Episodes Saison True Detective Saison 3 Episode 4 : critique qui s'impatiente

Simon Riaux | 29 janvier 2019 - MAJ : 09/03/2021 15:58
43
photo, Mahershala Ali

Après une ouverture prometteuse, cette troisième saison de True Detective a bien du mal à maintenir la pression. Ce quatrième épisode va-t-il inverser la tendance ?

ATTENTION SPOILERS !

 

photoVa-t-il enfin trouver quelque chose ?

 

AFFAIRE CLASSEE

Les raisons de s’accrocher à cette saison 3 signée Nic Pizzolatto s’amenuisent de semaine en semaine. Une nouvelle fois, nous assistons à une série d’impasses. Qu’il s’agisse du prêtre qui renvoie les flics du côté de la fabricante de poupées de paille, de l’artisane elle-même ou des soupçons s’accumulant sur Freddy, quantité de sous-intrigues diffusent un ennui profond.

Les fausses pistes font bien sûr partie intégrante du style de True Detective et du genre dans lequel le show s’inscrit. Mais pour fonctionner un minimum, ce système de dédale et d’errance exige que chaque éventuelle trace ou que la moindre possibilité distille une véritable angoisse, un questionnement tangible.

 

photoUne poupée qui dit non

 

Or, pour le moment, on sent bien que l’intrigue ne mène nulle part, que le mystère laisse progressivement la place à une procédure longuette, qui sera à un moment ou à un autre bouleversée. Mais nous voici déjà arrivé à mi-saison, et ce changement de paradigme tarde à arriver. Il tarde d’autant plus que le départ de Jeremy Saulnier se fait sentir.

En effet, les deux séquences censées apporter de la tension échouent remarquablement, notamment la première, alors que Wayne et Roland se rendent à Davis Junction, pour rencontrer et interroger un afro-américain borgne, dont la description correspond à celle d’un étrange individu aperçu près des enfants disparus. Mais sans Saulnier, cette scène manque incroyablement de punch ou d’idées de mise en scène. Une nouvelle fois, le spectateur assiste au déblaiement d’une future impasse, et le récit ne parvient jamais à déjouer ses attentes.

 

photo"On n'est pas sortis du sable !"

 

COMME UN ECHO

Mais ce qui demeure le plus rageant, c’est que ce quatrième épisode nous amène jusqu’à ce qui constitue désormais le passage obligé de la série, à savoir son explosion de violence à mi-parcours, à la fois climax des bouillonnements internes des héros et ultime sortie de route d’une enquête sur le point d’être enterrée.

Sauf qu’ici, cette scène paroxystique se voit divisée en deux, puisque l’épisode se conclut sur sa mise en place, retardant encore d’une semaine la bascule narrative tant attendue. Non seulement le procédé, grossier, dilate une nouvelle fois l’action pour ce qui ressemble de plus en plus à une tentative de gagner du temps, mais il laisse planer un doute amer sur la fabrication du show.

 

photoUne mère qui ne se met pas à table

 

On sait en effet que Jeremy Saulnier aurait quitté son poste de réalisateur après deux épisodes seulement, avant d’être remplacé par Nic Pizzolatto en personne et Daniel Sackheim. Mais la scène d’action qui conclut cet épisode, dans sa scénographie, son sens et ultimement son déroulé, a des airs d’écho parfait du gros morceau de bravoure ultra-violent de Aucun homme ni dieu, diffusé sur Netflix il y a quelques mois.

Impossible du coup de se demander s’il s’agit là d’une ressemblance troublante, d’un remontage de dernière minute, ou d’un des derniers restes du travail de Saulnier. Toujours est-il que cette fin d’épisode est loin de s’avérer aussi dramatiquement puissante qu’espéré.

 

photoUn personnage qui rappelle Aucun homme ni dieu

 

 

A BOUT DE SOUFFLE

Dès le premier épisode, les compositions de Mahershala Ali et Carmen Ejogo se sont imposées comme un des atouts majeurs du show. Désormais, les deux artistes sont les seules raisons de s’intéresser encore à un récit qui patine atrocement. Signe du ventre mou que traverse la série (on espère momentanément), les questions soulevées par leur relation sont bien plus intéressantes que l’investigation principale.

Quelles sont les véritables plans d’Amelia ? Pourquoi interagit-elle avec les Purcell ? Sait-elle ce qui est arrivé aux enfants ? Quel rôle joue-t-elle dans le délitement moral, psychologique et ultimement nerveux qui vont mettre Wayne à genoux ? Loin d’être une énième femme fatale ou dangereuse intrigante, l’anti-héroïne de cette saison 3 se veut un protagoniste complexe, auquel on espère que Nic Pizzolatto a réservé encore de belles et ténébreuses surprises.

 

photoLe véritable duo d'enquêteurs

 

Le show ne pourra toutefois pas se reposer sur ce couple éternellement. Ainsi, pour fascinante que soit Carmen EjogoMahershala Ali commence à sévèrement souffrir d'un personnage qui fait beaucoup de surplace. En témoigne l'image de l'inspecteur, occupé à observer en détail les bandes de caméra de surveillance où pourrait apparaître la fille Purcel.

Mine de rien, nous la savons vivante depuis le tout premier épisode, et l'intrigue n'a pas encore bougé d'un iota la concernant. On imagine que le prochain épisode devrait nous réserver une surprise à son sujet, mais elle a intérêt à être de taille pour ne pas provoquer une irrémédiable anesthésie.

La saison 3 est diffusée sur OCS chaque lundi à 21h sur OCS City.

Notre critique des cinq premiers épisodes est à retrouver ici.

 

Affiche

Newsletter Ecranlarge
Recevez chaque jour les news, critiques et dossiers essentiels d'Écran Large.
commentaires lecteurs votre commentaire !
harnaud
07/02/2019 à 22:44

Je trouve cette critique complètement à côté de la plaque : vous ne vous intéressez qu'à l'aspect formel du scénario et de l'intrigue et vous laissez de côté tout ce qui fait le sel de cette série en général, et de cet épisode en particulier : à savoir l'émotion suggérée par le combat mémoriel du personnage principal, mais aussi la qualité et la finesse des dialogues et les évolutions des personnages qui en disent long sur les transformations de la société américaine (racisme, pauvreté, etc.)
Cette série, et cet épisode en particulier, me semble d'une justesse remarquable dans les rapports que construisent ses personnages principaux et secondaires. Le sujet principal de cette série, c'est la mémoire et les souvenirs, et avec la mémoire, cet épisode nous parle des différentes façons de raconter et de (re)présenter le passé.
Je trouve cette saison 3 moins prétentieuse que la première et les allégories qu'elle met en place sur les sujets évoqués ci-dessus montrent que l'intrigue est au service d'un sous texte particulièrement intéressant et interprété de façon remarquable. Et &au passage je trouve que l'intrigue n'est pas laissé de côté ni ne manque de rythme.
Bref j'adore !

Alfred
31/01/2019 à 15:20

L’intérêt de cette 3e saison, c'est que tout le monde va réévaluer la 2e, qui pour l'instant est bien au dessus.

Geoffrey Crété - Rédaction
30/01/2019 à 13:41

@Ringo

L'intérêt est simple : la série nous plaît, nous intéresse, et les lecteurs sont nombreux à lire et suivre ces articles. Preuve que ça a un intérêt. Peut-être pas à vos yeux, mais aux leurs.

Par ailleurs, traiter par épisode est une chose qu'on fait pour diverses séries, malgré les formats différents. Ca ne nous a jamais empêché d'écrire à la fin un bilan, qui relève d'un autre exercice, d'un différent regard. Peut-être pour des lecteurs différents donc.

On fait des bilans par saison, où on pourrait d'ailleurs nous rétorquer "une série se juge dans sa globalité" lorsque ce n'est pas une mini-série ou anthologie. Une série est écrite, conçue, pensée, et découpée en épisodes. Donc ça a un sens, et ça n'a absolument rien à avoir avec couper Sixième sens en morceaux pour le plaisir gratuit de le couper.
Juger par épisode est la chose la plus naturelle du monde, c'est même une des mécaniques de la série, et si la question peut se poser plus sérieusement sur le format Netflix qui lâche la saison d'un coup, True Detective reste une oeuvre qui se révèle épisode après épisode, et prend donc cela en compte dans sa narration. (Plusieurs showrunners et scénaristes ont d'ailleurs déjà conseillé au spectateur d'éviter le binge watching afin de regarder leur travail comme il a été pensé et construit à la base)
C'est pour nous une autre raison de se pencher dessus, semaine après semaine. En laissant comme d'hab le choix au lecteur qui trouve ça naze, de l'ignorer.

Si vous préférez ces bilans, libre à vous d'ignorer les critiques par épisode, bien heureusement. Mais prenez en compte qu'un article qui ne vous parle pas, peut parler à votre voisin.

Enfin, on ne manque pas de sujet, merci de vous en inquiéter. Les récents dossiers sur Kingdom, Future Man, American Crime Story, Sex Education, Black Mirror, Titans ou encore Escape at Dannemora (sans parler du côté ciné), sont là pour en témoigner.

Alex
30/01/2019 à 11:19

D'accord avec vous, la mayonnaise à du mal à prendre, j'essaye de faire preuve de patience comme dans la saison 1 mais rien ne se goupille et les fins d'épisodes ne donnent pas forcément envie de poursuivre. Étonnant quand même cette méthode !

Ringo
30/01/2019 à 08:17

@sanscervo
Je parle du jugement dans sa globalité, tu as lu ce que j'ai écrit ? Ce type de série est un film divisé en plusieurs parties du fait de sa longueur. Il ne peut se noter qu'à la fin de la série. Pour True Detective saison 2, les fans de scènes bourrines vont être hallucinés par l'épisode 4 et bouder le rythme plus lent des autres épisodes, mais chaque épisode ne pourra finalement être éclairé, au vu des traumas subis par les personnages, que lorsque l'on a toutes les clés en mains, d'où la réévaluation possible en fin de série. C'est comme si tu tronçonne 6ème Sens de Shyamalan en plusieurs parties/critiques : chiant jusqu'à la fin. Mais au final, à la revoyure, le pitch du filmé étant dévoilé, la fin n'a plus d'intérêt, et ce sont éventuellement les autres tronçons qui deviennent intéressants, pour chercher les indices (personnellement, vu une seule fois, pas eu envie de le revoir connaissant la fin).

Cervo
29/01/2019 à 20:49

@ringo

Qu'elle est bête cette remarque.
Tout d'abord, écrire chapitre par chapitre permet évidemment de rendre compte (beaucoup) plus en détail qu'un papier global qui devrait résumer 8h de récit.

Ensuite, c'est tout bêtement le rythme de diffusion qui dicte ça.

Ringo
29/01/2019 à 20:28

Sérieux, quel est l'intérêt de faire ce type d'article en commentant épisode par épisode (toutes séries confondues hein) ? Une série se juge dans sa globalité, chaque épisode pouvant ménager des ambiances différentes, prendre le temps de donner du corps à un tout et formant une chaîne qui doit s'appréhender dans sa globalité et non maillon par maillon. Faites le à la rigueur pour une série sans enjeu scénaristique global, comme les séries à enquêtes policières à la Las Vegas/Miami et je sais plus où, mais par pour ce genre-là. Vous n'avez pas de sujets de discussion ? Non parce que du coup c'est du pain béni pour vous pour pas se fouler sur la recherche des sujets : Vikings, True Detective,...

Han Hulé
29/01/2019 à 18:59

vu et effectivement, c'est mou depuis le début. Y se passe rien, l'intrigue n'avance pas d'un poil et on se tape des scènes de discussions plates comme des limandes (celle du restaurant dans le 4 est interminable et sans le moindre intérêt). faut se réveiller les gars !

Stivostine
29/01/2019 à 18:41

un ptit zodiac du pauvre, c'est dommage

votre commentaire