Colonisation, tome 4 : une Expiation intense pour un épatant space opéra français

Simon Riaux | 19 février 2020 - MAJ : 09/03/2021 15:58
Simon Riaux | 19 février 2020 - MAJ : 09/03/2021 15:58

Colonisation arrive à un tournant de sa publication. Après trois tomes qui auront introduit longuement son univers pour y distiller les graines d’une intrigue aux ramifications profondes, la bande-dessinée nous propose un quatrième volet tenu de trouver une vitesse de croisière.

 

AU TEMPS BÉNI DES COLONIES

Nous étions longuement revenus sur la réussite dépaysante du space opera scénarisé par Denis-Pierre Filippi, dessinée par Vincenzo Cucca et publiée chez Glénat dans un précédent dossier, et c’est avec une certaine impatience que nous attendions de découvrir les prochaines aventures de Milla et de sa mauvaise troupe, aux prises avec une administration galactique aux agissements de plus en plus troubles. Ce 4e tome faisait donc face à un défi loin d’être évident, qui consiste à trouver le bon équilibre entre toile de fond et aventure épisodique.

 

photoDans l'espace, personne ne vous entendra faire des boutures

 

Et Colonisation fait le choix fort de ne pas choisir, proposant une nouvelle aventure centrée autour d’une mission unique, laquelle portera un nouvel éclairage sur la mythologie de la bande-dessinée. Cette orientation funambule contraint l’intrigue à un tempo très resserré, autant qu’elle assure une belle variété aux péripéties qui s’enchaînent et un sentiment d'urgence excitant, au fur et à mesure que se multiplient les enjeux. Ainsi, en quelques dizaines de pages à peine, nous filons d’une attaque ratée, à un briefing intrigant, pour enchaîner sur un objectif mystérieux, qui se révélera aussi périlleux que délicieusement pulp.

Le tome précédent avait choisi d’abandonner un peu les aventures spatiales pour favoriser l’exploration d’un spectaculaire décor, celui-ci multiplie les décors et évoque quantité de fantasmes de SF qui ont fait les grandes heures du pulp. Sur fond de lutte des classes ultra-violente, puis de retour à l’animalité, et enfin de grosse baston sauvage. Toujours amatrice de ruptures de ton, la narration nous réserve son lot de surprise, sous la forme de gadgets aussi létaux que peu ragoûtants (mention spéciale aux fruits-armes et aux proto-grands singes avinés). Graphiquement, le trait de Vincenzo Cucca a encore évolué, et son style semble désormais tout à fait adapté à Colonisation, soulignant la grande vélocité de la bande-dessinée.

 

photoLe découpage de l'action est toujours l'occasion de belles compositions

 

SERIAL COSMIQUE

En termes de scénario, Filippi se débrouille une nouvelle fois pour tenir cet ensemble remarquablement dense et pourtant cohérent. On retrouve son goût pour les retournements, comme les personnages féminins forts, mais aussi un sens du coup d’éclat qui réjouit. Si on est bien loin d’une anthologie à la Métal HurlantColonisation peut néanmoins varier les plaisirs, au gré d’un rythme idéal. L’économie de moyens dont font preuve les dialogues a cela de réjouissant qu’elle assume parfaitement l’héritage de références de son public, et se garde bien de systématiquement tout expliciter, conservant le soin de la composition des plus grandes planches, mais aussi le dynamisme des scènes d’action.

 

photoEllipses et introduction de décors affolants : deux points forts de la BD

 

Oscillant entre l’amour de l’aventure et du concept à la manière d’un Star Trek ultra-coloré et la candeur vintage d’Un million d'années avant J.C., Colonisation tome 4 ne nous laisse pas le temps de souffler. C’est heureux, mais cela empêche parfois les personnages de gagner en épaisseur. Ainsi, on apprécierait de voir les rapports entre Daphné et Clarence se creuser, la nature de leur union virtuelle se dévoiler un peu plus, tandis que l’ensemble gagnerait à donner plus de chair à certains de ses personnages secondaires.

Mais c’est là une limite bien légère, eu égard aux promesses de cliffhanger de ce tome, qui sent bon l’influence directe des serial aventureux des années 50. Porté par une vibe très Douze Salopards, l’ultime rebondissement qui nous attend annonce une intrigue particulièrement prometteuse.

Colonisation tome 4 est disponible aux éditions Glénat dès ce 19 février 2020

 

photoCeci est un article publié dans le cadre d'un partenariat. Mais c'est quoi un partenariat Ecran Large ?

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