Sex Education : une saison 2 jouissive ou qui bande mou pour la série Netflix ?

Alexandre Janowiak | 17 janvier 2020 - MAJ : 09/03/2021 15:58
Alexandre Janowiak | 17 janvier 2020 - MAJ : 09/03/2021 15:58

Après avoir conquis le coeur des abonnés de Netflix (et pas seulement), la série adolescente Sex Education, portée par un casting rafraichissant (Asa ButterfieldEmma MackeyNcuti Gatwa) et expérimenté (Gillian Anderson), revient sur la plateforme avec une saison 2. Après une saison 1 colorée, mature et drôle malgré quelques défauts, que vaut la suite des aventures d'Otis, Eric, Maeve et cie ?

TOUT CE QUE VOUS VOULIEZ SAVOIR SUR LE SEXE...

La saison 1 de Sex Education avait réussi son pari. En seulement huit épisodes, la création de Laurie Nunn abordait avec brio des thématiques pertinentes et rarement traitées aussi frontalement sur le petit écran pour un public adolescent. Se concentrant à la fois sur des sujets vus maintes fois comme les premières amours, la découverte de la sexualité, l'homosexualité... elle n'oubliait pas de s'attarder avec fougue sur des points cruciaux encore tristement tabous : le harcèlement, l'avortement voire la masturbation féminine (quasiment jamais représentée à l'écran).

En cela, Sex Education était une belle surprise n'hésitant pas à bousculer les lignes pour mettre homme et femme, adolescente et adolescent, sur un même pied d'égalité concernant le plaisir sexuel, mais aussi les dangers de certains comportements pour soi-même et autrui. À dire vrai, le contrat était donc rempli puisque la série Netflix se présentait comme de l'éducation sexuelle (comme annoncé dans le titre) pour un public qui manque d'informations à ce propos.

 

Photo Patricia AllisonUne jeunesse souriante et pourtant en manque de repères

 

Dans cette saison 2, les questionnements déterminants (et parfois inédits pour une série teenage) continuent de fleurir et bien évidemment, c'est ici que Sex Education marque beaucoup de points et diffuse les plus belles émotions. Avec plus ou moins de profondeur, chaque épisode se concentre sur un sujet précis (très sérieux ou plus léger) afin d'instruire cette jeunesse souvent crédule et ignorante, à cause d'une éducation absente ou d'une éducation biaisée par la pornographie disponible en quelques clics sur Internet, sur le sexe.

Dans un souci de renouvellement et d'approfondissement de ses sujets, cette saison 2 aborde essentiellement des points évités lors de la saison 1 : agression sexuelle, pilule du lendemain, sapiosexualité, asexualité, vaginisme... La saison démarre par aillers lorsque les MST (et surtout la chlamydia) font leur apparition créant une réaction en chaîne au sein du lycée de Moordale, craignant une épidémie généralisée chez les élèves (voire professeurs et parents d'élèves) totalement absurde.

Le dispositif est peut-être un peu farfelu, sans doute trop décalé à quelques reprises, mais le message est clair : nos adolescents (et pas seulement) sont dépassés par la sexualité et ont peur d'en parler à leurs parents, leurs professeurs ou les autorités (dans certains cas) tant elle est considérée comme un tabou depuis des générations, et il est temps d'y remédier.

 

photo, Asa Butterfield, Ncuti GatwaLes deux amis vont encore vivre une année mouvementée

 

... EN OSANT ENFIN LE DEMANDER

De manière extrêmement touchante et puissante, la série se penche avec brio sur l'agression sexuelle choquante que subit un de ses personnages féminins dans un bus lors de l'épisode 3. Le moyen malin pour la série de se confronter à ce sujet primordial avec une véritable délicatesse, mais surtout une pertinence bienvenue. Loin d'être une normalité, une agression sexuelle, devant toutes les formes qu'elle peut prendre, se doit d'être dénoncée. Plus important encore, les victimes doivent être soutenues dans n'importe quelle circonstance face à leurs agresseurs ; et à l'inverse, l'indifférence totalement bannie.

Judicieusement, Sex Education va suivre les conséquences de cette agression sur la psychologie de la jeune lycéenne agressée qui, au fur et à mesure des épisodes, perd pied devant le souvenir de cette agression se répétant inlassablement dans son esprit et ses tenants se dévoilant véritablement à ses yeux (après l'avoir vécu inconsciemment dans un premier temps).

En résultera un sublime épisode 7, pastichant Breakfast Club, où la solidarité féminine (ou sororité) se révélera être une manière de lutter contre ce monde encore trop machiste et sexiste, et de protéger, soutenir et épauler les victimes d'un système loin d'avoir pris conscience de tous les problèmes présents dans la société.

 

Photo Emma MackeyLe passage le plus touchant et émouvant de la saison

 

Au-delà de ça, la série revendique la diversité sexuelle. Un hétérosexuel n'est pas plus normal qu'un homosexuel, qu'une sapiosexuelle, qu'un bisexuel ou qu'une asexuelle, au contraire. Au XXIe siècle, il est temps (pour ceux qui ne l'ont pas encore compris) que la sexualité de chacun ne soit plus jugée comme étrange, inadaptée ou tout simplement anormale.

Tout le monde est égal et Sex Education, en visant un public majoritairement adolescent, inculque un message d'ouverture essentiel aux futures générations dans un monde qui se referme parfois sur lui-même (notamment aux États-Unis avec Trump). La série se veut porte-parole de la liberté de chacun, démontrant que l'orientation sexuelle ne se choisit pas et se révèle à chaque sensibilité de façon différente. Mieux, ladite "anormalité" des vieux temps devient une splendide singularité.

Dans une jolie salve d'épisodes, Sex Education est donc franche : le temps de l'acceptation a sonné et avec lui, le temps de la communication. Une communication qu'il est important d'enseigner comme une démarche louable, pertinente et surtout normale et fondamentale. C'est sûrement le fil rouge de cette saison 2 d'ailleurs, tant le manque de communication sur le sexe (et tout en général) provoque une désinformation de la jeunesse, mais aussi des malentendus, des erreurs ou des non-dits dangereux au sein des adolescents et également des adultes et notamment les couples (de tout âge).

 

Photo Gillian AndersonGillian Anderson, encore une fois parfaite

 

DEMI-MOLLE

Concrètement, Sex Education se pose, encore une fois, comme un joli apprentissage ludique et divertissant avec sa deuxième saison déployant des sujets nécessaires et souvent astucieusement mis en perspective pour la jeunesse. Pour autant, si l'étude de la sexualité et des sujets inhérents est amené avec un certain brio, cette saison 2 ne parvient pas à développer dans le même temps une intrigue franchement passionnante, captivante ou ne serait-ce séduisante.

Sa jolie maturité pédagogique contraste malheureusement avec la succession trop prégnante de situations narratives caricaturales. Des intrigues banales qui s'y déploient aux facilités scénaristiques en passant par les dialogues souvent téléphonés et les trajectoires de personnages peu inspirés, le récit ne réussit jamais à s'élever franchement quand on s'arrête sur son simple scénario.

Reste alors une histoire qui se suit sans jamais réellement surprendre. Les romances incluses dans la fiction sont attendues et connues. Et tristement, le cliffhanger final laissant traîner un suspense inutile sur la relation entre deux personnages se révèle un poids scénaristique pour le show, empêchant la clôture d'un arc majeur (existant dès le pilote) et donc la création de nouveaux enjeux.

 

Photo Asa ButterfieldUne série sanglante

 

Certes, il s'agit d'un petit tort au vu de l'objectif sincère de la série, à savoir, éduquer cette jeunesse souvent naïve et inconsciente des dangers et plaisirs sexuels. Cependant, alors que les thématiques se multiplient et les réflexions gagnent en profondeur, le récit, lui, patine et stagne. Par conséquent, si quelques nouveaux personnages créent de jolies amitiés tangibles et pleines d'authenticité (Viv et Jackson), d'autres embêtent le récit plus qu'ils ne l'enrichissent.

Par exemple, le personnage d'Isaac (un adolescent handicapé en fauteuil roulant) crée un obstacle futile et plutôt artificiel dans la progression de l'intrigue concernant Maeve (Emma Mackey) et Otis (Asa Butterfield), bien qu'il fasse de la série un modèle d'inclusivité. À l'inverse, le personnage de Rahim (le français Sami Outalbali) offre des pistes intéressantes, permettant aux personnages (notamment Eric) d'évoluer, mais intrinsèquement, il n'évolue jamais vraiment de son côté jusqu'à être tristement abandonné à lui-même (littéralement) en fin de saison. 

Au-delà, la série a tendance à jouer un peu trop la case burlesque et décalée, à l'image de son ouverture masturbatoire obsessive ou de cette scène où le personnage d'Otis place des tampons dans son nez pour stopper son saignement. Le trash de la série, s'il est parfois amusant et bien senti, est trop souvent fabriqué et manque de spontanéité.

Là sont les petits points noirs de Sex Education. On espère qu'elle saura gagner en maturité, à l'image de ses personnages, dans le dosage de son humour coloré lors de sa saison 3, clairement inévitable.

Sex Education saison 2 est disponible en intégralité sur Netflix depuis ce 17 janvier. La saison 1 est également disponible sur la plateforme.

 

Affiche

Résumé

Malgré des intrigues romantiques peu engageantes, un sérieux manque de rythme et des dialogues souvent téléphonés, Sex Education dispose de magnifiques atouts. A la fois de façon (trop) décalée et avec une belle maturité, cette saison 2 brosse encore un portrait honnête, drôle et pertinent de la sexualité.

Newsletter Ecranlarge
Recevez chaque jour les news, critiques et dossiers essentiels d'Écran Large.

Lecteurs

(1.5)

Votre note ?

commentaires
Tophyze
18/01/2020 à 21:21

Quel chance vous avez, les gamins (comme l'ai été dans mon "jeune temps" lol), de pouvoir visionner ce type de série ! ;)
Rien de plus à dire, sachant je vous rejoins à 100% dans votre analyse. Si ce n'est que je me suis bien marré ;)

vanisher
18/01/2020 à 21:16

J'ai terminé l'épisode 6. Les épisodes 1 et 2 étaient d'un chiant. C'est un peu mieux à partir du 4. Ca sent le syndrome Stranger Things. Bonne 1ère saison, et la 2, plouf.

La multiplication des histoires amoureuses, naze. Les triangles amoureux, classique, mais chiant. Eric et Otis sauvent les meubles, surtout Eric. Très bon personnage et acteur.
Les arcs autour d'Aimee et Jackson sont intéressants. J'aime bien le personnage de Viv.

Si saison 3, il va falloir les sortir de leur école, et développer le propos pour que la série s'inscrive dans la durée (5 saisons max).

Nesse
18/01/2020 à 17:00

Une Saison 2 mitigé, la seule histoire qui m est intéressé Aimee et le pervers du bus.,j espère que la saison 3 développera un peu plus le personnage de Rahim.

Benettone
18/01/2020 à 01:41

United color of bande de con.s, les images ne donnent pas envie, on dirait une pub pour des préservatifs. C'est cette serie daubée qui pollue le metro avec une affiche qui nous balance à la gueule deux mecs qui se bouffent la langue ?

votre commentaire