Fight Club : pour la ressortie du film, on s'est penchés sur sa suite en comics

Simon Riaux | 28 juillet 2017 - MAJ : 09/03/2021 15:58
Simon Riaux | 28 juillet 2017 - MAJ : 09/03/2021 15:58

Tout le monde n’y a pas fait attention, mais Sebastian et Tyler Turden ont effectué un come-back inattendu il y a quelques mois. En effet, le romancier original, Chuck Palaniuk, s’est allié avec Cameron Stewart, dessinateur de talent, qui a usé ses mines et pinceaux sur les aventures de Batman ou encore Catwoman.


Scénariste brillant, illustrateur reconnu et rompu aux récits à forte dimension iconique, sur le papier ce retour est d’autant plus alléchant qu’on est forcément curieux de voir l’écrivain reprendre la main sur sa création, continuant de l’hybrider et consacrant son statut de fascinante mutation, en lui offrant un nouveau médium comme terrain de jeu.

 

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Malheureusement, cette suite ne devrait satisfaire que les fétichistes de Fight Club, les acharnés du roman et tous ceux qui rêvent depuis des années de retrouver le phénoménal Tyler Durden. Et si vous n’êtes pas en quête d’autre chose qu’un divertissement honnête, une simple évocation d’une œuvre culte ou un petit shot de nostalgie, ce Fight Club 2 risque fort d’être une grosse déception.

Tout commençait pourtant plutôt bien. Sebastian a épousé Marla, ils ont un fils, et il suit un traitement lourd afin d’empêcher sa seconde personnalité, Tyler, de ressurgir. Mais comme la vie est devenue singulièrement monotone, qu’au lit, c’est franchement plus ça, Marla tente le tout pour le tout et échange ses médocs contre des placebos. D’où un bordel incommensurable.

 

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Si on appréciera le découpage souvent vif de Stewart, décidément très à l’aise avec l’esthétique bétonnée d’un environnement urbain qu’il parvient à rendre extrêmement vivant, ses corps tendus, ses visages expressifs, ce qui faisait la qualité de ses comics super-héroïque ne colle pas toujours à l’univers de Fight Club 2. Evidemment on saisit la dimension ironique, comparable à la volonté de David Fincher de recycler l’imagerie clip et ultra-bright de la société de consommation que le récit dénonce, mais l’effet est ici relativement peu efficace. On a plus le sentiment d’être face au tout-venant de la bande-dessinée Nord-Américaine, techniquement très accomplie, que devant une proposition véritable.

Et pour ce qui est de la narration, autant Palaniuk s’est fait plaisir, autant il a clairement lâché la bride de son imagination, autant le résultat est terriblement décevant. On ressent lors de certains passages, très musclés, une très belle énergie, et l’impression de chaos qui se dégage du récit est appréciable. Mais tout cela souffre de trois tares problématiques.

 

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Tout d’abord, redonner vie à Fight Club plus de 15 ans après la sortie du film qui a révélé le texte au grand public… pourquoi pas, mais le faire via un retour de Tyler est finalement contreproductif, tant le procédé est géré sans grande imagination et évacue ainsi des intérêts du texte, à savoir le questionnement perpétuel sur la santé mentale du narrateur.

Autre souci, le scénario est construit n’importe comme. De chez n’importe comment. Balancer des attentats, des sectes millénaristes et des vieillards enfantins (tout un concept) aussi remontés que Schwarzenegger dans Commando, pourquoi pas, mais encore faut-il maîtriser un minimum la direction prise par la narration, tant le bordel ne peut se suffire lui-même. Mais au lieu de ça, Palaniuk se contente de s’amuser comme un sale gosse, ne se souciant jamais de la capacité du lecteur à faire le tri dans son énorme fatras.

 

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Enfin, l’auteur a peut-être pensé qu’il serait très ludique de s’inclure lui-même dans le récit, mais ses percées méta prouvent à la fois qu’il n’est pas Deadpool, et ne maîtrise pas la destruction du quatrième mur aussi bien que ses petits camarades, et donne finalement le sentiment que Chuck se soucie plus de se réapproprier totalement cet univers, plutôt que de nous en donner les clefs. Ainsi, à moins de ne chercher qu’un petit tour de manège enragé, Fight Club 2 tournera rapidement à la frustration.

 

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commentaires
stivostine
29/07/2017 à 15:33

Hollywood et ses prod frileux n'ont qu'a adapter Survivant (*_*)