Episodes Saison Watchmen Saison 1 Episode 2 : le Maître du Haut-Château prépare un barbecue

Simon Riaux | 28 octobre 2019 - MAJ : 09/03/2021 15:58
34
photo

Après un pilote fastueux, riche d’innombrables questionnements, intrigues et sous-intrigues, Watchmen revient… mais n’est pas encore d’humeur à répondre à nos interrogations.

ATTENTION SPOILERS

 

Affiche officielle Regina King

 

SISTER ACT

À la manière du Comédien dans les comics, Judd Crawford (Don Johnson) est mort, dans des circonstances plus que mystérieuses, qui vont à priori servir d’élément déclencheur à l’intrigue de cette saison. Comme lui, c’est un vétéran au passé plutôt trouble, une idole, dont le récit va dès ce 2e chapitre s’évertuer à nuancer, voire brouiller l’image. Après avoir, sans en rendre compte à ses collègues policiers, interpellé celui qui se présente comme son meurtrier, à savoir un vieillard en fauteuil roulant, qui prétend avoir bien des connexions avec elle, Sister Night entame une enquête complexe.

Elle découvrira que son mentor n’est pas blanc-blanc, ou peut-être l’est-il un peu trop, lui qui dissimule depuis Dieu sait quand une tenue du Klan dans un compartiment caché de son dressing. Quant à son meurtrier présumé, pour absurde que semble l’hypothèse d’un infirme torturant et pendant un homme plus fort et lourd que lui en haut d’un arbre centenaire, il dit vrai, au moins au sujet de ses liens avec Angela. Il est bien son grand-père.

Parallèlement, nous découvrons aussi ce qui était arrivé à la protagoniste centrale de la série lors de la sanglante White Night, nuit tristement célèbre au cours de laquelle les suprématistes de la 7e Cavalerie ont attaqué les forces de police, légitimant le port du masque dans le présent du show. Sister Knight et son compagnon font face au débarquement de deux assaillants armés dans leur domicile, Angela tue l’un d’eux, avant de recevoir un coup de fusil dans les tripes.

 

photo, Watchmen"Vous avez bien demandé un petit jaune très serré monsieur ?"

 

La colère n’a quitté la femme masquée depuis, ainsi qu’en témoigne une descente de police, un peu plus loin dans l’épisode, où elle a bien du mal à ne pas massacrer purement et simplement un suprémaciste pas tout à fait sympathique à l’endroit des forces de police. On tient là une des belles contradictions de Watchmen, qui loin de ne proposer qu’une critique à tranchant unique des passions violentes qui animent la société américaine. Bien sûr, Damon Lindelof se penche sur l’héritage sécessionniste, la romantisation des Confédérés et la violence aveugle des suprémacistes, tout en leur opposant une force de police qui se garde bien de rendre des comptes quant à ses exactions.

Le plus passionnant du côté d’Angela demeure la folle ambition de Watchmen, à savoir appréhender la transmission de la violence dans la culture américaine non pas comme une transmission mécanique, de génération en génération, qui opérerait par bascules. Au contraire, elle est comme un phénomène fluide, qui fait se tenir par la main le massacre de Tulsa, le racisme du Klan, la lutte pour les droits civiques et la temporalité présente du scénario. Contre toute attente, la série parvient à tenir ce pari insensé.

 

photo, Watchmen, Jeremy IronsVeidt et son petit personnel

 

LE MAÎTRE DU HAUT-CHATEAU

L’autre arc essentiel de cet épisode concerne ce bon vieux Veidt, interprété par un Jeremy Irons qu’on n’avait pas connu aussi magnétique depuis une bonne quinzaine d’années. En surface, on apprend relativement peu de choses de ses mésaventures. En surface seulement, parce que les rituels auxquels il se livre ouvrent sur quantité d’informations et de théories. Tout d’abord, la seconde bougie apparue sur son gâteau pose la question de la temporalité. Quelle est la nature de ces séquences et comment s’écoule le temps dans ce curieux château ?

À l’occasion de la pièce qu’il a écrite et mise en scène, Veidt se dévoile. The Watchmaker Son (Le Fils de l'horloger en français) est la preuve que nous sommes bien dans un monde où les origines de Dr Manhattan sont celles des comics. Les domestiques de Veidt sont des clones, simulacres, droïdes, copies, dont il dispose sans aucune humanité, voire avec une cruauté infinie, n’hésitant pas à les transformer en méchoui pour se divertir. Au-delà de ces éléments, voilà un passage qui ne manque ni de poésie ni de réflexion sur la notion d'adaptation, de transposition, et qui s'avère, dans sa forme comme son exécution, un très bel hommage à Alan Moore.

 

photoSister Night

 

Ses étranges habitudes font également apparaître plusieurs échos et systèmes au sein du scénario. Veidt vit dans un fantasmatique château, qui paraît hors du monde réel. Manhattan bâtit inlassablement des châteaux sur Mars, tandis que le fils adoptif d’Angela assemble des châteaux miniatures pour se divertir. Y a-t-il une connexion plus concrète entre ces trois personnages ? Et d’ailleurs, alors que l’intrigue mêle passé, présent et possible futur… Ne serions-nous pas depuis le début dans la tête du seul personnage capable d’appréhender l’espace et le temps comme un tout continu plutôt qu’une suite d’évènement ? Sommes-nous coincés dans la tête de Manhattan ?

 

UN SOUFFLET QUI RETOMBE ?

On le voit, ce 2e chapitre soulève encore beaucoup de questions… Et c’est tout le problème. Nombre de ces points d’interrogation sont potentiellement passionnants, mais le récit a énormément de mal à les agencer. Les intrigues, lignes de force et personnages sont si nombreux que tous sont condamnés à avancer à pas de fourmi. D’où un sentiment de piétinement qui pourra agacer.

 

photo, Louis Gossett Jr.Will détient-il la clef de toute cette sombre affaire ?

 

Agacer d’autant plus que la mise en scène, plutôt travaillée dans le pilote, marque vraiment l’arrêt cette semaine. C’est bien simple, elle oscille entre mollasserie fonctionnelle et petits ratages potentiellement problématiques. En témoigne la séquence de l’agression en flashback. Elle est d’un manque de clarté flagrant, et on a bien du mal à comprendre si elle est montée afin de nous dissimuler un élément qui servira plus tard de twist, ou si elle témoigne d’une production plus mouvementée qu’on l’a su. En l'état, tout ce passage s'avère soit bien trop morne pour créer l'excitation, soit trop lent pour dissimuler un raté. Cet entre-deux est d'autant plus curieux que HBO, même sur des productions à la fabrication apocalyptique, à l'image de Westworld (contraint de retourner la moitié de sa première saison en catastrophe), a rarement laissé passer de tels ratages.

Plus ratée qu’ambiguë, la scène inquiète quant à la tenue globale du récit. Espérons que le tempo et la mise en scène retrouvent rapidement des couleurs, tant la richesse thématique, la beauté de la direction artistique et le boulot d’adaptation de Lindelof sont encore prometteurs. Mais Watchmen doit désormais raconter les choses, plus que les évoquer, et trouver un rythme de croisière.

Watchmen est diffusé chaque lundi soir sur OCS en France à partir du 21 octobre 2019 

 

PhotoOn est impatients d'en savoir plus sur Looking Glass...

Newsletter Ecranlarge
Recevez chaque jour les news, critiques et dossiers essentiels d'Écran Large.
commentaires lecteurs votre commentaire !
Hank Hulé
04/11/2019 à 22:15

Pas passionnant du tout : pitch sans grand rapport avec la BD et ultra ricain vu et revu (KKK...). Et pis, c'est ultra prétentieux et poseur comme nombre de séries HBO actuelles (leftovers, GOT, Westworld). On peut faire intelligent et un poil fun, non ? Là, c'est juste assez chiant...(imo)

youkhnow why
31/10/2019 à 14:56

Franck Parler

"C'est le genre qui avance à l'aveuglette"

comme dans la vie... quel beauté !

la réponse n'est pas donné... mais quelque chose nous suggère qu'on la possédè déjà en nous

Chiantos
29/10/2019 à 13:54

Chiantissime.

Parler Vrai
28/10/2019 à 20:01

Tu as pas du regarder The Leftovers @Frank Parler

Holly Body
28/10/2019 à 19:51

@Frank

Au-delà de ne pas aimer Watchmen en deux épisodes : Lindelof a co-créé Lost avec deux autres personnes. Un des autres était JJ Abrams, qui a repris bien des méthodes d'Alias, sa série juste avant. Argument bancal donc.

Frank Parler
28/10/2019 à 19:37

Soyons francs. Cette série prétentieuse est ratée. Le pilote m'a fait douter, mais le second épisode vient clairement de me le confirmer... Ce sera mon dernier!

Vous trouvez le scénario touffu? Vous espérer des réponses? Le réalisateur de la série, le perdu qui a conçu « Lost », est reconnu pour ne pas savoir non plus. C'est le genre qui avance à l'aveuglette et qui conclue ses séries avec une idée merdique, créé sur la toilette.

votre commentaire