimum, avec zéro inventaire et une interaction limitée à quelques clics pour ouvrir une porte ou un tiroir. L'immersion passe donc quasi uniquement par la mise en scène, qui utilise avec intelligence les angles de caméra et les mouvements de la vue à la première personne pour piéger le joueur, le prendre à la gorge et l'étonner.

Sous forte inspiration Silent HillLayers of Fear ne réinvente rien, mais réinjecte suffisamment de mélancolie et de noirceur au genre pour convaincre. La gestion de l'espace notamment est très réussie, avec un jeu spectaculaire et effrayant avec les dimensions, l'obscurité, et les repères en général. Qu'un plafond se révèle être haut de plusieurs dizaines de mètres, qu'un couloir se rallonge à l'infini, qu'une porte disparaisse, ou qu'un ascenseur descende bien trop bas dans la demeure, et la sensation de plonger tête la première dans une pure folie devient envoûtante. 


 

 

DEAD BY DAYLIGHT

Si Dead by Daylight a récemment vu sa côte de popularité remonter c’est parce que l’opus est devenu gratuit l’espace d’un moins pour les détenteurs du PSN + sur la Playstation 4. On pourrait croire que le jeu n’est pas bien fou compte tenu de son graphisme peu flatteur et de ses courbes grossières, mais il s’avère être en réalité un très bon choix pour cette liste. En revanche, on vous avertit tout de suite, Dead by Daylight ne se joue pas en solitaire, reclu dans son coin, mais en multijoueurs (sinon il n’y a plus aucun intérêt au jeu).
 

Dès lors, deux options s’offrent à vous. Soit vous décidez d’assouvir vos pulsions meurtrières au travers d’un jeu vidéo (puisqu’on le sait tous, les jeux vidéo rendent violents), en chassant sanguinairement vos victimes et en vous confondant dans la peau du tueur de votre choix soit vous décidez d’être une pauvre victime cherchant à se tirer au plus vite du merdier dans lequel vous vous êtes fourrés. En cela, Dead by Daylight est fun, bien foutu, avec son lot de petites pressions lorsque le tueur s’approche trop près de vous, compétitif, et assez prenant.

Ce qui a surtout fait la popularité croissante du jeu (1,8 million d’exemplaires vendus), c’est avant tout la multiplicité de ses antagonistes et "tueurs ", la majorité d’entre eux étant issus des films d’horreur classiques et populaires. De The Shape, aka Michael Myers (Halloween), à Freddy Krueger (Freddy, les griffes de la nuit), en passant par Leatherface (Massacre à la tronçonneuse) et Amanda Yound dans Saw, le plaisir de tuer des gens de moultes façons est bien là.

 

 

RESIDENT EVIL 7

On espérait de la part de Capcom une révolution, mais Resident Evil 7 se contenta de s’arrêter au milieu du guet. Malgré une durée de vie un peu ridicule et une conclusion plus précipitée qu’un dépucelage d’épileptique, ce chapitre contient plusieurs des plus intenses trouillasses qu’on a ressenti ces dernières années.

L’excellente gestion de sa vue subjective, l’excellente gestion du jeu au casque virtuelle et la radicalité de son horreur en font un cauchemar à la puissance quasi-inédite. Coincé dans le bayou, le joueur n’aura pas le choix et pour la première fois, détourner ou non le regard de l’horreur qui se répand devient un véritable élément de gameplay.

Mais comment viser un monstre quand on se détourne, ou quand on ferme les yeux ? Sommes-nous finalement si désireux d’explorer les arcanes des marais, les soubassements d’anciennes demeures coloniales ? Sous ces airs de grand huit horrifique, Resident Evil 7 s’amuse ainsi à explorer quantité de concepts implacables, allant de la déliquescence familiale à l’abandon, qui font terriblement écho avec les tensions qui animent actuellement les sociétés occidentales.

 


Resident Evil 7 - Bande-Annonce Playstation... par Ecranlarge


OUTLAST 

Ne pas inclure Outlast dans cette liste serait comme manger une biscotte sans beurre salé dessus, tellement l’opus vidéoludique de Red Barrels est l’évidence même du jeu d'horreur typique. Sorti en septembre 2013, Outlast a très vite fait de devenir la petite sensation du moment. Le jeu est un succès critique et commercial et se vend à près de 4 millions d’exemplaires. Pour un jeu très loin d'être un AAA, c'est une excellente réussite.

A l’instar de son confrère Amnesia, Outlast ne vous propose aucune arme hormis une toute petite caméra qui vous servira à voir dans le noir. Si le scénario est somme toute très simple (voire banal), vous incarnez un journaliste en quête de réponses dans un hôpital psychiatrique délabré aux méthodes peu conventionnelles. Outlast repose principalement sur son atmosphère malsaine.

Le jeu est extrêmement sombre et est dépourvu de toute lumière naturelle, ce qui vous obligera à plusieurs reprises à avancer avec la vision infrarouge de votre caméra ou à tâtonner dans le noir pour les plus malheureux. Devant la popularité du jeu, Red Barrels a décidé de s'atteler à la réalisation d'un second opus. Sorti en avril 2017, Outlast 2 est encore plus éprouvant, malsain, glauque et pervers que son aîné et s'appuie sur une idée de scénario qui fait fureur : les cultes sataniques d'un patelin de bouseux. Bébés sacrifiés, poupées à l'effigies d'un dieu païen et rites méphistophéliques, la recette du bonheur en somme.

 

 

BLOODBORNE

Bloodborne n’a peut-être pas les mots "Demons" et "Souls" ou encore "Dark" dedans, mais il ne reste pas moins dans la même veine que ses aînés. Créé par FromSoftware et par Hidetaka Miyazaki, qui nous a pondu les jeux les plus intenses, durs et compétitifs de ces dernières années, Bloodborne est un gros mélange des toutes les forces des précédents opus. Ne pas l’inscrire dans ce top aurait été une calomnie dont nous ne nous serions jamais pardonnés.

L’histoire est simple, de toute façon ce n’est pas sur ça que le jeu repose. Vous incarnez un voyageur errant dans une ville fantasmagorique, lugubre et gothique nommée joyeusement Yharman. Il s’avère que lorsque vous déboulez dans cette ville, cette dernière est en proie à une singulière maladie endémique qui transforme la quasi-totalité de ses habitants en créatures bestiales et férocement sanguinaires. L’immersion passe avant tout par l’ambiance lovecraftienne du jeu. Dans ses décors gothiques, victoriens, à la fois sublimes et délabrés, teintée d’une noirceur malsaine, le joueur sombre dans une douce folie jusqu’au final apocalyptique et irréel.

 

 

Cependant, Bloodborne s’adresse avant tout à un panel particulier de joueurs. Le jeu de FromSoftware est exigeant et éprouvant, avec une difficulté accrue qu’on ne peut pas "simplement baisser" à l’aide d’un curseur. Alors si vous êtes prêts à casser quelques manettes et perdre vos nerfs, vous savez vers quoi vous tourner.  

 

Tout savoir sur Dead Space 2

Newsletter Ecranlarge
Recevez chaque jour les news, critiques et dossiers essentiels d'Écran Large.
Vous aimerez aussi
commentaires
TOD
31/10/2018 à 19:30

Très bon top avec Until Dawn il aurait été parfait ;-)

rwanalator
28/10/2018 à 22:35

Alien Isolation en VR ça claquerait sa mère !!

Heloo
28/10/2018 à 19:53

Et je pense également à le très bon "the suffering" sur ps2

Geoffrey Crété - Rédaction
28/10/2018 à 19:37

@clejinn

Ca tombe bien, ceci n'est pas du tout un top exclusivement dédié au survival horror. Bloodborne est pour nous une belle réussite en terme d'univers lovecraftien, de créatures et autres monstres cauchemardesques. C'est donc un autre type d'horreur, et on a voulu l'inclure pour élargir le spectre.

Slender a failli en être, mais forcément sur 10 places, on ne pouvait pas tout mettre.

clejinn
28/10/2018 à 19:23

Le top est cohérent et le meilleur du survival horror des 15 dernières années est là mais Bloodborne fais tache par contre, il est pas à sa place.
Le jeu à un décor gothique, parfois horrifique (et encore la peur vient surtout de préoccupations de gameplay par les joueurs) mais il n'est pas un survival horror.
C'est un action RPG brutal qui te fait serrer les fesses mais pas parce que tu as ressentis un malaise ou que tu as eu peur de son ambiance.... Non tu serres les fesses pour tes âmes (la monnaie du jeu) et quand tu tentes une esquive à travers un moulinet du boss.
Je le remplacerai par le jeu Slender tout simplement.. C'est pas un bon jeu mais c'est un petit phénomène qui a eu au moins le mérite de faire jouer quelques non initiés il faut pas se le cacher.

Sharko
28/10/2018 à 18:05

Je rajouterai What Remains of Edith Finch de Annapurna Interactive, Condemned: Criminal Origins, Condemned: Criminal Origins, F.E.A.R., The Observer avec Rutger Hauer et Kingpin: Life of Crime.

nico
28/10/2018 à 16:54

On pourrait citer également Eternal Darkness qui était pas mal dans son genre.