En Vrille : on vous recommande le nouveau polar de Deon Meyer

Jacques-Henry Poucave | 13 janvier 2016 - MAJ : 09/03/2021 15:58
Jacques-Henry Poucave | 13 janvier 2016 - MAJ : 09/03/2021 15:58

Deon Meyer signe ici la cinquième aventure policière de l’inspecteur Benny Griessel. Auteur sud-africain de thrillers, Meyer effectue ici un retour en forme, sombre et implacable, qui s’impose comme une des déflagrations de ce début d’année 2016.

Les enquêtes tourmentées, voilà un point de départ plutôt commun pour un polar, que l’auteur s’évertue à nuancer, à dévisser, avec une intelligence remarquable. Si l’apparent héros est un alcoolique repenti, En Vrille le confronte dès les premières pages à ses démons et fait de la chute de son personnage premier non pas un élément de suspense ou un ressort symbolique, mais bien un moteur du récit.

 

En Vrille Deon Meyer

 

L’enquête de Griessel avancera ainsi suivant les à-coups non seulement de l’investigation, mais aussi (surtout ?) des relents alcoolisés de l’inspecteur, embourbé dans sa dépendance et à peine capable de mettre un pied devant l’autre. Une des originalités du texte vient justement du fait qu’il ne joue pas la culpabilité, le remords ou la tentation comme des totems classiques du policier torturé, mais qu’il fait de ses tares et défauts un véritable mode de survie, bouclier ultime quoique fragile, contre les horreurs d’une société déliquescente.

Et si Deon Meyer livre ici un de ses textes les plus réussis, c’est non seulement car il pousse son anti-héros dans ses derniers retranchements éthyliques, mais aussi parce qu’il l’entoure avec soin de son équipe des Hawks, troupe d’élite de la police locale. Tous ses caractères sont troussés avec une très intelligente économie de moyens, qui confère à cette enquête chaotique une dimension chorale parfaitement maîtrisée.

 

En Vrille Deon Meyer

 

Sa langue chirurgicale, par endroit terriblement glaciale, presque clinique, Meyer la met au service de la description de deux mondes à priori opposés. D’un côté, celui des vignerons Sud-Africains, de l’autre, l’univers de la drague et de l’adultère en ligne. En leur cœur une même thématique, celle de la fausseté, de l’apparence et de la manipulation.

Loin des stéréotypes ou des désormais attendus schémas raciaux que l’on retrouve toujours dans les œuvres de genre locales, En Vrille dresse en creux le portrait d’un pays à l’identité insaisissable, à l’histoire mensongère, dont les seuls citoyens clairvoyants n’ont plus que les brumes de l’alcool pour refuge.

On ne vous parle pas souvent bouquin sur Ecran Large, mais on vous recommande chaudement ce thriller dont la langue et la structure enivre et dessoulent à la fois.

 

En Vrille Deon Meyer

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commentaires
khan
13/01/2016 à 21:01

Dead at Daybreak est considéré comme le plus accompli je crois, à lire en anglais selon moi d'ailleurs si on en a la possibilité

lolita
13/01/2016 à 20:59

J'ai lu 7jours l'été dernier et c'était très bon

Docteur Licorne
13/01/2016 à 17:05

Dans le genre, Coup de Froid de Lynda La Plante est excellent.

Rodolphe
13/01/2016 à 16:31

Aucune approbation ? C'est étonnant. J'en ai écrit, du publireportage, et le client relit toujours le texte avant sa publication, c'est la moindre des choses. Chez certains ça passe comme une lettre à la poste, chez d'autres c'est, disons, un peu plus pénible. Quoi qu'il en soit, il est heureux qu'un site consacré au cinéma, à la télévision et aux jeux vidéo assume son partenariat avec un éditeur - mais dans ce cas, ne l'assumez pas à la marge, c'est-à-dire en répondant au commentaire d'un lecteur (ce dont je vous sais gré), mais signalez-le à la fin de votre article. C'est un conseil professionnel d'un lecteur fidèle : la confusion entre critique et publicité risque de vous faire du tort, à la longue, et pas du seul point de vue déontologique...

Simon Riaux
13/01/2016 à 15:58

@Rodolphe

Nous assumons totalement notre association avec la sortie de certaines oeuvres. Il s'agit d'ailleurs en général de créations dont l'exposition est limitée et auxquelles nous sommes ravis de donner de la visibilité sur le site. Notez enfin que ces partenariats sont choisis en fonction de nos coups de coeur et que le traitement éditorial que nous leur réservons ne fait l'objet d'aucune approbation.

Ratatak
13/01/2016 à 14:35

Le meilleur flic bourré de la littérature polar actuelle reste Harry Hole de Jo Nesbo.

Rodolphe
13/01/2016 à 14:23

C'est un peu gros : il y a déjà la banderole promotionnelle en haut du site, et maintenant la critique scolaire relue et approuvée par l'éditeur. Vous faites dans le publireportage, maintenant ?