Projet Blue Book Saison 1 : critique qui veut croire aux X-Files
Dans les années 50, au lendemain de la formidable excitation provoquée par les évènements de Roswell, l’US Air Force envoie un professeur d’astrophysique recueillir les témoignages et démêler le vrai du faux, alors que les prétendues victimes de phénomènes d‘origines extra-terrestres se multiplient et donnent de la voix. Le Projet Blue Book est né et sa série avec Michael Harney, Michael Malarkey et Aidan Gillen en raconte l'histoire.
À L'ANCIENNE
Le point de départ de Projet Blue Book évoque évidemment X-Files, en cela que la série diffusée en France par la chaîne WarnerTV/Turner ressuscite automatiquement plusieurs ingrédients emblématiques de la série culte qui fit les beaux jours de la Fox. De par son genre, maniant science-fiction et thriller parano, mais aussi par certains motifs, comme les petits hommes verts ou la question centrale du doute, la figure du complot d’état.
Mais Projet Blue Book s’attaque également à un concept, toujours issu de X-Files, que très peu de séries ont osé dupliquer (on pense évidemment à Fringe), à savoir : les différents niveaux de narration. Il est ici bien sûr question d’alterner entre intrigue ou problème de la semaine, et une mythologie plus globale. C’est cette alchimie qui fit énormément pour la richesse des aventures de Mulder et Scully, la densité de leur duo ainsi que la vitalité du show, lequel trouvait là une matière perpétuelle au renouvellement, à la rupture de ton.
Un héros qui va sans le savoir sculpter la culture parano américaine
Et pour notre plus grand bonheur, Projet Blue Book est parfaitement conscient de tout cela, s’attelant à cocher toutes les cases de l’investigation complotiste post-X-Files. Profitant du savoir-faire de la chaîne History en matière de reconstitution, mais aussi de gestion maîtrisée de budget qu’on imagine très inférieur aux champions de la production de shows prestigieux, le récit autorise un fétichisme rétro franchement délicieux. Qu'un témoin s'immole dans une séquence glaçante, qu'une bande de mômes fasse soudain face à un alien grillé ou que notre héros se prenne la tête sur de mystérieux symboles, le show est riche de scènes vues mille fois ailleurs, mais qu'on retrouve ici "dans leur jus", avec un plaisir simple, mais assez contagieux.
Costumes, direction artistique, décors, tout nous embarque sans cesse vers un univers fantasmatique, entre film noir, pulp et serial déviant, le tout n’étant par bonheur jamais appréhendé par-dessus la jambe ou comme une enfilade de clichés. Projet Blue Book croit dans le monde qu’il déploie, filme chacun de ses bureaucrates en surchauffe, son moindre militaire intrigant ou ses témoins terrifiés avec un premier degré qui fait beaucoup pour le charme de la série. Ainsi, l’amateur du genre aura souvent l’impression d’enfiler une bonne paire de charentaises, trop longtemps abandonnées.
La vérité est un peu ailleurs quand même
SPACE PARESSE
Pour autant, tout est loin de couler de source dans la série qui nous intéresse. Il ne suffit pas d’enfiler le costume des plus grands pour l’ajuster aussi sec. Ainsi, Projet Blue Book souffre tout d’abord ‘un problème d’équilibrage évident. Pour talentueux qu’ils soient, Aidan Gillen et Michael Malarkey ne composent pas un couple aussi fort que l’étaient Gillian Anderson et David Duchovny, tant s’en faut. Il n’est d’ailleurs pas interdit de trouver les nœuds de l’intrigue en lien avec Laura Mennell et Ksenia Solo beaucoup plus organiques, mystérieux et plaisants.
De même, si on sent bien le désir (plaisant) de siphonner l’héritage de X-Files, la série devra rapidement se trouver un rythme de croisière et arrêter son ADN. En l’état, sa mythologie est un peu trop transparente, l’écriture se démenant parfois mal de sa focale obligatoire. En effet, Hynek étant embauché pour étudier ce qu’on n’appelle pas encore les OVNIS, le scénario ne peut s’autoriser une variété de genres et d’approches, comme en bénéficiait son modèle.
Aidan Gillen est parti pour se faire des cheveux blancs
D’où un sentiment régulier de flottement, comme si la série n’était pas assez sûre d’elle-même, incapable de trancher entre bébêtes de la semaine, percée mythologique, et atmosphère. De même, l’intrigue établit rapidement une forme d’antagonisme via Neal McDonough, mais son personnage de militaire pas bien gentil manque cruellement d’ambiguïté.
En l’état, Projet Blue Book jouit d’une aura de sympathie indéniable, et charmera probablement les nostalgiques d’un genre un peu tombé en désuétude. Mais le show doit désormais affiner son écriture et se renouveler pour prétendre nous marquer et attirer à lui de nouveaux spectateurs.
Lecteurs
(0.7)09/12/2019 à 11:31
Plutôt sympathique mais la réalisation a 30 ans de retard, avec ses fins de séquences et sa musique lourdingue toujours basées sur le même modèle, censées apporter du suspense.
08/12/2019 à 18:40
C'est inintéressant de faire une série avec un comme nom un projet de désinformation de masse. Alan Hynek a même publiquement reconnu avoir participé à la désinformation, sachant très bien que ses rapports etaient biaisés.
05/12/2019 à 19:21
Excellente série. La saison 2 parlera entre autre de Jessie Marcel.
05/12/2019 à 19:01
En terme de série sur les ovni avec un contexte historique, j'ai pris du plaisir à ressortir mon DVD de l'unique saison de Dark Skies. Une petite pépite méconnue et bien plus proche de cette série apparemment que X-Files.
05/12/2019 à 18:36
Il y a quand même des SFX désastreux dès qu'il s'agit de montrer les ovnis.
05/12/2019 à 17:15
L'histoire réelle du projet Blue Book et de Allen Hynek était suffisamment inéressante pour en faire un série réaliste, dommage que dès le premier épisode ça s'éloigne très vite de la réalité pour devenir de la fiction pur et simple. la série reste sympa à regarder mais j'aurais préféré qu'ils collent aux faits réels, là en gros juste le nom du projet et de Hynek correspondent a la vérité, tout le reste est pure invention des scénaristes. Dommage.