I Am Not Okay with This : critique totalement d'accord pour mater la série sur Netflix

Alexandre Janowiak | 26 février 2020 - MAJ : 09/03/2021 15:58
Alexandre Janowiak | 26 février 2020 - MAJ : 09/03/2021 15:58

La formule est presque devenue ennuyeuse et barbante tant elle est régulière, voire systématique, ces derniers mois : Netflix balance une nouvelle série young adult sur sa plateforme avec I Am Not Okay with This. Pour autant, la série a un joli potentiel de départ en étant adaptée du roman graphique éponyme de Charles Forsman (scénariste de The End Of The F***ing World), réalisée par un des metteurs en scène de The End Of The F***ing World justement, produite par Shawn Levy (créateur de Stranger Things) et portée par le duo Sophia Lillis-Wyatt Oleff (vus dans les deux derniers Ça). Verdict.

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Dès son ouverture et son ton faussement subversif avec son "fucking" complété par une référence évidente à Carrie au bal du diableI Am Not Okay with This n'est pas rassurante. Nombre de séries young adult estampillées Netflix ont joué sur le côté meta, les références à la pop culture et le côté légèrement rebelle et déjanté pour se sentir pousser des ailes. Parfois, ça donne des bonnes surprises comme Stranger Things, Daybreak voire The End Of The F***ing World et d'autres fois, ça ressemble plutôt à du Élite (et ce n'est pas une bonne chose).

Heureusement pour nous, on constate très vite que I Am Not Okay with This fait partie de la première catégorie. Sans aucun doute, la série produite par les créateurs de Stranger Things (justement) et scénarisé et réalisé par ceux The End Of The F***ing World (tiens donc encore) est une des jolies surprises de la plateforme en ce début d'année 2020. Une petite perle rafraichissante et pleine de tendresse qui se déguste avec délectation et beaucoup de plaisir.

 

Photo Sophia Lillis, Wyatt OleffUne esthétique très proche de The End of the F***ing World

 

Alors, attention, il ne faut pas se leurrer, I Am Not Okay with This suit une ligne directrice très prévisible et attendue, et ne développe pas un récit très surprenant. Au contraire, la série tirée du roman graphique de Charles Forsman repose sur un univers assez classique du monde lycéen suivant les péripéties de Sydney, une jeune fille ayant des soucis familiaux et en pleine réflexion sur elle-même.

Cependant, c'est ici avec son héroïne que la création originale de Netflix prend un tournant captivant ou au moins intrigant. S'il s'agit d'une série initiatique assez banale sur le papier, le traitement de l'apprentissage de Sydney va se faire à travers le prisme du fantastique et du surnaturel à l'écran.

 

photo, Sophia LillisEn mode Breakfast Club

 

ÇA RIT AU BAL DU DIABLE

I Am Not Okay with This se transforme alors en véritable conte initiatique extrêmement attendrissant, très drôle et composé de plusieurs petites séquences surnaturelles dévoilant les découvertes de sa (super-)héroïne avec une sacrée délicatesse. Très rapidement, la série rappelle d'ailleurs (au-delà du Carrie au bal du diable de De Palma) le Thelma de Joachim Trier. Le réalisateur norvégien se servait ici du surnaturel pour développer ses thèmes de prédilection liés à l'adolescence : la solitude, le rejet, les premières amours, la sexualité, la recherche de soi, l’émancipation, la famille...

La plupart de ses sujets sont également au coeur de la série réalisée par Jonathan Entwistle qui livre un récit moins onirique et poétique, mais joue de son côté d'une voix off permanente et de l'arrivée soudaine de pouvoirs surnaturels pour développer Sydney. Son héroïne est une jeune fille en deuil, qui manque de repères (paternels notamment) et de confiance en elle, rabaissée régulièrement par ses camarades (voire sa mère) et en pleins questionnements sexuels et amoureux. 

Ainsi, la présence de ses pouvoirs devient très rapidement le repère de ses émotions dissimulées, de ses frustrations enfouies ou de sa colère latente sur le monde et ceux qui l'entourent. Et alors qu'elle est encore très loin de contrôler ses sentiments, ses pouvoirs seront, plus que les conséquences directes de ses tourments, traumatismes et désirs refoulés, le moyen pour elle d'apprendre à gérer ses ressentis, éviter de provoquer de nombreux problèmes au sein du lycée et de mettre en danger sa propre vie et celles de ses proches.

 

photo, Sophia LillisUne colère incontrôlée

 

I Am Not Okay with This construit alors, avec ses sept épisodes d'une vingtaine de minutes, un récit dynamité par les super-pouvoirs de Sydney, mais aussi des interactions esquivant le superflu (les non-dits habituels du genre) pour aller droit au but et éviter les détours. Quasiment esseulée après que sa meilleure amie Dina lui annonce sortir avec le beau-gosse footballeur hautain du lycée (plus clichés tu meurs, mais bon), sa solitude ou sa nouvelle sensation d'abandon et délaissement (subit depuis le suicide de son père) est rapidement compensée par la présence de son camarade Stanley, par exemple.

La formation du duo et les secrets qu'ils se livrent l'un à l'autre permettent à l'histoire de jouir d'un rythme efficace et particulièrement prenant. Leurs échanges et leur complicité naissante alimentent l'histoire de séquences et épisodes simples, mais émouvants (le deuxième, le cinquième aux airs de Breakfast Club...) donnant une belle fluidité à la narration.

Et c'est d'autant plus fort que l'histoire de la série n'a pourtant rien de très entraînante. Exception faite du mystère de la robe ensanglantée de Sydney au coeur du récit de l'ouverture jusqu'au bal final, la série ne repose pas réellement sur une intrigue partant d'un point A pour aller à un point B.

 

photo, Sophia Lillis, Wyatt OleffÀ la recherche de son identité sexuelle

 

STAN BY HER

Au contraire, elle est avant tout le moyen de développer un peu plus des réflexions au coeur de la puberté et de l'adolescence tout en donnant une vraie voix aux adolescents mal dans leur peau et se sentant exclus. Il y a quelque chose de particulièrement attachant à voir la série rendre justice à ses personnages définis comme "anormaux ou différents" par leurs camarades et à trancher radicalement : l'anormalité est une normalité et la différence une singularité. Dehors les bien-pensants et persécuteurs ou vos têtes en paieront le prix fort.

Avec The End Of The F***ing WorldCharles Forsman concentrait son récit autour d'un duo de marginaux. Avec I Am Not Okay with This, il tourne autour de deux élèves qui pourraient aisément faire partie du Club des Losers de Ça de Stephen King. Hasard ou non, les deux interprètes de Sydney et Stanley étaient justement au casting de l'adaptation en deux parties signée Andrés Muschietti.

 

Photo Sophia Lillis, Wyatt OleffSophia Lillis parfaite, une fois de plus

 

Si le jeune Wyatt Oleff donne beaucoup de personnalités à son personnage et offre quelques moments savoureux de comédie (cette vitre qui met très longtemps à descendre), c'est bien évidemment Sophia Lillis en Sydney qui crève l'écran. Après avoir déjà montré une palette de jeux impressionnante dans le diptyque horrifique Ça mais aussi la série Sharp Objects, impossible de ne pas remarquer le talent brut de la jeune actrice.

Capable de tout jouer, elle passe d'un registre à un autre et jongle avec les émotions avec une certaine maestria. De son sourire à ses pleurs en passant par sa hargne, sa peur et sa rage, elle réussit, à chaque instant du récit, à transmettre les sentiments véritables qui envahissent son personnage aux spectateurs.

Évidemment, la série s'adresse avant tout un public adolescent ou, en tout cas, dans la même phase de développement que Sydney à l'instar de Sex Education par exemple. Pour autant, les spectateurs plus aguerris sur la vie ou l'acceptation de soi, pourront sans doute se délecter du cynisme ravageur de la jeune fille, du côté super-héroïque de la série et des petites références évidentes aux incontournables coming-of-age-story Stand by Me et Breakfast Club.

I Am Not Okay with This est disponible en intégralité sur Netflix depuis ce 26 février 2020

 

Affiche US

Résumé

Pas foncièrement original, I Am Not Okay with This reste terriblement attendrissant et divertissant. En mêlant admirablement comédie, conte surnaturel et référence aux classiques du genre, la série livre sa version du récit iniatique portée par une Sophia Lillis impériale.

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Lecteurs

(1.9)

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commentaires
Tractopelle
05/04/2020 à 00:55

On va pas ce mentir ça casse pas trois pattes a un lapin tout est prévisible , mais l'ensemble fonctionne étrangement grâce a son actrice principale qui est bourré de talent qui arrive vraiment a faire passer toute sorte d' émotions pour son jeune âge elle maîtrise une palette de sentiments très large . Sûrement une futur grande actrice

Brasch-Eazy-E
27/02/2020 à 19:04

Je vois pas le rapport avec Elisabeth Moss, y a pas un souci avec l'encart en page d'accueil ?

aqualand
27/02/2020 à 11:20

@Moijedis

même avis, ça commence à me gonfler cette mode des série à tout-va

Sharko
26/02/2020 à 22:34

Combien serait la note sans Sophia Lillis?

Seb
26/02/2020 à 18:33

Elle a un jeu d'actrice totalement fascinant Sophia Lillis dans cette série.

hi
26/02/2020 à 16:19

perso j'ai apprecier la serie mais c'est vraiment super court on dirait un filme et devoir attendre 1an pour la saison 2 c'est beaucoup pour si peu sinon la serie est super

XG58
26/02/2020 à 15:26

Moijedis, d'accord avec toi. Quand va t'on savoir combien coûte les séries? Car pour celle-çi, j'espère que sa dépasse pas 100000$

Madolic
26/02/2020 à 15:02

Pas hypé du tout !
Ça ressemble à ce qui se fait déjà sur la plateforme, sans aucune once d'originalité

Sébastien
26/02/2020 à 14:48

Oui... Mais non.

Alec
26/02/2020 à 14:32

Pas original, Genre pas du tout.
mais avec une belle photographie.

Pendant plusieurs épisodes, j'avais l'impression de regarder une sorte de Reboot / Origine story de Carrie. Ou une réadaptation. Ajouté à ca un peu de stranger things année 80 au vu du style vestimentaire de tout le monde et de leur comportement, alors que l'histoire se déroule clairement dans "nos" années : gosse avec tel portable, flat screen ect..ect...
Puis en plus pour bien enfoncer le clou : la musique d'intro de Donnie Darko au moment "épique" de la fin de saison.

C'était certes joli, mais, c'est encore une serie d'ado-super-pouvoir-crise d'ado-recopiage-4effets spéciaux par ci par la-wow-stranger thingy

Après c'est que 2h15 comme dit machin en bas, donc pourquoi pas en mode végétatif devant ta tv en regardant ton tel.

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